CITE DU VATICAN, Vendredi 8 novembre 2002 (ZENIT.org) – Dans une communication faite à Lourdes, le président du Conseil National de la Solidarité, Mgr André Lacrampe, a conclu: « Nous pouvons constater que les actions de solidarité se déploient partout y compris dans nos diocèses, avec générosité et efficacité. Nous n’en sommes pas moins conscients que si beaucoup est fait, il reste encore beaucoup à faire ».
– Communication de Mgr Lacrampe (www.cef.fr) –
Composé de 14 organismes divers, le Conseil national de la Solidarité réunit chaque trimestre, à l’initiative de son président, les responsables (secrétaires généraux ou directeurs) de ces organismes.
Son lien avec les Conseils diocésains de la Solidarité présents dans les diocèses est ténu, mais réel : échanges de courrier, revue de presse annuelle. Par ailleurs, il prépare la rencontre biennale des délégués diocésains à la Solidarité ; la prochaine rencontre se tiendra en octobre 2003.
I – Lors de nos réunions du 11 février et du 7 octobre 2002, j’ai attiré l’attention des participants sur les points suivants, appelés à être communiqués à l’Assemblée plénière de l’Episcopat :
I-1 ACCUEIL DES EVEQUES d’outre France
Tout au long de l’année, à l’initiative, notamment de la Coopération missionnaire, du Secours catholique, du CCFD, nous accueillons dans nos diocèses nos frères d’Outre France. Ils sillonnent les routes de notre pays à la rencontre de nos communautés. Ils sont le signe de la vitalité des Eglises dont ils ont la charge. En les accueillant, nous mesurons la réalité, le dynamisme, en un mot, la vie de notre Eglise universelle et son rayonnement à travers le monde.
Nous nous ouvrons à toutes les richesses que les chrétiens d’autres continents peuvent apporter à nos propres communautés de croyants, nous enrichissant de l’expérience spirituelle qui résulte de l’expression de la foi dans le cadre de cultures différentes. Nous soulignons l’importance de ces échanges qui nous ouvrent à la vitalité des autres Eglises, conscients, de surcroît, que nous sommes appelés au partage financier pour soutenir leurs efforts d’évangélisation, de développement, d’éducation et de formation.
I-2 BILAN FINANCIER DES ORGANISMES CATHOLIQUES DE LA SOLIDARITE
La charte de la Solidarité prévoit que les organismes publient chaque année leur budget. « Ils fournissent toutes les informations nécessaires à la transparence des moyens financiers mis en œuvre, ils veillent à la rigueur, tout particulièrement, dans leurs frais de fonctionnement », précise-t-elle.
Chaque année, leur bilan financier est transmis à tous les évêques. Nous pouvons saluer ici la générosité des fidèles dans leur élan de solidarité. Ils manifestent ainsi une authentique charité chrétienne.
I-3 REFLEXION THEOLOGIQUE ET BIBLIQUE
Nous avons engagé dans notre Conseil national de la Solidarité une réflexion sur la nécessaire complémentarité entre les trois formes de solidarité actuellement pratiquées :
· les demandes d’aide « d’urgence » en cas de catastrophes naturelles ou humanitaires,
· les demandes d’aide « au développement » en faveur de populations engluées dans la pauvreté et la misère,
· les demandes « pastorales » au service de la mission spirituelle de l’Eglise.
C’est à ces diverses demandes que répondent actuellement nos organismes, notant au passage que, ici ou là, des actions communes sont déployées.
Devant l’amplitude des besoins socio-caritatifs auxquels nous sommes confrontés, nous devons veiller à nous protéger du risque de réduire notre mission à de simples actions philanthropiques. Au contraire, nous devons affirmer et prouver que c’est notre foi qui est le fondement de notre engagement en faveur des plus pauvres.
Ce sont, en effet, les principes dégagés par le Magistère ecclésial dans son enseignement social, qui sont à la source du nécessaire témoignage chrétien de nos organismes de la Solidarité.
I-4 REFLECHIR AUX CONCEPTS ET AUX ACTIONS DE CHARITE ET DE SOLIDARITE.
Nous disposons des textes fondateurs : la Charte de la Solidarité promulguée par l’Assemblée plénière le 28 octobre 1988 et les Orientations du Conseil national de la Solidarité adoptées par la même Assemblée en octobre 1989. Ne conviendrait-il pas d’envisager des mises à jour ? En effet, depuis bientôt quinze ans, de nombreux textes et documents ont permis un réel approfondissement au plan de l’Eglise universelle et de nos Eglises locales. De nouvelles donnes apparues sur notre planète nous invitent à répondre à de nouveaux défis pour l’avenir de l’humanité et la diffusion de l’Evangile.
