ROME, Lundi 17 mars 2008 (ZENIT.org) – Une Française demandait à la justice le droit à l’euthanasie, le tribunal dit non. Mais, « pourquoi, les propositions médicales d’accompagnement et de soins palliatifs sont-elles, non seulement, refusées ? » Réactions et explications.
Rappelons que « L’Alliance pour les Droits de la Vie » (ADV) est engagée contre l’acharnement thérapeutique et l’euthanasie. Son président, le cancérologue Xavier Mirabel est par ailleurs coordonnateur médical du site d’écoute www.sosfindevie.org qui accompagne chaque année des milliers de personnes confrontées aux drames de la maladie et de la fin de vie.
L’Alliance dit en effet ce soir « prendre acte de la décision logique du Tribunal de Grande Instance de Dijon de rejeter la demande de Chantal Sébire et de l’Association « pour le Droit de mourir dans la dignité » (ADMD) de lui administrer un suicide médicalement assisté ».
« La souffrance morale provoquée par la maladie dont souffre Madame Sébire inspire le respect et une certaine pudeur, souligne l’ADV, même si elle fait preuve d’un grand courage et d’une indéniable vitalité. C’est pourquoi l’Alliance pour les Droits de la Vie, non seulement s’est montrée prudente dans la façon d’aborder cette situation présentée aux Français mais encore veut faire part aujourd’hui de son profond malaise devant l’exploitation médiatique et judiciaire qui en est faite par un mouvement pro-euthanasie ».
Et de poser une question difficile : « L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité n’a-t-elle pas manipulé les Français en prétendant avoir trouvé une « faille juridique » permettant d’euthanasier Madame Sébire. Créer et entretenir une émotion malsaine et un suspens judiciaire factice nous conduit aujourd’hui dans l’impasse ».
Précisément, l’ADV pose deux questions : « Pourquoi, d’une part, les propositions médicales d’accompagnement et de soins palliatifs sont-elles, non seulement, refusées mais encore caricaturées comme s’il ne s’agissait que de plonger la patiente dans le coma, alors que les protocoles analgésiques les plus performants n’ont, semble-t-il, pas été envisagés sérieusement ?
D’autre part, l’ADV s’interroge : « Comment libérer aujourd’hui Chantal Sébire, mais aussi ses trois enfants, d’une instrumentalisation qui ne peut que l’enfermer dans l’intention suicidaire, et l’en protéger ? »
L’Adv s’appuie sur son expérience d’accompagnement pour dire : « Pour spectaculaire qu’il soit, ce drame de la maladie et de la dépendance n’est pas si différent de ce que nous rencontrons au quotidien, au travers des services d’aide aux personnes en fin de vie que nous animons ».
L’ADV souligne le danger d’entrer – entre autres – dans une dynamique de l’exclusion. « Nous savons bien que le choix d’un cas emblématique vise à faire basculer notre système de santé dans le suicide médicalement assisté, ajoute le communiqué. Ce serait entrer dans la logique de l’exclusion des personnes gravement malades ou handicapées. Ce serait cautionner l’idée fausse qu’elles n’ont plus de places dans notre société. Ce serait laisser gagner la peur plutôt que la confiance qui se confirme chaque fois qu’on fait l’effort d’accompagner jusqu’au bout les personnes qui vont mourir, sans jamais prétendre qu’elles ont perdu leur dignité ».
L’ADV rappelle que Chantal Sébire, une ancienne institutrice de 52 ans, mère de trois enfants, défigurée et rendue aveugle par une « esthesioneuroblastome », une tumeur évolutive des sinus et de la cavité nasale, a déposé une requête sur la suggestion de l’ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) devant le tribunal de grande instance de Dijon pour obtenir le droit d’être euthanasiée. Cette requête a été rejetée lundi 17 mars : « Même si la dégradation physique de Mme Sébire mérite la compassion, le juge en l’état de la législation française ne peut que rejeter sa demande », souligne le magistrat. La requête de Mme Sébire « s’oppose au code de déontologie médicale, lequel dispose que le médecin n’a pas le droit de délibérément donner la mort ». Elle « s’oppose également au code pénal » qui condamne l’assistance et l’aide au suicide, poursuit l’ordonnance en énumérant des articles de la Convention européenne des droits de l’Homme et du code de la Santé publique.
Chantal Sébire avait lancé le 26 février dernier un appel, diffusé sur France 3 Bourgogne, repris par France 3 national et France 2 dans les journaux du soir et a écrit au président Nicolas Sarkozy pour pour qu’une loi sur l’euthanasie soit votée. Très rare – seuls 200 cas ont été recensés dans le monde depuis 20 ans -, la maladie est incurable et son évolution provoque une déformation spectaculaire et irréversible du visage et des souffrances. Refusant d’être « mise dans un état second » pour calmer ses souffrances, Mme Sébire réclame qu’on l’aide à mourir en accord avec ses trois enfants et dénonce le fait que la loi sur la fin de vie votée en 2005 ne permette pas l’euthanasie.