Le deuxième Rapport annuel de l’Autorité d’information financière du Saint-Siège (AIF), chargée de la lutte contre les activités illégales dans les domaines financier et monétaire, a été présenté à la presse ce lundi, 19 mai, au Vatican par le directeur de l’AIF lui-même, René Brülhart : une première, qui manifeste la volonté déclarée de « transparence ».

L’AIF a été instituée par Benoît XVI par un motu proprio du 30 décembre 2010. M. René Brülhart, Suisse, a été nommé directeur l’an dernier.

Coopération internationale

Il estime que l’année 2013 a été « positive et stimulante ». Mais pour M. Brülhart, le plus grand pas effectué par l’AIF est l’entrée dans le réseau appelé « Groupe Egmont » qui réunit les centres anti-blanchiment de 139 pays. Il y voit une réelle « reconnaissance internationale ».

« C’est très important », dit-il , cela « manifeste l’engagement du Saint-Siège ». Et sa coopération avec 80 autorités.

Il rappelle aussi que le processus européen « Moneyval » s’est « conclu de façon positive » à Strasbourg en 2013.

L’autorité de l’AIF a été consolidée, explique-t-il, notamment par les deux Motu proprio promulgués par le pape François au cours de l’été 2013.

M. Brülhart a insisté à plusieurs reprises sur les « deux piliers » de l’AIF : « la supervision et l’information financière ». 

Transactions suspectes

D’une part, il indique que 202 transactions ont été signalées comme « suspectes » en 2013, pour 6 en 2012. Il explique cette nette augmentation par le développement des « outils légaux » à disposition, et par une « performance accrue » des organismes de supervision.

On considère comme « suspecte », a précisé M. Brülhart une transaction ne « correspond pas au profil du compte ».

Et 5 de ces cas ont donné lieu à l’ouverture d’une enquête judiciaire auprès du « promoteur de justice » (procureur) du Vatican.

D’autre part, le nombre de « demandes d’information » présentées par l’AIF à des autorités étrangères est passé d’une seule en 2012 à 28 en 2013. Les demandes reçues d’autres pays sont passées de 3 à 53. M. Brülhart explique ces augmentations à la « coopération internationale » croissante, « promue par une série d’accords bilatéraux ».

Transparence et professionnalisme

Pour ce qui est de l’institut financier du Vatican, l’ « Institut pour les Oeuvres de religion » (IOR) une inspection des 19 000 comptes de ses clients a commencé en début d’année. Elle a comporté trois phases, explique le directeur de l’AIF : l’envoi d’un questionnaire à l’IOR ; une inspection de plusieurs semaines dans les locaux de la banque; un rapport qui sera complet d’ici quelques semaines permettra une discussion sur le "management".

Il s’agit de vérifier que des mesures sont effectivement prises pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Il conclut que ce processus a permis de « mettre en lumière les progrès accomplis par l’IOR ces douze derniers mois ».

L’IOR est « parti de loin », fait-il observer et a accompli des « efforts significatifs » qui ont apporté des « progrès substantiels »

Ce processus n'est pas « parfait » mais il est « sur la bonne route », grâce à la mise en place progressive d'un « cadre légal », d' « institutions » et de « ressources ».

A propos de l’institution au Vatican d’un Secrétariat à l’économie, il la salue en soulignant que « tout mouvement vers la transparence et le professionnalisme est positif et important ».