SYNODE DES ÉVÊQUES
XIIème ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
La Parole de Dieu
dans la vie et la mission de l’Église
INSTRUMENTUM LABORIS
Cité du Vatican
2008
La Parole de Dieu par excellence est Jésus-Christ, homme et Dieu. Le Fils éternel est la Parole qui existe depuis toujours en Dieu, parce qu’elle-même est Dieu : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu » (Jn 1,1). La Parole révèle le mystère de Dieu, Un et Trin. Prononcée depuis toujours par Dieu le Père dans l’amour de l’Esprit Saint, la Parole signifie le dialogue, exprime la communion; elle introduit dans la profondeur de la vie bienheureuse de la Très Sainte Trinité. En Jésus-Christ, le Verbe éternel,Dieu nous a choisi avant la création du monde, nous prédestinant à être ses fils adoptifs (cf. Ep 1,4-5). Tandis que l’Esprit planait sur les eaux et que les ténèbres enveloppaient les abysses (cf. Gn 1,2), Dieu le Père décida de créer le ciel et la terre à travers la Parole, par laquelle tout ce qui existe a été fait (cf. Jn 1,3). Aussi, les traces de la Parole se trouvent-elle dans le monde créé : « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce » (Ps 18,2). Le chef-d’œuvre de la création, c’est l’homme, fait à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1,26-27), l’homme capable de dialoguer avec le Créateur mais aussi de percevoir dans la création le sceau de son Auteur, le Verbe créateur, et à travers l’Esprit, de vivre dans la communion avec celui qui est (cf. Ex 3,14), avec le Dieu vivant et vrai (cf. Je 10,10).
Cette amitié fut interrompue par le péché des premiers parents (cf. Gn 3,1-24) qui enténébra aussi l’accès à Dieu par la création. Dans sa bonté, Dieu, clément et miséricordieux (cf. 2 Ch 30,9) n’abandonna pas les hommes. Il choisit un peuple parmi toutes les nations (cf. Gn 22,18) et continua de lui parler au long des siècles, à travers des patriarches et des prophètes, des hommes choisis pour conserver vivante l’espérance qui offrait la consolation aussi aux événements dramatiques de l’histoire du salut. Leurs paroles inspirées ont été réunies dans les livres de l’Ancien Testament. Elles ont maintenu en vie l’attente de la venue du Messie, fils de David (cf. Mt 22,42), rejeton de la racine de Jessé (cf. Is 11,1).
Et ensuite, lors de la plénitude du temps (cf. Ga 4,4), Dieu voulut dévoiler aux hommes le mystère de sa vie, voilé depuis des siècles et des générations (cf. Col 1,26), le Fils unique de Dieu s’incarna, « le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1,14). Semblable à nous en toutes choses, excepté le péché (cf. He 2,17; 4,15), le Verbe de Dieu dut s’exprimer de manière humaine, par les mots et par les gestes rapportés dans le Nouveau Testament, et plus spécialement dans les Évangiles. Il s’agit d’un langage semblable en tout à celui des hommes, excepté dans l’erreur. Avec les yeux de la foi, dans la fragilité de la nature humaine de Jésus-Christ, le croyant découvre la splendeur de sa gloire « qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14). De même, à travers les paroles des Saintes Écritures, le chrétien est invité à découvrir la Parole de Dieu, la splendeur de l’Évangile glorieux du Christ qui est image de Dieu (cf. 2 Co 4,4). Il s’agit d’un processus exigeant, patient et constant, qui suppose une étude historique et critique (diachronique aussi) et l’application de toutes les méthodes scientifiques et littéraires possibles (en vue d’une compréhension synchronique) auxquelles est soumise toute recherche sur les écritures des hommes. Eclairés par l’Esprit Saint, don du Seigneur ressuscité, et guidés par le Magistère, les fidèles scrutent les Écritures et approchent toujours plus leur pleine signification en rencontrant la Parole de Dieu, la personne du Seigneur Jésus, celui qui a les Paroles de la vie éternelle (cf. Jn 6,68).
C’est pourquoi le thème de la XIIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques – La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église – pourrait être compris dans un sens christologique: Jésus-Christ dans la vie et dans la mission de l’Église. L’approche christologique s’accompagne nécessairement de celle pneumatologique, toutes deux conduisant à découvrir la dimension trinitaire de la révélation. Une telle lecture assure, d’une part, l’unité de la révélation, du fait que le Seigneur Jésus, Parole de Dieu, réunit toutes les paroles et tous les gestes rapportés dans les Saintes Écritures par des auteurs inspirés, et fidèlement conservés dans la Tradition. Ceci ne vaut pas seulement pour le Nouveau Testament, qui narre et proclame le mystère de la mort, de la résurrection et de la présence du Seigneur Jésus dans l’Église, communauté de ses disciples convoqués à célébrer les Saints Mystères. Ceux-ci, en permettant à la grâce de détruire le péché (cf. Rm 6,6) s’efforcent de se conformer à leur Maître afin que le Christ ait la possibilité de vivre en chacun d’eux (cf. Ga 2,20). Mais une telle lecture concerne aussi l’Ancien Testament qui, lui aussi en témoigne, selon les mots de Jésus (cf. Jn 5,39; Lc 24,27). D’autre part, la lecture christologique des Écritures unie à celle pneumatologique permet l’ascension de la lettre vers l’esprit, des paroles vers la Parole de Dieu. En effet, il n’est pas rare que les paroles cachent le sens profond, caractéristique des genres littéraires, de la culture des écrivains inspirés, de la façon de concevoir le monde et ses lois. Aussi est-il nécessaire de découvrir à nouveau dans la multiplicité des paroles l’unité de la Parole de Dieu qui, après ce processus obligatoire et contraignant, resplendit d’une lumière inattendue qui dépasse de beaucoup la fatigue de la recherche.
Ce double accès complémentaire à la Parole de Dieu se trouve présenté dans l’Instrumentum laboris, document de travail de la prochaine Assemblée synodale. Il est le résultat des réponses aux Lineamenta, réunissant les réflexions des Synodes des Églises orientales catholiques sui iuris, des Conférences épiscopales, des Dicastères de la Curie romaine, de l’Union des Supérieurs généraux, ainsi que de personnes désirant apporter leur contribution à la réflexion ecclésiale sur cet argument important. La réflexion a été guidée par le Saint-Père Benoît XVI, Pasteur universel de l’Église, qui, dans de nombreuses interventions, s’est référé au thème des assises synodales, souhaitant – entre autre – qu’en redécouvrant la Parole de Dieu, qui est toujours actuelle et jamais dépassée, l’Église puisse rajeunir et connaître un nouveau printemps. De cette façon, elle pourra, avec un dynamisme nouveau, assurer sa mission d’évangélisation et de promotion humaine dans le monde contemporain, qui a soif de Dieu et de sa parole de foi, d’espérance et de charité.
Le texte de l’Instrumentum laboris contient une mosaïque où prévalent les aspects positifs à propos de la conscience diffuse de l’importance de la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église. Ont aussi été signalés des aspects devant être améliorés et intégrés, surtout pour ce qui touche à un accès plus large aux Écritures et à sa meilleure intelligence ecclésiale, qui ne pourront pas ne pas aboutir à un zèle apostolique et pastoral renouvelé, dans l’annonce de la Bonne Nouvell
e aux proches et aux lointains, et dans l’animation des réalités terrestres, en contribuant à construire un monde plus juste et plus pacifique.
Il faut espérer que l’Instrumentum laboris, rédigé par le XIème Conseil ordinaire de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques, avec l’aide de quelques experts, puisse constituer un document valable de réflexion synodale. Il pourra guider les Pères synodaux sur le chemin descendant et ascendant dans la redécouverte de la Parole de Dieu, c’est-à-dire de Jésus-Christ, homme et Dieu. C’est ce qui se produit plus particulièrement dans les célébrations liturgiques qui ont leur point culminant dans l’Eucharistie, où la parole prouve son efficacité miraculeuse. En effet, conformément à la volonté expresse de Jésus-Christ « faites cela en mémoire de moi » (Lc 22,9), les mots prononcés par le prêtre in persona Christi capitis – « Prenez […] ceci est mon Corps » (Mc 14,22), « ceci est mon Sang » (Mc 14,24) – transforment, grâce à l’action de l’Esprit Saint donné par le Père, le pain dans le Corps, et le vin dans le Sang du Seigneur ressuscité. À cette source permanente de grâce et de charité, l’Église puise constamment la lymphe vitale et l’élan nécessaires pour assurer sa mission dans le monde contemporain, dont les habitants sont appelés à découvrir dans la personne de Jésus-Christ la Parole de Dieu qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6) pour chaque homme et pour toute l’humanité.
+ Nikola Eterović
Archevêque titulaire de Sisak
Secrétaire Général
Cité du Vatican, en la Solennité de la Pentecôte, 11 mai 2008
« Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie – car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue – ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Tout ceci, nous vous l’écrivons pour que notre joie soit complète » (1 Jn 1,1-4).
I. Annonce attendue et accueillie avec faveur
Douzième Assemblée Générale Ordinaire du Synode
1. La prochaine XIIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, qui se tiendra du 5 au 26 octobre 2008, a pour thème : La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église. L’argument, choisi par Sa Sainteté Benoît XVI le 6 octobre 2006, a été favorablement et largement accueilli par l’épiscopat et par le Peuple de Dieu. Pour orienter la préparation spécifique, des Lineamenta ont été élaborés pour permettre, à la lumière du Concile Œcuménique Vatican II, de réfléchir sur l’expérience que l’Église a aujourd’hui de la Parole, dans les différents rites et traditions, en rappelant les motivations de la foi et en encourageant une réflexion articulée sur divers aspects de la rencontre avec la Parole de Dieu.
Des réponses aux Lineamenta et au Questionnaire inhérent sont parvenues des Églises orientales catholiques sui iuris, des Conférences épiscopales, des Dicastères de la Curie romaine et de l’Union des Supérieurs généraux, ainsi que des observations venant d’évêques, de prêtres, de personnes consacrées, de théologiens et de fidèles laïcs. On peut affirmer que la participation a été vaste et minutieuse, de la part des Églises particulières de tous les continents, témoignant que la Parole de Dieu s’étend véritablement dans le monde entier. Les différentes réflexions ont été réunies et opportunément synthétisées dans le présent Instrumentum laboris.
II. L’Instrumentum laboris et son usage
Points de référence
2. L’écoute obéissante de la Parole de Dieu est réaffirmée, en communion avec toute la Tradition de l’Église, et plus particulièrement avec le Concile Vatican II et, en lui, avec la Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei Verbum (DV), en syntonie avec les autres documents conciliaires, comme les Constitutions dogmatiques sur la Sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium (SC) et sur l’Église Lumen gentium (LG), et comme la Constitution pastorale sur l’Église dans le monde moderne Gaudium et spes (GS).[1] Deux Notes de la Commission pontificale biblique concernent plus directement le thème synodal : L’interprétation de la Bible dans l’Église et Le peuple juif et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne. Sont également à consulter, en vertu de leur autorité, le Catéchisme de l’Église catholique et son Compendium, ainsi que le Directoire général pour la catéchèse.
Une attention particulière doit être accordée au magistère des Papes Pie XII, Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI sur la Parole de Dieu, ainsi qu’aux documents des Dicastères de la Curie romaine issus dans les quarante années qui ont suivi le Concile. À consulter encore les textes sur la Parole de Dieu dans les Églises particulières et d’autres organismes ecclésiaux continentaux, régionaux et nationaux. Mais le Synode se réfère plus spécialement à deux événements : le premier est le précédent Synode sur l’Eucharistie où se conjugue la Parole de Dieu, en constituant une seule table pour le Pain de vie (cf. DV 21). Le second événement de grâce important est celui qui anime le Synode dans ses travaux, puisqu’il se déroule pendant l’Année paulinienne, dans la mémoire vivante de l’Apôtre qui fut un témoin et un annonceur exemplaire de la Parole de Dieu, un maître permanent dans l’Église.
Attentes communes
3. À partir des contributions des Pasteurs, on constate de nombreux points communs, qui expriment ce qui est attendu du Synode. Parmi les rappels les plus courants, citons :
– la nécessité de donner la première place à la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église, mais en même temps aussi le courage et la créativité d’une pédagogie de la communication adaptée à l’époque (culture, contextes de vie actuels, communication) ;
– l’invitation à reconnaître que la Parole de Dieu est Jésus-Christ, ce qui comporte une lecture de l’ensemble de la Bible considérée dans son mystère, de façon privilégiée dans la célébration liturgique, en particulier dans l’Eucharistie du dimanche ;
– la proclamation que l’Esprit Saint conduit à la pleine compréhension de la Parole de Dieu, en nous donnant de la comprendre et en animant la lecture de la Bible dans l’Église, dans sa Tradition vivante d’annonce et de charité, de sorte que pour écouter la Parole de Dieu et lire la Bible, il faut appartenir à la communauté de l’Église et avoir une attitude de communion et de service ;
– la certitude que la Bible est la révélation de la Parole de Dieu, même avec les nombreuses difficultés rencontrées pour la comprendre, plus spécialement dans l’Ancien Testament ;
– le grand désir des fidèles d’écouter la Parole de Dieu, auquel on répond par d’importantes initiatives pastorales ; mais est également ressenti avec urgence le besoin de dépasser l’indifférence, l’ignorance et la confusion sur les vérités de la foi à propos de la Parole de Dieu, ainsi que le manque de préparation et de matériel biblique ;
– la nécessité d’une pastorale biblique, ma
is aussi d’une animation biblique de toute la pastorale, qui comprenne l’enseignement de toutes les vérités de la foi ;
– la nécessaire communion dans la foi et dans la pratique de la Parole de Dieu ; mais, en même temps, il est aussi demandé que chaque Église particulière assume le devoir d’accueillir la Parole en conformité à sa situation individuelle ;
– les différentes approches de la Bible dans la Tradition latine et dans la Tradition orientale, en tenant compte de ce que leur connaissance doit être diffusée de façon opportune et qu’elles doivent être considérées comme une richesse ;
– la compétence et la responsabilité des Pasteurs dans le cadre de l’annonce de la Parole de Dieu, qui exige d’eux une mise à jour permanente de leur formation ;
– l’urgence que le laïcat ne soit pas seulement un sujet passif, mais devienne aussi bien un auditeur de la Parole de Dieu qu’un annonceur correctement préparé, soutenu par la communauté ;
– la certitude que Dieu adresse sa Parole de sagesse à chaque homme, à partir des plus pauvres, et qu’il désire donc que sa Parole soit insérée dans la mission, c’est-à-dire qu’elle soit annoncée à tous les peuples comme une Bonne Nouvelle de libération, de consolation et de salut, en cherchant le dialogue au sein des Églises et des communautés chrétiennes et avec les autres religions, et d’autant plus avec les nombreuses cultures, sans oublier toutes les semences de vérité que la providence de Dieu a déposé en elles..
But du Synode
4. Le premier but du Synode est de se consacrer au thème de la Parole avec laquelle « Dieu, qui est invisible (cf. Col 1,15 ; 1 Tm 1,17 ), s’adresse aux hommes comme à des amis (cf. Ez 33,11 ; Jn 15,14-15), et converse avec eux (cf. Ba 3,38) pour les inviter à entrer en communion avec lui » (DV 2). Ce qui comporte l’écoute et l’amour de la Parole du Seigneur, en harmonie avec la vie concrète des personnes de notre temps. La Parole de Dieu détermine un appel, créé la communion, envoie en mission, afin que ce que l’on a reçu pour soi devienne un don pour autrui. Il s’agit donc d’un but éminemment pastoral et missionnaire : approfondir les raisons doctrinales et se laisser éclairer par elles signifie étendre et renforcer la pratique de la rencontre avec la Parole de Dieu comme source de vie dans les différentes sphères de l’expérience et, suivant les chemins adéquats et praticables, pouvoir écouter Dieu et parler avec Lui.
a. Concrètement, parmi ses objectifs le Synode se propose d’aider à éclairer davantage les aspects fondamentaux de la vérité sur la Révélation tels que : la Parole de Dieu, la foi, la Tradition, la Bible, le Magistère, qui motivent et garantissent un chemin de foi valable et efficace ; d’encourager l’amour profond pour les Saintes Écritures, afin que leur accès soit largement ouvert aux chrétiens (cf. DV 22), en relevant l’unité entre le pain de la Parole et du Corps du Christ, pour nourrir pleinement la vie des chrétiens.[2] Il est nécessaire, en outre, de rappeler la circularité indissoluble entre la Parole de Dieu et la liturgie ; de solliciter en tout lieu l’exercice de la Lectio Divina, correctement adaptée aux différentes circonstances ; d’offrir aux pauvres une parole de consolation et d’espérance. De sorte que ce Synode vise à coopérer à un exercice herméneutique correct des Écritures, en orientant de façon appropriée le processus d’évangélisation et d’inculturation nécessaire ; il entend encourager le dialogue œcuménique, lié étroitement à l’écoute de la Parole de Dieu; il désire favoriser le dialogue entre juifs et chrétiens et, plus largement, le dialogue interreligieux et interculturel.
b. Nombre de Pasteurs ont manifesté le désir que la contribution finale du Synode ne soit pas seulement informative, mais qu’elle concerne la vie, qu’elle provoque la participation, de sorte que la Parole de Dieu apparaisse vivante, efficace et pénétrante (cf. He 4,12) grâce à un langage essentiel que les chrétiens puissent comprendre. À ce propos, il convient de rappeler que les mots Bible, Saintes Écritures, Livre Sacré, ont une même signification et il sera possible, à partir du contexte, de comprendre lorsque l’expression « Parole de Dieu » assume aussi le sens de « Saintes Écritures ».
Itinéraire historique
« Signes des temps ». Quarante ans après le Concile
« Que la parole du Seigneur accomplisse sa course
et soit glorifiée » (2 Th 3,1)
Bonne saison pour les fruits
5. La Parole de Dieu a produit différents résultats positifs dans la communauté chrétienne. Au plan objectif et général, on constate les aspects suivants :
– le renouvellement biblique substantiel dans le cadre liturgique et catéchétique et, en amont, exégétique et théologique ;
– la pratique naissante mais fructueuse de la Lectio Divina, suivant des modalités différentes ;
– la diffusion du Livre Sacré grâce à l’apostolat biblique et l’élan de communautés, groupes et mouvements ecclésiaux ;
– le nombre toujours plus important de nouveaux lecteurs et ministres de la Parole de Dieu ;
– la disponibilité croissante d’instruments et de matériels dans la communication contemporaine ;
– l’intérêt pour la Bible dans les milieux culturels.
Incertitudes et questions
6. Toutefois, d’autres aspects restent encore ouverts et problématiques. Toujours à partir d’un plan objectif de données, dans les Églises locales on enregistre un peu partout les lacunes qui suivent :
– la Constitution dogmatique Dei Verbum est peu connue en tant que telle ;
– on constate une plus grande familiarité avec la Bible, mais une connaissance insuffisante de l’ensemble du dépôt de la foi à laquelle elle appartient ;
– pour ce qui est de l’Ancien Testament, sa difficulté de compréhension et d’accueil est répandue, avec le risque d’un usage incorrect ;
– l’approche liturgique de la Parole de Dieu durant la Messe laisse souvent à désirer ;
– un nœud délicat et souffert est celui du rapport entre la Bible et la science, à propos de l’interprétation du monde et de la vie humaine ;
– en tous cas, d’une manière ou d’une autre, les fidèles restent détachés de la Bible, dont la fréquentation ne résulte pas être une expérience généralisée ;
– on rappelle la nécessité de considérer dans sa plénitude le lien étroit entre les enseignements moraux et les Saintes Écritures, en particulier en faisant référence aux Dix Commandements et au précepte de l’amour de Dieu et du prochain, comme au discours sur la Montagne et à l’enseignement de Saint Paul sur la vie dans l’Esprit;
– enfin, il faut ajouter une double pauvreté quant aux moyens matériels dans la diffusion de la Bible et dans les formes de communications qui apparaissent souvent inadéquates.
Condition de foi variée et exigeante
7. Si l’on considère la condition de foi dans ce tableau de lumières et d’ombres, les contributions des Pasteurs mettent en évidence des points importants de réflexion, pouvant être regroupés en trois catégories : personnel, communautaire et social.
a. Au niveau des personnes. Il faut tenir compte du fait que trop de fidèles hésitent à ouvrir la Bible pour différentes raisons, en part
iculier parce qu’ils ont le sentiment qu’il s’agit d’un Livre trop difficile à comprendre. Chez nombre de chrétiens, le désir intense d’écouter la Parole de Dieu se réalise dans une expérience plus émotive que convaincue, du fait qu’ils connaissent peu la doctrine. Cette fracture entre la vérité de foi et l’expérience de vie se perçoit surtout dans la rencontre liturgique avec la Parole de Dieu. Il faut ajouter à cela un certain fossé entre les experts et les Pasteurs et entre les experts et les gens simples des communautés chrétiennes. Deuxièmement, il faut bien reconnaître que beaucoup de chrétiens le rapport direct avec les Écritures est encore dans une phase initiale. À ce sujet, un témoignage particulier est apporté par les mouvements, tandis qu’il faut reconnaître aux personnes consacrées un rôle de pointe.
b. Au niveau communautaire. Il ne faut pas oublier que si la Parole de Dieu a des auditeurs passionnés dans le monde entier, il existe des différences significatives au sein de l’Église. On pourrait affirmer que dans les Églises locales d’origine plus récente, ou dans des situations de minorité numérique, l’usage de la Bible parmi les fidèles est plus étendu qu’ailleurs. En outre, les formes d’approche sont différentes selon les contextes de sorte que nous pouvons parler aujourd’hui d’une approche biblique différenciée en Europe, en Afrique, en Asie, en Amérique et en Océanie. Et il existe toujours la différence complémentaire de l’usage de la Parole de Dieu dans les Églises latines et orientales, et pour ce qui est des autres Églises et communautés ecclésiales.
c. Au niveau social. Se diffusant rapidement, le processus de mondialisation implique aussi l’Église. Trois facteurs – largement rappelés dans les réponses – agissent dans la rencontre avec les Saintes Écritures :
– la sécularisation qui détermine une condition de vie facilement exposée à la dérive du sécularisme consumériste, au relativisme et à l’indifférence religieuse, en particulier parmi les jeunes générations ;
– le pluralisme religieux et culturel, avec l’émergence de formes gnostiques et ésotériques dans l’interprétation des Saintes Écritures, et de groupes religieux indépendants au sein de l’Église catholique. En outre, on assiste au développement de confrontations difficiles et de conflits douloureux, surtout pour les minorités chrétiennes dans un milieu non chrétien, à propos de l’emploi de la Bible ;
– l’aspiration largement ressentie à exprimer la Parole de Dieu comme libération de la personne de conditions inhumaines, et comme réconfort concret pour les pauvres et ceux qui souffrent.
