L’urgence, pour Benoît XVI, c’est l’éducation

Discours aux évêques italiens

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ROME, Mardi 27 mai 2010 (ZENIT.org) – L’urgence, pour Benoît XVI, c’est l’éducation : le pape l’a redit ce matin aux évêques italiens au terme de l’assemblée qui a mis au point, au Vatican, leur programme pastoral pour la décennie 2010-2020. Le pape les encourage à la confiance à et à être « passionnés » par leur mission d’éducation.

C’est une question pour laquelle le pape lui-même se passionne, et il a écrit une lettre à son diocèse, le 21 janvier 2008, « sur le devoir urgent de la formation des nouvelles générations ». Son discours était spécialement long.

Les freins à l’éducation

Le pape, qui est aussi membre de leur assemblée comme évêque de Rome, leur a dit sa confiance : « Le pape sait qu’il peut toujours compter sur les évêques italiens ».

L’urgence de l’éducation se situe dans un contexte où règne tout d’abord un « faux concept » d’autonomie. Ainsi, l’éducation « anti-autorité » n’est pas une éducation, mais un renoncement à éduquer. Le pape rappelle que la personne devient elle-même en apprenant d’un autre, dans la rencontre avec l’autre.

Le pape diagnostique également le « scepticisme » et le « relativisme » ambiants et une opposition établie entre « nature » et « Révélation ». Mais le pape encourage au contraire à retrouver le sens de la « nature » comme « création de Dieu » qui nous parle.

Ne pas se résigner

Une fois ces difficultés identifiées, le pape a invité les évêques à ne pas « céder au manque de confiance et à la résignation ». Il constate qu’éduquer « n’a jamais été facile » et qu’il ne faut pas « se rendre » et fait observer que cela reviendrait à « manquer à la mission que le Seigneur lui-même nous a confiée en nous appelant à paître son troupeau avec amour ».

« Réveillons plutôt dans nos communautés cette passion de l’éducation qui ne se réduit pas à une didactique, à un ensemble de techniques, et encore moins à la transmission de principes arides. Eduquer, c’est former les nouvelles générations de façon à ce qu’elles sachent entrer en relation avec le monde, fortes d’une mémoire significative, d’un patrimoine intérieur partagé, de la vraie sagesse, qui, en reconnaissant la fin transcendante de la vie, oriente la pensée, les affections, le jugement ».

Loin d’être imposée de l’extérieur, une telle éducation répond, explique le pape à la « soif que les jeunes portent dans leur cœur », à leur questionnement sur le « sens » de la vie et le besoin de « relations humaines authentiques qui aident à ne pas se sentir seuls devant les défis de la vie ». C’est aussi « le désir d’un avenir, rendu moins incertain par une compagnie sûre et fiable, qui s’approche de chacun avec délicatesse et respect, en proposant des valeurs solides, à partir desquelles grandir en direction d’objectifs élevés, mais atteignables ».

Dieu, ami de l’homme

Pour Benoît XVI la réponse, c’est « l’annonce du Dieu ami de l’homme qui, en Jésus s’est fait proche de chacun » et « on ne peut renoncer à la transmission de la foi dans la formation intégrale de la personne, parce qu’en Jésus Christ se réalise le projet d’une vie réussie ».

Ce que le pape résume par cette formule : « La rencontre personnelle avec Jésus est la clef pour avoir l’intuition de l’importance de Dieu dans l’existence quotidienne, le secret pour la dépenser dans la charité fraternelle, la condition pour se relever toujours des chutes et avancer en se convertissant constamment ».

« La tâche éducative que vous avez assumée comme une priorité, a ajouté Benoît XVI, met en valeur les signes et les traditions dont l’Italie est riche. Il a besoin de lieux crédibles : avant tout la famille, avec son rôle particulier et incontournable ; l’école, horizon commun au-delà des options idéologiques ; la paroisse, « fontaine du village », lieu et expérience qui initie à la foi dans le tissu des relations quotidiennes.

