Israël : un médecin chrétien au Comité national d'éthique

Litinéraire atypique du Dr Lepicard

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Un médecin d’origine française, le Dr Etienne Lepicard, est nommé membre du Conseil national de bioéthique de l’Etat d’Israël, annonce le Patriarcat latin de Jérusalem.

Etienne Le picard est membre de la « kehilla » – la communauté catholique de langue hébraïque – de Jérusalem et directeur de la « Beit HaGat » (« La Maison du pressoir ») à Ein Karem : une école de la paix interreligieuse.

Il confie au site du « Vicariat des catholiques hébréophones en Israël », sous le patronage de saint Jacques,  qu’il a reçu, le 5 février, une lettre de nomination pour siéger au Conseil national de bioéthique.

Il y confie notamment que cette nomination signifie « représenter la voix chrétienne dans le discours bioéthique en Israël » : « Pour moi, dit-il, ce sera l’occasion de mieux connaître cette voix en Israël dans toute sa diversité de courants. Cela pourrait également être l’occasion pour nous chrétiens, de prendre part à la formation de la vie sociale et culturelle au sein d’Israël d’aujourd’hui ».

Il raconte son parcours atypique et comment est né ce Comité en Israël. Il explique que « comme dans de nombreux autres pays dans le monde, un conseil national de bioéthique existe en Israël depuis un certain nombre d’années » et qu’il « s’agit d’un organisme gouvernemental qui a été créé dans le but de préconiser une politique aux décideurs en ce qui concerne les questions éthiques soulevées par les progrès de la recherche en biologie, biotechnologie, médecine, génétique et tout ce que cela implique au niveau social et juridique ».

« En Israël, ajoute le Dr Lepicard, c’est le professeur Michel Ravel de l’Institut Weimann qui a encouragé la question jusqu’à la création du Conseil par une décision du gouvernement en 2001. Le Conseil a commencé ses délibérations en 2004. Jusqu’à présent, il était composé de 17 membres, nommés conjointement par le Ministère de la Science et de la Technologie et le Ministère de la Santé. Certains de ces membres sont des professionnels dans les domaines de la médecine, de la biologie, de la génétique, du droit, de la philosophie, de la religion, de l’éducation et certains d’entre eux représentent des ministères du gouvernement : la justice, la science, la santé, l’agriculture, l’environnement, le travail et la protection. Le premier Conseil a été présidé par le Professeur Ravel entre 2004 et 2010. Afin de découvrir ses travaux, il est possible de visiter le site du conseil ici ».

Il raconte comme il a été amené à collaborer avec cette instance : « En 2012, un deuxième Conseil a été nommé sous la direction conjointe du Professeur Efrat Levi Lahad et du Professeur Rabbi Abraham Steinberg. L’une des premières décisions de ce Conseil a été d’en augmenter le nombre de membres, afin que davantage de professionnels de l’éthique en fassent partie, ainsi que des représentants des autres religions, à savoir l’islam et le christianisme. C’est ainsi qu’ils m’ont contacté ».

Il précise ce que cela signifie pour lui : « Pour moi, c’est comme boucler la boucle. J’ai étudié la médecine en France au moment où le Conseil consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et la santé a été institué par le président Mitterrand en 1983. J’avais choisi d’écrire mon mémoire de fin d’études sur des thèmes liés à ce domaine comme « réflexions d’un médecin chrétien sur les sources juives ». Je suis arrivé en Israël en 1986 et l’une des premières choses que j’ai faites après avoir étudié l’hébreu, a été de traduire un article, qui m’avait paru fondamental : le travail d’un neurologue pour enfants – Rabbi Abraham Steinberg, aujourd’hui l’un des deux présidents du nouveau Conseil ».

Il rendu hommage au Père Dubois, o.p. pour son soutien : « Un rapprochement non moins important réalisé à cette époque fut avec le Professeur Père Marcel Dubois, prêtre dominicain de la maison d’Isaïe, qui était professeur de philosophie à l’Université hébraïque. Il m’avait fortement encouragé à mettre au centre de ma vie mes recherches d’éthiques médicales. Le Père Marcel m’a aidé quand j’ai été invité à être assistant de l’enseignant du Professeur Shmuel Kottek sur l’histoire de la médecine ».

C’est ce qui a orienté ses études ultérieures : « A cette époque, j’avais commencé mes études pour un doctorat en histoire de la philosophie des sciences sur le campus du Mont Scopus de l’Université hébraïque. Pour ma thèse de doctorat, j’ai réalisé des recherches sur un autre versant du judaïsme et du christianisme, par rapport à ma première recherche. J’ai analysé dans quelle mesure l’enseignement catholique était présent dans la formation de la pensée d’un médecin catholique, lauréat du prix Nobel de médecine, pensée dont les opinions sont aujourd’hui identifiées aux théories nazies médico-raciales. J’ai été obligé de revoir mes propres jugements ».

« Lorsque j’ai été accepté en tant que maître de conférences en histoire et éthique médicale à la Faculté de médecine de l’Université de Tel Aviv en 2001, raconte le Dr Lepicard, j’ai eu le sentiment que le Père Marcel avait eu raison. J’ai été accepté parce que la faculté a décidé de procéder à un changement radical dans le programme de cours pour les étudiants en médecine, et de consacrer un temps d’apprentissage important en sciences humaines et en sciences sociales au cours de ces études. Cela signifiait que ma quête était non seulement individuelle, mais se situait également dans un contexte plus large ». 

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ZENIT Staff

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