Dans le cadre de la nouvelle évangélisation, la transmission de la foi doit se conjuguer avec la découverte en profondeur de la Parole de Dieu. Il est souhaitable que la Parole de Dieu soit présentée comme soutien de la foi de l’Église au long des siècles.
Structure de l‘Instrumentum laboris
8. La structure du document s’articule en trois parties : la première partie est centrée sur l’identité de la Parole de Dieu selon la foi de l’Église ; la deuxième partie considère la Parole de Dieu dans la vie de l’Église ; la troisième partie réfléchit sur la Parole de Dieu dans la mission de l’Église.
Chacune des parties est divisée en chapitres pour rendre la lecture plus aisée et plus claire. En résumé, le Synode entend méditer et proposer ce grand mystère de la Parole de Dieu – ce don suprême qu’Il a fait à l’Église – et rendre grâce pour ce mystère.
LE MYSTÈRE DE DIEU QUI NOUS PARLE
« Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles » (He 1,1-2).
Les contributions des Pasteurs ont rappelé plusieurs des thèmes théologiques les plus significatifs pour l’action pastorale, comme l’identité de la Parole de Dieu ; le mystère du Christ et de l’Église, centre de la Parole de Dieu ; la Bible en tant que Parole inspirée, et sa vérité ; l’interprétation de la Bible selon la foi de l’Église ; l’attitude juste d’écoute de la Parole de Dieu.
Chapitre I
A. Dieu, celui qui nous parle. Identité de la Parole de Dieu
« Dieu s’adresse aux hommes comme à des amis » (DV 2)
Dei Verbum propose une théologie dialogique de la révélation. Dans ce dialogue, on trouve trois aspects étroitement réunis : l’amplitude de signification que le terme « Parole de Dieu » assume dans la Révélation divine ; le mystère du Christ en tant qu’expression pleine et parfaite de la Parole de Dieu ; le mystère de l’Église, sacrement de la Parole de Dieu.
La Parole de Dieu : un chant à plusieurs voix
9. La Parole de Dieu est comme un chant à plusieurs voix, du fait que Dieu la prononce sous des formes diverses et de différentes façons (cf. He 1,1), tout au long d’une longue histoire et à travers des annonceurs très divers, mais en laissant apparaître une hiérarchie de significations et de fonctions.
a. La Parole de Dieu a une patrie, qui est la Trinité, dont elle provient, qui la soutient et à laquelle elle retourne, témoignage permanent de l’amour du Père, de l’œuvre de salut du Fils Jésus-Christ, et de l’action féconde de l’Esprit Saint. À la lumière de la Révélation, la Parole est le Verbe éternel de Dieu, la deuxième personne de la Très Sainte Trinité, le Fils du Père, fondement de la communication intratrinitaire et ad extra : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout fut par Lui, et sans Lui rien ne fut » (Jn 1,1-3 ; cf. Col 1,16).
b. C’est pourquoi le monde créé narre la gloire de Dieu </i>(cf. Ps 19,1). Au commencement des temps, par sa Parole Dieu a créé l’univers (cf. Gn 1,1), en mettant sur la création le sceau de sa sagesse, de sorte que toute chose est sa voix (cf. Si 46,17 ; Ps 68,34). C’est la personne humaine en particulier, parce que créée à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1,26) qui reste pour toujours le signe inviolable et l’interprète intelligent de sa Parole. En effet, de la Parole de Dieu la personne reçoit la capacité d’entamer le dialogue avec Lui et la création. De sorte que Dieu a fait de toute la création, et de la personne humaine in primis, un « témoignage durable de Lui-même » (DV 3). Et puisque « ‘c’est en lui [le Christ] qu’ont été créées toutes choses, et pour lui … [et que] tout subsiste en lui’ (Col 1,16-17), ‘semences du Verbe’ (AG 11,15), les ‘rayons de la vérité qui illumine tous les hommes’ (NA 2), […] se trouvent dans les personnes et dans les traditions religieuses de l’humanité ».[3]
c. « Le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,14) : la Parole de Dieu, ultime et définitive, c’est Jésus-Christ, sa personne, sa mission, son histoire, intimement liées, conformément au dessein du Père, qui culmine dans la Pâque et s’accomplit lorsque Jésus remettra le Royaume au Père (cf. 1 Co 15,24). Il est l’Évangile de Dieu à chaque personne humaine (cf. Mc 1,1).
d. En vue de la Parole de Dieu qui est le Fils incarné, le Père a parlé dans les temps anciens par les prophètes (cf. He 1,1) et, en vertu de l’Esprit, les Ap
ôtres continuent d’annoncer Jésus et son Évangile. De sorte que la Parole de Dieu est exprimée par des mots d’homme, à travers l’annonce des prophètes et des Apôtres.
e. En fixant – par inspiration divine – les contenus révélés, les Saintes Écritures attestent de façon authentique qu’elles sont véritablement la Parole de Dieu (cf. DV 24), entièrement orientées vers Jésus car « ce sont elles [les Écritures] qui [lui] rendent témoignage » (Jn 5,39). En vertu du charisme de l’inspiration, les livres des Saintes Écritures ont une force d’appel direct et concret que n’ont pas d’autres interventions ou textes humains.
f. Mais la Parole de Dieu ne reste pas enfermée dans les écrits. En effet, si la Révélation s’est conclue avec la mort du dernier apôtre (cf. DV 4), la Parole révélée continue d’être annoncée et écoutée dans l’histoire de l’Église, qui s’engage à la proclamer au monde entier en réponse à son besoin de salut. Ainsi, la Parole continue sa course dans la prédication vivante, qui embrasse les différentes formes d’évangélisation, les plus éminentes étant l’annonce et la catéchèse, la célébration liturgique et le service de la charité. La prédication, dans le sens qui lui a été donné ici, sous la puissance de l’Esprit Saint, est Parole du Dieu vivant communiquée aux personnes vivantes.
g. Comme les fruits provenant des racines, les vérités de foi de l’Église concernant le dogme et la morale entrent dans le domaine de la Parole de Dieu.
À partir de ce tableau, il est aisé de comprendre que lorsque la révélation de Dieu est annoncée dans la foi, il s’agit d’un événement révélateur qui peut vraiment être appelé Parole de Dieu dans l’Église.
Incidences pastorales
10. Ici, sont rappelées les nombreuses incidences pastorales auxquelles sont liées nombre de réponses provenant des Églises particulières.
– À la Parole de Dieu doivent être reconnues toutes les qualités d’une authentique communication interpersonnelle -à partir de la Bible souvent désignée comme dialogue d’alliance- qui fait que Dieu et la personne se parlent en tant que membres de la même famille.
– Dans cette perspective, la religion chrétienne ne peut pas être définie comme la « religion du Livre » en termes absolus, du fait que le Livre inspiré appartient, de façon vitale, à la totalité du corps de la Révélation.[4]
– Le monde créé est la manifestation de la Parole de Dieu, et la vie et l’histoire humaine la contiennent en germe. Dans cette optique, émergent des questions importantes aujourd’hui, rappelées par de nombreuses contributions des Pasteurs à propos de la loi naturelle, de l’origine du monde, de la question écologique.
– Il convient certainement de reprendre la belle notion d’ « histoire du salut » (historia salutis), si chère aux Pères de l’Église et devenue, par tradition, « Histoire sacrée ». Il faut réussir à faire percevoir tout ce qu’implique la « religion du Verbe incarné », c’est-à-dire la Parole de Dieu, qui n’est pas cristallisée dans des formules abstraites et statiques mais qui connaît une histoire dynamique, faite de personnes et d’événements, de paroles et d’actions, de développements et de tensions, comme cela apparaît clairement dans la Bible. L’historia salutis – terminée pour ce qui est de sa phase constitutive – continue d’être efficace aujourd’hui dans le temps de l’Église.
– La totalité de la Parole de Dieu est assurée par tous les actes qui l’expriment, selon le rôle de chacun. De par sa force, vient immédiatement à l’esprit le fait que les Saintes Écritures sont le milieu vital de l’Église. D’ailleurs, il est nécessaire que tous les moments du ministère de la Parole de Dieu soient en interaction réciproque et harmonieuse. Parmi ces signes, l’annonce, la catéchèse, la liturgie et la diaconie jouent un rôle fondamental.
– Il reviendra aux Pasteurs d’aider les fidèles à avoir cette vision harmonieuse de la Parole, en évitant toute forme erronée, réductive ou ambiguë de compréhension, et en leur donnant la possibilité de devenir des auditeurs attentifs de la Parole partout où elle résonne, et de goûter les paroles les plus simples de la Bible.
B. Au centre, le mystère du Christ et de l’Église
« En ces jours qui sont les derniers, Dieu nous a parlé par le Fils » (He 1,2)
Dans le cœur de la Parole de Dieu, le mystère du Christ
11. De façon générale, les chrétiens perçoivent la centralité de la personne de Jésus-Christ dans la Révélation de Dieu. Mais ils ne savent pas toujours saisir les raisons de cette importance, ni ils ne comprennent dans quel sens Jésus est le cœur de la Parole de Dieu ; aussi, ont-ils quelques difficultés à effectuer une lecture chrétienne de la Bible. C’est un sujet qui revient dans presque toutes les réponses des Organismes consultés, avec le double souci d’éviter les équivoques d’une lecture superficielle et fragmentaire des Écritures, mais surtout d’indiquer la voie sûre pour entrer dans le Royaume de Dieu et hériter de la vie éternelle. En effet, « la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17,3). Ce rapport substantiel entre la Parole de Dieu et le mystère du Christ prend ainsi forme dans la Révélation en tant qu’annonce, puis dans l’histoire de l’Église comme approfondissement inépuisable.
De ce rapport, on ne cite ici que quelques-unes des références théologiques essentielles ayant une incidence pastorale évidente.
– Toujours à la lumière de Dei Verbum, il est rappelé que Dieu a réalisé un dessein totalement gratuit : «Il a en effet envoyé son Fils […] pour habiter parmi les hommes et leur faire connaître les secrets de Dieu (cf. Jn 1,1-18). Jésus-Christ donc, le Verbe fait chair ‘parle les paroles de Dieu‘ (Jn 3,34) et achève l’œuvre du salut que le Père lui a confiée (cf. Jn 5,36 ; 17,4)» (DV 4). De sorte que, pendant sa vie sur terre et maintenant dans sa vie au ciel, Jésus assume et réalise tout l’objectif, le sens, l’histoire et le projet de la Parole de Dieu car, comme le récite Saint Irénée, le Christ « nous a donné toute nouveauté en se donnant à nous ».[5]
– Le projet de Dieu prévoit une histoire dans la Révélation. Comme l’affirme l’Auteur de la Lettre aux Hébreux : « Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles » (He 1,1-2). Cela signifie qu’en Jésus la Parole de Dieu assume les significations qu’il a données à sa mission : son but est de faire entrer dans le Royaume de Dieu (cf. Mt 13,1-9) ; elle se manifeste dans ses paroles et dans ses œuvres ; elle exprime sa puissance dans les miracles ; elle a pour tâche d’animer la mission des disciples, en les soutenant dans l’amour pour Dieu et le prochain et dans l’attention aux pauvres ; elle révèle sa pleine vérité dans le mystère pascal, en attendant la révélation complète ; et maintenant, elle guide la vie de l’Église dans le temps.
– Mais il est vrai aussi que la Parole de Jésus doit être comprise, comme il le disait lui-même, selon les Écritures (cf. Lc 24,44-49), c’est-à-dire dans l’histoire du Peuple de Dieu dans l’Ancien Testament, qui l’a attendu comme le Messie, et maintenant dans l’histoire de la comm
unauté chrétienne qui l’annonce par la prédication, le médite dans la Bible, fait l’expérience de son amitié et de ses orientations. Saint Bernard affirme que sur le plan de l’Incarnation de la Parole, le Christ est le centre de toutes les Écritures. La Parole de Dieu, qui pouvait déjà être entendue dans la première Alliance, est devenue visible dans le Christ.[6]
– On ne peut pas oublier que « tout a été créé par lui et pour lui » (Col 1,16). Jésus assume une centralité cosmique, il est le roi de l’univers, celui qui donne le sens ultime à toute la réalité. Si la Parole de Dieu est un chant à plusieurs voix, la clef de son interprétation – de par l’inspiration de l’Esprit Saint -, c’est le Christ dans la globalité de son mystère. «La Parole de Dieu qui, au début, était auprès de Dieu, n’est pas, dans sa plénitude, une multiplicité de paroles: elle n’est pas constituée de nombreuses paroles, elle est une unique Parole, qui embrasse un grand nombre d’idées dont chacune est une partie de la Parole dans sa totalité […]. Et si le Christ nous renvoie aux ‘Écritures’, comme celles qui en témoignent, il considère les livres des Écritures comme un seul rouleau, car tout ce qui a été écrit de Lui est résumé en un seul tout ».[7]
Dans le cœur de la Parole de Dieu, le mystère de l’Église
12. En étant mystère du Corps de Jésus, l’Église se trouve à avoir, dans la Parole, l’annonce de son identité, la grâce de sa conversion, le mandat de sa mission, la source de sa prophétie et la raison de son espérance. Elle est intimement constituée par le dialogue avec l’Époux, et elle devient la destinataire et le témoin privilégié de la Parole aimante et salvifique de Dieu. Le juste aboutissement de l’écoute de la Parole de Dieu est d’appartenir toujours plus à ce « mystère » qui fait l’Église ; aussi, la rencontre permanente avec elle engendre son renouvellement et est la source d’un « nouveau printemps spirituel ».[8]
Par ailleurs, la conscience vive d’appartenir à l’Église, Corps du Christ, sera effective dans la mesure où les différents rapports avec la Parole de Dieu pourront être articulés de façon cohérente : une Parole annoncée, une Parole méditée et étudiée, une Parole priée et célébrée, une Parole vécue et propagée. C’est pourquoi la Parole de Dieu n’est pas un dépôt inerte dans l’Église, mais qu’elle devient règle suprême de la foi et puissance de vie, qu’elle se développe avec l’assistance de l’Esprit Saint et grandit avec la contemplation et l’étude qu’en font les croyants, avec l’expérience personnelle de vie spirituelle et la prédication des évêques (cf. DV 8 ; 21). Ce sont les hommes de Dieu en particulier qui en témoignent, eux qui ont habité dans la Parole.[9] Il apparaît clairement que la première mission de l’Église est de transmettre la Parole divine à tous les hommes. L’histoire atteste que cela s’est produit et continue de se produire aujourd’hui, après tant de siècles, malgré tous les obstacles, mais avec une vitalité féconde.
Les premiers mots de Dei Verbum font l’objet d’une réflexion permanente et d’une application fidèle : « quand il écoute religieusement et proclame hardiment la Parole de Dieu » (DV 1). Ces mots résument l’essence de l’Église dans sa double dimension d’écoute et de proclamation de la Parole de Dieu. Aucun doute ne subsiste : la Parole de Dieu doit occuper la première place. Ce n’est qu’à travers elle qu’on peut comprendre l’Église. Elle se définit comme étant l’Église qui écoute. C’est dans la mesure où elle écoute qu’elle peut aussi être une Église qui proclame. Le Saint-Père Benoît XVI affirme : « L’Église ne tire pas sa vie d’elle-même, mais de l’Évangile et c’est à partir de l’Évangile qu’elle ne cesse de s’orienter dans son pèlerinage ».[10]
Incidences pastorales
13. À partir de la Parole de Dieu, la communauté chrétienne se sent régénérée et renouvelée à découvrir le visage du Christ. L’affirmation de Saint Jérôme résonne, claire et péremptoire : « Ignoratio enim Scripturarum, ignoratio Christi est »[11] (celui qui ne connaît pas les Écritures ne connaît pas le Christ). Sont ici rappelées certaines urgences pastorales tirées des réponses aux Lineamenta.
– Développer des lignes organiques de réflexion sur le rapport entre Jésus et les Saintes Écritures, sur comment il les lit et comment, inversement, celles-ci aident à le comprendre ;
– présenter de manière simple les critères de lecture chrétienne de la Bible, en résolvant à cette lumière les éléments difficiles de l’Ancien Testament ;
– aider les fidèles à reconnaître l’Église, guidée par le Magistère, comme le lieu vital et permanent d’annonce de la Parole de Dieu ;
– instruire ces chrétiens qui disent ne pas lire la Bible parce qu’ils préfèrent établir un rapport direct et personnel avec Jésus ;
– grâce à la réalité de Jésus, Seigneur ressuscité et présent dans les signes sacramentaux, la liturgie doit être considérée comme le lieu principal de rencontre avec la Parole de Dieu.
– Enfin, dans la communication catéchétique, il ne faut pas oublier que les Évangiles doivent être choisis en tant que lecture prioritaire, mais qu’ils doivent aussi être lus en liaison avec les autres livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, et avec les documents du Magistère de l’Église.
Chapitre II
A. La Bible, Parole de Dieu inspirée et sa vérité
« L’Église a toujours témoigné son respect à l’égard des Écritures, tout comme à l’égard du Corps du Seigneur lui-même » (DV 21)
Questions
14. L’un des problèmes plus fortement ressentis par les Pasteurs est le rapport entre les Saintes Écritures et la Parole de Dieu, en particulier son inspiration et sa vérité. On distingue trois niveaux de questions :
– certaines questions sont inhérentes à la nature de la Bible : ce qu’on entend par inspiration, ou par canon, quel type de vérité revient aux Écritures, et comment comprendre son historicité ;
– d’autres questions concernent le rapport entre les Écritures et la Tradition et le Magistère ;
– d’autres encore se rapportent aux pages difficiles de la Bible, plus spécialement dans l’Ancien Testament. On abordera ces questions dans la partie qui traite de la Parole de Dieu dans la catéchèse.
Les Saintes Écritures, Parole de Dieu inspirée
15. De nombreuses réponses aux Lineamenta soulèvent des questions à propos de la façon d’expliquer aux fidèles le charisme de l’inspiration et de la vérité des Écritures. À ce sujet, il est nécessaire, avant tout, de bien préciser le rapport entre la Bible et la Parole de Dieu ; de clarifier l’action de l’Esprit Saint ; de spécifier certains points concernant l’identité de la Bible.
a. Il faut que soit reconnu le rapport de distinction et de communion entre la Bible et la Parole de Dieu. C’est la Bible elle-même qui atteste l’absence de toute coïncidence matérielle entre la Parole de Dieu et les Écritures. La Parole de Dieu est une réalité vivante, efficace (cf. He 4, 12-13), éternelle (cf. Is 40,8), « toute puissante » (Sg 18,15), créatrice (cf. Gn 1,3sv.) et instauratrice d’histoire. Pour le Nouveau Testament, cette Parole c’est le Fils de Dieu lui-même, le Verbe incarné (cf. Jn 1,1sv. ; He 1,2). Au contraire, les Écritures sont l’attestation de ce rapport entre Dieu et l’homme, elles l’éclairent et l’orientent d
e façon certaine. Aussi la Parole de Dieu va-t-elle au-delà du Livre, et rejoint-elle aussi l’homme à travers le chemin de l’Église, Tradition vivante. Cela implique de dépasser une interprétation subjective et fermée des Écritures, de sorte qu’elle doit être lue à l’intérieur d’un processus plus vaste, et même inépuisable, de la Parole de Dieu, ainsi que le démontre le fait que la Parole continue d’alimenter la vie de générations dans des temps toujours nouveaux et différents. Ainsi, la communauté chrétienne devient le sujet de la transmission de la Parole de Dieu, et en même temps le sujet privilégié pour saisir le sens profond des Saintes Écritures, la progression de la foi et, donc, le développement du dogme. En vertu de cette prérogative, depuis le début l’Église a profondément vénéré les livres bibliques et, par règle ou canon de la foi dans la Révélation divine, elle en a établi une liste certaine et définitive : 73 livres, dont 46 dans l’Ancien Testament, et 27 dans le Nouveau.[12]
b. L’Esprit permet à la parole écrite de respirer et situe le Livre dans le mystère plus vaste de l’Incarnation et de l’Église. C’est pour cela que, grâce à l’Esprit, la Parole de Dieu est une réalité liturgique et prophétique ; elle est une annonce (kerygma) avant d’être un livre, elle est le témoignage de l’Esprit Saint sur la présence du Christ.
c. On peut affirmer en synthèse que :
– le charisme de l’inspiration permet de dire que Dieu est l’auteur de la Bible, d’une manière qui n’exclut pas l’homme en tant que véritable auteur lui-même. En effet, à la différence d’une dictée, l’inspiration n’élimine ni la liberté ni les capacités personnelles de l’écrivain, mais elle les éclaire et les suscite ;
– même si les Saintes Écritures sont inspirées dans leur totalité, leur inerrance se réfère uniquement à la « vérité […] que Dieu, en vue de notre salut, a voulu qu’elle [l’Écriture] fût consignée dans les Saintes Lettres » (DV 11) ;
– grâce au charisme de l’inspiration, l’Esprit Saint constitue les livres bibliques en Parole de Dieu, et il les confie à l’Église, afin qu’ils soient accueillis dans l’obéissance de la foi ;
– dans son ensemble et son unité organique, le Canon constitue le critère permettant d’interpréter le Livre Saint ;
– la Bible étant la Parole de Dieu en langage des hommes, son interprétation se fait de façon harmonieuse, suivant des critères littéraires, philosophiques et théologiques, toujours sous la force unifiante de la foi et la guide du Magistère.[13]
Tradition, Écritures et Magistère
16. Le Concile Vatican II insiste sur l’unité d’origine et sur les nombreuses connexions entre la Traditions et les Écritures, que l’Église accueille « avec un égal sentiment de piété, avec un égal respect » (DV 9). Rappelons à ce sujet que la Parole de Dieu, devenue dans le Christ Évangile et Bonne Nouvelle (cf. Rm 1,16), et comme telle confiée à la prédication apostolique, continue sa course à travers :
– en premier lieu, le flux de la Tradition vivante manifestée par «tout ce que [l’Église] est elle-même, tout ce qu’elle croit » (DV 8), comme le culte, l’enseignement, la charité, la sainteté, le martyre ;
– mais aussi les Saintes Écritures qui, par inspiration de l’Esprit Saint, dans l’immutabilité de l’écriture, conservent justement de cette Tradition vivante les éléments constitutifs et originaux : « cette Tradition sainte et la Sainte Écriture des deux Testaments sont donc comme le miroir dans lequel l’Église, pendant son pèlerinage sur terre, contemple Dieu, de qui elle reçoit tout, jusqu’à ce qu’elle soit arrivée à son terme: Le voir face à face tel qu’Il est (cf. 1 Jn 3,2) » (DV 7).
Enfin, c’est au Magistère de l’Église – qui n’est pas supérieur à la Parole de Dieu – qu’il revient « d’interpréter authentiquement la Parole de Dieu écrite ou transmise […] puisque […] il écoute pieusement la parole, la garde religieusement, l’explique fidèlement » (DV 10). En résumé, une vraie lecture des Écritures comme Parole de Dieu ne peut se faire qu’in Ecclesia, selon son enseignement.
