Anne Kurian
ROME, vendredi 8 juin 2012 (ZENIT.org) – « L’ecclésiologie de communion », mise en lumière par le Concile Vatican II, est la « réalisation concrète de l’Eglise », affirme le cardinal Ouellet : elle a « revitalisé » l’Eglise, et développé ses ouvertures « missionnaires et œcuméniques ».
Le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, est intervenu au cours du Symposium international de théologie, en Irlande, à Maynooth, le 7 juin 2012, sur le thème « l’ecclésiologie de communion, 50 ans après l’ouverture du Concile Vatican II ».
Le symposium a eu lieu dans le cadre du Congrès eucharistique international qui s’ouvrira à Dublin le 10 juin prochain, et dont le cardinal Ouellet est l’envoyé spécial de Benoît XVI. Il a acceilli le congrès eucharistique international précédent, alors en tant qu’archevêque de Québec.
Le cardinal met en évidence la signification profonde de cette ecclésiologie de communion, toujours « en développement », rappelant qu’elle est le fruit de la « réflexion fondamentale » du Concile Vatican II, sur l’être et la mission de l’Eglise.
L’ecclésiologie de communion, explique-t-il, se décline à première vue dans la « dimension sociale » de l’Eglise, « Peuple de Dieu » dont les structures de participation sont fondées sur le « sacerdoce commun des fidèles ».
Mais il faut aller plus loin que cette dimension « visible » de l’Eglise, et la voir enracinée dans la réalité « invisible » de la Trinité communion, ajoute-t-il : c’est le fondement sacramentel de l’ecclésiologie de communion, fondement vécu dans le baptême et l’eucharistie, qui « incorporent au Christ ».
Réalisation concrète de l’Eglise
Il apparaît de plus en plus clairement, souligne le cardinal, que l’ecclésiologie de communion est la « réalisation concrète de l’Eglise » : elle est « sacrement du salut », c’est-à-dire « participation de la communion ecclésiale dans la communion de la Trinité », donnée au monde par Jésus : “Dieu est amour, celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui” (1 Jean 4,16).
De même que la « puissance d’évangélisation » des premiers chrétiens résidait dans leur témoignage d’amour mutuel, qui attirait et convertissait les païens, de même l’Eglise est un sacrement, « signe et instrument de l’union à Dieu et de l’unité du genre humain ».
Comme « signe », précise-t-il, elle est « porteuse d’une mystérieuse réalité divine qu’aucune image ou analogie de ce monde ne pourra exprimer parfaitement ». Comme « instrument », elle « travaille efficacement pour le salut du monde par son union avec le Christ, qui l’associe à son unique sacerdoce comme son Corps et son Epouse ».
L’ecclésiologie de communion, constate-t-il, a « revitalisé l’Eglise de l’intérieur » mais a aussi « multiplié ses ouvertures missionnaires et œcuméniques ». D’ailleurs, rappelle-t-il, l’ecclésiologie de communion tire son inspiration de « l’ecclésiologie eucharistique » des orthodoxes, ce qui lui donne une « portée œcuménique ».
Ainsi, déclare le cardinal, « l’avenir de la mission de l’Eglise passe par son témoignage d’unité et son dialogue avec toute l’humanité, au nom de la communion trinitaire ». Par conséquent, sa mission sacramentelle est « plus qu’une référence à la Trinité comme un idéal ou un modèle », elle signifie une « communion » qui est « authentique participation au témoignage de la Trinité dans l’histoire ».
Différentes déclinaisons
Durant les 50 dernières années, poursuit le cardinal, l’ecclésiologie de communion s’est étendue à d’autres thèmes, tels que « l’Eglise domestique » (« Ecclesia domestica ») qu’est la famille, fondée sur le sacrement du mariage, ou encore « l’Eglise de l’eucharistie » (« Ecclesia de Eucharistia »), où l’unité du « Corps eucharistique » du Seigneur implique « l’unité de son Corps mystique, l’Eglise ».
Ces ouvertures, fait-il observer, exigent une « pratique pastorale renouvelée de l’initiation chrétienne », et une « intégration harmonieuse » des charismes pour une « nouvelle évangélisation efficace ».
Le cardinal estime à ce sujet que le Concile a largement contribué au renouveau de la « multitude des charismes », car l’ecclésiologie de communion a intégré dans l’Eglise « tous les dons de l’Esprit », à la fois « hiérarchiques et charismatiques ».
Pour l’avenir, il invite à « une réflexion plus profonde » sur l’ecclésiologie de communion dans une « perspective nuptiale », notamment pour « décrire l’articulation des sacrements ».
Il engage également à réfléchir sur le lien entre « Marie et l’ecclésiologie de communion », soulignant que « si l’Eglise est confirmée dans son identité par le Corps du Christ, confié aux mains des ministres ordonnés, ce Corps a été offert dans le cœur et dans les mains de Marie, au pied de la croix » : de même, « la communauté entière des baptisés, qui participe à l’eucharistie, doit recevoir ce don, et s’offrir en retour, comme Marie au pied de la croix ».
Enfin, souligne-t-il, l’ecclésiologie de communion promeut « la recherche d’un nouvel équilibre entre primauté et collégialité, dans les relations entre l’Eglise universelle et les Eglises particulières ».