Afrique : portrait-robot de l'infirmier catholique

Par Mgr Mupendawatu

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Anne Kurian

ROME, mercredi 27 juin 2012 (ZENIT.org) – Le patient a besoin « d’amour » en plus d’expertise médicale, souligne Mgr Mupendawatu qui dresse le portrait-robot de l’infirmier catholique, appelé à vivre sa profession comme une « mission ».

Mgr Jean-Marie Mupendawatu, secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, est intervenu au cours du 5e Congrès du Comité international Catholique des Infirmiers et des assistants médico-sociaux (CICIAMS) de l’Afrique anglophone, en Zambie, à Lusaka, le 26 juin 2012, sur le thème « Infirmiers catholiques : instruments de guérison ».

Étaient présents le cardinal Joseph Medardo Mazombwe, et Mgr Telesphore George Mpundu, respectivement archevêque émérite et archevêque de Lusaka, Mgr George Lungu, évêque de Chipata chargé de la pastorale de la santé en Zambie, Mgr Julio Murat, nonce apostolique en Zambie et M. Joseph Mwenya Kasonde, ministre de la santé zambien.

Ce dernier a remercié l’Eglise pour son engagement, soulignant que 60% des services de santé dans les zones rurales lui sont dus.

Pour Mgr Jean-Marie Mupendawatu, la mission des soignants chrétiens s’inscrit dans le ministère de guérison de Jésus « exemple par excellence du soignant », et par conséquent dans le ministère de l’Eglise, qui manifeste « la sollicitude et l’amour du Christ pour le malade et le souffrant ».

C’est à cette lumière que l’archevêque brosse le portrait-robot de l’infirmier catholique, devant plus de 300 infirmières et infirmiers catholiques venant de Zambie, Zimbabwe, Nigeria, Malawi, Kenya, Tanzanie, Sud-Afrique, Etats-Unis, Ecosse et Irlande.

Serviteur et gardien de la vie

L’infirmier catholique est d’abord « serviteur et gardien de la vie » : en effet, la vie et la santé sont « de précieux dons de Dieu » dont les hommes ont le devoir de « prendre soin ». En outre, la vie est « un droit fondamental de la personne humaine », rappelle Mgr Mupendawatu.

L’activité de l’infirmier, poursuit-il, n’a pas seulement un caractère « technique » mais implique « l’amour pour son prochain » : elle est une rencontre entre « confiance » et « conscience », c’est-à-dire entre la confiance de la part de celui qui reçoit le traitement, et la conscience de la personne qui soigne.

En ce sens, la personne malade « ne devrait jamais être considérée comme un cas clinique à examiner scientifiquement ». L’expertise scientifique « ne suffit pas », car le patient a aussi besoin « d’amour », la réponse adaptée envers une personne malade est donc « l’amour ».

Le troisième trait de l’infirmier repose sur la compétence technique et professionnelle : pour ne pas tromper la confiance des patients, les soignants doivent être bien préparés, fait observer Mgr Mupendawatu.

Ils doivent être aussi préparés éthiquement, précise-t-il, sur les questions morales et surtout bioéthiques, pour faire face aux cas cliniques rendus plus compliqués par l’avancée des technologies.

Par ailleurs, l’infirmier doit être capable de « compassion » : le soignant ne fait pas que « traiter » mais il « prend soin » des malades, il « sent avec eux, il est un avec eux dans leurs douleurs et leurs joies », il est « disponible, attentif, compréhensif, patient ».

Les infirmiers doivent jouer également le rôle « d’avocats » entre les patients et les médecins, car ils ont une connaissance plus large sur les « réels besoins du patient », qui vont au-delà de simples problèmes médicaux.

Enfin, il faut ajouter à tout cela une dimension essentielle: la prière. Mgr Mupendawatu invite à « redécouvrir la dimension thérapeutique de la foi », rappelant que « l’appréhension chrétienne de la santé inclut toutes les dimensions de la personne humaine : physique, psychologique, sociale et spirituelle ».

La prière, ajoute-t-il, est « un instrument de guérison », qui peut être vécu « par la personne malade, pour la personne malade, avec la personne malade ».  

Mission et vocation

L’archevêque invite à plusieurs reprises à vivre la profession d’infirmier comme « une mission et une vocation » à l’exemple du Christ, et non pas comme un « simple devoir ».

Mgr Mupendawatu souligne par ailleurs deux défis pour le soignant en Afrique: les difficultés sanitaires d’abord – avec un fort de de mortalité infantile et maternel – en particulier à cause de la malaria, et du SIDA, surtout en Afrique sub-saharienne, où la situation est « aggravée par la pauvreté ».

Ensuite, la diffusion de la « mentalité anti-vie », imposée par des organisations internationales : « Il y a souvent, déplore-t-il, un manqué de clarté éthique lors des rencontres internationales », spécialement autour des questions de « santé reproductive », recouvrant des techniques de procréation artificielles destructrices d’embryons ou encore l’euthanasie.

Les infirmiers chrétiens ne doivent pas oublier qu’ils doivent être « témoins de foi » en soutenant la vie. Il faut reconnaître, ajoute Mgr Mupendawatu, que la diffusion de la culture de mort commence souvent par la « légalisation de l’avortement ».

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ZENIT Staff

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