ROME, lundi 5 décembre 2011 (ZENIT.org) – Le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux appelle de ses voeux “une solution rapide du Moyen Orient” et il souligne la responsabilité des chrétiens vis-à-vis de ceux du Moyen Orient. Il propose à la fois aux chrétiens, aux juifs et aux musulmans quatre règles de vie pour « un avenir beaucoup plus serein”.
Le cardinal français est intervenu au cours d’un colloque, organisé les jeudi 1er et vendredi 2 décembre à Rome par l’Institut français (cf. Zenit du 30 novembre 2011). On trouvera le texte intégral ci-dessous dans les “Documents”.
Evoquant la situation des chrétiens du Moyen Orient, le cardinal Tauran souligne la responsabilité de tous les chrétiens: “II faut les visiter, soutenir leurs institutions et travailler à la cause du rétablissement de la justice et de la paix pour qu’advienne une solution rapide du Moyen Orient.
Il propose quatre attitudes clefs pour lutter contre les tensions et spécialement de “sensibiliser éducateurs et législateurs à l’opportunité de proposer à ces peuples qui vivent depuis toujours ensemble des règles de conduite telles que:
“- le respect des personnes qui cherchent à scruter l’énigme de la condition humaine à la lumière de leur religion;
“- le sens critique qui permet de choisir la vie ou la mort, le vrai ou le faux;
“- le souci de la liberté qui suppose une conscience droite, une foi éclairée ;
“- l’acceptation de la pluralité qui nous incite à nous considérer différents, mais égaux en dignité, en refusant toutes les formes d’exclusion, en particulier celles invoquant une religion ou une conviction.”
“Si nous pouvions dire tout cela ensemble, il est sûr que nous aurions devant nous un avenir beaucoup plus serein”, affirme le cardinal Tauran.
Mais qui sont les “Chrétiens du Moyen Orient” dont l’exode est inquiétant pour l’avenir de la région ? “Au sens large, répond le cardinal Tauran, ce sont tous les catholiques non-latins, les orthodoxes et les protestants du Proche et du Moyen Orient. On y inclut aussi les minorités d’Iran, d’Arménie, de Turquie, d’Inde, du Pakistan, d’Indonésie et d’Ethiopie. Les chrétiens d’Orient ne connaissent pas une organisation centralisée comme le christianisme occidental (je pense au catholicisme romain). La place de la culture, de la langue, la multiplicité des dénominations et des pratiques en font une mosaïque. Je ne vais pas parler de tous ces chrétiens, mais je voudrais limiter mon propos aux chrétiens du Moyen Orient pour des raisons évidentes : ce sont ceux qui nous sont le plus proches, en particulier ceux qui vivent en Terre Sainte, descendants de la première Eglise de Jérusalem.”
Le cardinal Tauran constate que “le Moyen Orient est massivement musulman” et que les chrétiens “sont minoritaires et tendent à diminuer”: “Ils ne sont pas des convertis de l’islam. Ils sont, comme je le disais plus haut, les descendants de la première Eglise de Jérusalem, leurs ancêtres ont été les témoins vivants des événements du salut.”
Il évoque leurs rapports avec l’islam et avec le judaïsme: “Littéralement, ils entourent les Lieux saints de leur présence et leur donnent vie par leur prière et leur amour, empêchant qu’ils deviennent de simples musées. Mais ils ont une histoire, une langue et une culture communes avec les musulmans au milieu desquels ils vivent depuis des siècles. C’est pourquoi les relations entre les deux communautés sont traditionnellement bonnes au niveau du dialogue de la vie. Evidemment, ils ont aussi des rapports séculaires avec les communautes juives d’autant plus qu’avec les Juifs, les chrétiens sont spirituellement unis dans la lignée d’Abraham et reconnaissent les prémices de leur foi dans le Premier Testament.”
Mais en tant que minorité, les chrétiens d’Orient “se sentent toujours considérés comme des citoyens de seconde catégorie”, fait observer le cardinal Tauran.
Mais il ajoute cette autre observation, théologique, qui invite à la rencontre de l’autre: “Si nous prenons en considération le christianisme, l’islam et le judaïsme, on peut relever que ces trois monothéismes favorisent une pédagogie de la rencontre. Certes nous sommes différents et nous devons nous accepter comme tels. Mais nous pouvons mettre à la disposition de la société des valeurs communes qui nous inspirent: respect de la vie, sens de la fraternité, dimension religieuse de l’existence.”
ASB
–