Ancien et Nouveau Testament : une unique économie du salut
17. Un problème aigu que connaissent les catholiques est celui de la reconnaissance de l’Ancien Testament en tant que Parole de Dieu et, en particulier, son rapport avec le mystère du Christ et de l’Église. En raison aussi de difficultés exégétiques non résolues, on assiste à une certaine résistance devant des pages de l’Ancien Testament qui semblent incompréhensibles, et donc exposées à la sélection arbitraire, au refus. Selon la foi de l’Église, l’Ancien Testament doit être considéré comme une partie de l’unique Bible des chrétiens, partie constitutive de la Révélation et, donc, de la Parole de Dieu. D’où le besoin d’une formation urgente à la lecture chrétienne de l’Ancien Testament, en reconnaissant le rapport qui lie les deux Testaments et les valeurs permanentes de l’Ancien (cf. DV 15-16).[14]Nous sommes aidés en cela par la pratique liturgique, qui proclame toujours le texte sacré de l’Ancien Testament comme page essentielle pour une pleine compréhension du Nouveau Testament, ainsi que l’atteste Jésus lui-même dans l’épisode d’Emmaüs, où le Maître « commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, […] leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Lc 24,27). L’affirmation augustinienne « Novum in Vetere latet et in Novo Vetus patet » (le Nouveau Testament est celé dans l’Ancien, et l’Ancien est révélé dans le Nouveau)[15] est tout à fait précise. Saint Grégoire le Grand affirme : « Ce que l’Ancien Testament a promis, le Nouveau l’a fait voir ; ce que l’Ancien annonce de façon voilée, le Nouveau le proclame ouvertement comme étant actuel. Aussi l’Ancien Testament est-il la prophétie du Nouveau ; et le meilleur commentaire de l’Ancien Testament est le Nouveau Testament ».[16] Les implications pratiques de cette doctrine sont nombreuses et vitales.
Incidences pastorales
18. On ressent de façon toujours plus consciente qu’une lecture superficielle de la Bible est insuffisante. On constate que différents groupes bibliques, partis avec enthousiasme à la découverte du Livre Sacré, se dissolvent ensuite progressivement, le bon terrain venant à manquer – c’est-à-dire la Parole de Dieu perçue dans son mystère de grâce – comme le dit Jésus dans la parabole du semeur (cf. Mt 13,20-21). Dans cette optique, sont proposées les implications suivantes :
a. Du fait que les Écritures sont intimement liées à l’Église, celle-ci assume un rôle essentiel pour accéder à la Parole dans l’authenticité de sa source, devenant ainsi le critère pour comprendre correctement la Tradition, du fait que la liturgie comme la catéchèse tirent leur substance de la Bible. Ainsi que cela a déjà été mentionné, les livres des Saintes Écritures libèrent une force d’appel direct et concret que n’ont pas d’autres interventions ou textes ecclésiaux.
b. Il faut ensuite considérer la distinction – dans ses effets pratiques – entre la Tradition apostolique constitutive et les traditions ecclésiales. En effet, tandis que la première émane des apôtres et transmet ce qu’ils ont appris de Jésus et de l’Esprit Saint lui-même, les traditions ecclésiales sont nées au cours des temps dans les Églises locales et sont une forme d’adaptation de la « grande Tradition ».[17] En outre, il faut évaluer la portée décisive de la reconnaissance canonique réalisée par l’Église
à propos des Écritures en en garantissant l’authenticité face à la prolifération de livres inauthentiques ou apocryphes. Les interprétations gnostiques vulgarisées aujourd’hui à propos de la vérité sur les origines chrétiennes obligent à expliquer ce qu’est le Canon des Livres Sacrés et comment il est né. On oriente ainsi opportunément la traduction et la diffusion des Écritures et on justifie la reconnaissance indispensable de la part de l’Église. Il reste à reprendre la comparaison entre les Écritures, la Tradition et les signes de la Parole de Dieu dans le monde créé, en particulier avec l’homme et son histoire, car chaque créature est parole de Dieu, puisqu’elle proclame Dieu.[18]
c. Lorsqu’il propose des orientations ou proclame des définitions, l’intention du Magistère n’est pas de limiter la lecture personnelle des Écritures. Au contraire, il offre un cadre sûr de références où la recherche peut s’exercer. Hélas, l’enseignement du Magistère et la valeur des différents niveaux de déclarations ne sont pas toujours bien connus et acceptés. Le Synode est une occasion pour redécouvrir Dei Verbum et les documents pontificaux postérieurs. En particulier, il convient de noter l’orientation pour la compréhension et l’usage de la Parole de Dieu dans la Bible donnée par le Saint-Père Benoît XVI dans plusieurs de ses interventions magistrales.
d. Dans le sillage de la Tradition vivante, et donc en tant que service authentique à la Parole de Dieu, il faut également considérer l’instrument du Catéchisme, à partir du premier Symbole de la foi, noyau de tout le Catéchisme, et jusqu’aux différentes expositions promues le long des siècles dans l’Église. Une attestation plus récente de celles-ci est le Catéchisme de l’Église catholique, et les Catéchismes respectifs dans les Églises locales.
e. À ce point, il devient nécessaire de considérer comme fondamentale une distinction qui aura de nombreuses répercussions dans la pratique pastorale : la rencontre avec les Écritures dans les grandes actions ecclésiales, comme la liturgie et la catéchèse, c’est-à-dire là où la Bible se situe dans un contexte de ministère public; il y a aussi la rencontre immédiate, comme la Lectio Divina, les cours bibliques, les groupes bibliques. Ce sont là des voies à promouvoir aujourd’hui du fait que, d’une manière ou d’une autre, le Peuple de Dieu s’éloigne de l’usage direct et personnelle des Écritures.
f. Quant à l’Ancien Testament, celui-ci doit être compris comme une étape dans le développement de la foi et de la compréhension de Dieu. Son caractère figuré et son rapport avec la mentalité scientifique et historique de notre temps doivent être clarifiés. En même temps, nombre de ses passages qui renferment une force spirituelle, sapientielle et culturelle unique, permettent une riche catéchèse sur les réalités humaines, et manifestent les étapes du chemin de foi de tout un peuple. La connaissance et la lecture des Évangiles n’excluent pas qu’une ultérieure méditation de l’Ancien Testament apporte à la lecture et à l’intelligence du Nouveau Testament une profondeur toujours plus importante.
g. Enfin, dans une optique pastorale très concrète, il convient de signaler certaines observations pouvant aider à mieux discerner le rapport que les fidèles ont avec la doctrine de la foi. En général, les fidèles distinguent la Bible des autres textes religieux et la considèrent comme plus importante dans la vie de foi mais, dans la pratique, beaucoup préfèrent les textes spirituels plus simples à comprendre, les messages et les écrits édifiants ou différentes manifestations de la piété populaire. On pourrait dire que le peuple rencontre la Parole de Dieu de façon pratique, en la vivant plus qu’en en voulant connaître les origines et les motivations. C’est une situation à la fois de positivité et de fragilité. Il faut savoir parler aux gens en reconnaissant leur façon de comprendre. Aider les fidèles à comprendre ce qu’est la Bible, pourquoi elle existe, ce qu’elle apporte à la foi et comment l’utiliser devient un devoir nécessaire dans les activités pastorales.
B. Comment interpréter la Bible selon la foi de l’Église
« Vivante est la Parole de Dieu, efficace » (He 4,12)
Le problème herméneutique dans la perspective pastorale
19. Le problème herméneutique, dans lequel se situent l’actualisation de la Parole de Dieu et l’inculturation,[19] est une question délicate et importante. En effet, Dieu propose aux hommes non pas quelques informations plus ou moins curieuses, et pas même d’ordre purement humain ou scientifique, mais il leur communique sa Parole de vérité et de salut, ce qui exige, de la part de celui qui écoute, une compréhension intelligente, vitale, responsable, et donc actuelle. Cela comporte le double mouvement de reconnaître le sens authentique de la Parole dite ou écrite, comme le Seigneur la communique à travers les auteurs sacrés, mais aussi que la Parole soit significative pour ceux qui l’écoutent aujourd’hui encore.
À l’écoute de l’expérience
20. Des réponses des évêques il ressort que, malgré l’apparence contraire, l’interprétation de la Parole reste accessible. De nombreux chrétiens – en communauté ou individuellement – étudient la Parole de Dieu, disponibles à comprendre ce que Dieu dit et à y obéir scrupuleusement. Et bien, cette disponibilité de la foi est pour l’Église une possibilité précieuse de faire comprendre et d’appliquer correctement les Textes Sacrés. Aujourd’hui, cette opportunité (kairos) vaut encore davantage d’une certaine façon, puisque s’ouvre une nouvelle confrontation entre la Parole de Dieu et les sciences des hommes, en particulier dans la sphère de la recherche philosophique, scientifique et historique. Ce contact entre la Parole et la culture engendre une grande richesse de vérités et de valeurs sur Dieu, sur l’homme et sur les choses. Aussi, la raison interpelle-t-elle la foi, et est-elle sollicitée à son tour par celle-ci à collaborer pour atteindre une vérité et une vie en accord avec la Révélation de Dieu et les attentes de l’humanité.
Mais il existe aussi les risques d’une interprétation arbitraire et réductive, dus surtout au fondamentalisme, de sorte que, d’une part on voit se manifester le désir de rester fidèle au Texte et, de l’autre, on méconnaît la nature même des textes, en risquant de graves erreurs et en provoquant aussi des conflits inutiles.[20] Il existe aussi ce qui est appelé les « lectures idéologiques de la Bible », selon des compréhensions a priori rigides d’ordre spirituel ou social et politique, ou tout simplement humaines, sans support de la foi (cf. 2 P 1,19-20; 3,16), jusqu’à des formes d’opposition et de séparation entre la forme écrite, attestée surtout dans la Bible, la forme vivante de l’annonce et l’expérience de vie des croyants. En général, on note une connaissance moindre ou imprécise des règles herméneutiques de la Parole.
Sens de la Parole de Dieu et voie pour y parvenir
21. À la lumière du Concile Vatican II et du Magistère successif,[21] certains aspects semblent devoir faire aujourd’hui l’objet d’une attention et d’une réflexion spécifiques, en vue d’une communication pastorale adéquate : la Bible, livre de Dieu et de l’homme, doit être lue en unifiant correctement le sens historique et littéral et le sens théologique et spirituel – ou plus simplement le sens spirituel.[22] La Note, déjà citée, de la Commission Pontificale Biblique en donne la définition suivante : « En règle générale, on peut définir le sens spirituel, compris selon la foi chrétienne, comme le sens exprimé par les textes bib
liques, lorsqu’on les lit sous l’influence de l’Esprit Saint dans le contexte du mystère pascal du Christ et de la vie nouvelle qui en résulte. Le contexte existe effectivement. Le Nouveau Testament y reconnaît l’accomplissement des Écritures. Il est donc normal de relire les Écritures à la lumière de ce nouveau contexte, qui est celui de la vie dans l’Esprit ».[23]
Cela signifie que la méthode historique et critique est nécessaire pour une exégèse correcte, une fois adéquatement enrichie par d’autres formes d’approche[24] mais, pour atteindre le sens plénier des Écritures, il est nécessaire d’utiliser des critères théologiques, tels que les repropose Dei Verbum: « contenu et […] unité de l’Écriture tout entière, compte tenu de la Tradition vivante de l’Église tout entière, et de l’analogie de la foi » (DV 12).[25] Aujourd’hui, on perçoit à ce propos la nécessité d’approfondir ultérieurement la réflexion théologique et pastorale, pour former nos communautés à une intelligence droite et fructueuse. Le Pape Benoît XVI affirme : « j’ai profondément à cœur que les théologiens apprennent à lire et à aimer l’Écriture de la manière dont, selon Dei Verbum, le Concile l’a voulu : qu’ils voient l’unité intérieure de l’Écriture – ce qui est aujourd’hui facilité par l’ ‘exégèse canonique’ (qui se trouve sans aucun doute encore à un timide stade initial) – et qu’ils fassent ensuite de celle-ci une lecture spirituelle, qui n’est pas quelque chose d’extérieure à caractère édifiant, mais en revanche une immersion intérieure dans la présence de la Parole. Cela me semble une tâche très importante de faire quelque chose dans ce sens, de contribuer à ce que, côte à côte, avec et dans l’exégèse historico-critique, soit véritablement donnée une introduction l’Écriture vivante comme Parole de Dieu actuelle ».[26]
Incidences pastorales
22. Le Peuple de Dieu doit être éduqué à découvrir cet immense horizon de la Parole de Dieu, en faisant en sorte que la lecture de la Bible ne soit pas compliquée. Ce qui est vrai c’est que les choses les plus importantes qui se trouvent dans la Bible sont aussi celles qui sont liées plus directement à l’existence, par exemple la vie de Jésus. Nous rappelons ici quelques-uns des points centraux pour une juste interprétation du Livre Sacré.
a. Il faut rappeler avant tout l’interprétation de la Parole de Dieu qui a lieu chaque fois que l’Église se réunit pour célébrer les mystères divins. À ce sujet, l’Introduction au Lectionnaire, qui est proclamé dans l’Eucharistie, rappelle : « Puisque, par la volonté du Christ lui-même, le nouveau Peuple de Dieu se distingue par l’admirable variété de ses membres, ainsi tout aussi différents sont les devoirs et les rôles qui reviennent à chacun à propos de la Parole de Dieu : aux fidèles, il revient de l’écouter et de la méditer ; à ceux qui en vertu de leur ordination ont une charge de magistère ou à ceux auxquels est confié l’exercice de ce ministère, il revient de l’exposer. Ainsi dans la doctrine, dans la vie et dans le culte, l’Église perpétue et transmet à toutes les générations tout ce qu’elle-même est et tout ce qu’elle croit de manière à tendre incessamment à travers les siècles à la plénitude de la vérité divine, jusqu’à ce que s’accomplisse en elle la Parole de Dieu ».[27]
b. Il convient de préciser que « le sens spirituel n’est pas à confondre avec les interprétations subjectives dictées par l’imagination ou la spéculation intellectuelle. Il résulte de la mise en rapport de trois niveaux de réalités : le texte biblique [dans son sens littéral], le mystère pascal et les circonstances présentes de vie dans l’Esprit ».[28] Dans tous les cas, il faut partir du texte biblique, premier et irremplaçable dans l’action pastorale également.
c. Tout en reconnaissant que, de façon générale, la Notede la Commission Pontificale Biblique intitulée L’interprétation de la Bible dans l’Église n’a pas dépassé le cercle des experts, il faut s’engager à aider les lecteurs croyants à connaître les lois élémentaires d’une approche du texte biblique. Les matériels élaborés dans ce sens constituent une aide de grande valeur.
d. Dans cette perspective, il faut prendre en considération, comprendre correctement et récupérer l’exégèse extraordinaire des Pères[29] ainsi que la grande intuition médiévale des « quatre sens des Écritures », qui n’ont aucunement perdu leur intérêt ; on ne doit pas négliger les différentes résonances et traditions que la Bible suscite dans la vie du Peuple de Dieu, dans les personnages des saints, des maîtres spirituels et des témoins. Tout comme il faut considérer l’apport des sciences théologiques et humaines; l’« histoire des effets » (Wirkungsgeschichte), dans l’art plus spécialement, peut constituer un témoignage fécond de lecture spirituelle. Et comme, aujourd’hui, la Bible est aussi lue par les non-chrétiens, qui mettent en lumière sa valeur anthropologique, il peut être enrichissant d’interpréter correctement cet aspect. Les Saintes Écritures doivent être lues en communion avec l’Église en tous lieux et en tous temps, avec les grands témoins de la Parole, depuis premiers Pères jusqu’aux saints et au Magistère d’aujourd’hui.[30]
e. Il faut mettre l’accent sur la demande présentée au Synode non seulement d’affronter les problèmes classiques de la Bible, mais aussi de mettre celle-ci en rapport avec les problèmes actuels tels que la bioéthique et l’inculturation. Ce que l’on peut dire avec une expression couramment employée par les groupes bibliques : « comment est-il possible d’aller de la vie au texte, et du texte à la vie », ou encore « comment lire la Bible avec la vie, et la vie avec la Bible ? »
f. Il convient de signaler, du point de vue de la communication de la foi, un problème nouveau de l’herméneutique biblique. Il concerne non seulement la compréhension du langage biblique, mais aussi la connaissance de la culture actuelle, toujours moins liée à la parole orale ou écrite, et davantage orientée vers une culture électronique, avec la conséquence que la proclamation traditionnelle de la Parole peut être perçue comme ennuyeuse par les auditeurs, submergés par les techniques informatiques.
Chapitre III
Attitude requise chez celui qui écoute la Parole
« Écoute, mon peuple » (Ps 50,7)
Des réponses des évêques aux Lineamenta, il ressort qu’il est nécessaire de cultiver dans le peuple une relation orante, personnelle et communautaire avec la Parole de Dieu, celle-ci suscitant et nourrissant la réponse de la foi.
Parole efficace
23. L’événement de la Parole a pour sujets Dieu, qui l’annonce, et le destinataire – individu ou communauté. Dieu parle, mais si le croyant n’écoute pas, la Parole est seulement prononcée, et non accueillie. C’est pourquoi on peut dire que la révélation biblique est la rencontre de Dieu avec le peuple, dans l’expérience de l’unique Parole, et que tous deux font la Parole. La foi agit, la Parole la crée.
Le texte de He 4,12-13, et celui d’Is 55,9-11 avec d’autres encore, affirment l’infaillible efficacité de la Parole de Dieu. Comment comprendre cette efficacité ? La question devient encore plus nécessaire à partir d’un fait avancé dans différentes contributions des évêques : certains chrétiens néophytes attribuent à la lecture du Livre Sacré une valeur magique, sans qu’il y ait un engagement spécifique et personnel de responsabilité. En réalité, la Parole de Dieu déploie son efficacité – comme l’affirme la parabole du semeur (cf. M
c 4,1-20) – lorsque tous les obstacles sont éliminés et qu’existent les conditions pour que la graine de la Parole puisse fructifier.
Et quant au type d’efficacité propre à la Parole de Dieu, un autre texte évangélique est source de lumière en employant l’image de la graine qui doit mourir pour porter des fruits : le Christ parle de sa mort nécessaire pour réaliser le dessein du salut. La croix est, de façon directe, puissance et sagesse de Dieu ; l’Évangile est la « parole de la croix » écrit Saint Paul aux chrétiens de Corinthe (1 Co 1,18). L’efficacité de la Parole est donc de l’ordre de la croix. La Parole et la croix sont deux réalités situées à un même niveau. Leur puissance réside entièrement dans le dynamisme de l’amour divin qui les traverse : « car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16 ; cf. Rm 5,8). Celui qui, croyant en l’amour de Dieu, prononce la Parole trouve le fruit de cette Parole. Alors, celle-ci assume toute sa puissance, se réalise et se fait véritablement personnelle.
Le croyant : celui qui écoute la Parole de Dieu dans la foi
24. « À Dieu qui révèle, il faut apporter ‘l’obéissance de la foi’ ». À Lui qui se donne dans la Parole, l’homme, en l’écoutant, « s’en remet tout entier librement » (DV 5). L’homme qui, en vertu de l’intime structure de la personne, est celui qui écoute la Parole, reçoit de Dieu la grâce de répondre dans la foi. Ce qui comporte, de la part de la communauté et de chaque croyant, une attitude d’adhésion totale à une proposition de pleine communion avec Dieu et de remise confiante à sa volonté (cf. DV 2). Cette attitude de foi dans la communion se manifestera pour chaque rencontre avec la Parole de Dieu, dans la prédication vivante et dans la lecture de la Bible. Ce n’est pas un hasard si Dei Verbum applique au Livre Sacré ce qu’elle affirme globalement pour la Parole de Dieu: « il s’adresse aux hommes comme à des amis […] pour les inviter à entrer en communion avec lui » (DV 2). « Dans les Livres saints, le Père qui est aux cieux s’avance de façon très aimante à la rencontre de ses fils, engage conversation avec eux » (DV 21). La Révélation est une communion d’amour, que les Écritures expriment souvent par le mot d’alliance. En bref, il s’agit d’une attitude de prière, d’un « dialogue entre Dieu et l’homme, car ‘c’est à lui que nous nous adressons quand nous prions; c’est lui que nous écoutons, quand nous lisons les oracles divins’»[31] (DV 25).
La Parole de Dieu transforme la vie de ceux qui l’abordent en ayant la foi. La Parole ne s’épuise jamais, elle est nouvelle chaque jour. Mais pour qu’il en soit ainsi, il faut une foi qui écoute. Les Écritures attestent à plusieurs reprises que c’est l’écoute qui fait d’Israël le Peuple de Dieu : « Maintenant, si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, je vous tiendrai pour mon bien propre parmi tous les peuples » (Ex 19,5 ; cf. Je 11,4). L’écoute engendre une appartenance, un lien, elle fait entrer dans l’alliance. Dans le Nouveau Testament, l’écoute est dirigée vers la personne de Jésus, Fils de Dieu : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le » (Mt 17,5 et par.).
Le croyant est quelqu’un qui écoute. Celui qui écoute reconnaît la présence de celui qui parle et désire s’impliquer avec lui ; celui qui écoute creuse au fond de lui un espace pour que l’autre vienne y habiter ; celui qui écoute s’ouvre avec confiance à celui qui parle. C’est pour cela que les évangiles demandent le discernement à propos de ce qu’on écoute (cf. Mc 4,24) et de comment on écoute (cf. Lc 8,18) : en effet, nous sommes ce que nous écoutons ! La figure anthropologique que la Bible entend construire est donc celle d’un homme capable d’écouter, habité par un cœur qui écoute (cf. 1 R 3,9). Cette écoute n’étant pas la simple audition de phrases bibliques, mais bien le discernement pneumatique de la Parole de Dieu, elle a besoin de la foi et elle doit se dérouler dans l’Esprit Saint.
Marie, modèle d’accueil de la Parole pour le croyant
25. Dans l’histoire du salut émergent de grands personnages d’auditeurs et d’évangélisateurs de la Parole de Dieu : Abraham, Moïse, les prophètes, Saints Pierre et Paul, les autres apôtres, les évangélistes. Tous, en écoutant fidèlement la Parole du Seigneur et en la communiquant, ont préparé un espace pour le Royaume de Dieu.
