Au Vietnam, le Tribunal populaire de Hanoi confirme la peine de 30 mois de prison infligée en première instance à l’avocat dissident, Maître Lê Quôc Quân, annonce Eglises d’Asie, l’agence des Misisons étrangères de Paris, ce 18 février 2014, dans cette dépêche. Il faisait une grève de la faim pour obtenir notamment une bible et de pouvoir rencontrer un prêtre.
Un peu plus de trois heures auront suffi au Tribunal populaire suprême de Hanoi pour boucler le procès en appel de l’avocat catholique dissident Lê Quôc Quân et confirmer le jugement de première instance, à savoir 30 mois de prison ferme.
Avant l’énoncé de cette sentence, en plein milieu des débats, vers 10h15, l’accusé, épuisé par 17 jours de jeûne consécutifs en prison, est tombé à terre évanoui.
Le procès s’est ouvert à huit heures du matin dans les bâtiments du Tribunal populaire de Hanoi. L’accusé est entré dans la salle d’audience dans un état de faiblesse extrême. De fait, il en était à son 17e jour de grève de la faim, une grève entreprise en vue d’obtenir la possibilité de lire la Bible, de consulter ses livres de droit et de rencontrer un prêtre catholique.
L’accusation retenue contre lui était la même que lors du procès de première instance. Aucune allusion n’a été faite à son passé de militant social et de partisan de la démocratie, le seul vrai motif de son arrestation. Il comparaissait devant ses juges pour une prétendue fraude fiscale.
Le matin, de bonne heure, malgré la pluie fine qui tombe sur Hanoi en cette saison, des centaines de personnes venant de tout le territoire du Vietnam, s’étaient déjà rassemblées à quelque distance du tribunal pour soutenir l’avocat catholique qui avait lui-même demandé ce soutien.
Dans une lettre ouverte envoyée la veille de son procès, l’avocat dissident avait souhaité le soutien de ses compatriotes, « un soutien, avait-il écrit, qui serait décisif pour la victoire de la liberté et de la justice ».
Arrivèrent en premier lieu les fidèles de Thai Ha, la paroisse rédemptoriste de Hanoi. Ils avaient auparavant circulé en longue file dans les rues de la capitale avant que les forces de l’ordre ne les immobilisent à 200 m. environ du tribunal, avec beaucoup d’autres manifestants. Parmi ceux qui étaient venus le soutenir, on remarquait de nombreuses personnes spoliées de leurs biens par réquisition gouvernementale ainsi que beaucoup de catholiques venus du diocèse de Vinh.
Nombreux étaient ceux qui portaient un T-shirt blanc avec une photo de l’avocat et l’inscription : « Liberté pour Lê Quôc Quân ». Des slogans ont été scandés pendant tout le temps du procès : « Liberté pour les patriotes ! » ou encore : « Nous dénonçons un procès illégal ! »
Vers 10h15, la mère de l’avocat sortait du tribunal et annonçait que son fils venait de tomber évanoui en pleine salle d’audience. La nouvelle a provoqué aussitôt une grande émotion parmi la foule rassemblée. Celle-ci a rompu les barrages de la police et s’est rapproché du tribunal. Les forces de la Sécurité ont alors repoussé les manifestants avec brutalité en les frappant sans ménagement.
Peu après, on a vu une ambulance apparaît auprès du tribunal, sans doute pour apporter les soins l’accusé.
Durant toute la matinée, la foule venue apporter son soutien à l’avocat n’a cessé de grossir. Il y avait environ un millier de personnes présentes à 11 heures du matin. Par ailleurs, de nouveaux effectifs avaient été mobilisés pour renforcer les forces de l’ordre.
A 11h45, le procès s’est achevé et la sentence prononcée. Les 30 mois de prison ferme infligés en première instance ont été confirmés en appel. A nouveau, l’unique accusation retenue était celle de fraude fiscale (1).
(eda/jm)
Notes
(1) Informations puisées dans plusieurs sites indépendants langue vietnamienne, comme Dân Lam Bao : http://danlambaovn.blogspot.fr/ ou encore le site des rédemptoristes vietnamiens : http://www.chuacuuthe.com/2014/02/tuong-thuat-truc-tiep-phien-toa-xet-xu-luat-su-le-quoc-quan-2/
© Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.