Benoît XVI demande une justice « au niveau universel »

Mater et Magistra : Des critères utiles aujourd’hui encore

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ROME, Lundi 16 mai 2011 (ZENIT.org) – Benoît XVI demande une justice « au niveau universel » et dit stop aux spéculations et la distribution injuste des ressources, dans son discours aux participants au congrès sur les 50 ans de l’encyclique de Jean XXIII « Mater et Magistra », publiée en 1961, soit 70 ans après la première encyclique sociale d’un pape, « Rerum Novarum », de Léon XIII.

Ce congrès mondial est organisé par le Conseil pontifical justice et paix sur trois jours (cf. Zenit du 12 mai 2011).

Destination universelle des biens

Benoît XVI diagnostique l’urgence de surmonter les inégalités qui frappent l’humanité, et appelle à réaliser la justice « au niveau universel ». Citant le bienheureux Jean XXIII, il affirme que « la doctrine sociale de l’Eglise a pour lumière la Vérité, comme force de propulsion l’Amour, et comme objectif la Justice ».

« La vérité, l’amour, la justice indiqués par Mater et Magistra, avec le principe de la destination universelle des biens, comme les critères fondamentaux pour surmonter les déséquilibres sociaux et culturels, demeurent, a affirmé le pape, les piliers pour interpréter et trouver une solution aussi aux déséquilibres intérieurs de la mondialisation d’aujourd’hui ».

Face à ces déséquilibres, le pape recommande de revenir à « une raison intégrale » ouverte au Transcendant, qui fasse renaître « une pensée morale qui dépasse le cadre des éthiques séculaires, comme les éthiques néo-utilitaristes et néo-contractuelles, qui se fondent sur un scepticisme substantiel, et sur une vision principalement immanentiste de l’histoire ». C’est cela qui rend difficile l’accès à la « connaissance du vrai bien humain ».

« Sans la connaissance du vrai bien humain, fait observer le pape, la charité tombe dans le sentimentalisme ; la justice perd sa ‘mesure’ fondamentale ; le principe de la destination universelle des biens est délégitimé ».

Benoît XVI dit sa préoccupation face aux disparités qui caractérisent notre époque, au détriment des plus pauvres: « Les phénomènes liés à une finance qui, après la phase la plus aiguë de la crise, a recommencé à pratiquer avec frénésie des contrats de crédits qui souvent permettent une spéculation sans limites ».

La question sociale est mondiale

« Des phénomènes de spéculation nuisibles se produisent aussi en lien avec les ressources alimentaires, l’eau, la terre, finissant par appauvrir encore davantage ceux qui vivent déjà dans des situations de grave précarité, a déploré le pape. De façon analogue, l’augmentation des prix des ressources énergétiques de base, avec la recherche d’énergies alternatives guidée parfois par des intérêts exclusivement économiques à court terme, finissent par avoir des conséquences négatives sur l’environnement, et sur l’homme lui-même ».

Benoît XVI insiste sur le fait que la question sociale est aujourd’hui « mondiale » et que ce qui est en jeu c’est la « distribution équitable des ressources matérielles et immatérielles, de mondialisation de la démocratie substantielle, sociale et participative ».

Une telle justice n’est cependant pas possible, fait observer Benoît XVI, si l’on s’appuie sur le « simple consensus social », car pour qu’il soit « durable » il faut aussi qu’il soit « enraciné dans le bien humain universel ».

Le pape montre le lien entre justice et politique : pour réaliser la justice sociale dans la société civile, dans l’économie de marché (cf. Caritas in veritate, n. 35), il faut en outre « une autorité politique honnête et transparente » et proportionnée, y compris « au niveau mondial » (ibid. n. 67).

Des laïcs bien préparés

Pour ce qui est de la responsabilité sociale de l’Eglise, le pape rappelle que les laïcs sont appelés à « être préparés spirituellement, professionnellement et éthiquement » : à ce propos, Mater et Magistra évoque un « légitime pluralisme entre catholiques dans la concrétisation de la doctrine sociale ».

Jean XXIII écrivait : « Des divergences de vue peuvent surgir, même entre catholiques droits et sincères. Lorsque cela se produit, que jamais ne fassent défaut la considération réciproque, le respect mutuel et la bonne volonté qui recherche les points de contact en vue d’une action opportune et efficace ; que l’on ne s’épuise pas en discussions interminables ; et sous le prétexte du mieux, que l’on ne néglige pas le bien qui peut et doit être fait » (n. 219).

Benoît XVI encourage les très nombreuses réalités de l’Eglise engagées dans le domaine social, au cœur d’un monde souvent « replié sur lui-même », et « dépourvu d’espérance » : il invite à y apporter le « témoignage de la vie bonne, selon l’Evangile », marquée par la logique de l’amour et de la fraternité.

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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