Dans cette perspective, un rôle central est celui assumé par la Vierge Marie, qui a vécu de façon incomparable sa rencontre avec la Parole de Dieu, qui est Jésus lui-même. C’est pour cette raison qu’elle constitue le modèle providentiel de toute écoute et de toute annonce. Déjà formée à la familiarité avec la Parole de Dieu à travers l’expérience si intense des Écritures du peuple auquel elle appartient, à partir de l’événement de l’Annonciation et jusqu’à la Croix – et même jusqu’à Pentecôte – c’est dans la foi que Marie de Nazareth accueille, médite la Parole de Dieu, la fait sienne et la vit intensément (cf. Lc 1,38 ; 2,19.51 ; Ac 17,11). Avec son OUI, initial et permanent, à la Parole de Dieu, elle sait regarder autour d’elle et elle vit les urgences du quotidien, en étant consciente que ce qu’elle reçoit en don du Fils est un don pour tous : dans le service à Elisabeth, à Cana et au pied de la croix (cf. Lc 1,39 ; Jn 2,1-12 ; 19,25-27). En vertu de cela, les mots que Jésus prononce en sa présence lui conviennent parfaitement : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique » (Lc 8,21). « Étant profondément pénétrée par la Parole de Dieu, elle peut devenir la mère de la Parole incarnée ».[32]
En particulier, il faut prendre en considération sa façon d’écouter la Parole. Le texte de l’Évangile « quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2,19) signifie qu’elle écoutait et connaissait les Écritures, qu’elle les méditait dans son cœur avec une espèce de processus intérieur de maturation, là où l’intelligence ne fait qu’un avec le cœur. Marie recherchait le sens spirituel des Écritures et elle le trouvait en le rapportant (symballousa) aux paroles, à la vie de Jésus et aux événements qu’elle découvrait progressivement dans son histoire personnelle. Marie est notre modèle à la fois dans l’accueil de la foi et de la Parole, et dans l’étude de celle-ci. Il ne lui suffit pas de l’accueillir, elle s’y arrête. Non seulement elle la possède, mais en même temps elle lui donne toute sa valeur. Elle y adhère mais aussi elle la développe. Ainsi, Marie devient un symbole pour nous, pour la foi des gens simples et pour celle des docteurs de l’Église qui étudient, évaluent et définissent la façon de professer l’Évangile.
En accueillant la Bonne Nouvelle, Marie se dévoile comme le type idéal de l’obéissance de la foi, elle devient une icône vivante de l’Église au service de la Parole. Pour Isaac de l’Étoile : « Dans les Écritures, inspirées par Dieu, ce qui est dit de façon générale pour l’Église vierge et mère, s’applique individuellement à Marie, vierge et mère […] L’Église est l’héritière universelle du Seigneur, Marie l’est tout spécialement, et chaque âme fidèle de manière particulière. Dans le tabernacle du sein de Marie, le Christ est resté pendant neuf mois; dans le tabernacle de la foi de l’Église, il reste jusqu’à la fin du monde, dans la connaissance et dans l’amour de l’âme fidèle pour l’éternité ».[33] Marie
enseigne à ne pas rester étranger et spectateur d’une Parole de vie, mais à participer, en réalisant le « me voici » des prophètes (cf. Is 6,8), et en nous laissant conduire par l’Esprit Saint qui habite en nous. Elle « magnifie » le Seigneur en découvrant dans sa vie la miséricorde de Dieu, qui la rend « bienheureuse » parce qu’elle « a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur » (Lc 1,45). Saint Ambroise dit que tout chrétien qui croit conçoit et engendre le Verbe de Dieu. S’il n’existe qu’une unique mère du Christ selon la chair, selon la foi, au contraire, le Christ est le fruit de tous.[34]
Incidences pastorales
26. Les incidences pastorales relatives à la foi dans la Parole de Dieu sont importantes.
a. Il est possible de lire la Bible sans avoir la foi, mais sans la foi il est impossible d’écouter la Parole de Dieu. Un groupe biblique n’est valable que si, alors qu’il procède à la lecture des textes sacrés, il s’éduque à la foi, conformant la vie chrétienne aux indications offertes par la Bible et éclairant avec la foi les moments difficiles.
b. Il faut s’adresser à l’homme d’aujourd’hui de façon positive et encourageante, en offrant de multiples suggestions pour aborder le texte, la lecture spirituelle, la prière, le partage de la Parole. Il s’agit avant tout d’aborder la Parole non pas tant comme un dépôt de références dogmatiques ou pastorales que comme une source d’eau vive, dans la joyeuse surprise d’écouter le Seigneur dans le contexte de vie propre à chacun. Il s’agit de mettre en œuvre le cercle herméneutique complet : croire pour comprendre, comprendre pour croire ; la foi recherche l’intelligence, l’intelligence s’ouvre à la foi. Le récit d’Emmaüs est un modèle exemplaire de rencontre du croyant avec la Parole incarnée elle-même (cf. Lc 24,13-35).
c. « Écoute, Israël », « Shemà Israel » : tel est le premier commandement du Peuple de Dieu (cf. Dt 6,4). « Écoute » : c’est aussi le premier mot de la Règle de Saint Benoît. Dieu invite les fidèles à écouter avec l’oreille du cœur. Dans la Bible, le cœur n’est pas seulement le siège des sentiments ou de l’émotion ; il est aussi le centre le plus profond de la personne, là où se prennent les décisions. C’est pourquoi le silence est nécessaire, un silence qui se prolonge au-delà des mots. L’Esprit Saint fait entendre et comprendre la Parole de Dieu, en s’unissant silencieusement à notre esprit (cf. Rm 8,26-27).
d. Il nous faut écouter comme Marie et avec Marie, mère et éducatrice de la Parole de Dieu. Il existe la forme simple et universelle d’écoute de la Parole dans la prière, que sont les mystères du Rosaire. Jean-Paul II a mis en lumière sa richesse biblique, en le définissant « résumé de l’Évangile », où l’énonciation du mystère « laisse parler Dieu » et permet de « contempler avec Marie le visage du Christ ».[35] Plus encore, tout comme la Vierge Marie, temple de l’Esprit, dans une vie silencieuse, humble et cachée, l’Église tout entière doit être éduquée à témoigner de ce rapport étroit entre la Parole et le Silence, la Parole et l’Esprit de Dieu. L’écoute de la Parole effectuée dans la foi devient ensuite pour le croyant compréhension, méditation, communion, partage et mise en œuvre. On entrevoit ici les traits de la Lectio Divina comme étant la voie privilégiée pour aborder la Bible avec foi.
e. Il convient de rappeler que l’attitude de foi concerne la Parole de Dieu dans tous ses signes et langages. C’est une foi qui reçoit de la Parole une communication de vérité à travers le récit ou la formule doctrinale ; une foi qui reconnaît la Parole de Dieu comme le premier encouragement à une conversion efficace, comme la lumière pour répondre aux nombreuses questions que se posent les croyants, comme le guide à un discernement sapientiel de la réalité, une sollicitation à faire la Parole (cf. Lc 8,21) et pas seulement à la lire ou à la prononcer et, pour finir, la source permanence de consolation et d’espérance. Il s’ensuit le devoir de reconnaître et d’assurer la première place à la Parole de Dieu dans la vie de chaque croyant, en l’accueillant telle que l’Église l’annonce, la comprend, l’explique et la vit.
Enfin, pour nombre de personnes qui ne savent pas lire, il est nécessaire de préparer des services opportuns de communication de la Parole traduite dans les langues appropriées.
LA PAROLE DE DIEU DANS LA VIE DE L’ÉGLISE
« Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées. De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n’y retournent pas sans avoir arrosé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer pour fournir la semence au semeur et le pain à manger, ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j’ai voulu et réalisé l’objet de sa mission » (Is 55,9-11).
Chapitre IV
La Parole de Dieu vivifie l’Église
« La lettre que Dieu a envoyée aux hommes »[36]
Quand l’Esprit Saint commence à faire mouvoir la vie du peuple, l’un des premiers signes et l’un des plus forts est l’amour pour la Parole de Dieu dans les Écritures, et le désir de les connaître davantage. Cela parce que la Parole des Écritures est une parole que Dieu adresse à chacun, personnellement, comme une lettre dans les circonstances concrètes de la vie. Elle est extraordinairement immédiate et a le pouvoir de pénétrer au cœur de l’être humain. En effet :
– l’Église naît et vit de la Parole de Dieu ;
– la Parole de Dieu soutient l’Église tout au long de son histoire ;
– la Parole de Dieu imprègne et anime – dans la puissance de l’Esprit Saint – toute la vie de l’Église.
L’Église naît de la Parole de Dieu et vit par elle
27. Dans les Actes des Apôtres, on lit à propos de Paul et Barnabé qu’à peine arrivés à Antioche, « ils réunirent l’Église et se mirent à rapporter tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi » (Ac 14,27).
Le Synode est le lieu où l’on pourra certainement percevoir « les miracles et les prodiges » de la Parole de Dieu, comme ce fut le cas à Antioche et dans l’assemblée de Jérusalem qui écoutait Paul et Barnabé (cf. Ac 15,12). En effet, dans toutes les Églises particulières, il est possible d’expérimenter la Parole de Dieu de différentes façons : dans l’Eucharistie, dans la Lectio Divina – communautaire et personnelle -, pendant la Journée de la Bible, les cours bibliques, dans les groupes de l’Évangile ou d’écoute de la Parole de Dieu, dans le chemin biblique diocésain, les exercices spirituels, les pèlerinages en Terre Sainte, les célébrations de la Parole, les expressions de la musique, des arts plastiques, de la littérature et du cinéma.
De multiples constatations émergent des réponses aux Lineamenta :
– Après le Concile Vatican II, la lecture de la Parole de Dieu s’est intensifiée, surtout dans le cadre de la liturgie eucharistique. Beaucoup d’Églises accordent une place privilégiée à la Bible, en l’exposant bien en vue à côté de l’autel, ou sur l’autel, comme c’est le cas dans les Églises orientales.
– Pour développer la lecture de la Parole, l’Église fait des efforts importants pour que l’accès aux Saintes Écritures soit un fait concernant le peuple. Les Co
nférences épiscopales, les diocèses, les paroisses, les communautés religieuses, les associations et les mouvements ont choisi d’avancer sur le chemin de la Parole de Dieu, de façon tout à fait novatrice par rapport à il y a quelques décennies.
– Le désir d’apprendre à aimer la Parole de Dieu l’emporte chez certains, par rapport à d’autres questions d’ordre pastoral. De toutes façons, il reste toujours comme le désir de fond des personnes – même les plus distraites – qui sont sensibles au Jésus des Évangiles.
– Cela n’empêche pas que le degré de familiarité avec la Parole de Dieu soit très diversifié. Dans les sociétés d’ancienne chrétienté, on trouve la Bible dans les maisons plus qu’en d’autres périodes, mais pas toujours comme Livre véritablement lu. Les données statistiques provenant de certaines parties du monde attestent que l’usage significatif de la Bible doit sensiblement se développer, tout comme doit mûrir la conscience du rôle fondamental et décisif de la Parole de Dieu pour une vie de foi.
– Dans d’autres zones géographiques, où le problème consiste plutôt en pénurie de moyens – plus particulièrement les traductions -, les données sont différentes. Il est utile de rappeler les expériences que ces frères et sœurs, souvent pauvres, vivent au contact de la Parole de Dieu. La Notede la Commission Pontificale Biblique en donne une attestation compétente : « […] il y a lieu de se réjouir de voir la Bible prise en mains par d’humbles gens, des pauvres, qui peuvent apporter à son interprétation et son actualisation une lumière plus pénétrante, du point de vue spirituel, que celle qui vient d’une science sûre d’elle-même ».[37]
– Un paradoxe se manifeste : à la faim de la Parole de Dieu ne correspond pas toujours une prédication adéquate de la part des Pasteurs de l’Église, à cause d’une insuffisance dans la préparation au séminaire ou dans l’exercice pastoral.
La Parole de Dieu soutient l’Église tout au long de son histoire
28. Une donnée constante dans la vie du Peuple de Dieu est de puiser sa force à la Parole, celle-ci n’étant donc pas statique mais une Parole qui accomplit sa course (cf. 2 Th 3,1) et descend, comme une pluie féconde qui vient du ciel (cf. Is 55,10-11). C’est ce qui se produit depuis que les prophètes parlaient au peuple, Jésus à la foule et à ses disciples, les apôtres à la première communauté, et jusqu’à nos jours. Nous pouvons bien dire que le service de la Parole de Dieu caractérise les différentes époques au sein même du monde biblique, puis dans l’histoire de l’Église.
Ainsi, comme au temps des Pères, les Écritures sont au centre comme la source où puiser la théologie, la spiritualité et l’orientation pastorale. Les Pères sont les maîtres incomparables de cette lecture spirituelle des Écritures qui, lorsqu’elle est faite de façon authentique, n’est pas oubli de la lettre – c’est-à-dire du juste sens historique – mais est capable de lire la lettre dans l’Esprit. Au Moyen-Âge, les Pages Saintes constituaient la base de la réflexion théologique : pour les aborder correctement, a été élaborée la doctrine des quatre sens de l’Écriture : littéral, allégorique, tropologique et anagogique.[38] Dans les temps anciens, la Parole de Dieu dans la Lectio Divina constituait la forme monastique de la prière; la source de l’inspiration artistique; elle se transmettait au peuple dans les nombreuses formes de la prédication et de la piété populaire. De nos jours, la manifestation de l’esprit critique, le progrès scientifique, la division des chrétiens et l’engagement œcuménique qui s’en suit, encouragent – non sans difficulté ni contraste – une étude plus correcte et une meilleure compréhension du mystère des Écritures au sein de la Tradition. Aujourd’hui se développe le projet de renouvellement basé sur la centralité de la Parole de Dieu qui, à travers le Concile Vatican II, se poursuit jusqu’à l’actuel Synode.
Dans le cadre de la grande Tradition, toutes les Églises particulières se développent dans le temps selon des modes et des caractères propres. Et surtout, comme l’enseigne encore l’histoire, il est possible de voir les liens et les influences réciproques. Il est toutefois nécessaire de prendre connaissance d’une double nouvelle : d’une part, on peut constater que la Parole de Dieu se diffuse et évangélise les différentes Églises particulières des cinq continents; elle s’incarne progressivement en elles, devenant l’âme vivifiante de la foi de nombreux peuples, facteur fondamental de communion, source d’inspiration et transformation des cultures et de la société ; d’autre part, il semble que la pastorale biblique ait à souffrir pour des raisons historiques, liées au moment de l’évangélisation, mais aussi pour des problèmes réels de foi dans des contextes de vie différents ou en raison de pénuries économiques.
La Parole de Dieu imprègne et anime, dans la puissance de l’Esprit Saint, toute la vie de l’Église
29. Il existe une corrélation entre l’usage de la Bible, la conception de l’Église et la pratique pastorale. Le juste rapport se réalise lorsque l’Esprit Saint engendre l’harmonie entre l’Écriture et la Communauté. Il importera donc de respecter le besoin intérieur qui fait avancer la communauté pour rencontrer la Parole de Dieu, mais il faudra aussi être attentif à contrôler cette sensibilité qui exalte la spontanéité, l’expérience étroitement subjective et la soif de prodigieux. De même, il faudra être attentif à ce que dit le texte des Écritures, en s’efforçant de le méditer pour en saisir le sens littéral, avant de vouloir l’appliquer dans la vie. Ce qui n’est pas toujours facile. On signale en outre le risque du fondamentalisme, phénomène ayant des conséquences anthropologiques, sociologiques et psychologiques importantes, qui s’applique tout particulièrement à la lecture de la Bible et à l’interprétation du monde qui en est faite. Au niveau de cette lecture biblique, le fondamentalisme se réfugie dans le littéralisme et refuse de tenir compte de la dimension historique de la révélation biblique, de sorte qu’il ne parvient pas à accepter totalement l’Incarnation elle-même. « Ce genre de lecture trouve de plus en plus d’adhérents [… même] parmi les catholiques […]. Le fondamentalisme […] exige une adhésion sans défaillance à des attitudes doctrinaires rigides et impose, comme source unique d’enseignement au sujet de la vie chrétienne et du salut, une lecture de la Bible qui refuse tout questionnement et toute recherche critique ».[39] La forme extrême de ce type de tendance est la secte. Dans ce cas, les Écritures sont soustraites à l’action dynamique et vivifiante de l’Esprit, et la communauté s’atrophie comme un corps qui ne vit plus et est devenu un groupe fermé, qui n’admet aucune différence ni pluralité à son intérieur, et montre une attitude agressive envers les autres modes de penser.[40]
Au contraire, il devient urgent de conserver vivante dans la communauté la docilité à l’Esprit Saint, en surmontant le risque d’éteindre l’Esprit par un activisme excessif et l’extériorité de la vie de foi, en évitant le danger de la bureaucratisation de l’Église, celui de l’action pastorale limitée à ses aspects institutionnels et de la réduction de la lecture biblique à une activité parmi d’autres.
30. Il faut avoir présent à l’esprit, comme l’affirme Jésus, que l’Esprit guide l’Église vers la vérité dans sa totalité (cf. Jn 16,13), et qu’ainsi, il fait comprendre la vraie signification de la Parole de Dieu, en conduisant à la fin à rencontrer le Verbe lui-même, Fils de Dieu, Jésus de Nazareth. L’Esprit est l’âme et l’e
xégèse des Saintes Écritures. Aussi, non seulement « l’Écriture Sainte doit être lue et interprétée avec le même Esprit qui l’a fait écrire » (DV 12), mais guidée par l’Esprit, l’Église doit s’efforcer d’en avoir une compréhension toujours plus profonde pour nourrir ses fils, à partir plus spécialement de l’étude des Pères d’Orient et d’Occident (cf. DV 23), de la recherche exégétique et théologique, et de la vie des témoins et des saints.
À ce propos, la ligne indiquée dans les Prænotanda au Lectionnaire se révèle précieuse, lorsqu’on trouve affirmé : « Pour que la Parole de Dieu mette vraiment en acte dans les cœurs ce qui résonne aux oreilles, l’action de l’Esprit Saint est nécessaire ; sous son inspiration et avec son assistance la Parole de Dieu devient le fondement de l’action liturgique, la norme et le soutien de toute la vie. L’action de ce même Esprit Saint non seulement devance, accompagne et suit toute l’action liturgique, mais suggère à chacun dans le cœur (cf. Jn 14,15-17.25-26 ; 15,26-16,15) tout ce qui, dans la proclamation de la Parole de Dieu, est dit pour l’assemblée des fidèles toute entière et, alors qu’il renforce l’unité de tous, il favorise aussi la diversité des charismes et en met son action multiple en valeur».[41]
Ainsi, la communauté chrétienne se construit chaque jour en se laissant guider par la Parole de Dieu, sous l’action de l’Esprit Saint, qui apporte lumière, conversion et consolation. En effet, « tout ce qui a été écrit dans le passé le fut pour notre instruction, afin que la constance et la consolation que donnent les Écritures nous procurent l’espérance » (Rm 15,4). Le premier devoir des Pasteurs consiste alors à aider les fidèles à comprendre ce que signifie rencontrer la Parole de Dieu avec le guide de l’Esprit, comme cela se réalise en particulier dans la lecture spirituelle de la Bible, dans l’attitude d’écoute et de prière. À ce sujet, Pierre Damascène affirme : « Celui qui a l’expérience du sens spirituel des Écritures sait que le sens de la parole la plus simple de l’Écriture et de celle la plus savante et exceptionnelle ne sont qu’un et visent le salut de l’homme ».[42]
Incidences pastorales
31. Si la Parole de Dieu est source de vie pour l’Église, il devient essentiel de considérer les Saintes Écritures comme un aliment vital. Ce qui comporte :
a. De vérifier en permanence la place effective que la Parole de Dieu occupe dans la vie de la communauté d’appartenance, les expériences plus constructives et aussi les risques les plus fréquents.
b. De reconnaître l’histoire et la diffusion de la Parole de Dieu dans chaque communauté, dans chaque diocèse, nation, continent, dans l’Église en général, pour apprendre les grandes actions de Dieu (magnalia Dei), mieux percevoir les besoins et les initiatives à prendre et assurer la solidarité envers les communautés pauvres en ressources matérielles et spirituelles.
c. Que, pour réaliser de façon incisive une pastorale animée par la Parole de Dieu, il est indispensable de reconnaître et promouvoir le rôle irremplaçable des Églises particulières en communion entre elles. C’est de leur initiative effective en tant que Peuple de Dieu uni à leur évêque que naissent de grandes et petites expériences et que se crée un flux continu de la Parole dans les différentes communautés.
ChapitreV
La Parole de Dieu dans les multiples services de l’Église
«de la table de la Parole de Dieu comme de celle du Corps du Christ […] prendre le pain de vie » (DV 21)
Ministère de la Parole</p>
32. « La prédication ecclésiastique tout entière, tout comme la religion chrétienne elle-même […] doit [être] nourrie et guidée par la Sainte Écriture » (DV 21). Avec cette affirmation, le Concile Vatican II rappelle les engagements spécifiques nécessitant des interventions concrètes.
Il faut noter que le service de la Parole dans les Églises particulières se réalise dans les différentes sphères et expressions de vie, avec un programme conduisant à reconnaître au moment liturgique de l’Eucharistie et de chaque sacrement l’aspect primordial d’expérience de la Parole de Dieu. La nécessité se fait sentir de considérer la lecture orante dans la forme de la Lectio Divina, au niveau communautaire et personnel, comme l’objectif élevé et commun, et de promouvoir une catéchèse qui soit une initiation aux Saintes Écritures, en vivifiant par elles les programmes catéchistiques et les catéchismes eux-mêmes, ainsi que la prédication et la piété populaire. Il faut en outre encourager la rencontre avec la Parole de Dieu par l’intermédiaire de l’Apostolat biblique, en veillant à la naissance et à la conduite des groupes bibliques et faire en sorte que la Parole, pain de vie, devienne aussi un pain ‘concret’, c’est-à-dire qui porte à aider les pauvres et ceux qui souffrent. On considère comme urgente la mise en valeur de la Parole à travers aussi des études et des rencontres qui mettent en relief ses rapports avec la culture et l’esprit humain, dans une confrontation interreligieuse et interculturelle. Pour ce faire, il est besoin d’une foi attentive, d’un dévouement apostolique, d’une pastorale intelligente, créative et permanente, dans un exercice qui favorise l’esprit de communion. Jamais autant que dans cette sphère, émerge l’exigence d’une pastorale animée par la Bible en permanence.
Dans cette perspective d’unité et d’interaction, il faut que soit reconnu et pleinement soutenu le dynamisme avec lequel la Parole de Dieu rencontre l’homme, dynamisme qui se trouve à la base de toute l’action pastorale de l’Église : la Parole annoncée et écoutée veut se faire Parole célébrée, dans la Liturgie et les sacrements, pour pouvoir ainsi motiver une vie selon la Parole, à travers l’expérience de la communion, de la charité et de la mission.[43]
Expérience dans la liturgie et dans la prière
33. À partir des expériences des Églises particulières émergent plusieurs points communs : pour une grande majorité de chrétiens à travers le monde, la rencontre avec la Parole de Dieu a lieu uniquement dans la célébration eucharistique du dimanche ; on voit grandir, chez le Peuple de Dieu, la conscience de l’importance de la liturgie de la Parole de Dieu, grâce aussi au renouvellement des règles de celle-ci dans le nouveau Lectionnaire ; certains, toutefois, souhaitent une révision de celui-ci pour une meilleure syntonie entre les différentes lectures, ainsi qu’une fidélité plus grande aux textes originaux ; on espère une nette amélioration de l’homélie ; il arrive aussi que la liturgie de la Parole soit configurée comme une forme de Lectio Divina ; enfin, l’Office divin ne connaît pas une large diffusion parmi les chrétiens. Par ailleurs, on note que le Peuple de Dieu n’est pas véritablement introduit à la théologie de la Parole de Dieu dans la liturgie et qu’il la vit encore de façon passive, en n’en percevant pas le caractère sacramentel et en ignorant les riches Introductions des livres liturgiques, du fait que les Pasteurs ne semblent pas toujours s’en intéresser ; le vaste monde des signes propres à la liturgie de la Parole apparaît assez souvent réduit à des formalités rituelles dépourvues de toute compréhension intérieure ; en particulier, le rapport entre la Parole de Dieu et le sacrement de réconciliation semble insuffisamment mis en valeur.
