ROME, Lundi 10 mai 2010 (ZENIT.org) – L’injustice sociale, perçue par de larges couches de la population, et la corruption, sont les deux grands facteurs à la base de la crise politique et sociale qui afflige la Thaïlande, affirme Mgr Louis Chamniern Santisukniram, archevêque de Thare et Nonseng et président de la conférence épiscopale du pays.
« Les désordres de ces dernières semaines ont leurs racines dans des problèmes de justice sociale : Une partie de la population se plaint d’inégalités et de disparités, et de nombreux citoyens estiment ne pas avoir le même traitement, les mêmes droits, les mêmes opportunités, le même niveau de vie et de bien-être que d’autres. Il y a par ailleurs, en amont, le problème de la corruption », explique l’archevêque à l’agence Fides.
« Comme dans divers pays d’Asie, c’est un sérieux problème en Thaïlande, qui ramène au premier plan le besoin urgent de moralité, de transparence, d’éthique, de responsabilité des chefs politiques et de tous ceux qui gouvernent la communauté civile », ajoute-t-il.
L’Eglise et une grande partie de la population soutiennent la « feuille de route » en cinq points dessinée par le gouvernement et soumise aux chefs de l’opposition : ne pas transformer la monarchie en une arme dans la lutte politique ; lancer des réformes pour atténuer les inégalités ; ne pas envenimer le conflit social et politique à travers les médias ; créer une commission indépendante d’enquête sur les violences de ces semaines (27 morts et 900 blessés) ; entreprendre un sérieux chemin de pacification nationale.
Tous espèrent que ces points représenteront un chemin pour mettre fin à la crise qui tenaille le pays depuis trop longtemps. L’annonce jeudi, par le premier ministre Abhisit, de dissoudre le parlement en septembre et de convoquer de nouvelles élections le 14 novembre 2010 fait partie de cette « feuille de route ».
Selon Mgr Chamniern, « la situation politique est délicate et compliquée. La Thaïlande est un pays qui a son histoire, sa modalité, son parcours de démocratie ».
Je crois, a-t-il dit, que « la feuille de route fonctionnerait vraiment si elle avait été le résultat d’un accord préalable avec l’opposition ».
« En politique il est important d’agir à l’enseigne du dialogue, de la coopération, du compromis avec les autres parties », poursuit-il. « Nous continuons à espérer en un accord, à prier pour qu’il n’y ait pas de violence, pour que le pays retrouve son chemin vers la démocratie et la stabilité ».
« Dans la crise actuelle, la politique n’a pas demandé l’aide des communautés religieuses », affirme Mgr Chamniern.
« En tant qu’Eglise, nous avons cependant cherché avec les autres communautés religieuses – notamment lors d’une récente rencontre publique – à apporter notre soutien par la prière, en appelant au dialogue, en éduquant au droit et à la justice sociale, à la moralité dans l’action sociale et politique », précise-t-il, soulignant que pour les prochains mois, il avait invité les fidèles catholiques engagés directement dans les administrations civiles et locales, à un parcours de formation sur la doctrine sociale de l’Eglise.
L’Eglise thaïlandaise, conclut le président de la conférence épiscopale du pays, « poursuivra sur la ligne de la prière, du dialogue avec les composantes religieuses et civiles de la société, de la formation des consciences ».