« Après la douleur initiale à la confirmation de la véracité de ces faits, j’ai vécu un processus intérieur qui m’a permis plus facilement de l’assimiler et, comme prêtre et ministre du pardon, de le confier à la miséricorde de Dieu. Evidemment, j’ai aussi ressenti une grande peine, surtout de la souffrance causée », explique le nouveau directeur général élu de la Légion du Christ, le P. Eduardo Robles Gil, dans cet entretien publié par le site de Regnum Christi France.
Père Eduardo, merci de nous accorder cet entretien. Nous voulons aussi vous remercier d’avoir accepté cette charge que la Légion vous a donnée par le biais des pères du Chapitre. Nous n’avons pas tous eu l’occasion de vous connaître personnellement. Alors je voudrais commencer par vous poser la question : qui est le père Eduardo Robles Gil ?
Avant toute chose, je vous remercie de cette première interview pour nos sites internet. Je voudrais commencer par m’adresser aux légionnaires du Christ et aux membres du Mouvement, en frère, pour qu’ils puissent me connaître et moi aussi, avec le temps. Je me confie à votre prière.
Qui suis-je ? Je suis un membre de Regnum Christi. C’est ce que je réponds car, d’une certaine manière, la rencontre avec le Christ dans Regnum Christi est ce qui a marqué toute ma vie.
Je suis né dans une famille chrétienne, pratiquante. Mon père est mort quand j’avais trois ans et demi ; ma grand-mère et sa cousine sont venues vivre avec nous. Elles étaient profondément religieuses. Ma mère avait une foi très grande, très concrète, réaliste, ce qui a vraiment marqué mon enfance.
J’ai suivi toute ma scolarité à l’école Cumbres (ndt : établissement scolaire tenu par les légionnaires du Christ au Mexique) et c’est là que j’ai connu la Légion du Christ. J’ai un oncle jésuite, un prêtre très saint et sympathique, et un autre oncle mariste. Mais c’est avec les Légionnaires du Christ que j’ai rencontré Jésus-Christ, en entrant au mouvement Regnum Christi. C’est pour cela que, pour me définir, je dis que je suis un membre de Regnum Christi qui a trouvé sa vocation dans le Mouvement, avant de se consacrer pleinement à Dieu et devenir prêtre.
Vous avez vécu une longue période de votre vie religieuse alors que le P. Maciel était encore supérieur général. Quelles ont été vos relations avec lui ?
J’ai fait mes études de séminaire à Rome de 1977 à 1983 ; à cette époque, il lui arrivait de venir à la maison du 677 via Aurelia, mais pas très souvent. Pendant mon temps d’études, avec un autre frère légionnaire, nous recherchions des propriétés à Rome pour construire le nouveau séminaire. Nous avons recherché le terrain de l’actuel séminaire Mater Ecclesiae. J’ai eu parfois des réunions avec le fondateur pour l’informer de ce travail.
Ensuite, j’ai arrêté de travailler directement avec lui. Je suis parti en Espagne deux ans, alors que j’étais déjà prêtre. Ensuite au Brésil, pendant quatre ans. J’ai eu un peu plus de rapport avec lui quand j’étais administrateur territorial au Mexique, pendant deux ans, mais on ne peut pas dire que nous ayons été très proches.
Cependant, comme tous les légionnaires qui voyions en lui son travail de formateur et ne connaissions pas sa double vie, je ressentais une admiration pour lui.
Et à la lumière des faits que nous avons connu, comment avez-vous redimensionné la figure du fondateur ?
Depuis la publication des premières nouvelles en 1997, je me suis posé la question : « Et si tout cela était vrai, qu’est-ce que je ferais ? » Voici ce que j’ai alors décidé dans ma prière et dans ma conscience : Dieu m’a appelé au sacerdoce à la Légion ; si ce qu’on dit était vrai, je continuerais à être prêtre légionnaire. A ce moment, c’était une simple hypothèse.
En 2006, quand la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a publié son communiqué sur le fondateur, j’ai eu la conviction intérieure que ce qui se disait de lui était probablement vrai. Honnêtement, je n’aurais pas pu croire que l’Église fasse un communiqué de cette sorte à la légère. Mais je vivais encore une certaine incrédulité parce que cela n’allait pas avec ce que je connaissais du fondateur.
