L’Association italienne Meter, au service de la protection des enfants reçoit les encouragements du pape François, à l’occasion de l’inauguration d’un centre d’aide aux victimes d’abus, dans la ville d’Avola, en Sicile, le 8 décembre. C’est la deuxième fois que le pape encourage le travail de l’association.
Cette association a été fondée par le père Fortunato Di Noto, en Sicile, en 1989. Il en est le président. Il vit aujourd’hui sous escorte étant donné les menaces qui lui ont été adressées en raison de son activité pour dénoncer l’exploitation des enfants par des réseaux de criminalité organisée. Mais il se fie à une autre escorte: « L’escorte la plus belle pour moi, c’est l’affection des familles et de leurs enfants ». Et plusieurs personnes ont été condamnées en raison de leurs menaces. Il affirme son engagement: « Aucun enfant et aucune famille ne doit se sentir seul/e dans cette lutte pénible. »
Le pape François a en effet adressé, par son secrétaire d’Etat, Mgr Pietro Parolin, un télégramme transmis à l’association par l’évêque de la ville de Noto, Mgr Antonio Stagliano.
Le pape « exprime sa reconnaissance à l’institution et l’exhorte à continuer sur la route de l’engagement généreux au service des plus petits, toujours plus animés par des sentiments de charité sincère et d’amour envers le prochain », indique le site du diocèse.
Le P. Di Noto a exprimé sa reconnaissance, déclarant, au terme de l’inauguration : « Nous demandons de nouveau au pape de venir toucher de la main notre réalité, renouvelant notre service pour les enfants, la société et l’Eglise catholique dont nous sommes tous les enfants. Merci pape François ! »
Deuxième encouragement du pape
C’est la seconde fois que le pape Françoiis encourage Meter. Avant la prière mariale du 5 mai dernier, le pape avait déjà salué l’association, comme c’est désormais la tradition pour les papes, à l’occasion de la « Journée des enfants victimes de la violence », le plus souvent – à plus de 90% – du fait de membres de leurs familles ou de proches.
La Journée – italienne et ecclésiale – « de la mémoire des enfants victimes de la violence, de l’exploitation et de l’indifférence » est née de l’engagement de Meter et elle a lieu en avril ou mai, de façon anticipée par rapport à la Journée internationale instituée par l’ONU et fixée au 4 juin.
« Cela m’offre l’occasion, a ajouté le pape, de tourner ma pensée vers ceux qui ont souffert et souffrent à cause des abus. »
« Je voudrais les assurer qu’ils sont présents dans ma prière », a déclaré le pape avant d’ajouter cet appel: « Mais je voudrais aussi dire avec force que nous devons tous nous engager avec clarté et courage pour que chaque personne, spécialement les enfants, qui sont parmi les catégories les plus vulnérables, soit toujours défendue et protégée ».
Ce deuxième encouragement du pape arrive moins d’une semaine après l’annonce de la création par le pape d’une Commission spéciale. Dans le sillage du travail mis en place par Benoît XVI, le pape François institue en effet une commission pour la protection de l’enfance. La décision a été annoncée la semaine dernière par l’archevêque de Boston, le cardinal Sean O’Malley, à l’occasion de la seconde réunion du « G8 » (cf. Zenit du 5 décembre 2013). Un motu proprio devrait indiquer bientôt les modalités de fonctionnement de la commission.
Le Rapport annuel de Meter
« Tous les ans, a expliqué don Di Noto à Zenit, nous présentons à la société et à l’Eglise le Rapport Meter qui contient tout ce qui concerne notre engagement, un engagement cohérent et réel dans la lutte contre la pédophilie, la pédopornographie en ligne et les abus commis sur des enfants. Des chiffres qui parlent de l’aide concrète apportée aux victimes (environ un millier) au cours de plus de 20 années d’efforts ; en plus des 100.000 sites pédophiles qui ont été dénoncés, des centaines de milliers de rencontres ont eu lieu avec les jeunes, dans les écoles et avec les familles ».
Meter, a-t-il précisé, collabore avec les diocèses, avec la police, et avec les institutions, notamment au niveau des Parlements: « Les diocèses italiens et de l’étranger sont de plus en plus impliqués, non seulement à l’occasion de réunions de formation périodiques, mais aussi à travers la conception de projets selon les méthodes et le charisme de Meter. »
« D’ailleurs, a-t-il fait observer, Meter n’est pas née d’un problème urgent de pédophilie dans l’Eglise, mais cette association a été créée il y a une vingtaine d’années, dans la communauté paroissiale dont je suis le curé, pour donner des réponses concrètes dans une vision pastorale de proximité pour les personnes qui ont été violées, par des prêtres ou par d’autres. Nous avons promu de nouvelles normes législatives, nous mettons notre compétence au service des Parlements italien et européen et nous avons collaboré avec le Japon et d’autres pays pour rendre plus efficaces les actions contre la pédophilie. Nous savons que nous faisons déjà beaucoup, mais nous devons faire encore plus. »
L’enfance crucifiée
Au terme du symposium organisé à Rome par l’Université pontificale grégorienne, don Di Noto avait confié : « Il faut passer du symposium à l’action pastorale – ce qui est déjà le cas dans diverses parties du monde – et aujourd’hui cela nécessite non seulement des actions globales, mais des paroles prophétiques qui sachent « dénoncer » et défendre les droits des enfants. Une Eglise – l’Eglise – se renouvellera sans cesse si elle part des enfants crucifiés. Le temps est venu de prendre un tournant dans le domaine de l’éducation, de la formation, au sein des séminaires et des communautés religieuses : nous avons besoin d’hommes et de femmes authentiques, généreux, forts, capables de donner leur vie – et beaucoup le font déjà –pour les petits et pour les faibles, et qui ne laisseront personne voler la vie des innocents » (cf. Zenit du 7 février 2012).