Motivation théologique et pastorale : Parole, Esprit, Liturgie et Église
34. À tous les niveaux de la vie ecclésiale il est néces
saire de faire mûrir la compréhension de la liturgie en tant que lieu privilégié de la Parole de Dieu, qui édifie l’Église. Aussi est-il important de fournir quelques affirmations fondamentales.
– La Bible est le livre d’un peuple et pour un peuple. Elle est un héritage, un testament remis aux lecteurs pour qu’ils réalisent dans leur vie l’histoire du salut dont témoignent les écrits. Il existe donc un rapport d’appartenance réciproque vitale entre le peuple et le Livre : la Bible reste un Livre vivant, si le peuple la lit ; le peuple ne subsiste pas sans le Livre car il trouve en lui sa raison d’être, sa vocation et son identité.
– Cette appartenance mutuelle du peuple et des Saintes Écritures est célébrée dans l’assemblée liturgique, lieu où la Bible est diffusée et reçue. À ce propos, le discours de Jésus dans la Synagogue de Nazareth (cf. Lc 4,16-21) est des plus significatifs. Ce qui se passe là se produit aussi chaque fois que la Parole de Dieu est proclamée pendant la liturgie.
– La proclamation de la Parole de Dieu renfermée dans les Écritures est une action de l’Esprit : tout comme il a agi pour que la Parole devienne Livre, maintenant dans la liturgie il transforme le Livre en Parole. La tradition liturgique alexandrine présente une double épiclèse, c’est-à-dire une invocation de l’Esprit avant la proclamation des lectures, et une autre après l’homélie:[44] c’est l’Esprit qui guide celui qui préside dans la tâche prophétique de comprendre, proclamer et expliquer la Parole de Dieu à l’assemblée de façon adéquate et, en même temps, d’invoquer un accueil juste et digne de la Parole de la part de la communauté rassemblée.
– Grâce à l’Esprit Saint, l’assemblée liturgique écoute le Christ, car « c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures » (SC 7) et elle accueille l’alliance que Dieu renouvelle avec son peuple. Ainsi, les Écritures et la liturgie convergent dans l’unique but de conduire le peuple à dialoguer avec le Seigneur. La Parole prononcée par Dieu et dont témoignent les Écritures, Lui retourne sous la forme d’une réponse orante du peuple (cf. Is 55,10-11).
– Les Écritures sont proclamées dans la Parole au cours de la liturgie, et principalement dans l’assemblée eucharistique, selon un dynamisme dialogique profond. Depuis le début, dans l’histoire du Peuple de Dieu, pendant le temps biblique comme après, la Bible a toujours été le Livre destiné à soutenir le rapport entre Dieu et son peuple ; c’est-à-dire le livre de culte et de prière. En effet, la liturgie de la Parole « est moins un moment de méditation et de catéchèse que le dialogue de Dieu avec son peuple, dialogue où sont proclamées les merveilles du salut et continuellement proposées les exigences de l’Alliance ».[45]
– À l’intérieur du rapport entre la Parole et la liturgie, une place importance pour toute l’Église mais surtout pour la vie consacrée est celle occupée par la prière de l’Office divin. La Liturgie des Heures doit être vue comme un lieu privilégié de formation à la prière, surtout grâce aux Psaumes, dans lesquels le caractère divin et humain des Écritures se manifeste de façon idéale. Les Psaumes enseignent à prier, en amenant ceux qui les chantent ou les récitent à écouter, intérioriser et interpréter la Parole de Dieu.
– Accueillir la Parole de Dieu dans la prière liturgique, outre que dans la prière personnelle et communautaire, devient donc, pour tous les chrétiens, un objectif incontournable, qui les amène à avoir une vision nouvelle des Saintes Écritures. Plus qu’un Livre écrit, elles doivent être vues comme une proclamation et un témoignage de l’Esprit Saint sur le Christ, selon l’affirmation conciliaire déjà citée : « c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures » (SC 7). Il en résulte que « dans la célébration de la liturgie, la Sainte Écriture a une importance extrême » (SC 24).
Parole de Dieu et Eucharistie
35. Tandis que dans la pratique, la liturgie de la Parole paraît fréquemment improvisée et parfois insuffisamment liée à la Liturgie eucharistique, l’unité profonde entre Parole et Eucharistie a ses racines dans le témoignage des Écritures (cf. Jn 6), soulignée par les Pères de l’Église et réaffirmée par le Concile Vatican II (cf. SC 48.51.56 ; DV 21.26 ; AG 6.15 ; PO 18 ; PC 6). Dans la grande Tradition de l’Église, on trouve des expressions significatives telles que : « Corpus Christi intelligitur etiam […] Scriptura Dei » (l’Écriture de Dieu aussi est considérée comme le Corps du Christ),[46] « ego Corpus Iesu Evangelium puto » (je considère l’Évangile comme le Corps de Jésus).[47]
La conscience accrue de la présence du Christ dans la Parole favorise aussi bien la préparation immédiate à la célébration eucharistique que l’union avec le Seigneur dans les célébrations de la Parole. C’est pour cela que le présent Synode suit la ligne du précédent sur l’Eucharistie et demande une réflexion spécifique sur le rapport entre la Parole de Dieu et l’Eucharistie.[48] Saint Jérôme affirme : « La chair du Seigneur est vraie nourriture et son sang vraie boisson; c’est là le vrai bien qui nous est réservé dans la vie ici-bas, se nourrir de Sa chair et boire Son sang, non seulement dans l’Eucharistie, mais aussi dans la lecture des Saintes Écritures. En effet, la Parole de Dieu que l’on puise à la connaissance des Écritures est vraie nourriture et vraie boisson ».[49]
Parole et économie sacramentelle
36. La Parole doit être vécue au sein de l’économie sacramentelle, en tant qu’accueil de puissance et de grâce, et non seulement comme une communication de vérité, de doctrine et de normes éthiques. Chez celui qui écoute avec foi, elle suscite une rencontre et devient la célébration de l’alliance.
Il faudra être aussi attentifs à toutes les formes de rencontre avec la Parole dans l’action liturgique : dans les sacrements, la célébration de l’Année liturgique, la Liturgie des Heures, les sacramentaux. Un soin particulier devra être accordé à la Liturgie de la Parole dans les célébrations des trois sacrements de l’initiation chrétienne: le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie. Une nouvelle prise de conscience est nécessaire pour ce qui est de l’annonce de la Parole de Dieu dans la célébration, spécialement de celle du sacrement de la Pénitence au niveau individuel. La Parole de Dieu doit aussi être mise en valeur dans les différentes formes de la prédication et de la piété populaire.
Incidences pastorales
37. C’est à l’Eucharistie que revient la première place dans l’attention pastorale, en tant que « table de la Parole de Dieu comme de celle du Corps du Christ » intimement unies (DV 21), notamment dans le Jour du Seigneur. L’Eucharistie est « le lieu privilégié où la communion est constamment annoncée et entretenue ».[50] Tenant aussi compte de ce que, pour la majorité des chrétiens, la Messe du dimanche est, jusqu’à ce jour, le seul moment de rencontre sacramentelle avec le Seigneur, elle devient un don et un devoir à promouvoir, avec une passion pastorale, avec des célébrations authentiques et joyeuses. L’Eucharistie célébrée selon cette fusion intime de la Parole, du sacrifice et de la communion, constitue un objectif primordial de l’annonce et de la vie chrétienne.
Il faudra prêter attention au déroulement harmonieux des différentes parties de la liturgie de la Parole : annonce des lectures, homéli
e, profession de foi, prière des fidèles, en rappelant le lien intime qui existe avec la liturgie eucharistique.[51] Celui dont les textes parlent devient présent dans le sacrifice total de soi au Père.
Il est nécessaire de valoriser les Introductions, qui expliquent le contenu de la liturgie, en particulier les Prænotanda du Missel Romain, les Anaphores orientales, l’Ordo Lectionum Missæ, les Lectionnaires, l’Office divin et d’en faire le sujet d’une formation liturgique pour les Pasteurs et les fidèles, avec la Constitution sur la Sainte Liturgie du Concile Vatican II.
À propos de la traduction aussi, il est demandé de moins fragmenter les extraits et de rester le plus possible fidèle au texte original. En ayant à l’esprit que, dans la liturgie, le rite et la parole doivent toujours rester étroitement liés (cf. SC 35), la rencontre avec la Parole de Dieu doit se faire dans la spécificité des signes correspondants dans la célébration liturgique. Par exemple, la mise en place de l’ambon, le soin des livres liturgiques, un style adéquat de lecture, la procession et l’encensement de l’Évangile.
En outre, il faudra soigner le plus possible la liturgie de la Parole, dans la proclamation des textes de façon claire et compréhensible, dans la prédication de l’homélie qui fait l’écho de la Parole.[52] Ce qui comporte d’avoir à disposition des lecteurs aptes et bien préparés. Dans ce but, il est besoin d’écoles, même au niveau diocésain, pour la formation de ces lecteurs. Dans cette perspective d’une meilleure compréhension de la Parole de Dieu pendant la Messe, de brèves monitions semblent utiles pour présenter le sens des lectures à proclamer.
À propos de l’homélie, on attend un meilleur engagement dans la fidélité à la parole biblique et à la condition des fidèles, en les aidant à interpréter les événements de la vie et de l’histoire à la lumière de la foi. Elle ne devrait pas se limiter exclusivement à l’aspect biblique mais il serait opportun qu’elle embrasse également des thèmes essentiels concernant le dogme et la morale. Pour ce faire, une formation adaptée des futurs ministres se révèle indispensable. Il est recommandé que la communication de la Parole de Dieu se fasse avec le chant et la musique, et que les mots et les silences soient mis en valeur ; en dehors de la liturgie, il est possible de mettre en œuvre des formes de récitation de la Parole de Dieu, avec l’aide de phrases écrites et de dessins, ainsi que d’œuvres artistiquement appropriées comme, par exemple, le théâtre sacré.
Il est souhaitable que les communautés religieuses, en particulier celles monastiques, aident les communautés paroissiales à découvrir et à goûter la Parole de Dieu dans la célébration liturgique. À propos de l’Office divin et de la Liturgie des Heures, auxquels le peuple est disposé à participer, il est devenu indispensable, aujourd’hui, de réfléchir sur la façon de rendre cet excellent canal de la Parole de Dieu plus adéquat au plan pastoral et plus accessible aux fidèles.
La Lectio Divina
38. La rencontre orante avec la Parole de Dieu dispose d’une expérience privilégiée, appelée traditionnellement Lectio Divina. « La Lectio divina est une lecture, individuelle ou communautaire, d’un passage plus ou moins long de l’Écriture accueillie comme Parole de Dieu et se développant sous la motion de l’Esprit en méditation, prière et contemplation ».[53]
On peut dire que, dans toutes les Églises, on assiste à une attention spécifique renouvelée à la Lectio Divina. Dans plusieurs régions, il s’agit d’une tradition séculière. Dans certains diocèses, elle s’est affirmée de façon progressive après le Concile Vatican II. Dans nombre de communautés, elle devient une nouvelle forme de prière et de spiritualité chrétienne, avec des avantages œcuméniques notables. Par ailleurs, le besoin se fait sentir d’adapter la forme classique aux différentes situations, en prenant en compte les possibilités effectives des fidèles, de façon à conserver l’essence de cette lecture orante, tout en favorisant sa qualité de nourriture pour la foi de tous.
Il est bon de rappeler ici que la Lectio Divina est une lecture de la Bible, qui remonte aux origines chrétiennes et qui a accompagné l’Église tout au long de son histoire. Elle reste vivante dans l’expérience monastique mais aujourd’hui, à travers le Magistère, l’Esprit la propose en tant qu’élément significatif au plan pastoral et comme devant être valorisé pour la vie de l’Église en tant que tel, pour l’éducation et la formation des prêtres, pour la vie quotidienne des personnes consacrées, pour les communautés paroissiales, pour les familles, pour les associations et les mouvements, pour les chrétiens individuellement, adultes et jeunes, qui peuvent trouver dans cette forme de lecture un outil accessible et pratique pour accéder personnellement et communautairement à la Parole de Dieu (cf. OT 4).[54]
Le Pape Jean-Paul II a déclaré : « Il est nécessaire, en particulier, que l’écoute de la Parole devienne une rencontre vitale, selon l’antique et toujours actuelle tradition de la Lectio Divinapermettant de puiser dans le texte biblique la parole vivante qui interpelle, qui oriente, qui façonne l’existence ».[55] Le Saint-Père Benoît XVI précise que cela advient « en utilisant aussi les nouvelles méthodes, soigneusement méditées et adaptées à notre époque ».[56] En particulier, le Saint-Père rappelle aux jeunes qu’il « est toujours importante de lire la Bible de façon très personnelle, en dialoguant avec Dieu, mais il est aussi important de la lire en compagnie des personnes avec lesquelles on avance sur la route […] ».[57] Il exhorte les jeunes à « acquérir familiarité avec la Bible, à la tenir toujours à portée de la main, pour qu’elle soit une boussole indiquant la route à suivre ».[58] Que la diffusion de la Lectio Divina tienne à cœur au Saint-Père Benoît XVI et qu’il la considère comme le point décisif pour un renouvellement de la foi aujourd’hui, cela transparaît clairement du message qu’il adresse à différentes catégories de personnes, et en particulier aux jeunes, à qui il recommande : « Je voudrais surtout évoquer et recommander l’antique tradition de la Lectio Divina : la lecture assidue de l’Écriture Sainte, accompagnée par la prière, réalise le dialogue intime dans lequel, en lisant, on écoute Dieu qui parle et en priant, on Lui répond, avec une ouverture du cœur confiante (cf. DV 25). Cette pratique, si elle est promue de façon efficace, apportera à l’Église, j’en suis convaincu, un nouveau printemps spirituel. En tant que point ferme de la pastorale biblique, la Lectio Divina doit donc être davantage encouragée à travers l’utilisation également de méthodes nouvelles, étudiées attentivement et au rythme des époques. On ne doit jamais oublier que ‘la Parole de Dieu est la lampe sur nos pas et la lumière sur notre route‘(Ps 119,105) ».[59]
La nouveauté de la Lectio Divina dans le Peuple de Dieu exige une pédagogie opportune d’initiation, qui explique clairement ce dont il s’agit et contribue à éclaircir le sens des différents degrés et leur application fidèle et sagement créative. En effet, il existe différents procédés, comme celui dit des « sept pas » (Seven Steps), que pratiquent de nombreuses Églises particulières en Afrique. Ce nom est dû au fait que la rencontre avec la Bible est comme un chemin constitué de sept moments successifs : présence de Dieu, lecture, méditat
ion, arrêt, communication, colloque et prière commune. L’expression Lectio Divina elle-même est modifiée en plusieurs endroits, et devient par exemple « École de la Parole », ou encore « Prière orante ».
Et surtout, il faudra avoir présent à l’esprit que l’auditeur/lecteur d’aujourd’hui est différent de celui du passé, il vit une situation de rapidité et de fragmentation. Ce qui demande une formation éclairée, patiente et permanente des prêtres, des personnes de vie consacrée et des laïcs. Des objectifs utiles déjà en œuvre peuvent être le partage des expériences, motivées par la Parole écoutée (collatio)[60] ou bien les décisions pratiques, surtout de charité (actio).
La Lectio Divina doit pouvoir devenir une source inspirant les différentes pratiques de la communauté, comme les exercices spirituels, les retraites, les dévotions et les expériences religieuses. L’objectif important est de faire mûrir la personne grâce à la lecture de la Parole, capable de discernement sapientiel de la réalité. La Lectio Divina n’est pas du tout une pratique devant être réservée à des fidèles moins engagés ou à un groupe de spécialistes de la prière. Elle est une réalité sans laquelle nous ne serions pas des chrétiens authentiques dans un monde sécularisé. Ce monde demande des personnes contemplatives, attentives, critiques et courageuses. Il requiert à chaque fois des choix nouveaux et inédits. Il exigera des interventions particulières qui ne seront pas le fruit de la seule habitude ni de l’opinion commune, mais de l’écoute de la Parole du Seigneur et de la perception mystérieuse de l’Esprit Saint dans les cœurs.
Parole de Dieu et service de charité
39. La diakonia – ou service de la charité – est une vocation de l’Église de Jésus-Christ, dans le domaine de la charité, et que le Verbe de Dieu a manifestée par ses mots et par ses œuvres.
La Parole de Dieu doit conduire à l’amour du prochain. Dans de nombreuses communautés, il est affirmé que la rencontre avec la Parole ne s’épuise ni dans l’écoute ni dans la célébration elle-même, mais qu’elle vise à devenir un engagement concret, personnel et communautaire, envers le monde des pauvres, en tant que signe de la présence du Seigneur. Dans cette optique, il est fait mention de l’approche de la Bible pratiquée de façon ‘libérationniste’ : pour le développement ultérieur et la fécondité de cette approche dans l’Église « un facteur décisif sera la mise au clair de ses présupposés herméneutiques, de ses méthodes et de cohérence avec la foi et la Tradition de l’ensemble de l’Église ».[61]
Il est urgent de mettre en lumière ce rapport entre la Parole de Dieu et la charité, du fait que, pour les croyants et les non-croyants, la charité imprime un élan important à la rencontre avec la Parole de Dieu. Ce lien se trouve affirmé dans l’Encyclique du Saint-Père Benoît XVI Deus caritas est, qui présente, réunis, les trois éléments constituant la nature profonde de l’Église : la proclamation de la Parole de Dieu (kerygma-martyria), la célébration des sacrements (leitourgia) et l’exercice du ministère de la charité (diakonia). Sa Sainteté affirme : « L’Église ne peut pas négliger le service de la charité, de même qu’elle ne peut négliger les Sacrements ».[62] L’Encyclique Spe salvi affirme en outre que « le message chrétien n’est pas seulement ‘informatif’, mais ‘performatif’. Cela signifie que l’Évangile n’est pas uniquement une communication d’éléments que l’on peut connaître, mais une communication qui produit des faits et qui change la vie ».[63] Il est clair qu’à la base de ce rapport entre la Parole et la charité se trouve la Parole même incarnée, Jésus de Nazareth, qui « a passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient tombés au pouvoir du diable ; car Dieu était avec lui » (Ac 10,38).
Avec, à l’esprit, les nombreuses pages des Saintes Écritures qui non seulement recommandent, mais ordonnent même le respect de la justice envers le prochain (cf. Dt 24,14-15 ; Am 2,6-7 ; Je 22,13 ; Jc 5,4), on est fidèle à la Parole de Dieu lorsque la première forme de charité se réalise dans le respect des droits de la personne humaine, dans la défense des opprimés et de ceux qui souffrent. Pour ce faire, il faut avoir présent l’importance que revêtent les communautés de foi, formées aussi de pauvres et animées par la lecture de la Bible. Il est nécessaire d’apporter consolation et espérance aux pauvres du monde. Le Seigneur, qui aime la vie, entend, avec sa Parole, éclairer, guider et soutenir toute la vie des croyants, en toutes circonstances, dans le travail et dans la fête, dans la souffrance, dans les loisirs, dans les engagements familiaux et sociaux et à chaque moment de la vie, afin que tous puissent discerner toutes choses et retenir ce qui est bon (cf. 1 Th 5,21), en reconnaissant par là la volonté de Dieu, et la mettre en pratique (cf. Mt 7,21).
Exégèse des Saintes Écritures et théologie
40. « Aussi l’étude des Saintes Lettres doit-elle être comme l’âme de la sainte théologie » (DV 24). Il est hors de doute que les fruits réalisés dans ce domaine dans le sillage du Concile Vatican II sont tels que nous devons louer le Seigneur. Aujourd’hui, ressort comme un point important l’engagement d’un grand nombre d’exégètes et de théologiens qui étudient et expliquent les Écritures « selon le sens de l’Église » en interprétant et en proposant la Parole écrite de la Bible dans le contexte de la Tradition vivante, en valorisant par là l’héritage des Pères, en confrontant les indications du Magistère (cf. DV 12) et en aidant avec dévouement les Pasteurs dans leur service, méritant ainsi un mot de remerciement et d’encouragement.[64]
Par ailleurs, la Parole de Dieu ayant planté sa tente parmi nous (cf. Jn 1,14), il est certain que l’Esprit nous pousse à méditer sur les nouveaux itinéraires qu’elle entend réaliser parmi les hommes de notre temps et, en outre, ce même Esprit invite à relever les espérances et les défis que l’humanité d’aujourd’hui pose à la Parole. Il en dérive de nouveaux engagements au niveau des études, ainsi que de services à la communauté.
Il devient indispensable d’organiser l’étude selon les indications du Magistère, aussi bien quant à la connaissance et à l’emploi de la méthode de recherche, qu’au processus d’interprétation qui doit déboucher dans la plénitude donnée par le sens spirituel du Texte sacré.[65] Il est demandé que soit surmontée la distance perçue entre la recherche exégétique et l’élaboration théologique, en vue d’une collaboration réciproque : le théologien doit utiliser les données bibliques sans les manipuler, tandis que l’exégète ne doit pas limiter sa recherche seulement aux données littérales mais s’engager à reconnaître et à communiquer les contenus théologiques présents dans le texte inspiré. En particulier, on attend du théologien qu’il fasse sienne une théologie des Saintes Écritures qui aide à comprendre et à valoriser la vérité de la Bible dans la vie de foi et dans le dialogue avec les cultures, en réfléchissant sur les tendances anthropologiques actuelles, sur les instances morales, sur le rapport entre la raison et la foi, et sur le dialogue avec les grandes religions.
Parmi les points de référence du travail exégétique et théologique, il faut souligner les témoignages de la Tradition sacrée, tels que la liturgie et les Pères de l’Église. La communauté attend des expert
s des « matériels appropriés » qui aident les ministres de la Parole divine à offrir au Peuple de Dieu « une nourriture des Écritures qui éclaire leur esprit, fortifie leur volonté, excite à l’amour de Dieu les cœurs des hommes » (DV 23). Pour cela, un dialogue intense et constructif est souhaité entre les exégètes, les théologiens et les pasteurs. Ce dialogue permettrait de traduire la réflexion théologique en propositions d’évangélisation plus incisives. Dans cette optique globale, l’attention est attirée sur les perspectives tracées en son temps par le Décret Optatam totius du Concile Vatican II à propos de l’enseignement de la théologie et de l’exégèse biblique et, par conséquent, de la méthodologie à préparer pour former les futurs pasteurs. Les perspectives qui y sont tracées attendent encore en grande partie d’être appliquées.