Par ailleurs, nous pouvons nous interroger sur la visibilité et la lisibilité de nos actions de solidarité. Nous faisons, nous savons faire, mais faisons-nous savoir ? Dans l’état actuel de la collectivité nationale, l’action des réseaux chrétiens de solidarité reste capitale pour la cohésion sociale du pays. Qui le sait et comment mieux le faire savoir ?
II – Lors de nos réunions du 11 février et du 7 octobre 2002, nous nous sommes entendus pour que j’attire votre attention sur les quelques points suivants qui marquent l’actualité :
II-1 SOLIDARITE ENTRE EGLISES
* L’actualité missionnaire en Afrique s’est déclinée ces derniers mois une fois de plus sous le signe de la tragédie. Notre solidarité entre Eglises fut marquée du sceau du sang de deux prêtres français, l’un missionnaire au Cameroun et l’autre au Congo Brazzaville.
Yves-Marie LESCANNE, petit frère de l’Evangile, a été tué à coups de hache et retrouvé mort dans son centre d’accueil pour enfants des rues à Maroua. Il fut agressé par un jeune qu’il connaissait depuis longtemps. Crime crapuleux ou bien commandité par ceux qu’il dérangeait trop ?
Jean GUTH, de la congrégation du Saint Esprit, a été arrêté entre Mayama et Kindamba, dans le diocèse de Kinkala, alors qu’il revenait de célébrer la Semaine Sainte et séquestré par les rebelles Ninjas du Pool. Le 27 septembre 2002, son corps fut retrouvé à l’endroit où il avait été sommairement enterré vers le 10 août dernier. L’autopsie a prouvé qu’il fut victime de sévices corporels à plusieurs reprises. Après 33 ans entièrement donnés dans cette région du Congo, Jean fut la victime de ceux-là mêmes qu’il servait depuis si longtemps.
* Chacun sait que la situation des chrétiens du Proche-Orient est alarmante. A Jérusalem et en Terre Sainte, l’hémorragie des chrétiens continue à un rythme accéléré.
Dans leur souffrance, les membres de « l’Eglise-Mère » ont souvent le sentiment d’être abandonnés par les Eglises d’Occident. Ils ont grand besoin de nous voir venir visiblement, non seulement en pèlerinage aux sources de notre foi, mais en visites fraternelles, d’autant plus que ces chrétiens crient leur isolement, leurs souffrances, voire une persécution qui ne dit pas son nom, mais les laissent bâillonnés jusqu’en Syrie et en Irak.
Oui, ils nous demandent de mieux manifester le lien de la charité qui nous unit à eux, par des visites peut-être plus fréquentes et publiques, tant auprès des Eglises orientales que des Eglises latines. Le pèlerinage prévu par une délégation de la Conférence autour de son Président est une réponse à cette attente et un signe de fraternité de l’Eglise de France à leur côté.
* Dans le contexte des difficultés actuelles entre nos Eglises, surtout en Russie, le Conseil souligne, par l’intermédiaire de l’Aide aux Eglises en Détresse (AED), l’importance des actions de solidarité menées ensemble par les catholiques et les orthodox
es.
II-2 AU NIVEAU NATIONAL
* Dès l’annonce des inondations dans le Sud-Est de la France, le réseau du Secours Catholique s’est mobilisé : d’une part, en débloquant immédiatement une somme de 60 000 Euros ; d’autre part, en envoyant des bénévoles et des salariés du siège ou des délégations départementales voisines, car les personnes du réseau local étaient elles-mêmes victimes de la catastrophe. Organisation du travail, logistique, soutien psychologique, appel aux donateurs, communication, furent les aspects principaux d’une présence continuelle auprès des sinistrés en particulier quand l’effet médiatique est retombé.
* Par l’intermédiaire du service national de la pastorale des migrants, le Conseil a abordé la situation délicate des sans-papiers et des demandeurs d’asile. Diverses interventions ont été exprimées par les évêques dans leur diocèse et par le Président du Comité épiscopal des migrations et des gens du voyage.
Nous soulignons ici :
– l’importance de l’attention de toute une Eglise à la situation de misère sociale et de détresse sociale de nombreux migrants, errants, sans-droit, sans ressources et parfois sans logement dans les rues de nos villes. L’interpellation biblique retentit toujours : « qu’as-tu fait de ton Frère ? »
– les médias qui focalisent sur l’accueil dans les églises. Il importe de rappeler que l’accueil de l’Eglise est beaucoup plus large que l’accueil dans une église. Il est urgent de montrer que la solidarité de l’Eglise avec les migrants est multiforme, vécue par de nombreux chrétiens engagés dans des associations confessionnelles ou non.
(c) cef.fr