Après la douleur initiale à la confirmation de la véracité de ces faits, j’ai vécu un processus intérieur qui m’a permis plus facilement de l’assimiler et, comme prêtre et ministre du pardon, de le confier à la miséricorde de Dieu. Evidemment, j’ai aussi ressenti une grande peine, surtout de la souffrance causée. Dieu m’a fait la grâce de pardonner et de tourner la page. Depuis ce moment-là, je me suis dédié à travailler.
Vous avez fait partie de la Commission de recours formée par le Cardinal De Paolis pour s’occuper des victimes du P. Maciel. Quelle a été votre expérience dans ce travail ?
D’une part, il faut comprendre les personnes victimes d’un abus : c’est une marque très douloureuse qu’elles ont dans leur vie, une marque très difficile à effacer. En réalité, pour beaucoup, cela ne s’efface jamais. Il m’a été très pénible de constater les conséquences de ces faits que personne ne doit prendre à la légère.
Mais l’expérience de pouvoir dialoguer avec ceux qui ont souffert, de m’approcher d’eux, m’a aidé à les comprendre et à essayer de mesurer la douleur d’une personne qui souffre. Dans les cas dont je me suis occupé, nous avons pu parler, demander pardon et avancer sur le chemin de la réconciliation.
A la lumière de votre expérience au sein de la Commission de recours, pouvons-nous affirmer que la Légion poursuivra son engagement dans la prévention de tout abus ?
Évidemment. L’Église Catholique est aujourd’hui engagée pour qu’il n’y ait plus d’abus. On le constate dans l’action des différents dicastères (ndt : « ministères » du Vatican) compétents et aussi dans les discours du Pape les plus récents. La Légion du Christ travaille également – et elle continuera à le faire – à la prévention de toute forme d’abus, à la formation adéquate et sélection de ceux qui veulent entrer dans la congrégation, à la création d’environnements sûrs. Et, bien évidemment, à l’attention rapide et sérieuse de toute plainte qui pourra être présentée. Dans tout cela, il y a et il continuera à y avoir une collaboration totale avec les autorités civiles et ecclésiales des différents pays.
Nous devons également dire que nous autres êtres humains sommes fragiles. Nous devons assumer que nous ne pouvons pas dire que la tâche est conclue, ni qu’il n’y aura jamais plus d’abus dans l’Église. Ce réalisme nous mène à ne pas baisser la garde et à mettre en œuvre tous les moyens à notre portée pour les prévenir. Nous travaillons déjà à la prévention et à la prise en charge, mais il y a toujours de quoi s’améliorer.
Vous avez fait vos études de séminaire de 1977 à 1983. Votre temps de formation a été assez rapide. Ayant eu une courte période de préparation au sacerdoce, remarquez-vous une lacune dans votre formation ?
Chacun à la Légion a un processus de formation personnelle. On ne peut donc pas parler de prototype, mais il y a des lignes communes. En comparaison avec d’autres légionnaires, j’ai eu un processus plutôt court. Quand je suis entré dans la vie consacrée (de Regnum Christi), j’ai avancé les études qu’on a habituellement au noviciat et humanités classique (ndt : les humanités classiques sont la troisième année de formation des séminaristes légionnaires du Christ : latin, grec, histoire, histoire
de l’art, littérature), sans y consacrer beaucoup de temps, en particulier aux matières d’humanités classiques.
Je suis devenu consacré après mes études d’ingénieurs à l’Université Anáhuac. Dans la vie consacrée, j’ai eu deux ans de formation. Je suis arrivé à Rome en 1977 pour les études de philosophie et, ayant déjà un master dans un autre domaine, j’ai pu faire la licence canonique (ndt : master) de philosophie en trois ans à l’université.
Ensuite, j’ai eu le baccalauréat canonique (ndt : licence) en théologie à Rome à l’Université de Saint Thomas. Finalement, j’ai fait en Espagne les études que l’on appelait auparavant « l’année de pastorale », sans être inscrit dans une université, mais en accord avec le préfet général des études de la Légion.
Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier les Pères que j’ai eus pour supérieurs et formateurs. A la messe votive de l’Esprit Saint par laquelle nous avons commencé le Chapitre Général, certains prêtres qui m’ont reçu à Rome en 1977 étaient présents. Je suis toujours édifié de les voir continuer fermes et fidèles 37 ans plus tard.
Quel est le passage de la Sainte Ecriture qui vous inspire ou vous aide le plus dans votre vie ?