Parole de Dieu dans la vie des croyants
41. La conscience que la Parole de Dieu est un don inestimable a déterminé la responsabilité de l’accueil de la foi. Et puisque, comme le dit Jésus, l’écoute de la Parole commande de faire la Parole (cf. Mt 7,21), l’Église a toujours proposé une conduite de vie correspondante, en visant la formation d’une spiritualité biblique.
Le type de rapport avec la Parole de Dieu est clairement déterminé par une vision de foi. L’analyse de l’expérience permet de noter comment la Bible risque de rester, pour certains, un simple objet culturel, sans aucune incidence dans leur vie et, pour d’autres, un livre qu’ils aiment, sans savoir pourquoi. Enfin, à l’image des divers terrains de la parabole du semeur, certains portent des fruits à 30, d’autres à 60 et d’autres à 100 % (cf. Mc 4,20). Il est raisonnable d’affirmer qu’avec le progrès catéchistique, celui spirituel constitue l’un des aspects les plus beaux et prometteurs de la rencontre de la Parole de Dieu avec son peuple.
Les raisons d’une relation vitale avec la Bible se trouvent synthétisée dans Dei Verbum selon laquelle il est nécessaire de s’attacher aux Écritures par une lecture assidue et une étude soigneuse (cf. DV 25), du fait que la Bible est « la source pure et intarissable de la vie spirituelle » (DV 21). En vue d’une spiritualité authentique de la Parole, il faut rappeler que « la prière doit accompagner la lecture de la Sainte Écriture pour que s’établisse un dialogue entre Dieu et l’homme, car ‘c’est à lui que nous nous adressons quand nous prions; c’est lui que nous écoutons, quand nous lisons les oracles divins'[66]» (DV 25). Saint Augustin le confirme : « Ta prière est la parole que tu adresses à Dieu. Lorsque tu lis la Bible, c’est Dieu qui te parle ; lorsque tu pries, c’est toi qui parles à Dieu ».[67] Il est alors nécessaire d’éclairer les fidèles sur ce qu’apporte la lecture croyante de la Bible dans la vie du chrétien, quand, il aura fait lui-même de son cœur une bibliothèque de la Parole.[68]
La Parole de Dieu contribue à la vie de foi, en ce qu’elle n’exprime pas avant tout un résumé de questions doctrinales ou une série de principes éthiques, mais bien l’amour de Dieu qui invite à le rencontrer personnellement et qui manifeste sa grandeur inénarrable dans l’événement pascal. La Parole de Dieu propose un projet salvifique du Père pour chaque personne et chaque peuple. Elle interpelle, exhorte, encourage à un engagement de disciple à la suite du Christ, elle dispose à accepter l’action transformatrice de l’Esprit, favorise largement la fraternité en créant des liens profonds, et provoque un engagement évangélisateur. Tout cela vaut de façon toute particulière pour les personnes consacrées.
Ce qui conduit à être attentif à certaines attitudes. En premier lieu, on peut rencontrer la Parole de Dieu si on a l’âme du pauvre, intérieurement mais aussi extérieurement, à l’image du « Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin de vous enrichir par sa pauvreté » (2 Co 8,9), c’est-à-dire avec des comportements basés sur ceux de Jésus qui écoute la Parole du Père et qui l’annonce aux pauvres (cf. Lc 4,18). Il existe des personnes, en particulier des femmes, qui travaillent dans des conditions souvent difficiles, s’occupent du foyer, se consacrent à leurs enfants, rendent différents services à leurs voisins, le tout avec une foi vivante et une référence spontanée aux Psaumes et à l’Évangile. C’est le témoignage de la vie qui donne crédibilité à la lecture de la Bible.
Les maîtres spirituels rappellent les conditions pour que la Parole nourrisse la vie du croyant, en engendrant la spiritualité biblique : l’intériorisation profonde de la Parole ; la persévérance dans les épreuves, à partir de la Parole ; enfin, la lutte spirituelle contre les paroles, les pensées, les attitudes fausses et hostiles. La Bible aussi est sous le signe de la croix ; elle est la demeure du Crucifié. Des témoignages de tels comportements sont donnés par les communautés religieuses et les centres de spiritualité, qui apportent une contribution importante dans l’expérimentation de la Parole de Dieu en profondeur.
LA PAROLE DE DIEU DANS LA MISSION DE L’ÉGLISE
« Il vint à Nazareth où il avait été élevé, entra, selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva le passage où il était écrit : ‘L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur’. Il replia le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous dans la synagogue tenaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : ‘Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture’ » (Lc 4,16-21).
Mission de l’Église
42. Dans son annonce de la Bonne Nouvelle, la mission de l’Église est étroitement liée à l’expérience de la Parole de Dieu dans la vie. À l’école de la Parole incarnée elle-même, l’Église a conscience que, conformément au commandement du Seigneur, sa fréquentation du Christ est une parole, une expérience de vie devant être communiquée à tous les hommes. Aujourd’hui, la mission de l’Église, au service de la Parole de Dieu, s’adresse à différents milieux : peuples et groupes humains, contextes socio-culturels où le Christ et son Évangile sont encore inconnus ou n’ont pas encore pris racines ; il y a aussi des communautés chrétiennes ferventes de foi et de vie ; et la situation de groupes entiers de baptisés qui ne se reconnaissent plus comme membres de l’Église et conduisent une existence loin du Christ et de son Évangile.[69] Aussi devient-il nécessaire de réfléchir de manière appropriée sur ce dynamisme missionnaire diversifié de la Parole de Dieu dans l’Église.
Chapitre VI
Pour « que l’accès à la Sainte Écriture soit largement ouvert » (DV 22)
La mission de l’Église est de proclamer la Parole et de construire le Royaume de Dieu
43. En ce début de nouveau millénaire, la mission de l’Église est de se nourrir de la Parole, pour la servir en s’engageant dans l’évangélisation.[70]
La raison d’être de l’Église et de sa mission est sans aucun doute d’annoncer l’Évangile. Ce qui implique qu’elle doit vivre ce qu’elle prêche. C’est là le chemin décisif pour qu’apparaisse crédibl
e ce qu’elle proclame, nonobstant les faiblesses et les pauvretés. Lorsqu’il répondait à la Parole de Dieu, le peuple d’Israël disait : « Tout ce que [le Seigneur] a dit, nous le ferons et nous y obéirons » (Ex 24,7) ; Jésus aussi invitait ses disciples à répondre de cette façon à la fin du Discours sur la Montagne (cf. Mt 7,21-27).
La force intime et le contenu de l’annonce de la Parole de Dieu, à l’école de Jésus, sont le Royaume de Dieu (cf. Mc 1,14-15). Le Royaume de Dieu est la Personne même de Jésus qui, par les mots et par les œuvres, offre le salut à tous les hommes. En prêchant Jésus-Christ, l’Église participe donc à la construction du Royaume de Dieu, elle en éclaire la dynamique de semence qui germe (cf. Mc 4,27) et invite tous les hommes à l’accueillir.
« Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile » (1 Co 9,16) : cette phrase de Saint Paul résonne aujourd’hui encore dans l’Église de façon urgente et devient pour tous les chrétiens non pas une simple information, mais une vocation au service de l’Évangile pour le monde. En effet, comme le dit Jésus, « la moisson est abondante » (Mt 9,37) et variée : nombreux sont ceux qui n’ont jamais entendu l’Évangile et attendent d’en recevoir la première annonce, en particulier dans les continents de l’Afrique et de l’Asie ; et il y en aussi beaucoup qui ont oublié l’Évangile et attendent une nouvelle évangélisation. Un critère indispensable de vérification de la mission de l’Église consiste à apporter le témoignage clair et partagé d’une vie selon la Parole de Dieu, attestée par Jésus.
En vérité, sur le chemin de l’annonce de l’Évangile et de l’écoute du Seigneur, les difficultés ont été nombreuses et elles continuent de l’être. Et ce pour différents motifs : la culture contemporaine qui, pour diverses raisons, est portée au relativisme et au sécularisme; les nombreuses sollicitations du monde et l’activisme qui étouffent l’esprit, ce pourquoi on remarque une certaine difficulté à intérioriser le message évangélique ; dans de nombreuses régions, le manque de matériels bibliques entrave l’utilisation du Texte biblique, sa traduction et sa diffusion. En outre, on se heurte aussi en particulier à l’obstacle des sectes et du fondamentalisme qui empêche une interprétation correcte de la Bible. Apporter la Parole de Dieu est une mission forte qui implique une compréhension profonde et convaincue cum Ecclesia.
L’une des premières conditions d’une annonce évangélique efficace est la confiance dans la puissance transformatrice de la Parole dans le cœur de celui qui écoute. Car, « vivante, en effet, est la Parole de Dieu, efficace, […] elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur » (He 4,12). Une deuxième condition, particulièrement ressentie et crédible aujourd’hui, est d’annoncer la Parole de Dieu comme une source de conversion, de justice, d’espérance, de fraternité et de paix. Les autres conditions sont la franchise, le courage, l’esprit de pauvreté, l’humilité, la cohérence et la cordialité, de la part de ceux qui servent la Parole de Dieu. Saint Augustin a écrit : « Tout ce que nous avons pu dire jusqu’alors en traitant des choses, se résume à établir cette grande vérité, que la plénitude et la fin de la loi et de toutes les divines Écritures, consiste dans l’amour […]. C’est donc à tort qu’on se flatterait de comprendre les divines Écritures en tout ou en partie, si cette connaissance ne sert pas à établir le double amour de Dieu et du prochain : c’est ne pas en avoir encore la moindre intelligence ».[71] En résumé, comme l’affirme le Saint-Père Benoît XVI, lorsqu’on reçoit la Parole de Dieu, qui est amour, il s’en suit qu’on ne peut véritablement annoncer le Seigneur si on ne pratique pas l’amour, dans l’exercice de la justice et de la charité.[72]
La mission de l’Église se réalise dans l’évangélisation et dans la catéchèse
44. Dans l’histoire du Peuple de Dieu, depuis toujours la Parole est annoncée à travers l’évangélisation et la catéchèse. À partir du Concile Vatican II, on se rend compte que le rapport entre la Bible et l’évangélisation sous ses différentes formes – depuis la première annonce jusqu’à la catéchèse permanente – est très étroit. Partout, les Catéchismes nationaux et les Directoires qui les inspirent présentent les qualités bibliques requises et mettent à la première place la Parole de Dieu puisée dans les Écritures. Souvent, des explications sont demandées sur un thème central : l’intégration de l’intelligence de foi que proposent la Tradition et le Magistère avec le Texte biblique.
Pour ce qui est du principe, il faut rappeler dans toute sa clarté l’affirmation conciliaire suivante : « C’est aussi de la même parole de l’Écriture que le ministère de la parole, autrement dit la prédication pastorale, la catéchèse et toute l’instruction chrétienne, dans laquelle il faut que l’homélie liturgique ait une place privilégiée, est nourri de façon salutaire et trouve sa sainte vigueur » (DV 24). Le Pape Jean-Paul II a affirmé qu’ « il y a l’évangélisation et la catéchèse qui prennent une nouvelle vigueur précisément lorsqu’on est attentif à la Parole de Dieu ».[73] Le Directoire général pour la catéchèse précise le sens de la « Parole de Dieu, source de la catéchèse » en affirmant : « La catéchèse puisera toujours son contenu à la source vivante de la Parole de Dieu, transmise dans la Tradition et dans les Écritures ».[74]
Il est important de recommander de ne pas réduire la Parole de Dieu dans la catéchèse à un simple objet qu’il convient de connaître, comme une matière scolaire. À la lumière de la Révélation, il faudra être attentif à ce que la rencontre avec les Écritures dans la catéchèse soit un acte par lequel Dieu lui-même s’adresse aux personnes, tout comme il en est dans la célébration liturgique. Il s’agit, grâce aux textes bibliques, de faire ressentir la présence réelle et bienveillante de Dieu, qui ne cesse jamais de se manifester aux hommes. Dans une telle perspective, la catéchèse est étroitement liée à la Lectio Divina, du fait qu’elle est une expérience d’écoute et de prière de la Parole de Dieu, dès les premières années de la vie.
45. Pour ce qui est de l’application, il faut avoir présent à l’esprit les différentes formes de communication de la Parole de Dieu, en même temps que les exigences toujours nouvelles des fidèles selon la diversité des âges et des conditions spirituelles, culturelles et sociales, comme l’indiquent le Directoire général de la catéchèse et les Directoires catéchétiques des différentes Églises particulières.[75]
L’évangélisation a lieu suivant des canaux privilégiés tels que le parcours de l’Année liturgique, le cheminement d’initiation chrétienne, la formation permanente.[76] La catéchèse catéchuménale et mystagogique conduit à une mentalité biblique féconde, qui permet aussi d’éclairer efficacement la religiosité populaire grâce à la Parole de Dieu à laquelle elle puise souvent. Un rôle important est celui de la rencontre directe avec les Saintes Écritures qui constitue un objectif premier. La catéchèse « doit s’imprégner et se pénétrer de la pensée, de l’esprit et des attitudes bibliques et évangéliques par un contact assidu avec les textes eux-mêmes ».[77]
En raison de son importance culturelle particulière, l’enseignement de la Bible doit être valorisé dans les écoles et plus spécialement lors de l’enseignement de la religion, afin de proposer un itinéraire complet de découverte des g
rands textes bibliques mais aussi des méthodes d’interprétation adoptées par l’Église. Pour ce faire, le Catéchisme de l’Église catholique est « un instrument valable et autorisé au service de la communion ecclésiale et […] une norme sûre pour l’enseignement de la foi ».[78] L’intention n’est nullement qu’il remplace la catéchèse biblique, mais plutôt qu’il l’insère dans la vision plus complète de l’Église.
Étant donné les importants changements culturels et sociaux survenus, une catéchèse qui aide à expliquer les « pages difficiles » de la Bible devient nécessaire. On remarque ce type de difficultés pour ce qui touche à l’histoire, à la science et à la vie morale, et en particulier pour ce qui concerne certaines représentations de Dieu et certains comportements éthiques de l’homme, plus spécialement dans l’Ancien Testament. Une solution sera recherchée à partir d’une réflexion organique de caractère exégétique et théologique, mais aussi anthropologique et pédagogique.
Enfin, la prédication dans ses formes les plus variées reste l’un des principaux moyens pour communiquer la foi dans l’Église, mais aussi la forme la plus exposée au jugement des fidèles. Il faut penser à un projet stratégique de formation à la prédication de la Parole (cf. DV 25). Quant au processus de communication, l’Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi du Pape Paul VI garde toute son actualité, en particulier lorsqu’elle déclare qu’il faut reconnaître la première place au témoignage personnel dans l’annonce de la Parole de Dieu et à sa transmission dans les structures familiales ou dans les milieux habituellement fréquentés.
Chapitre VII
La Parole de Dieu dans les services et
dans la formation du Peuple de Dieu
Contact permanent avec les Écritures (cf. DV 25)
Un engagement pastoral essentiel est celui concernant la formation des fidèles à recevoir et à diffuser la Parole de Dieu. C’est ce que Dei Verbum présente avec clarté, en rappelant la valeur multiple de la Parole de Dieu et en indiquant nettement les devoirs, les responsables et le chemin de formation.
Faim et soif de la Parole de Dieu (cf. Am 8,11) : attention aux besoins du Peuple de Dieu
46. Ces besoins peuvent être identifiés comme la connaissance, la compréhension et la pratique de la Parole. Pour ce qui est de la connaissance, elle touche la véritable nature de la Parole et de ses canaux – Écritures et Tradition – et le service que le Magistère est appelé à assumer. Beaucoup a été fait après le Concile Vatican II, mais le besoin de clarté et de certitude est toujours grand, à propos de ce qu’offre la Révélation. Quant à la compréhension, le problème de l’interprétation et de l’inculturation de la Parole de Dieu reste central, comme cela a déjà été vu précédemment. Il existe des difficultés pour la pratique de la Bible. Nombreux encore sont les fidèles qui n’ont encore pas entre les mains une traduction du texte biblique.
Aujourd’hui, on entrevoit d’autres problèmes, dont il faut tenir compte : la difficulté de lire, du fait que l’analphabétisme existe encore dans beaucoup de régions ; le plus souvent, les personnes apprennent à partir de la télévision et de la radio, qui fournissent des informations brèves et fragmentées ; enfin, dans maintes parties du monde, la culture religieuse dominante ne se réfère pas immédiatement au Livre sacré.
« Dans les Saintes Écritures, se manifeste […] l’admirable condescendance de la Sagesse éternelle » (DV 13)
47. À ce sujet, il semble que l’on puisse dire que l’Esprit suggère aux Églises particulières de reprendre les documents du Concile Vatican II, spécialement les quatre Constitutions, avec comme centre Dei Verbum, et d’en faire le sujet de catéchèse pour l’ensemble du Peuple de Dieu, suivant les modalités les plus appropriées aux personnes. La théologie de la Révélation, la théologie des Écritures, le rapport entre l’Ancien et le Nouveau Testament, la pédagogie de Dieu, sont des thèmes substantiels qui ne peuvent être illustrés que par une catéchèse organique et des cours bibliques structurés.
Il faudra aussi avoir présent à l’esprit la nécessité de disposer d’une méthodologie et de matériels. La Parole de Dieu peut être entendue de nombreuses façons. La difficulté essentielle consiste à ce qu’elle puisse toucher véritablement les cœurs et devenir une Parole vivante, et non seulement une Parole écoutée ou connue. Et pour cela, rien ne peut remplacer le travail personnel régulier et patient dans la prière. Il faut encourager, utiliser des matériels simples et accessibles à tous. Divers mouvements, parmi lesquels l’Action catholique, proposent des moyens pour mettre la vie en rapport avec la Parole de Dieu. Aujourd’hui, nombreux sont les techniques et les instruments de contact avec la Bible, et ils sont souvent bien faits : commentaires, introductions à la Bible, la Bible pour les enfants et les jeunes, les livres de spiritualité, les revues scientifiques et divulgatrices, sans parler du très vaste domaine des médias, simples et complexes, au service de la communication de la Bible. Il faut pouvoir se faire comprendre et offrir le pain de la Parole, aux frères et aux sœurs dans la foi. Dans ce but, le besoin se fait sentir d’une solidarité entre les Églises, sur le plan matériel également.
Ici, on se trouve face au besoin de penser de façon nouvelle et plus juste tout ce qui concerne la nouvelle forme de la communication. La familiarité avec les Saintes Écritures n’est guère facile. Comme le ministre de la reine d’Ethiopie, si l’on veut comprendre ce que dit le texte, une pédagogie est nécessaire qui, à partir des Écritures, ouvre à la compréhension et à l’acceptation de la bonne nouvelle de Jésus (cf. Ac 8,26-40). Il faut ouvrir la voie, et surtout inspirer des formes créatives et évangéliques pour mettre en œuvre l’enseignement de Dei Verbum qui, à son tour, permettra un accès croyant en quantité et en qualité à la Parole de Dieu inscrite dans les Écritures.
Les évêques dans le ministère de la Parole
48. Le Concile Vatican II enseigne qu’ « il appartient aux saints évêques […] de former opportunément les fidèles qui leur sont confiés à un usage judicieux des Livres divins » (DV 25). Aussi, cette tâche revient-elle directement aux évêques eux-mêmes, en tant qu’auditeurs de la Parole mais aussi en tant que serviteurs de celle-ci, conformément à leur munus docendi.[79]Dans un monde de communications, l’évêque doit lui-même être un communicateur qualifié de la sagesse biblique, non pas tant du fait de son savoir qu’en vertu de sa fréquentation habituelle des livres sacrés, devenant ainsi un guide pour tous ceux qui, chaque jour, ouvrent la Bible. Faisant de la Parole de Dieu et des Saintes Écritures l’âme de la pastorale, il est capable de conduire les fidèles à rencontrer le Christ, source vivante. Le Saint-Père Benoît XVI a relevé le besoin d’éduquer le peuple à lire et à méditer la Parole de Dieu comme aliment spirituel, « afin qu’à travers leur propre expérience, les fidèles voient que les paroles de Jésus sont esprit et vie (cf. Jn 6,63). […] Nous devons fonder notre engagement missionnaire et toute notre vie sur le roc de la Parole de Dieu Dans ce but, j’encourage les Pasteurs à s’efforcer de la faire connaître ».[80] Ainsi, la meilleure façon de favoriser le goût pour les Saintes Écritures est la personne même de l’évêque, modelé par la Parole de Dieu. Il a constamment la possibilité d’aider les fidèles à goûter les É
critures. Chaque fois qu’il parle aux fidèles, et en particulier aux prêtres, il peut donner quelques exemples et quelques aperçus de Lectio Divina. S’il sait le faire de façon adéquate et d’une manière simple, les fidèles apprendront. Un objectif certain du ministère des Pasteurs est que la pratique de la Bible et toutes les initiatives qui la promeuvent doivent être considérées comme un cheminement ecclésial et la base de toute dévotion.
Devoir des prêtres et des diacres
49. Pour les prêtres et les diacres aussi, la connaissance et la familiarité avec la Parole de Dieu assume un aspect de première importance en vue de l’évangélisation, à laquelle ils sont appelés dans leur ministère. Le Concile Vatican II affirme qu’il est obligatoire, pour les prêtres et les diacres en premier lieu, d’être en contact permanent avec les Écritures, à travers la lecture sainte assidue et l’étude minutieuse, pour éviter que celui qui ne l’écoute pas de l’intérieur ne devienne un vain prédicateur de la Parole de Dieu (cf. DV 25; PO 4). À cette doctrine conciliaire correspond la disposition canonique sur le ministère de la Parole de Dieu confiée aux prêtres et aux diacres en tant que collaborateurs de l’évêque.[81]
Dans la fréquentation quotidienne de la Parole, ils puisent la lumière nécessaire pour ne pas se conformer à la mentalité du monde, et jouir d’un juste discernement personnel et communautaire, afin de pouvoir, en étant zélés dans l’action pastorale, guider le Peuple de Dieu sur les voies du Seigneur. Tout cela entraîne la nécessité d’une éducation et d’une formation pastorale éclairée par la Parole. Le développement des sciences bibliques, la variété des besoins et l’évolution des situations pastorales exigent qu’ils se recyclent en permanence.
Le devoir de l’annonce détermine le recours à des initiatives spécifiques, comme par exemple la pleine mise en valeur de la Bible dans les projets pastoraux. Dans chaque diocèse, et sous la conduite de l’évêque, un projet de pastorale biblique est utile pour apporter la Bible dans les grandes initiatives de l’Église, dans l’évangélisation et dans la catéchèse. Ce faisant, on aura soin qu’à partir de la Parole de Dieu se base et se manifeste la communion entre le clergé et les laïcs, et donc entre les paroisses, les communautés de vie consacrée et les mouvements ecclésiaux.