Mais le pape rappelle l’essentiel : « Dans chacun de ces milieux, ce qui est décisif, c’est la qualité du témoignage, voie privilégiée de la mission ecclésiale . L’accueil de la proposition chrétienne passe, en effet, par les relations de proximité, de loyauté, de confiance. A une époque où la grande tradition du passé risque de rester lettre morte, nous sommes appelés à être proches de chacun, avec une disponibilité toujours nouvelle, en l’accompagnant sur le chemin de la découverte et de l’assimilation personnelle de la vérité ».

Les fruits de l’Année sacerdotale

Le pape a aussi évoqué les contre-témoignages et les fruits attendus de l’Année sacerdotale: « La volonté de promouvoir une nouvelle saison d’évangélisation ne cache pas les blessures qui marquent la communauté ecclésiale, du fait de la faiblesse, et du péché de certains de ses membres. Admettre cela humblement et douloureusement ne doit cependant pas faire oublier le service gratuit et passionné de tant de croyants, en premier des prêtres ».

« L’année spéciale qui leur a été dédiée a voulu constituer, a rappelé le pape, une occasion de promouvoir leur renouveau intérieur, condition d’un engagement évangélique et ministériel plus incisif. En même temps, elle nous aide aussi à reconnaître le témoignage de sainteté de ceux qui, à l’exemple du curé d’Ars, se dépensent dans compter pour éduquer à l’espérance, à la foi et à la charité. Dans cette lumière, ce qui est motif de scandale doit se traduire pour nous par un rappel du « profond besoin de ré-apprendre la pénitence, d’accepter la purification, d’apprendre d’un côté le pardon, de l’autre la nécessité de la justice » (Lettre d’indiction de l’Année Sacerdotale, 16 juin 2009) ».

Avoir confiance dans les jeunes

Le pape a exhorté les évêques à garder « confiance dans les jeunes », à « aller à leur rencontre », à « fréquenter leur lieux de vie », y compris les nouvelles technologies de communication « qui désormais imprègnent la culture dans toutes ses expressions ».

Le pape avertit en même temps qu’il ne s’agit pas « d’adapter l’Evangile au monde », mais de « puiser dans l’Evangile cette nouveauté permanente qui permet à toute époque de trouver des formes adaptées à l’annonce de la Parole qui ne passe pas, en fécondant et en servant l’existence humaine ».

Il faut, exhorte le pape, « proposer aux jeunes la mesure élevée et transcendante de la vie, entendue comme une vocation – vocation à la vie consacrée, au sacerdoce, au mariage – pour qu’ils sachent répondre avec générosité à l’appel du Seigneur ».

« La frontière éducative constitue le lieu d’une ample convergence : la formation des nouvelles générations ne peut pas en effet ne pas être à cœur à tous les hommes de bonne volonté, et elle interpelle la capacité de la société tout entière d’assurer des références fiables pour le développement harmonieux des personnes ».

La crise est aussi culturelle et spirituelle

A propos de la crise actuelle, le pape a souligné qu’elle n’était pas seulement économique mais aussi « culturelle et spirituelle » : ce serait « illusoire » de « combattre l’une en oubliant l’autre ».

Pour combattre le chômage en Italie, le pape a lancé un appel aux « responsables de la chose publique, et aux entrepreneurs pour qu’ils fassent tout leur possible pour amortir les effets de la crise de l’emploi », et il les a exhortés à « réfléchir aux présupposés d’une vie bonne et significative, qui sont le fondement de cette autorité qui seule peut éduquer ».< /p>

Le pape a rappelé que l’Eglise est préoccupée par le « bien commun », ce qui signifie «  partager les ressources économiques et intellectuelles, morales et spirituelles, en apprenant à affronter ensemble, dans un contexte de réciprocité, les problèmes et les défis du pays ».

Et de conclure avant de prier la Vierge Marie : « Appelé par grâce à être le Pasteur de l’Eglise universelle, et de la splendide Ville de Rome, je porte constamment en moi vos préoccupations et vos attentes, que dernièrement j’ai déposées – avec celles de toute l’humanité – aux pieds de la Vierge de Fatima ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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