Je n’aime pas trop dire ce que j’aime le plus ou ce qui a été le plus important pour moi. Mais j’ai toujours été touché par le passage de Jérémie repris dans ma carte d’ordination : « Avant que tu sois dans le sein de ta mère, je t’ai choisi ». Cela marque ma vie et, si je suis là, c’est parce que Dieu m’a choisi pour être là. J’ai aussi été très impressionné par le passage de Gethsémani où Jésus-Christ doit lutter contre lui-même : « Que cette coupe passe loin de moi, mais non pas ma volonté, mais la tienne… »
De fait, quand le Cardinal m’a demandé si j’acceptais, je ne lui ai pas répondu que j’acceptais, mais que j’obéissais. J’accepte dans l’obéissance, tout d’abord envers Dieu, qui est représenté par l’autorité suprême de la Légion qu’est le Chapitre Général. Je le fais en mettant ma confiance en Dieu qui, par le biais du Chapitre, m’appelle à le suivre.
Et au fur et à mesure où vous vous êtes rendu compte que vous pouviez être élu, qu’avez-vous ressenti les jours précédents, peut-être même pendant les élections ?
Que vous dire ? Avant de partir du Mexique, quelqu’un m’a dit : « Revenez-nous ! » Je l’ai pris comme une plaisanterie. Ensuite, quelques-uns des pères capitulants m’ont demandé si j’étais disposé à accepter au cas où j’étais élu. Cela peut te faire penser que l’on pense à toi. Quelqu’un m’a aussi posé la question de ma santé et j’ai répondu que j’allais relativement bien. En fait, cela m’a fait penser que cela pouvait être une possibilité…
Les jours du Chapitre passant et en parlant de différents sujets, je me suis rendu compte que cela pouvait être une possibilité. J’en parlais avec Jésus-Christ et la Vierge.
Vous parlez de la Vierge ; quelle est votre expérience de Marie dans votre sacerdoce ?
C’est une présence constante. Je n’ai pas beaucoup de dévotions, mais j’ai une foi très grande dans la présence de Dieu et de la Sainte Vierge dans la vie du prêtre et dans ma vie personnelle. De la Vierge, je peux dire qu’elle me montre ce qu’est un amour inconditionnel et que je peux avoir pleine confiance en son intercession.
C’est à la « Villa de Guadalupe » (ndt : le sanctuaire marial Notre Dame de Guadalupe à Mexico, très connu des mexicains) que j’ai pensé sérieusement et mûrement à la vocation pour la première fois. C’était à la première basilique du sanctuaire car, à ce moment-là, la nouvelle n’existait pas encore. Je me suis rendu compte, à ce moment-là, en priant devant la Vierge, que Dieu pouvait vouloir que je devienne prêtre.
Croyez-vous qu’avec le Chapitre Général, toutes les choses que le Saint-Siège avait signalées à la Légion après la visite apostolique restent en arrière, ou bien reste-t-il encore des tâches en suspens ?
Le Chapitre est à la fois une fin et un nouveau départ. C’est ce que beaucoup des pères capitulants avons senti et ce que nous avons exprimé dans la salle du chapitre. Mais pour qu’il y ait vraiment un nouveau départ, il faut donner leur place aux défis du passé. C’est pourquoi le Chapitre a voulu publier un message aux légionnaires, aux membres de Regnum Christi et à tous ceux qui ont suivi notre histoire récente. Nous ne pouvons pas effacer le passé, mais nous devons apprendre les leçons, réprouver les faits, confier en la miséricorde de Dieu et, comme saint Paul, courir vers le but pour atteindre le Christ.
Ces dernières années, nous avons avancé, mais nous ne pouvons pas dire que la tâche soit déjà finie. Le Pape nous a donné des indications par le biais du Délégué Pontifical et nous devons changer notre forme de penser dans certaines choses. C’est une conversion constante. D’un autre côté, l’Église est sainte et elle a toujours besoin de se réformer. Nous ne pouvons jamais dire que nous sommes des personnes pleinement converties ni une institution pleinement renouvelée. C’est ce que le nouveau gouvernement général va devoir induire ces prochaines années : un travail de purification prolongée auquel nous puissions tous participer. Nous voulons que ce soit un nouveau départ. Nous voulons tous rechercher avec passion à faire le bien aux personnes et à les aider à connaître l’amour du Christ et sa miséricorde.