Dans la perspective du service sacerdotal, la formation dans les séminaires exige toujours plus une connaissance vaste et actualisée en exégèse et en théologie, une formation approfondie à l’usage pastoral de la Bible, une véritable initiation à la spiritualité biblique, sans jamais négliger l’éducation à une grande passion pour la Parole au service du Peuple de Dieu. C’est pourquoi il est souhaitable que soient nombreux les prêtres qui se consacrent aux études, académiques également, des Saintes Écritures.
Différents ministres de la Parole de Dieu
50. Le renouvellement biblique et liturgique a révélé le besoin de serviteurs de la Parole de Dieu, en premier lieu dans l’action liturgique, et ensuite dans toutes les autres formes de communication de la Bible. En ce qui concerne le service liturgique, le ministère de la Parole de Dieu s’exerce tant dans la proclamation des lectures que notamment dans l’homélie. Celle-ci est uniquement du ressort du ministre ordonné, la proclamation dans la liturgie est réservée au lecteur – ministère institué – et, en son absence, elle peut être assurée par les laïcs, hommes et femmes.[82] Dans certains cas prévus par les canons, les laïcs peuvent être admis à prêcher dans une église ou une chapelle.[83]
Font aussi partie des serviteurs de la Parole les catéchistes, les animateurs de groupes bibliques et tous ceux qui assurent un rôle de formation des fidèles dans la liturgie, dans la charité et dans l’enseignement religieux à l’école. Le Directoire général pour la catéchèse précise les compétences nécessaires pour ce faire. Mais cette attention aux coopérateurs pastoraux se manifeste vivement dans toutes les Églises particulières du fait que sont perçus d’une part l’attachement pour les Écritures et, de l’autre, la difficulté d’assurer un tel service.
Devoir des laïcs
51. Devenus membres de l’Église par le baptême et ayant reçu la fonction sacerdotale prophétique et royale du Christ, les fidèles laïcs partagent la mission salvifique que le Père a confiée à son Fils pour le salut de tous les hommes (LG 34-36).[84] Pour exercer leur mission, ils « sont rendus participants autant au sens de la foi surnaturelle de l’Église qui ‘ne peut se tromper dans la foi’ (LG 12) qu’à la grâce de la parole (cf. Ac 2, 17-18; Ap 19, 10); ils sont au surplus appelés à faire briller la nouveauté et la force de l’Évangile dans leur vie quotidienne, familiale et sociale ».[85] De cette façon, ils apportent leur contribution à la construction du Royaume de Dieu, en étant fidèles à sa Parole.
Il revient aux laïcs, pour exercer leur mission dans le monde, de proclamer la Bonne Nouvelle aux hommes dans les situations de vie qui sont les leurs. Dans le style prophétique de Jésus de Nazareth, il faut que l’annonce de la Parole « apparaisse à chacun comme une ouverture à ses problèmes personnels, une réponse à ses questions, un élargissement à ses valeurs, en même temps que la satisfaction apportée à ses aspirations les plus profondes ».[86]
Sur le chemin de la Parole de Dieu, le laïc ne doit pas être seulement un auditeur passif ; il doit participer activement, dans tous les domaines où la Bible se trouve concernée ; dans les études scientifiques, dans le service de la Parole en milieu liturgique ou catéchétique, et dans l’animation biblique des différents groupes. Le service des laïcs requiert diverses compétences pour lesquelles une formation biblique spécifique est nécessaire. On rappellera ici parmi les devoirs préférentiels : la Bible dans l’initiation chrétienne des jeunes enfants ; la Bible pour les jeunes, par exemple lors des Journées mondiales de la Jeunesse ; la Bible pour les malades, pour les soldats, pour les prisonniers.
Un moyen privilégié de rencontrer Dieu qui nous parle est la catéchèse au sein des familles, avec l’approfondissement de quelques pages de la Bible et la préparation de la liturgie du dimanche. Une tâche de la famille est justement d’initier les enfants aux Saintes Écritures, à travers la narration des grandes histoires de la Bible, en particulier celles de la vie de Jésus, et à travers la prière s’inspirant des Psaumes ou d’autres livres de la Révélation.
Une grande attention doit aussi être accordée aux mouvements ou aux groupes, comme les associations, les groupements, les nouvelles communautés. En effet, même s’ils sont très différents les uns des autres par leurs méthodes et leurs sphères d’engagement, un caractère qui leur est commun est la redécouverte de la Parole de Dieu, de sa situation privilégiée dans le projet spirituel et pédagogique, pour susciter et alimenter leur vie spirituelle. Ils disposent de parcours efficaces de formation centrés sur l’assimilation existentielle de la Parole de Dieu. Ils enseignent à vivre la liturgie et la prière personnelle avec une grande attention à la Parole, en privilégiant la liturgie de l’Église. La prière de l’Office et la Lectio Divina aussi sont vécus comme des moments de nourriture spirituelle.
C’est un devoir incontournable de vérifier que, dans cette rencontre fervente avec la Parole de Dieu, soient constamment témoignées la communion ecclésiale
et la charité envers les fidèles n’appartenant à aucun groupement.
Service des personnes consacrées
52. Dans ce cheminement de la Parole de Dieu parmi le peuple chrétien, les personnes de vie consacrée jouent un rôle spécifique. Comme le souligne le Concile Vatican II, « que chaque jour la Sainte Écriture soit en leurs mains pour retirer de sa lecture et de sa méditation ‘l’éminente science de Jésus-Christ’ (Ph 3,8) » (PC 6) et qu’elles puissent trouver un élan renouvelé dans leur tâche d’éducation et d’évangélisation, en particulier des pauvres, des simples et des derniers, grâce aux textes du Nouveau Testament « surtout les Évangiles, qui sont ‘le cœur de toutes les Écritures’ […] en promouvant d’une manière adaptée à leurs charismes des écoles de prière, de spiritualité et de lecture priante de l’Écriture ».[87]
Pour les personnes consacrées, le Texte biblique doit faire l’objet d’une ruminatio quotidienne et d’une confrontation pour un discernement personnel et communautaire en vue de l’évangélisation. Selon saint Ambroise, lorsque l’homme commence à lire les Saintes Écritures, Dieu se promène à nouveau avec lui dans le paradis terrestre.[88] La lecture orante de la Parole en compagnie des jeunes est la voie pour une croissance vocationnelle renouvelée et pour un retour fécond à l’Évangile et à l’esprit des fondateurs, si fortement souhaité par le Concile Vatican II et récemment proposé une nouvelle fois par le Saint-Père Benoît XVI aux personnes de vie consacrée.[89] En particulier, il faut que les personnes consacrées donnent toute sa valeur à la confrontation communautaire avec la Parole de Dieu, qui apportera la communion fraternelle et le partage joyeux des expériences de Dieu dans leur vie, et les aidera à croître dans la vie spirituelle.[90] Le Pape Jean-Paul II affirmait : « La Parole de Dieu est la première source de toute spiritualité chrétienne. Elle nourrit une relation personnelle avec le Dieu vivant et avec sa volonté salvifique et sanctifiante. C’est pourquoi la Lectio Divina, dès la naissance des Instituts de vie consacrée, et spécialement dans le monachisme, a été l’objet de la plus haute estime. Grâce à elle, la Parole de Dieu entre dans la vie, sur laquelle elle projette la lumière de la sagesse qui est le don de l’Esprit ».[91]
La Parole de Dieu doit être en tout temps à la disposition de tous
53. L’Église considère que « l’accès à la Sainte Écriture [doit être] largement ouvert aux chrétiens » (DV 22),[92] car les personnes ont droit de rencontrer la vérité.[93] C’est aujourd’hui une condition indispensable pour la mission. Et comme il n’est pas rare que la rencontre avec les Écritures risque de ne pas être un fait ecclésial mais d’être exposé au subjectivisme et à l’arbitraire, une promotion pastorale robuste et crédible des Saintes Écritures devient indispensable pour annoncer, célébrer et vivre la Parole dans la communauté chrétienne, en dialoguant avec les cultures de notre époque, en se mettant au service de la vérité et non des idéologies courantes, et en développant le dialogue que Dieu désire avec tous les hommes (cf. DV 21).
Pour ce faire, il est nécessaire de diffuser la pratique biblique avec des matériels appropriés, de susciter le mouvement biblique parmi les laïcs, et de soigner la formation des animateurs des groupes, avec une attention particulière pour les jeunes,[94] en proposant aussi aux immigrés et aux personnes qui sont à la recherche du sens de la vie, la connaissance de la foi à travers la Parole de Dieu.
Puisque « le premier aréopage des temps modernes est le monde de la communication, qui donne une unité à l’humanité, […] l’usage des médias est devenu essentiel pour l’évangélisation et la catéchèse. […] l’Église se sentirait coupable devant son Seigneur si elle ne mettait pas en œuvre ces puissants moyens. […] En eux, l’Église trouve une version moderne et efficace de la chaire. Grâce à eux, elle réussit à parler aux masses »[95] (cf. IM 11). Aussi, faut-il, avec un équilibre savant, laisser dans la transmission de la Parole de Dieu une large place aux méthodes et aux nouvelles formes de langage et de communication telles que : radio, télévision, théâtre, cinéma, musique et chansons, et jusqu’aux nouveaux médias comme les CD, les DVD, Internet, etc. Mais il ne faut toutefois pas oublier qu’un bon usage des médias exige, de la part des agents pastoraux, engagement et compétence. Il est nécessaire d’intégrer le message lui-même dans la « nouvelle culture » créée par la communication moderne, avec des langages nouveaux, des techniques nouvelles et des attitudes psychologiques nouvelles.[96]
Enfin, c’est notre devoir de rappeler qu’existe et œuvre, depuis 1968, la Fédération Biblique Catholique mondiale (CBF), instituée par le Pape Paul VI au service de la diffusion des orientations du Concile Vatican II sur la Parole de Dieu.
Chapitre VIII
Parole de Dieu, grâce de communion
Parole de Dieu, lien œcuménique
54. Le Saint-Père Benoît XVI considère l’unité pleine et visible de tous les disciples de Jésus-Christ une question de première importance qui pèse a une incidence sur le témoignage de l’Évangile.[97] Deux réalités unissent les chrétiens : la Parole de Dieu et le Baptême. En accueillant ces dons, le cheminement œcuménique pourra trouver son accomplissement. Le discours d’adieu de Jésus dans le cénacle met en relief avec force que cette unité se manifeste en donnant un témoignage commun à la Parole du Père, donnée par le Seigneur (cf. Jn 17, 8). Le Pape Benoît XVI affirme : «L’écoute de la Parole de Dieu est prioritaire pour notre engagement œcuménique. En effet, ce n’est pas nous qui faisons ou organisons l’unité de l’Église. L’Église ne se fait pas elle-même et ne vit pas d’elle-même, mais de la Parole créatrice qui vient de la bouche de Dieu. Écouter ensemble la Parole de Dieu, pratiquer la Lectio Divina de la Bible, c’est-à-dire la lecture liée à la prière, se laisser surprendre par la nouveauté qui ne vieillit jamais et qui ne s’épuise jamais, de la Parole de Dieu, surmonter notre surdité face aux paroles qui ne s’accordent pas avec nos préjugés et nos opinions, écouter et étudier dans la communion des croyants de tous les temps : tout cela constitue un chemin à parcourir pour atteindre l’unité dans la foi, comme réponse à l’écoute de la Parole».[98]
On constate en général avec satisfaction qu’aujourd’hui la Bible est le principal point de rencontre pour la prière et le dialogue entre les Églises et les Communautés ecclésiales. On a pris conscience du fait que la foi qui nous unit et les accents différents dans l’interprétation de la Parole même sont une invitation a redécouvrir ensemble les motivations qui ont créé la division. Toutefois, reste la conviction que les progrès faits dans le dialogue œcuménique avec la Parole de Dieu peuvent produire d’autres effets bénéfiques. On peut souligner, dans les dernières décennies, une expérience valable, c’est-à-dire l’influence positive et reconnue de la Traduction œcuménique de la Bible (TOB) ainsi que la collaboration entre les différentes Associations bibliques chrétiennes, qui ont favorisé l’entente et le dialogue avec différentes confessions. Mais le fil rouge qui sous-tend le chemin œcuménique du début du siècle dernier jusqu’à nos jours est la prière commune d’invocation à Dieu, soutenue par l’Esprit Saint, qui promeut entre les chrétiens cet œcuménisme spirituel, dont le Concile Vatican II affirmait : «Cette conversion du cœur et cette sain
teté de vie, unies aux prières publiques et privées pour l’unité des chrétiens, doivent être regardées comme l’âme de tout l’œcuménisme» (UR 8).
Parole de Dieu, source du dialogue entre chrétiens et juifs
55. Une attention particulière doit être accordée aux relations avec le peuple juif. chrétiens et juifs sont tous enfants d’Abraham, enracinés dans la même alliance, du fait que, fidèle à ses promesses, Dieu, n’a pas révoqué la Première Alliance (cf. Rm 9,4; 11,29).[99] Le Pape Jean-Paul II le confirme : «Ce peuple est convoqué et conduit par Dieu, Créateur du ciel et de la terre. Son existence n’est donc pas un pur fait de nature ni de culture, au sens où par la culture l’homme déploie les ressources de sa propre nature. Elle est un fait surnaturel. Ce peuple persévère envers et contre tout du fait qu’il est le peuple de l’Alliance et que, malgré les infidélités des hommes, le Seigneur est fidèle à son Alliance ».[100] Chrétiens et juifs partagent une grande partie du canon biblique, ces « Saintes Écritures » (cf. Rm 1,2) que les chrétiens appellent Ancien Testament. Cette relation étroite bibliquement fondée confère au dialogue entre chrétiens et juifs un caractère singulier. À cet égard, l’important document de la Commission Pontificale Biblique : Le peuple juif et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne[101]porte à réfléchir sur le lien étroit de foi, déjà signalé dans Dei Verbum (cf. DV 14-16). Pour comprendre de façon plus adéquate la personne même de Jésus de Nazareth, il est nécessaire de le reconnaître comme «fils de ce peuple»;[102] Jésus est juif et il l’est pour toujours.
En particulier, il faut ensuite considérer deux aspects. En premier lieu, la compréhension juive de la Bible peut aider à la compréhension et à l’étude de celle-ci de la part des chrétiens.[103] On a parfois développé – et on peut les développer ultérieurement – des modes d’étudier, avec les juifs, les Saintes Écritures, permettant d’apprendre les uns des autres, mais toujours dans le respect rigoureux des diversités. En second lieu, il faut que soit dépassée toute forme d’antisémitisme. Le Concile Vatican II a lui-même souligné que les juifs «ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Écriture» (NA 4). Au contraire, nous devons et nous pouvons, dans le sillon d’Abraham, devenir une source de bénédiction les uns pour les autres et pour le monde, comme l’a souligné à plusieurs reprises le Pape Jean-Paul II.[104]
Dialogue interreligieux
56. En se référant à ce que le Magistère de l’Église (cf. AG 11 ; NA 2-4)[105] a exprimé jusqu’ici, et aux différentes contributions reçues, il convient de rappeler les points suivants à soumettre à une réflexion et à une évaluation. L’Église, envoyée apporter l’Évangile à toute la création (cf. Mc 16,15), rencontre un grand nombre d’adeptes des autres religions, aussi bien de ce qu’on appelle les religions traditionnelles qu’à celles qui ont leurs livres saints et leur façon propre de les comprendre; elle est partout en contact avec des personnes en recherche ou qui attendent simplement la Bonne Nouvelle. Pour tous, l’Église ressent comme son devoir de leur apporter la Parole qui sauve (cf. Rm 1,14). Dans une prospective positive, il faudra s’attacher à discerner les « semences évangéliques » (semina Verbi) répandues parmi les peuples et qui peuvent constituer une authentique préparation évangélique.[106] En particulier les religions et les traditions spirituelles qui s’imposent à l’attention mondiale pour leur ancienneté et leur diffusion, comme l’hindouisme, le bouddhisme, le jaïnisme, le taoïsme, doivent faire l’objet d’étude de la part des catholiques, en vue d’un dialogue respectueux et loyal.
En particulier «l’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu Un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de ta terre, qui a parlé aux hommes» (NA 3). Comme les chrétiens et les juifs, ils se réfèrent eux aussi à Abraham en cherchant à l’imiter dans sa soumission à Dieu, à qui il rendent un culte surtout par la prière, l’aumône et le jeûne. Même s’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète et honorent Marie sa mère virginale (cf. NA 3). Ils attendent le jour du jugement et apprécient la vie morale.
Le dialogue des chrétiens avec les musulmans et les membres d’autres religions devient urgent et permet de mieux connaître et de collaborer dans la promotion des valeurs religieuses, éthiques et morales, en contribuant à la construction d’un monde meilleur.
La rencontre d’Assise de 1986 rappelle que l’écoute de Dieu doit conduire à surmonter toute forme de violence, afin de devenir active dans le cœur et dans les œuvres pour promouvoir de la justice et la paix.[107]Comme l’a dit le Saint-Père Benoît XVI : «Nous voulons rechercher les voies de la réconciliation et apprendre à vivre en respectant chacun l’identité de l’autre».[108]
En outre, dans les occasions où l’on chercherait à procéder à une confrontation entre la Bible et les textes sacrés des autres religions, il serait fâcheux de tomber dans des syncrétismes, des rapprochements superficiels et des déformations de la vérité, en raison aussi des différentes conceptions sur l’inspiration de ces textes sacrés.
Une attention particulière doit être accordée aux nombreuses sectes, actives dans plusieurs continents, qui se servent de la Bible pour des objectifs déviants et avec des méthodes étrangères à l’Église.
La Bible n’appartient pas seulement aux chrétiens : elle est un trésor pour toute l’humanité. À travers un contact fraternel et personnel, elle peut devenir une source d’inspiration pour ceux qui ne croient pas dans le Christ.
Parole de Dieu, levain des cultures modernes
57. Au cours des siècles, le livre de la Bible est entré dans les cultures, au point d’inspirer les différents domaines du savoir philosophique, pédagogique, scientifique, artistique, littéraire. La pensée biblique a tellement pénétré qu’elle devient synthèse et âme de la culture elle-même. Comme l’affirmait le Cardinal Ratzinger à l’époque, dans un commentaire à l’Encyclique Fides et Ratio : «Déjà dans la Bible même est élaboré un patrimoine de pensée religieuse et philosophique pluraliste dérivant de différents mondes culturels. La Parole de Dieu se développe dans le contexte d’une série de rencontres avec la recherche de l’homme d’une réponse à ses questions ultimes. Elle n’est pas tombée directement du ciel, mais elle est proprement une synthèse des cultures».[109] Les influences économiques et technologiques d’inspiration séculariste dont le potentiel est amplifié par les médias exigent un dialogue plus intense entre la Bible et la culture, un dialogue parfois dialectique, mais riche en potentialités pour l’annonce, du fait qu’il est riche en demandes de signification, qui trouvent une proposition libératrice dans la Parole du Seigneur.
Cela signifie que la Parole de Dieu demande à pénétrer dans un monde pluraliste et sécularisé pour en être le levain, dans les aréopages modernes, en apportant «la force de l’Évangile au cœur de la culture et des cultures»[110] pour les purifier, les élever et en faire des instruments du Royaume de Dieu. Pour ce faire, une inculturation de la Parole de Dieu est nécessaire : elle ne doit pas être réalisée d’une manière superficielle, mais avec une préparation adéquate pour la confron
tation avec les positions d’autrui, de façon à ce que soient mises en évidence l’identité du mystère chrétien et son action bénéfique à l’égard de chaque personne. Dans ce contexte, il faut apporter un soin tout spécial à la recherche de ce qui est appelé «l’histoire des effets» (Wirkungsgeschichte) de la Bible dans la culture et dans l’ethos commun, raison pour laquelle elle est, avec justesse, appelée et évaluée comme « code fondamental », en particulier en Occident. Le Saint-Père Benoît XVI a affirmé : «Aujourd’hui plus que jamais, l’ouverture entre les cultures est un terrain privilégié pour le dialogue entre les hommes engagés dans la recherche d’un humanisme authentique, au-delà des divergences qui les séparent. Dans le domaine culturel également, le christianisme peut offrir à tous la force de renouveau et d’élévation, c’est-à-dire l’amour de Dieu qui se fait amour humain».[111] De tout cela se chargent, avec un grand engagement, les nombreux centres culturels catholiques de par le monde.
Parole de Dieu et histoire des hommes
58. Pendant le Concile Vatican II, le Pape Paul VI a décrit l’Église comme «la servante de l’humanité»[112] pour orienter le monde vers le Royaume de Dieu, suivant la mesure de Jésus-Christ, l’Homme parfait (GS 22). L’Église reconnaît donc le signe de Dieu dans l’histoire construite par la liberté des hommes soutenue par la grâce divine.
Dans ce contexte, l’Église est consciente que la Parole de Dieu doit être lue dans les événements et dans les signes des temps à travers lesquels Dieu se manifeste dans l’histoire. Le Concile Vatican II précise que «Pour remplir cette tâche [celle de servir le monde], l’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques» (GS 4). Plongée dans l’histoire des hommes, elle doit savoir «discerner dans les événements, les exigences, les requêtes et les aspirations, auxquels elle prend part avec les autres hommes de notre temps, quels sont les signes véritables de la présence ou du dessein de Dieu» (GS 11). De cette façon, à travers le rôle prophétique de tous ses membres, elle pourra aider l’humanité à rencontrer dans l’histoire le chemin qui l’écarte de la mort et la conduit à la vie.
À ce propos, l’Esprit Saint appelle l’Église tout entière à annoncer la Parole de Dieu comme source de grâce, de liberté, de justice, de paix, de sauvegarde de la création, en mettant en pratique la Parole du Seigneur, suivant les différentes compétences, en collaboration avec des personnes de bonne volonté. Le point de référence et d’encouragement, ce sont les premières paroles prononcées par Dieu dans la Bible sur la création du monde et de la personne humaine : «Dieu vit que […] cela était bon […] très bon» (Gn 1,4.31), et surtout les paroles et les exemples de Jésus. Non sans une médiation culturelle nécessaire, c’est donc de la Bible que s’inspirent et tirent une motivation l’engagement effectif en faveur de la justice et des droits humains, la participation des catholiques à la vie publique et le soin de l’environnement comme la maison de tous.
C’est de cette façon que la Parole que Jésus a semée comme graine du Royaume poursuit sa course dans l’histoire des hommes (cf. 2 Th 3, 1) et, lorsque Jésus reviendra dans la gloire, elle résonnera comme une invitation à participer pleinement à la joie du Royaume (cf. Mt 25,24). À cette promesse certaine, l’Église répond par une ardente prière: « Maranà tha » (1 Co 16,22) «Viens, Seigneur Jésus » (Ap 22,20).
«Que la Parole du Christ réside chez vous en abondance : instruisez-vous en toute sagesse par des admonitions réciproques: chantez à Dieu de tout votre cœur avec reconnaissance, par des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés. Et quoi que vous puissiez dire ou faire, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, rendant par lui grâces au Dieu Père» (Col 3,16-17).
