Un embrasement de joie. On ne saurait définir autrement la première rencontre, dans la salle Paul VI du Vatican, samedi, 1erfévrier, du pape François avec les représentants du Chemin néocatéchuménal. Environ 10.000 personnes, peut-être 12.000. Outre leur nombre – toujours exorbitant lors des rencontres néocatéchuménales – ce qui était frappant ce matin-là c’était la composition de l’assemblée.
Sous les voûtes de la « salle Nervi », étaient réunis des jeunes, des prêtres, des séminaristes, des itinérants, des catéchistes et des familles. Et sur l’estrade une cinquantaine d’évêques et 11 cardinaux, dont les cardinaux Vallini, Filoni, Cañizares, Schönborn, les deux Stanislas, Dziwisz et Rylko, Rouco Varela et Romeo. Et des archevêques émérites les cardinaux De Giorgi, Cordes et Stafford, et l’archevêque de Pérouse, Gualtiero Bassetti, qui recevra la pourpre cardinalice le 22 février prochain.
Mais les vrais protagonistes de la rencontre c’étaient les enfants, si nombreux que le Saint-Père en a été lui-même tout ému. Dès son entrée – en retard et presque surpris d’être accueilli par les notes d’un hymne à Marie – il les a salués avec beaucoup d’affection et il a demandé: « Pouvons-nous les voir ? » A ce moment-là, les papas et les mamans ont soulevé leurs bambins (certains de quelques mois à peine), pour que leurs petites têtes puissent recevoir la bénédiction du pape.
Une bénédiction spéciale a ensuite été donnée aux parents, directement des mains du pape qui au terme de la rencontre, a envoyé en mission, comme le firent ses prédécesseurs Jean-Paul II et Benoît XVI, 414 familles « pour annoncer l’Evangile et rendre témoignage » partout dans le monde.
Parmi ces familles, 174 font partie des 40 nouvelles « missions ad gentes » qui s’ajouteront aux 52 déjà existantes. Asie, Vietnam et Mongolie sont les principales destinations, mais aussi l’Europe et les Etats-Unis : des territoires où la déchristianisation est presque totale, et où il est déjà miraculeux que se soit ouvert un chemin pour l’Evangile du Christ, comme a dit le pionnier de cette initiative Kiko Argüello. Et où il est donc probable de rencontrer pas mal de difficultés : à commencer par la langue, nouvelle et « difficile », qu’il leur faudra apprendre, mais qui est néanmoins une bonne façon – a-t-il dit – pour « évangéliser non en conquérant, mais humblement comme des pauvres parmi les pauvres », selon les enseignements du mystique français Charles de Foucauld, source d’inspiration de la première évangélisation de Kiko Argüello dans les bidonvilles de Madrid.
Mais pas seulement, a relevé ensuite le pape François dans son discours: il faut aussi « une attention spéciale au contexte culturel dans lequel vous, familles, irez travailler », vu que le plus souvent « il s’agit d’un milieu souvent très diffèrent de celui d’où vous provenez ». Cet effort à devoir apprendre une nouvelle langue est « appréciable », mais « l’effort que vous mettrez à apprendre les cultures que vous rencontrerez, en sachant reconnaître le besoin d’Evangile qui est présent partout, mais aussi cette action que l’Esprit Saint à accomplie dans la vie et dans l’histoire de chaque peuple, sera encore plus important ». Mais ne vous en faites pas – a garanti le pape François – « Où que vous alliez, il vous faut pensez, et cela vous fera du bien, que l’Esprit de Dieu arrive toujours avant nous. Cela est important. Le Seigneur nous précède toujours ! »; « Dieu répand partout les semences de son Verbe », même « dans les endroits les plus lointains, et dans les cultures les plus diverses ».