Vous êtes le successeur du P. Álvaro Corcuera et, d’une certaine manière, vous prenez aussi le relai du P. Sylvester Heereman. Auriez-vous quelque chose à leur dire ?
J’ai une grande amitié avec le P. Álvaro depuis plusieurs années. Nous sommes entrés ensemble à la vie consacrée de Regnum Christi en 1975, mais nous nous connaissions déjà auparavant. A l’amitié s’ajoutent le respect et l’admiration et, ces dernières années, une sincère reconnaissance. Je suis porté par son exemple de bonté et de proximité avec tous.
Avec le P. Sylvester, j’ai eu une intense relation de direction ces derniers mois, surtout depuis que j’ai commencé à être provincial en août dernier. J’admire sa clarté d’esprit et son courage. J’espère qu’ensemble, au sein du gouvernement de la Légion, maintenant, nous pourrons être à son service en ce temps de renouveau et donner une impulsion aux apostolats pour le bien de l’Église.
Vous avez été en mission en Espagne, au Brésil et au Mexique. Qu’avez-vous appris de ces pays ?
Je ne m’étais jamais demandé ce que j’avais appris dans chaque pays ! J’essaie d’être une personne optimiste et d’être bien là où je dois être à chaque moment.
En Espagne, j’ai vécu mes deux premières années de ministère sacerdotal. J’ai appris petit à petit à être prêtre et confesseur. Cela a été très enrichissant de faire l’expérience de la miséricorde de Dieu et d’être son instrument.
A Brésil, j’ai eu à fonder l’implantation de la congrégation. Quand avec d’autres légionnaires nous sommes arrivés, la congrégation n’avait rien du tout au Brésil. Là, je me suis rendu compte de la difficulté de créer des sections de Regnum Christi et des œuvres d’apostolat. En 1989, Dieu seul sait combien d’heures j’ai dû consacrer au travail de gestion pour pouvoir fonder la première école. D’ailleurs, je ne l’ai pas vue naître, j’ai juste obtenu les autorisations et les permis de construire. Mais je garde un très vif souvenir du Brésil.
Certains des Pères du Mexique se moquent de moi quand je leur parle du Brésil, ils me demandent si je veux encore y retourn
er. C’est un pays qui a une Église vivante, une très grande foi. En outre, comme pays qui a le plus grand nombre de catholiques du monde, c’est un endroit où la Légion doit être et où elle a beaucoup à apprendre. Apprendre surtout de l’esprit brésilien qui est un esprit joyeux, un esprit avec lequel ils vivent la joie de la foi.
J’ai habité en Italie. Même si je n’ai pas résidé dans d’autres pays européens, je vis avec des légionnaires de différents pays et je perçois que c’est un enrichissement pour notre famille. Et je ne peux pas omettre l’Amérique du Nord, où j’ai pu être en mission quelques mois en 1993. L’Amérique du Nord a un rôle très important dans le monde et dans l’Église. J’espère pouvoir me rendre dans ces lieux dont nous pouvons tous beaucoup apprendre.
Comment vous êtes-vous rendu compte que Dieu l’appelait à être prêtre légionnaire
C’est réellement compliqué d’identifier des moments exacts. Petit à petit, au sein du mouvement, j’ai trouvé une relation personnelle avec le Seigneur qui m’appelait à toujours plus. A un moment déterminé, j’ai commencé à soupçonner que Dieu m’appelait à la Légion. J’ai vécu deux ans de combat intérieur, de recherche, de hauts et de bas. Mais avec la prière, la direction spirituelle, le contact avec d’autres légionnaires, parmi lesquels, notamment, le fondateur, j’ai reçu la grâce de dire oui à l’invitation de Dieu.
Un des points principaux de la Légion est l’enseignement. Vous avez été directeur de plusieurs établissements scolaires. Que pouvez-vous nous dire de l’apostolat de Regnum Christi dans ce domaine ?
L’Église s’est toujours souciée de l’enseignement. Le Pape Benoît XVI parlait de « l’urgence éducative ». L’éducation est le soin de l’esprit et de l’intelligence. Au sein de Regnum Christi, nous avons parfois exprimé l’expérience du Christ comme connaître, aimer et suivre Jésus-Christ. Dans un établissement scolaire, on peut essayer d’apporter l’enseignement de la foi, de la première expérience de la foi en-dehors de chez soi, pour qu’il y ait un amour pour le Christ et que Dieu soit quelqu’un de présent dans leurs vies.
