Le jugement dernier, c'est dès aujourd'hui

Catéchèse sur la vie éternelle (texte intégral)

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L’amour de Jésus est grand et pardonne à chaque fois que quelqu’un va vers lui pour demander son pardon, mais, explique le pape François, il est aussi possible pour l’homme de « s’auto-condamner à l’exclusion de la communion avec Dieu », et de ses frères, « avec la solitude et la tristesse profonde qui en découlent »: le pape François a décrit ainsi l’alternative qui se présente à la liberté humaine.

Il a en effet consacré sa catéchèse du mercredi, ce 11 décembre, place Saint-Pierre, au dernier article du Credo: la foi dans la vie éternelle. Il a évoqué le « jugement dernier » qui commence, dit-il, dès maintenant, dans les choix que l’homme pose face au Christ, face à ses frères.

Catéchèse du pape en italien

Chers frères et sœurs, bonjour !

Je voudrais commencer aujourd’hui la dernière catéchèse sur notre profession de foi, en abordant l’affirmation : « Je crois en la vie éternelle ». Je m’arrête plus particulièrement sur le jugement dernier. Mais nous ne devons pas avoir peur : écoutons ce que dit la Parole de Dieu. À ce sujet, nous lisons dans l’Évangile de saint Matthieu : Alors le Christ « viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges… Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche… Et ils s’en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à une vie éternelle » (Mt 25,31-33.46). Lorsque nous pensons au retour du Christ et à son jugement dernier qui manifestera, jusque dans ses conséquences ultimes, le bien que chacun aura accompli ou aura omis d’accomplir pendant sa vie terrestre, nous percevons que nous nous trouvons devant un mystère qui nous dépasse, que nous ne pouvons même pas à imaginer. Un mystère qui, presque instinctivement, suscite en nous un sentiment de crainte, et peut-être aussi d’inquiétude. Pourtant, si nous réfléchissons bien à cette réalité, elle ne peut que dilater le cœur du chrétien et constituer un grand motif de consolation et de confiance.

À ce propos, le témoignage des premières communautés chrétiennes est encore plus suggestif. En effet, elles avaient l’habitude d’accompagner les célébrations et les prières de l’acclamation « Maranatha », expression constituée de deux mots araméens qui, selon la manière dont ils sont scandés, peuvent se comprendre comme une supplication : « Viens, Seigneur ! » ou comme une certitude nourrie par la foi : « Oui, le Seigneur vient, le Seigneur est proche ». C’est l’exclamation dans laquelle culmine toute la Révélation chrétienne, au terme de la merveilleuse contemplation qui nous est offerte dans l’Apocalypse de Jean (cf. Ap 22,20). Dans ce cas-là, c’est l’Église-Epouse qui, au nom de l’humanité, de toute l’humanité, et comme prémices de celle-ci, s’adresse au Christ, son Epoux, impatiente d’être serrée dans ses bras, les bras de Jésus, dans une plénitude de vie et d’amour. C’est comme cela que Jésus nous serre dans ses bras. Si nous pensons au jugement dans cette perspective, toute peur et toute hésitation disparaît et fait place à l’attente et à une joie profonde : ce sera précisément le moment où nous serons jugés enfin prêts pour être revêtus de la gloire du Christ, comme d’un vêtement nuptial, et pour être conduits au banquet, image de la communion pleine et définitive avec Dieu.

Un second motif de confiance nous est offert lorsque nous constatons qu’au moment du jugement nous ne serons pas laissés seuls. C’est Jésus lui-même, dans l’Évangile de Matthieu, qui annonce comment, à la fin des temps, ceux qui l’auront suivi prendront place dans sa gloire pour juger avec lui (cf. Mt 19,28). L’apôtre Paul, ensuite, dans sa lettre aux chrétiens de Corinthe, affirme : « Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ?… A plus forte raison les choses de cette vie ! » (1 Co 6,2-3). Qu’il est beau de savoir qu’en cette circonstance nous pourrons compter non seulement sur le Christ, notre paraclet, notre avocat auprès du Père (cf. Jn 2,1), mais aussi sur l’intercession et sur la bienveillance de tant de nos frères et sœurs plus anciens qui nous ont précédés sur le chemin de la foi, qui ont offert leur vie pour nous et qui continuent à nous aimer d’une manière indicible ! Les saints vivent déjà en présence de Dieu, dans la splendeur de sa gloire, et prient pour nous qui vivons encore sur cette terre. Cette certitude est une telle consolation pour notre cœur ! L’Église est vraiment une mère et, comme une maman, elle cherche le bien de ses enfants, surtout de ceux qui sont plus éloignés ou dans l’épreuve, jusqu’à ce qu’elle trouve sa plénitude dans le corps glorieux du Christ avec tous ses membres.

Une autre suggestion nous vient de l’Évangile de Jean, où il est affirmé explicitement que « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Qui croit en lui n’est pas jugé ; qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au Nom du Fils unique de Dieu » (Jn 3,17-18). Cela signifie alors que ce jugement dernier est déjà en acte, il commence maintenant, dans le cours de notre existence. Ce jugement est prononcé à tout instant de notre vie, en réponse à notre accueil, dans la foi, du salut présent et agissant dans le Christ, ou au contraire à notre incrédulité, avec cette fermeture sur nous-mêmes qu’elle entraîne. Mais si nous nous fermons à l’amour de Jésus, nous nous condamnons nous-mêmes. Le salut consiste à s’ouvrir à Jésus, et lui, il nous sauve ; si nous sommes pécheurs, et nous le sommes tous, nous lui demandons pardon et si nous allons à lui avec le désir d’être bons, le Seigneur nous pardonne. Mais pour cela, nous devons nous ouvrir à l’amour de Jésus qui est plus fort que tout. L’amour de Jésus est grand, l’amour de Jésus est miséricordieux, l’amour de Jésus pardonne ; mais tu dois t’ouvrir et s’ouvrir signifie se repentir, s’accuser des choses qui ne sont pas bonnes et que nous avons faites. Le Seigneur Jésus s’est donné et continue de se donner à nous, pour nous combler de toute la miséricorde et de la grâce du Père. C’est donc nous qui pouvons devenir, en un certain sens, juges de nous-mêmes, en nous auto-condamnant à l’exclusion de la communion avec Dieu et avec nos frères, avec la solitude et la tristesse profonde qui en découlent.

Ne nous lassons donc pas de veiller sur nos pensées et sur nos comportements, pour goûter dès maintenant la chaleur et la splendeur du visage de Dieu – et ce sera très beau – que nous contemplerons dans toute sa plénitude dans la vie éternelle. Avançons, en pensant à ce jugement qui commence maintenant, qui a déjà commencé. Avançons en faisant en sorte que notre cœur s’ouvre à Jésus et à son salut ; avançons sans peur, parce que l’amour de Jésus est plus grand et si nous demandons pardon pour nos péchés, il nous pardonne. Jésus est comme cela. Alors, avançons avec cette certitude qui nous mènera à la gloire du Ciel !

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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