ROME, Lundi 2 juin 2008 (ZENIT.org) – Le dialogue est « indispensable » lorsqu’on parle de migrations, car, « l’émigration implique l’interaction de personnes et de groupes aux niveaux les plus profondément humains, religieux et culturels », déclare le cardinal Martino.
Le cardinal Renato Raffaele Martino, président du Conseil pontifical pour la pastorale
des migrants et des personnes en déplacement est intervenu lors de la conférence qui se tient à Nairobi, au Kenya, du 2 au 5 juin, sur l’instruction de ce dicastère romain « Erga migrantes caritas Christi » (EMCC), appliquée à l’Afrique : « Une meilleure réponse pastorale pour les migrants en Afrique ».
Cette conférence est organisée conjointement par le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement et par la Commission épiscopale du Kenya pour les réfugiés, les migrants et les marins, « pour une meilleure pastorale des migrants et des réfugiés, à l’aube du troisième millénaire ».
La sollicitude de l’Eglise
Après un exposé historique sur l’enseignement du magistère en matière de migrations, le cardinal Martino a offert une actualisation du document qui, a t-il dit, « entend mettre à jour la vision de l’Eglise de la pastorale migratoire dans ce milieu contemporain, trente-cinq ans après la publication du Motu proprio du Pape Paul VI Pastoralis migratorum cura ».
« L’Instruction entend être aussi, a expliqué le cardinal Martino, une réponse ecclésiale aux nouveaux besoins pastoraux des migrants, pour nous conduire à transformer l’expérience migratoire en une occasion de dialogue et de mission sous le signe de la nouvelle évangélisation. Elle tend également à faciliter une application ponctuelle de la législation contenue dans le CDC et dans le CCEO pour répondre de façon plus appropriée aux exigences particulières des fidèles émigrés des Eglises catholiques orientales, toujours plus nombreux aujourd’hui ».
Il a souligné qu’elle « dresse un excursus historique synthétique de la sollicitude de l’Eglise pour les migrants et les réfugiés, tel qu’elle s’exprime dans les documents ecclésiaux ».
Et sa lecture « révèle d’importants principes théologiques et pastoraux, comme le caractère central de la personne, la défense des droits du migrant, la dimension ecclésiale et missionnaire des migrations, la contribution pastorale des laïcs, des Instituts de vie consacrée et des sociétés de vie apostolique, la valeur des cultures dans l’œuvre d’évangélisation, la protection et la mise en valeur des minorités, notamment au sein de l’Eglise locale, l’importance du dialogue intra et extra ecclésial, ainsi que la contribution spécifique que l’émigration pourrait offrir à la paix universelle ».
Le dialogue, caractéristique de EMCC
Le cardinal Martino a également souligné d’autres aspect de l’instruction, mais il a voulu ensuite souligner l’importance du « dialogue » comme « une des caractéristiques » de ce document de son dicastère.
Après avoir resitué le dialogue dans le cadre des migrations, le cardinal a affirmé : « Le dialogue est un élément indispensable d’un tel projet et une condition absolument non négociable, notamment parce que l’émigration implique l’interaction de personnes et de groupes aux niveaux les plus profondément humains, religieux et culturels ».
Mais il faut s’entendre sur le sens du mot : « Qu’est-ce que le dialogue ? L’Instruction ne prétend pas en dresser un exposé complet. Elle suppose plutôt la connaissance d’autres documents ecclésiaux qui l’encouragent (par ex., Gaudium et spes, Dignitatis humanae et Nostra aetate du Concile oecuménique Vatican II, ainsi que différents autres documents des dicastères de la Curie romaine) ».
« Il est tout de même clair, ajoute-t-il, que le dialogue revêt différentes formes concrètes. Par exemple, un congrès d’experts appartenant à diverses religions n’est qu’une forme parmi plusieurs, à quoi s’ajoute ce qu’on appelle le dialogue de la vie ».
Au quotidien, a relevé le cardinal Martino, « des personnes de diverses religions cherchent à vivre ensemble comme voisins, en partageant leurs joies et leurs douleurs, leurs problèmes humains et leurs préoccupations ».
Il a mentionné aussi « le dialogue d’action, qui implique chrétiens et non-chrétiens en une collaboration visant à promouvoir le développement intégral de la société » et le « dialogue d’échange de l’expérience religieuse, où des personnes bien enracinées dans leurs traditions religieuses échangent leurs propres aspirations spirituelles comme, par exemple, la prière et la contemplation, la foi ou les voies qui mènent à Dieu et au Transcendant ».
Mais le dialogue est important également pour la paix, et tout d’abord le dialogue dans l’Eglise, car « l’Instruction ne considère pas seulement une pastorale en faveur des migrants mais aussi une pastorale ‘en eux et avec eux’ ». Et de mentionner l’importance de « la langue maternelle des migrants », de « la piété populaire que les migrants apportent avec eux », des « groupes rituels » et, en particulier, ceux des Eglises orientales catholiques.
Autant de points qui requièrent un « dialogue authentique », « au sein de l’Eglise catholique », fondé « sur des valeurs et des convictions et, en particulier, sur une vision théologique de la communion ecclésiale et sur « un véritable esprit catholique », dans la perspective de Lumen gentium 13 ».
Le cardinal Martino a mentionné aussi le dialogue avec d’autres Eglises et Communautés ecclésiales et le dialogue avec les membres des autres religions.
« Le dialogue qui concerne les migrants musulmans revêt une importance particulière (n. 65-68), souligne-t-il : dans certains pays, ceux-ci sont désormais si nombreux qu’ils forment des groupes qui se distinguent particulièrement par leur identité ».
« Les problèmes concrets qui surgissent entre les chrétiens et les migrants d’autres religions requièrent une mentalité et un esprit de dialogue de la part de tout le monde », souligne le président du dicastère, tout en reconnaissant les difficultés : « Cela exige (…) beaucoup de patience et de persévérance ».
Le cardinal a donc insisté sur « une formation solide » des agents pastoraux et une « information solide sur les autres religions ».
Le cardinal Martino a tenu aussi à souligner que « le dialogue et l’évangélisation ne sont pas opposés » : « Le dialogue de la vie, qui donne un témoignage de charité chrétienne, requiert aussi une explication ».
Enfin, le cardinal Martino a exhorté ses auditeurs à « étudier plus en profondeur l’Instruction EMCC » afin de pouvoir « travailler ensemble comme disciples du Christ pour témoigner de l’Evangile, pour accueillir les étrangers parmi nous et pour trouver des solutions aux défis qui se présentent dans votre apostolat quotidien, ici, en Afrique ».
Anita S. Bourdin