Il y a dans l’Église des personnes religieuses qui croient en l’existence de Dieu, mais pas toujours en un Dieu qui ait un grand rapport avec leur vie pratique, pas en un Christ qui les comble et donne un sens à leur vie. Dans une école catholique, dans les écoles de Regnum Christi, on peut vraiment faire cette expérience : ma propre vie est liée à Jésus-Christ, je l’ai connu pas seulement dans ma famille, mais aussi dans des institutions de Regnum Christi.
Je veux ici rendre hommage au travail de tant de légionnaires, de consacrées, de consacrés et de laïcs qui se consacrent à l’éducation de la jeunesse, des enfants, des familles. Il y a beaucoup à faire, mais il est beau de voir ce que Dieu peut faire dans les âmes à travers de nos frères et sœurs qui se rendent disponibles. Je suis très édifié par leur ardeur et le don d’eux-mêmes.
Plusieurs prêtres et frères séminaristes en formation ont quitté la Congrégation ces dernières années. Que ressentez-vous par rapport à eux ?
Je salue affectueusement les pères et frères séminaristes qui sont partis de la Légion. Ils ont fait un discernement que nous devons respecter et, à un moment donné, dans leur conscience, ils ont vu qu’ils ne pouvaient pas continuer à la Légion. Nous devons respecter leur décision. Je crois aussi que nous gardons beaucoup de choses en commun, que nous suivions le Christ dans la Légion ou que nous le suivions autre part. Nous devons prier les uns pour les autres.
Beaucoup d’anciens légionnaires sont passés dans ma vie. J’ai été leur supérieur, nous avons travaillé ensemble. Quand quelqu’un part, on ressent toujours une certaine tristesse. Sincèrement, j’ai de l’affection pour eux, je les considère comme des amis et des frères. Je salue chacun d’entre eux et je me confie à leur prière.
Malgré les faits vécus par la Légion ces dernières années, conseilleriez-vous à un jeune qui discerne sa vocation d’entrer à la Légion du Christ ?
Je crois que la Légion du Christ passe par une période de renouveau, de purification. Elle a vécu une crise institutionnelle. Etre dans une institution de ce type offre à celui qui veut entrer une certaine garantie. Pourquoi ? Nous ne sommes pas une congrégation marquée par le succès, mais par la croix de notre Seigneur Jésus-Christ et la croix de nos propres faiblesses. Celui qui veut venir chez nous trouvera une congrégation qui, dans la fidélité à l’Église Catholique, veut marcher à la suite de Jésus-Christ. Je crois que, dans ce sens, il pourra trouver une bonne place.
Aimeriez-vous adresser un message aux légionnaires et membres de Regnum Christi ? Qu’attendez-vous de nous ces six prochaines années ?
J’ai accepté d’être directeur général parce que j’ai vraiment confiance non seulement en Dieu et dans l’Église, mais parce que je fais confiance aux personnes : les légionnaires, les consacrés, les consacrées, les membres de Regnum Christi. Ils donnent leur vie selon l’état et la condition à laquelle ils ont été appelés. Si je considérais que j’étais seul, je n’aurais pas pu accepter.
Qu’est-ce que j’attends des légionnaires ? J’espère qu’ils continueront à travailler avec espérance, qu’ils collaborent, qu’ils se donnent généreusement, car nous marchons ensemble. J’ai à diriger avec un conseil, mais nous marchons ensemble. Nous ramons, nous travaillons, nous aimons tous le Christ.
Aujourd’hui nous avons un grand et passionnant défi, celui de l’unité : l’unité interne dans la Légion et l’unité et la collaboration à la mission des laïcs consacrés et des consacrées de Regnum Christi, et aussi avec tous les membres du Mouvement. Nous avons devant nous des années de patience, de force, de charité ingénieuse. C’est le souhait du Christ : « qu’ils soient un ». Ce n’est qu’ainsi que nous servirons bien l’Église et le mouvement Regnum Christi.
Quel est mon souhait ? Ce que j’ai appris quand je suis entré au mouvement Regnum Christi en 1972 : nous voulons que le Christ règne dans le cœur des personnes. Nous voulons que la rencontre avec le Christ mène les personnes à leur plénitude et que plus de personnes rencontrent le Seigneur. Qu’ainsi se transforme la vie de la famille, du lieu de travail, de la société. Je voudrais que le Christ nous remplisse d’amour et d’espérance.
Merci pour cet entretien.