ROME, Jeudi 11 septembre 2008 (ZENIT.org) – Selon le cardinal belge Godfried Danneels, pour comprendre la liturgie la raison ne suffit pas, il faut se servir aussi de son cœur.
Le cardinal Danneels est intervenu au Congrès international de liturgie, qui s’est tenu les 4 et 5 septembre à Barcelone pour célébrer les 50 ans du Centre de pastorale liturgique de l’archidiocèse catalan (www.cpl.es).
Pour le président de la Conférence épiscopale de Belgique, la liturgie est un mystère, donc tout ne demande pas à être compris, car elle n’a pas besoin d’une compréhension « purement cognitive », mais il s’agit de « comprendre avec le cœur ».
Après avoir relevé que « le renouvellement liturgique a apporté un changement important dans le rapport entre Eglise et civilisation, Eglise et monde, Eglise et culture », il a rappelé que la culture liturgique, avant le Concile Vatican II, était caractérisée par une distance entre le prêtre et le peuple, exemplifié par la « disposition matérielle de l’espace » mais surtout par « l’usage du latin ».
« La participation active est un don du Concile à l’Eglise », a souligné l’archevêque de Malines-Bruxelles, mais « comme l’ombre que fait un rayon de soleil, on peut assister à une sorte d’appropriation de la liturgie par la communauté locale ou le célébrant ».
« Enlever à la liturgie son caractère intouchable est positif, mais cela ne veut pas dire qu’elle devient la propriété d’une communauté locale ou d’un prêtre à lui tout seul », a expliqué le cardinal.
« Le sujet de la liturgie est le Christ et non la communauté des célébrants. Ce qu’il faut donc, ce n’est pas mettre en pratique certaines dispositions, mais tout un processus d’éducation pour que les croyants apprennent à entrer dans le mystère qui les dépasse : une action de Dieu en leur faveur avant d’être une action de l’homme en faveur de Dieu ».
Citant l’exemple de la célébration de l’Eucharistie, le cardinal Danneels a souligné : « Nous ne sommes pas des créateurs, mais des gardiens et des serviteurs des mystères qui nous sont donnés ; qui dérivent d’une autre réalité et qui existaient déjà avant nous ».
Il a reconnu que « cultiver une attitude liturgique authentique est particulièrement difficile à une époque de transformations et de ‘déconstructions’ d’inspiration technique », comme celle que nous vivons aujourd’hui.
Constatant que la dimension contemplative n’est plus évidente chez nos contemporains, il suggère de « l’apprendre ».
« Le Concile a eu le mérite de rendre la liturgie plus compréhensible, grâce en particulier à l’utilisation de la langue vulgaire », a-t-il ajouté.
Comprendre ce que l’on fait est une « exigence fondamentale de la célébration », car « l’incompréhensibilité de la liturgie, avant le Concile, n’était pas seulement une conséquence de la langue utilisée dans les célébrations ».
Tout ne peut être traduit et compris, a précisé le cardinal Danneels : « il y a des termes qui appartiennent à la ‘langue maternelle’ du chrétien et qui ne peuvent être traduits, comme les mots ‘résurrection’, ‘eucharistie’, ‘miséricorde’, ‘péché’ ».
« On prétend que, dans notre culture, certaines images bibliques ne sont plus compréhensibles : il n’y a plus ni pasteurs ni troupeaux pour l’homme de la ville d’aujourd’hui. Mais de telles affirmations doivent être sérieusement remises en question. N’importe quelle poésie utilise des mots et des images qui n’existent pas dans la vie quotidienne. Il n’est pas nécessaire d’avoir vu un ange pour savoir de quoi il s’agit », a-t-il ajouté.
C’est pourquoi, « l’élimination ou l’abréviation n’est pas une bonne réponse. Un processus éducatif lent et patient de formation biblique et liturgique est vraiment plus opportun ».
Miriam Díez i Bosch