Parole de Dieu, don à l’Église
59. Dans sa grande bonté, Dieu Un et Trin a voulu communiquer à l’homme le mystère de sa vie cachée dans les siècles (cf. Ep 3,9). Dans son Fils Unique Jésus-Christ, Dieu le Père a prononcé, dans la grâce de l’Esprit, sa Parole définitive qui interpelle chaque homme qui vient dans ce monde. C’est l’écoute attentive de la Parole de Dieu qui est la condition fondamentale pour que l’homme rencontre Dieu. On vit la vie selon l’Esprit proportionnellement à la capacité de laisser de la place à la Parole, de faire naître le Verbe de Dieu dans le cœur humain. En effet, ce n’est pas l’homme qui peut pénétrer la Parole de Dieu, mais c’est seulement celle-ci qui peut le conquérir et le convertir, en lui faisant découvrir ses richesses et ses secrets, et en lui ouvrant des horizons de signification, des propositions de liberté et de pleine maturation humaine (cf. Ep 4,13). La connaissance de l’Écriture Sainte est l’œuvre d’un charisme ecclésial, qui se trouve entre les mains des croyants, ouverts à l’Esprit.
Pour Saint Maxime le Confesseur : «Si elles sont prononcées simplement, les paroles de Dieu ne sont pas écoutées, parce qu’elles ne se reflètent pas dans la pratique de ceux qui les prononcent. Si, au contraire, elles sont prononcées en même temps que sont pratiqués les commandements, elles ont le pouvoir, avec cette voix, de faire disparaître les démons et de pousser les hommes à édifier le temps divin du cœur grâce au progrès dans les œuvres de justice».[113] Il s’agit de s’abandonner à la louange silencieuse du cœur dans un climat de simplicité et de prière d’adoration comme Marie, Vierge de l’écoute, car toutes les Paroles de Dieu se résument dans l’amour et doivent y être vécues (cf. Dt 6,5 ; Jn 13,34-35).
60. En tant que communauté des croyants, l’Église est convoquée par la Parole de Dieu. Elle est le lieu privilégié où les croyants rencontrent Dieu qui continue de parler dans la liturgie, dans la prière, dans le service de la charité. À travers la Parole célébrée, en particulier dans l’Eucharistie, les fidèles s’insèrent toujours davantage dans l’Église communion qui a son origine dans la Trinité, mystère de la communion infinie.
Le Père, qui dans l’amour de l’Esprit Saint créé tout ce qui existe par le Fils et pour Lui (cf. Col 1,16), poursuit son œuvre originaire dans l’œuvre même de son Fils (cf. Jn 5,17) sur la terre. Son œuvre c’est son Église, Église du Verbe incarné, voie qui, d’un côté, descend de Dieu vers l’homme et, de l’autre, monte de l’homme vers Dieu (cf. Jn 3,13). Dans cette Parole vivante et efficace (cf. He 4,12) l’Église naît, s’édifie (cf. Jn 15,16 ; Ac 2, 41 sv.) et trouve une vie pleine (cf. Jn 10, 10).
Par mandat du Seigneur Jésus ressuscité, l’Église, communauté de ses disciples, guidée par les Apôtres, est invitée à annoncer le salut toujours et en tout lieu, dans la fidélité à la Parole du Maître : «Allez par le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création» (Mc 16,15).
dhort. Apost. Post-syn. Sacramentum caritatis (22.02.2007), 6; 52: AAS 99 (2007) 109-110 ; 145. [3] Ioannes Paulus II, Litt. Enc. Redemptoris missio (07.12.1990), 56 : AAS 83 (1991) 304. [4] Cf. Benedictus XVI, Litt. Enc. Deus caritas est (25.12.2005), 1 : AAS 98 (2006) 217. [5] S. Irenæus, Adversus Hæreses IV, 34,1 : SChr 100, 847. [6] Cf. S. Bernardus, Super Missus est, Homilia IV, 11 : PL 183,86. [7] Origènes, In Ioannem V, 5-6 : SChr 120, 380-384. [8] Benedictus XVI, Ad Conventum Internationalem La Sacra Scrittura nella vita della Chiesa (16.09.2005) : AAS 97 (2005) 957. Cf. Paulus VI, Epistula Apost. Summi Dei Verbum (04.11.1963) : AAS 55 (1963) 979-995 ; Ioannes Paulus II, Audience générale (22.05.1985) : L’Osservatore Romano, E.H.L.F. 22 (28.05.1985) p. 12 ; Discours sur l’interprétation de la Bible dans l’Église (23.04.1993) : L’Osservatore Romano, E.H.L.F. 18 (04.05.1993) p. 7 ; Benedictus XVI, Angelus (06.11.2005) : L’Osservatore Romano, E.H.L.F. 56 (08.11.2005) p. 1. [9] Cf. Catechismus Catholicæ Ecclesiæ, 825. [10] Benedictus XVI, Ad Conventum Internationalem La Sacra Scrittura nella vita della Chiesa (16.09.2005) : AAS 97 (2005) 956. [11] S. Hieronymus, Com. In Is., Prol.: PL 24,17. [12] Cf. Catechismus Catholicæ Ecclesiæ, 120. [13] Cf. Pontificia Commissio Biblica, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15.04.1993), IV, C 3 : Enrichidion Vaticanum 13, EDB, Bologna 1995, p. 1724. [14] Cf. Pontificia Commissio biblica, Le peuple juif et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne (24.05.2001), 19: Enchiridion Vaticanum 20, EDB, Bologna 2004, pp. 570-574. [15] S. Augustinus, Quæstiones in Heptateucum, 2, 73 : PL 34, 623 ; cf. DV 16. [16] S. Gregorius Magnus, In Ezechielem, I, 6, 15 : CCL 142, 76. [17] Cf. Catechismus Catholicæ Ecclesiæ, 83 ; Ratzinger J., Commento alla Dei Verbum, L Th K, 2, pp. 519-523. [18] Cf. S. Bonaventura, Itinerarium mentis in Deum, II, 12: ed. Quaracchi, 1891, vol. V, p. 302 sv. Cf. Ratzinger J., Un tentativo circa il problema del concetto di tradizione : Rahner K. – Ratzinger J., Rivelazione e Tradizione, Morcelliana, Brescia 2006, pp. 27-73. [19] Cf. Pontificia Commissio Biblica, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15.04.1993), IV, A-B : Enrichidion Vaticanum 13, EDB, Bologna 1995, pp. 1702-1714. [20] Cf. ibidem, I, A-F, pp. 1568-1634. [21] Cf. Catechismus Catholicæ Ecclesiæ, 115-119 ; Pontificia Commissio Biblica, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15.04.1993), I, F ; Enchiridion Vaticanum 13, EDB Bologna 1995, pp. 1628-1634. [22] Cf. Catechismus Catholicæ Ecclesiæ, 117. [23] Pontificia Commissio Biblica, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15.04.1993), II, B, 2 : Enrichidion Vaticanum 13, EDB, Bologna 1995, pp. 1648-1650. [24] Cf. ibidem, I, pp. 1568-1628. [25] Cf. Catechismus Catholicæ Ecclesiæ, 109-114. [26] Benedictus XVI, Discours aux évêques de Suisse (07.11.2006) : L’Osservatore Romano, E.H.L.F. 47 (21.11.2006) p. 44 ; cf. Ratzinger J., Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, pp. 7-20. [27] Missale Romanum, Ordo Lectionum Missæ : Editio Typica altera, Libreria Editrice Vaticana, Città del Vaticano 1981 : Prænotanda, 8. [28] Pontificia Commissio Biblica, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15.04.1993), II, B 2 : Enchiridion Vaticanum 13, EDB, Bologna 1995, p. 1650. [29] Cf. ibidem, III, B 2, pp. 1672-1676. [30] Cf. Benedictus XVI, Ad sacrorum alumnos Seminarii Romani Maioris (19.02.2007) : AAS 99 (2007) 254. [31] S. Ambrosius, De officiis ministrorum, I, 20, 88 : PL 16,50. [32] Benedictus XVI, Litt. Enc. Deus caritas est (25.12.2005), 41 : AAS 98 (2006) 251. [33] Isaac de Stella, Serm. 51 : PL 194, 1862-1863, 1865. [34] Cf. S. Ambrosius, Evang. secundum Lucam 2, 19 : CCL 14,39. [35] Ioannes Paulus II, Epist. Apost. Rosarium Virginis Mariæ (16.10.2002), 1; 3; 18; 30 : AAS 95 (2003) 5; 7; 17; 27. [36] S. Gregorius Magnus, Registrum Epistolarum V, 46, ed. Ewald-Harmann, pp. 345-346. [37] Pontificia Commissio Biblica, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15.04.1993), IV, C 3 : Enrichidion Vaticanum 13, EDB, Bologna 1995, p. 1724. [38] Cf. Catechismus Catholicæ Ecclesiæ, 115-119. [39] Pontificia Commissio Biblica, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15.04.1993), I, F : Enrichidion Vaticanum 13, EDB, Bologna 1995, p. 1630. [40] Cf. Ioannes Paulus II, Discours sur l’interprétation de la Bible dans l’Église (23.04.1993) : L’Osservatore Romano, E.H.L.F. 18 (04.05.1993) p. 7. [41] Missale Romanum, Ordo Lectionum Missæ : Editio typica altera, Libreria Editrice Vaticana, Città del Vaticano 1981 : Prænotanda, 9. [42] Petrus Damascenus, Liber II, vol. III, 159 : La Filocalia, 3, Torino 1985, p. 253. [43] Cf. Congregatio pro Clericis, Directorium generale pro catechesi (15.08.1997), 47-49 : Enrichidion Vaticanum 16, EDB, Bologna 1999, pp. 662-664. [44] Cf. Euchologion Serapionis, 19-20, ed. Johnson M.E., The Prayers of Serapion of Thmuis (Orientalis Christiana Analecta 249), Roma 1995, pp. 70-71. [45] Ioannes Paulus II, Epist. Apost. Dies Domini (31.05.1998), 41 : AAS 90 (1998) 738-739. [46] Waltramus, De Unitate Ecclesiæ conservanda, 13, ed. W. Schenkenbecher, Hannoveræ 1883, p. 33 : « Dominus enim Iesus Christus ipse est, quod prædicat Verbum Dei, ideoque Corpus Christi intelligitur etiam Evangelium Dei, doctrina Dei, Scriptura Dei ». [47] Origenes, In Ps 147 : CCL 78,337. [48] Cf. Benedictus XVI, Adhort. Apost. Post-syn. Sacramentum caritatis (22.02.2007), 44-46 : AAS 99 (2007) 139-141. [49] S. Hieronymus, Commentarius in Ecclesiasten, 313 : CCL 72, 278. [50] Ioannes Paulus II, Litt. Apost. Novo millennio ineunte (06.01.2002), 36 : AAS 93 (2001) 291. [51] Cf. Benedictus XVI, Adhort. Apost. Post-syn. Sacramentum caritatis (22.22.2007), 44-48 : AAS 99 (2007) 139-142. [52] Cf. ibidem, 46: AAS 99 (2007) 141. [53] Pontificia Commissio Biblica, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15.04.1993), IV, C 2 : Enchiridion Vaticanum 13, EDB, Bologna 1995, p. 1718. [54] Cf. Ioannes Paulus II, Adhort. Apost. Post-syn. Pastores dabo vobis (25.03.1992), 47: AAS 84 (1992) 740-742; Benedictus XVI, Rencontre avec les jeunes Romains (06.04.2006): L’Osservatore Romano , E.H.L.F. 15 (11.04.2006) p. 4; Message pour la Journée mondiale de la Jeunesse (22.02.2006): L’Osservatore Romano, E.H.L.F. 9 (28.02.2006) p. 3. [55] Ioannes Paulus II, Litt. Apost. Novo millennio ineunte (06.01.2001), 39 : AAS 93 (2001) 294. [56] Benedictus XVI, Ad Conventum Internationalem La Sacra Scrittura nella vita della Chiesa (16.09.2005) : AAS 97 (2005) 957. [57] Benedictus XVI, Rencontre avec les jeunes Romains (06.04.2006): L’Osservat
ore Romano, E.H.L.F. 15 (11.04.2006) p. 4. [58] Benedictus XVI, Message pour la Journée mondiale de la Jeunesse (22.02.2006): L’Osservatore Romano, E.H.L.F. 9 (28.02.2006) p. 3. [59] Benedictus XVI, Ad Conventum Internationalem La Sacra Scrittura nella vita della Chiesa (16.09.2005) : AAS 97 (2005) 957. Cf. DV 21.25 ; PO 18-19 ; Catechismus Catholicæ Ecclesiæ, 1177; Ioannes Paulus II, Adhort. Apost. Post-syn. Pastores dabo vobis (25.03.1992), 47 : AAS 84 (1992) 740-742 ; Adhort. Apost. Post-syn. Vita consecrata (25.03.1996), 94: AAS 88 (1996) 469-470 ; Litt. Apost. Novo millennio ineunte (06.01.2001), 39-40 : AAS 93 (2001) 293-295; Adhort. Apost. Post-syn, Ecclesia in Oceania (22.11.2001), 38 : AAS 94 (2002) 411 ; Adhort. Apost. Post-syn. Pastores gregis (16.10.2003), 15 : AAS 96 (2004) 846-847. [60] Cf. Ioannes Paulus II, Adhort. Apost. Post-syn. Vita consecrata (25.03.1996), 94 ; AAS 88 (1996) 469-470. [61] Pontificia Commissio Biblica, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15.04.1993), I, E 1 : Enchiridion Vaticanum 13, EDB, Bologna 1995, p. 1622. [62] Benedictus XVI, Litt. Enc. Deus caritas est (25.12.2005), 22 : AAS 98 (2006) 234-235. [63] Benedictus XVI, Litt. Enc. Spe salvi (30.11.2007), 2 : AAS 99 (2007) 986. [64] Cf. Ratzinger J., Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p. 19. [65] Cf. ibidem, p. 261. [66] S. Ambrosius, De officiis ministrorum, I, 20, 88 : PL 16,50. [67] S. Augustinus, Enarrat. in Ps. 85, 7 : CCL 39, 1177. [68] Cf. Origenes, In Genesim homiliæ, 2,6 : SChr 7 bis, 108. [69] Cf. Ioannes Paulus II, Litt. Enc. Redemptoris missio (07.12.1990), 33 : AAS 83 (1991) 277-278. [70] Cf. Ioannes Paulus II, Litt. Apost. Novo millennio ineunte (06.01.2001), 40 : AAS 93 (2001) 294. [71] S. Augustinus, De doctrina christiana, I, 35,39-36,40 : PL 34,34. [72] Cf. Benedictus XVI, Litt. Enc. Deus caritas est (25.12.2005) : AAS 98 (2006) 217-252. [73] Ioannes Paulus II, Litt. Apost. Novo millennio ineunte (06.01.2001), 39 : AAS 93 (2001) 293. [74] Congregatio pro Clericis, Directorium generale pro catechesi (15.08.1997), 94 : Enchiridion Vaticanum 16, EDB, Bologna 1999, pp. 738-740; Ioannes Paulus II, Adhort Apost. Catechesi tradendæ (16.10.1979), 27 : AAS 71 (1979) 1298. [75] Cf. Congregatio de Culto Divino et Disciplina Sacramentorum, Directoire sur la Piété populaire et la Liturgie (09.04.2002), 87-89, Libreria Editrice Vaticana, Cité du Vatican 2002, pp. 81-82. [76] Cf. Congregatio pro Clericis, Directorium generale pro catechesi (15.08.1997), I, 2 : Enchiridion Vaticanum 16, EDB, Bologna 1999, pp. 684-708. [77] Ibidem, 127, p. 794; Ioannes Paulus II, Adhort Apost. Catechesi tradendæ (16.10.1979), 27 : AAS 71 (1979) 1298. [78] Ioannes Paulus II, Const. Apost. Fidei depositum (11.10.1992), IV : AAS 86 (1994) 117. [79] Cf. Ioannes Paulus II, Adhort. Apost. Post-syn. Pastores gregis (16.10.2003), III : AAS 96 (2004) 859-867. [80] Benedictus XVI, Allocutio In inauguratione operum V Cœtus Generalis Episcoporum Americæ Latinæ et Regionis Caraibicæ (13.05.2007), 3 : AAS 99 (2007) 450. [81] Cf. CIC can. 757 ; CCEO can. 608 ; 614. [82] Cf. Missale Romanum, Institutio generalis, 66, editio typica III, Typis Vaticanis 2002, p. 34. [83] Cf. CIC can. 766, CCEO can. 614, § 3 ; 4. [84] Cf. Ioannes Paulus II, Adhort. Apost. Post-syn. Christifideles laici (30.12.1988), 8.14 : AAS 81 (1989) 404-405 ; 409-411 ; CIC can. 204 ; CCEO can. 7,1. [85] Ioannes Paulus II, Adhort. Apost. Post-syn. Christifideles laici (30.12.1988), 14 : AAS 81 (1989) 411. [86] Paulus VI, IVème Congrès national français de l’enseignement religieux (01-03.04.1964) : La Documentation Catholique 1422 (19.04.1964) p. 503. [87] Ioannes Paulus II, Adhort. Apost. Post-syn. Vita consecrata (25.03.1996), 94 : AAS 88 (1996) 469. [88] Cf. S. Ambrosius, Epist. 49, 3 : PL 16, 1154 B. [89] Cf. Benedictus XVI, Allocution à l’occasion de la Journée mondiale de la Vie consacrée (02.02.2008) : L’Osservatore Romano, E.H.L.F. 6 (12.02.2008) 7. [90] Cf. Ioannes Paulus II, Adhort. Apost. Post-syn. Vita consecrata (25.03.1996), 94 : AAS 88 (1996) 469. [91] Ibidem. [92] Cf. CIC can. 825 ; CCEO can. 662 § 1 ; 654. [93] Cf. Congregatio pro Doctrina Fidei, Note doctrinale sur certains aspects de l’évangélisation (03.12.2007) : L’Osservatore Romano, E.H.L.F. 51 (18.12.2007) p. 8. [94] Cf. Benedictus XVI, Message du Saint-Père pour la XXIème Journée mondiale de la Jeunesse (22.02.2006) : L’Osservatore Romano, E.H.L.F. 9 (28.02.2006) p. 3. [95] Congregatio pro Clericis, Directorium generale pro catechesi (15.08.1997), 160 ; Enchiridion Vaticanum 16, EDB, Bologna 1999, p. 844 ; cf. Paulus VI, Adhort. Apost. Evangelii nuntiandi (08.12.1975), 45 : AAS 68 (1976) 35 ; Ioannes Paulus II, Litt. Enc. Redemptoris missio (07.12.1990), 37 : AAS 83 (1991) 284-286 ; CIC can. 761 ; CCEO can. 651 § 1. [96] Cf. Congregatio pro Clericis, Directorium generale pro catechesi (15.08.1997), 161 : Enrichidion Vaticanum 16, EDB, Bologna 1999, p. 846. [97] Cf. Benedictus XVI, Pontificatus exordia: Sermo ad S.R.E. Cardinales ad universumque orbem catholicum (20.04.2005), 5: AAS 97 (2005) 697-698. [98] Benedictus XVI, Allocutio Il mondo attende la testimonianza comune dei cristiani (25.01.2007): L’Osservatore Romano, E.H.L.F. 5 (30.01.2007) p. 3. [99] Cf. Ioannes Paulus II, Allocutio Mogontiaci ad Iudæos habita Veteris Testamenti hæreditas ad pacem et iustitiam fovendas trahit (Mainz, 17.11.1980): AAS 73 (1981) 78-82. [100] Ioannes Paulus II, Ai partecipanti all’incontro di studio su Radici dell’antigiudaismo in ambiente cristiano (31.10.1997), 3: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, 20/2, Libreria Editrice Vaticana, Città del Vaticano 2000, p. 725. [101] Cf. Pontificia Commissio Biblica, Le peuple juif et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne (24.05.2001) : Enchiridion Vaticanum 20, EDB, Bologne 2004, p. 506-834. [102] Ibidem, 2, p. 524 ; cf. Ratzinger J., Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p. 123 et suivantes. [103] Cf. Pontificia Commissio Biblica, Le peuple juif et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne (24.05.2001) 22 : Enchiridion Vaticanum 20, EDB, Bologne 2004, pp. 584-586. [104] Cf. Ioannes Paulus II, Messaggio agli Ebrei polacchi in occasione del 50° Anniversario dell’Insurrezione (06.04.1993): Insegnamenti di Giovanni Paolo II, 16/1, Libreria Editrice Vaticana, Cité du Vatican 1993, p. 830 : «Comme chrétiens et juifs, qui suivent l’exemple de la foi d’Abraham, nous sommes appelés à être une bénédiction pour le monde. Telle la tâche commune qui nous attend. Il nous est donc nécessaire à nous, chrétiens et juifs, d’être d’abord une bénédiction les uns pour les autres». [105] Cf. Congregatio pro Doctrina Fidei, Declaratio Dominus
Jesus (06.08.2000), 20-22: AAS 92 (2000) 761-764. [106] Cf. Congregatio pro Clericis, Directorium generale pro catechesi (15.08.1997), 109: Enchiridion Vaticanum 16, EDB, Bologne 1999, pp. 764-766. [107] Cf. Benedictus XVI, Nuntii ob diem ad Pacem fovendam Dans la vérité, la paix (08.12.2005):AAS 98 (2006) 56-64; La personne humaine, cœur de la paix (08.12.2006) : L’Osservatore Romano, E.H.L.F. 51/52 (19-26.12.2006) pp. 2-3. [108] Benedictus XVI, Allocutio À des représentants de diverses communautés musulmanes (20.08.2005) : L’Osservatore Romano, E.H.L.F. 34 (23.08.2005) p. 9. [109] Ratzinger J., Allocutio Fede e Ragione in occasione dell’incontro su « La Fede e la ricerca di Dio » (Roma, 17.11.1998) : L’Osservatore Romano (19.11.1998) p. 8. [110] Ioannes Paulus II, Adhort. Apost. Catechesi tradendæ (16.10.1979), 53 : AAS 71 (1979) 1320. [111] Benedictus XVI, Allocutio Al Pontificio Consiglio della Cultura (15.06.2007) : L’Osservatore Romano, E.H.L.F. 25 (19.06.2007) p. 5. [112] Paulus VI, Homilia ad Patres conciliares (07.12.1965) : AAS 68 (1966) 57. [113] S. Maximus Confessor, Capitum theologicorum et œconomicorum duæ centuriæ, IV, 39 : MG 90, 1084.
© Copyright 2008 – Secrétairerie Générale du Synode des Évêques et Libreria Editrice Vaticana.
Ce texte peut être reproduit par les Conférences épiscopales, ou avec leur autorisation, à condition que son contenu ne soit pas modifié et que deux exemplaires de la publication soient envoyés à la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques, 00120 Cité du Vatican.