Un encouragement donc, à poursuivre cette nouvelle évangélisation que le Chemin néocatéchuménal a entrepris il y a plus de trente ans, portant une annonce chrétienne sur tous les cinq continents, surtout dans ces « périphéries de l’existence » où il existe des enfants qui ne savent même pas ce que veut dire faire le signe de la croix. Le pape, en effet, a exprimé sa reconnaissance aux membres de cet « itinéraire de formation chrétienne » pour « la joie de votre foi et l’ardeur de votre témoignage chrétien ». Et il a ajouté : « l’Eglise vous est reconnaissante pour votre générosité ! Je vous remercie pour tout ce que vous faites dans l’Eglise et dans le monde ».
Comme un père aimant, « au nom de l’Eglise, notre Sainte Mère l’Eglise hiérarchique, comme se plaisait à dire saint Ignace de Loyola », le pape a souhaité faire « quelques petites recommandations » pour rendre encore plus efficace le service du Chemin Néocatéchuménal dans les paroisses et dans le monde. Avant tout : « veiller tout spécialement à la bonne construction et conservation de la communion au sein des Eglises particulières, où vous irez travailler ».
« Le Chemin possède un charisme qui lui est propre, a sa propre dynamique, un don qui comme tous les dons de l’Esprit a une dimension ecclésiale profonde – a souligné le pape François – cela veut dire se mettre à l’écoute des Eglises dans lesquelles vos responsables vous envoient, en valoriser les richesses, souffrir pour les faiblesses quand il le faut, et marcher ensemble, comme un unique troupeau, derrière les pasteurs des Eglises locales ».
« La communion est essentielle » a réaffirmé le pape et parfois, a-t-il suggéré, « il vaut mieux renoncer à vivre dans tous les détails ce que votre itinéraire exigerait, pour pouvoir garantir l’unité entre les frères qui forment l’unique communauté ecclésiale, dont vous faites partie et que vous devez sentir comme telle. En vertu de cette unité à laquelle toute l’Eglise est appelée, le pape a ensuite exhorté « à prendre soin les uns des autres, en particulier des plus faibles ».
Par ailleurs le Chemin est un « itinéraire de découverte de son propre baptême », comme avait dit Kiko, en illustrant au Saint-Père un tableau des différentes étapes du parcours néocatéchuménal. C’est donc un parcours « exigeant pendant lequel un frère ou une sœur peut rencontrer quelque difficulté imprévue », a relevé le pape, recommandant alors dans ce cas à la communauté de « faire preuve de patience et de miséricorde », qui est le signe d’une « foi mûre ». D’autre part, a-t-il affirmé, « la liberté de chacun ne doit pas être forcée, et l’on doit respecter aussi le choix éventuel de celui qui, en dehors du Chemin, aurait décidé de chercher d’autres formes de vie chrétienne qui l’aident à grandir sans sa réponse à l’appel du Seigneur ».
Avant de conclure, le pape François s’est à nouveau adressé aux « chères familles » et aux « chers frères et sœurs », pour leur lancer un appel : « Evangélisez avec amour, portez à tous l’amour de Dieu. Dites à tous ceux que vous rencontrerez sur les routes de votre mission que Dieu aime l’homme comme il est, avec ses limites, avec ses erreurs, et même avec ses péchés. « C’est pour cela que Dieu a envoyé Son Fils – a-t-il ajouté – pour qu’Il prenne nos péchés sur Lui ». Que les Néocatéchuménaux soient donc « des messagers et témoins de l’infinie bonté et de l’inépuisable miséricorde du Père ».
Enfin, l’acte de confiance à la Vierge Marie, Celle qui « nous a inspiré à former des communautés chrétiennes sur l’exemple de la Sainte Famille de Nazareth », avait dit Kiko. Le pape a dit : « Je vous confie à notre Mère Marie, afin qu’elle inspire et soutienne toujours votre apostolat. A l’école de cette tendre Mère soyez des missionnaires zélés et joyeux. Ne perdez pas la joie ! Allez-y ! ».
Traduction d’Océane Le Gall