ROME, Mercredi 19 mai 2010 (ZENIT.org) – « Quand des personnes ont fait tant de route – parfois arrivant de l’étranger – pour vénérer le Linceul, comment les renvoyer ? ». C’est la question que se pose Carlo Stroppiana, responsable des bénévoles pour l’ostension 2010.
A quelques jours de la conclusion de l’événement, l’accès au Dôme a été prolongé pour les pèlerins – du 18 au 22 mai – de 20h à 22h30. Les services ont aussi augmenté pour les volontaires, mais personne ne s’en plaint.
Les « fratini viola » (petits frères violets), la couleur de la tenue qui les distingue, s’occupent des entrées, contrôlent les flux, répondent aux questions, organisent l’accès pour les personnes handicapées, alternent les lectures devant le Saint Suaire et invitent avec gentillesse et fermeté les pèlerins à sortir du Dôme pour laisser la place à ceux qui sont derrières.
« Nous dépassons toutes les limites de capacité – ajoute C. Stroppiana – et cela diminue malheureusement le temps passé devant le Linceul. Nous devons insister sur le respect du temps pour que le flux de personnes soit constant et que tous aient la possibilité de s’arrêter pour un moment de recueillement ».
« Cela nous ennuie aussi – affirme Cesina Tarizzo, une des volontaires qui a rendu service pour la lecture devant le Linceul – de demander aux personnes de laisser la place aux autres groupes, surtout quand on sait qu’ils arrivent de loin, que l’attente pour entrer a été longue, souvent avec du mauvais temps. On voit qu’ils se séparent difficilement de la balustrade : ils ont tant de choses dans le cœur à déposer devant le Linceul ».
Cesina Tarizzo est l’une des quelque 4000 volontaires « au service » de cette Ostension. « Les visiteurs ont entre 18 et 84 ans ; environ 40 % a plus de 60 ans mais il y aussi des classes de lycéens. La majorité est constituée de femmes », ajoute C. Stroppiana.
« Le service des volontaires a été précédé de certaines rencontres de formation avec des explications historiques et scientifiques concernant le Linceul, des recommandations sur l’accueil » et aussi, ajoute C. Stroppiana, « sur la manière de contourner les questions des journalistes ».
Après les ostensions de 1998 et 2000, plus de 50 % des volontaires sont revenus pour rendre service. « Le Saint-Père, raconte C. Stroppiana, a annoncé l’Ostension en juin 2008 et en septembre, malgré la période estivale, nous avions déjà reçu 1000 candidatures. Dans les fiches d’adhésion, nous avions demandé de préciser si les personnes avaient déjà rendu service comme « fratino viola » et 53 à 58% des personnes ont répondu ‘oui’. C’est le signe que l’expérience avait été forte ».
Le Linceul, selon C. Stroppiana « interroge, appelle à une rencontre personnelle et cela vaut aussi pour les volontaires. Nous demandons un service de 4 heures au moins 6 fois : certains le font 30 fois. Souvent, ils s’arrêtent ensuite dans le dôme où Quelqu’un les appelle à une rencontre ».
« Avec toutes les souffrances qu’il peut y avoir dans notre vie – affirme C. Tarizzo, qui a déjà été volontaire lors des deux dernières ostensions – lever le regard vers l’homme torturé du Saint Suaire redonne espérance dans la vie éternelle. C’est ce que j’ai lu dans le regard de certaines mamans qui poussaient leur enfant handicapé devant la châsse : plus que de demander des miracles, elles unissent leur douleur à celle exprimée dans le mystère du Linceul pour demander le courage d’y faire face et aller de l’avant. Beaucoup de larmes et de douleur, mais aussi beaucoup d’espérance ».
Alberto Ansaldi, retraité depuis un an et demi, en est à sa première expérience comme volontaire. « Je me suis occupé du service d’ordre – raconte-t-il – invitant les personnes à se diriger sur le parcours, en demandant le silence, en les aidant à aller vite dans les endroits où l’on ne peut pas s’arrêter ».
« Le nombre important de visiteurs m’a touché – ajoute-t-il – alors que l’Eglise vit des moments difficiles à cause des scandales de pédophilie. Des gens du monde entier ont été capables d’aller ‘au-delà’ et de venir ici à Turin avec bien plus d’attention et de dévotion que de curiosité ».
Les relations avec les autres volontaires sont aussi importantes. « Connaître les personnes qui rendent service permet d’approfondir en vérité ce qu’elles sont ».
« Beaucoup de volontaires – raconte C. Stroppiana – en venant me dire au revoir parce qu’ils ont terminé leur service ont demandé à garder contact, déçus de voir cette expérience se terminer. Nous avons déjà un premier rendez-vous : lundi 24 mai, l’archevêque de Turin, le cardinal Severino Poletto, nous a demandé de nous retrouver sur la place de l’église pour nous remercier et nous saluer. Ce sera un moment de joie vécu tous ensemble et puis… rendez-vous à la prochaine Ostension ! ».
Chiara Santomiero