Les citoyens du Venezuela vivent « un moment de grande tristesse et d’angoisse » et souhaitent que le monde « se rende compte de leur souffrance », déclare le président de la conférence épiscopale, Mgr Diego Padron Sanchez, qui remercie le pape de sa proximité pour le pays.
Alors que le pape François a lancé un appel pour la fin des violences au Venezuela, ce 26 février 2014, lors de l’audience générale, le président vénézuélien Nicolas Maduro convoque aujourd’hui une conférence nationale de paix avec les évêques des diocèses situés à la frontière avec la Colombie.
L’objectif de la rencontre est de surmonter la crise sociale qui, depuis trois semaines, a transformé le pays en un champ de bataille, provoquant la mort de nombreuses personnes, des blessés et un climat de violence générale qui fait craindre le déclenchement d’une guerre civile.
Cette crise crée de graves problèmes aussi dans la zone de frontière, où la population est confrontée à un manque de nourriture, à une pénurie d’eau, et à une interruption partielle des communications. Mgr Diego Padron Sanchez, archevêque de Cumaná, évoque ces difficultés pour les lecteurs de Zenit.
Zenit – Comment les catholiques vivent-ils la tension dans le pays ?
Mgr Sanchez – Les catholiques, comme la plupart des citoyens, vivent un moment de grande tristesse et d’angoisse. Ils sont témoins, et certains dans leur chair, de la violence homicide et de la peur que celle-ci génère. En même temps, les catholiques croient aux valeurs humaines et spirituelles des gens. Mais surtout, ils pensent avec foi que Dieu éclairera les gouvernants et que sa Lumière leur permettra de faire sortir le pays de la spirale dans laquelle il se trouve. C’est pourquoi le peuple catholique prie, avec grande dévotion et confiance.
La violence que montrent les médias est-elle réelle ?
La violence au Venezuela n’est pas une petite histoire. Il y a beaucoup – trop – de familles en deuil d’un enfant ou d’un proche tué dans une attaque. Il y a quelques jours, deux adolescents ont tué deux salésiens âgés dans une maison religieuse de Valencia, et ils ont grièvement blessé le Supérieur. On ne peut pas dire qu’il y a une guerre civile, mais la violence a dépassé les bornes : en 2013, presque 25.000 personnes sont mortes dans le pays à cause de la violence.
Comment un prêtre, un évêque, doit-il se comporter dans ces moments-là ?
Nous les prêtres et les évêques nous sommes au même niveau que les habitants. C’est-à-dire que nous sommes comme toutes les personnes qui souffrent du manque d’électricité, du manque de nourriture et de sécurité personnelle. Des paroisses, des communautés jusqu’aux conférences épiscopales, nous les prêtres et évêques nous accompagnons et encourageons les personnes à ne pas perdre espoir quoiqu’il arrive. Nous croyons que les personnes ont la capacité et les vertus nécessaires pour pouvoir surmonter cette crise, qui est surtout une crise des valeurs.
Que voudriez-vous demander aux catholiques du monde en ce moment ?
Aux autres catholiques du monde, nous demandons de prier et de se rendre compte que notre société souffre. Nous remercions le pape François de s’inquiéter pour le Venezuela et nous lui demandons qu’avec sa parole et sa bénédiction, il nous aide à chercher la réconciliation et la paix.
Traduction d’Océane Le Gall