« Je suis venu prier ici et j’ai demandé au Seigneur la grâce de la paix », a écrit le pape François sur le livre d’or du Mur des Lamentations, Mur Occidental de soubassement du Temple d’Hérode, ou « Kotel ».
Le pape s’est rendu en voiture de l’esplanade des mosquées à Jérusalem, ce lundi matin, 26 mai, au Mur occidental, pendant que sa suite s’y rendait à pied, dont les cardinaux Tauran, Koch, Sandri, Parolin, et le patriarche latin de Jérusalem, Fouad Twal. Mais aussi ses amis argentins, le rabbin Abraham Skorka et l’imam Omar Abboud.
Le Bien Aimé derrière le Mur
Certains juifs interprètent l’importance de la prière au Mur avec ce verset du Cantique des Cantiques : « le Bien Aimé est derrière le Mur » (Cantique 2,9), le Temple étant le lieu de la « présence » de Dieu.
Le pape s’est recueilli au Mur, faisant le geste traditionnel d’insérer une prière écrite sur un feuillet, entre les jointures des pierres du mur.
Le geste avait été fait par saint Jean-Paul II en l’an 2000 et par Benoît XVI en 2009. Jean-Paul II avait déposé le texte de la demande de pardon concernant les Juifs, prononcée à Saint-Pierre le 12 mars 2000.
Le pape François a écrit sur ce feuillet de sa main, en espagnol, la prière du Notre Père, avec cette explication: « J’ai écrit le Notre Père de ma main dans la langue dans laquelle je l’ai appris de ma mère. »
Le pape avait été accueilli à 8h50 (7h50 à Rome) par le rabbin président de la Fondation responsable de ce lieu sacré, et le P. Pierbattista Pizzaballa, Custode de Terre Sainte accompagnait le pape et servait d’interprète de l’anglais et de l’hébreu.
Un jeune juif a accueilli le pape en anglais, expliquant, maquette à l’appui, la construction du Premier Temple par Salomon, détruit puis reconstruit 70 ans après sur le même site: le Second Temple. C’est le roi Hérode le Grand qui a taillé la colline pour utiliser les pierres et construire trois passages et 4 murs de soubassement, Nord, Sud, Est et Ouest: c’est ce dernier qui reste. Il mesurait alors de presque un demi kilomètre de long (488m).
Après la destruction du Temple d’Hérode, et pendant 600 ans, l’esplanade est restée déserte, sans construction. Les constructions musulmanes datent du VIIe s.
Le rabbin a offert, en hébreu, une méditation sur l’histoire sainte du peuple d’Israël, citant ses tribulations, notamment l’Exil biblique et au XXe s. la Shoah, avant de conclure avec un psaume des « montées » : « Pour l’amour de mes frères je demanderai la paix pour toi ».
Il a ensuite invité le pape à s’approcher du Mur, restant un peu en retrait, ainsi que le rabbin Skorka. Le pape a appuyé sa main droite sur le mur, priant silencieusement, longuement, tête baissé, yeux fermés.
L’accolade des trois amis et la prière pour la paix
Puis il a prié la prière préparée sur un feuillet – « Petek » -, avant de la glisser dans une enveloppe et il l’a insérée entre les pierres du mur, selon la tradition.
L’émotion a été forte lorsque le rabbin Skorka et l’imam Abboud se sont alors approchés pour embrasser le pape : un moment unique de communion entre ces trois amis, représentant trois religions.
Le pape a salué différentes personnalités du judaïsme mondial, de langue anglaise ou espagnole. Puis le rabbin lui a remis deux cadeaux, une représentation de Jérusalem du XVIe s. et un livre « Touching the stones of our heritage » dédicacé au pape.
Le pape a signé le livre d’or du Mur, écrivant en espagnol ces versets du psaume des montées: « Ô Seigneur, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
Dieu de Jésus le Nazaréen,
du cœur de cette Cité Sainte,
patrie spirituelle des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans,
je fais mienne l’invocation des pèlerins
qui montaient vers ton temple, débordant de joie :
« Appelez le bonheur sur Jérusalem :
Paix à ceux qui t’aiment !
Que la paix règne dans tes murs,
le bonheur dans tes palais !
À cause de mes frères et de mes proches,
je dirai : ‘‘Paix sur toi !’’.
À cause de la maison du Seigneur notre Dieu,
je désire ton bien » (Ps 122, 6-9).
Le rabbin a remercié le pape ne disant : « Vous connaissez bien la religion juive, je vous suis très reconnaissant », « cette visite est un grand message ». Le pape l’a remercié pour son accueil.
Au moment où le pape est remonté en voiture, à 9h20 (8h20 à Rome), la foule a appelé : « Francisco ! »
Le pape devait ensuite se rendre, comme le prévoit le cérémonial des visites des Chefs d’Etat. sur la colline du « Mont Herzl », au tombeau de Théodore Herzl (1860-1904), juif d’origine hongroise, considéré comme le père de la Nation.