Audience générale du 12 avril 2023
Cher frères et sœurs, bonjour !
Après avoir vu il y a deux semaines l’élan personnel de saint Paul pour l’Évangile, nous pouvons aujourd’hui réfléchir de manière plus approfondie sur le zèle évangélique tel qu’il en parle et tel qu’il le décrit dans certaines de ses lettres. Fort de sa propre expérience, Paul n’ignore pas le danger d’un zèle dévié, orienté dans une mauvaise direction. Lui-même était tombé dans ce danger avant sa chute providentielle sur le chemin de Damas, peut-être s’agit-il d’un empressement mal orienté, acharné dans l’observance de normes purement humaines et obsolètes pour la communauté chrétienne. Il écrit lui-même : « Certains ont pour vous un attachement qui n’est pas bon, en fait ils voudraient vous isoler pour que vous vous attachiez à eux. » Nous ne pouvons pas ignorer la sollicitude avec laquelle certains se consacrent à des occupations inappropriées même dans la communauté chrétienne. On peut exalter un faux élan évangélique, alors qu’en réalité ce que l’on poursuit, c’est sa vaine gloire ou ses propres convictions et un peu l’amour de soi-même. Alors, posons-nous la question : quelles sont les caractéristiques du zèle évangélique, du vrai zèle évangélique selon Paul ?
Il me semble utile pour cela d’écouter le texte que nous avons eu au début : une liste d’armes que l’apôtre indique pour la bataille spirituelle. Parmi celles-ci, il y a la promptitude pour propager l’Évangile, traduit par certains comme le zèle, comparé à des « chaussures ».
Pourquoi l’élan pour l’Évangile est-il mis en relation à ce que l’on met aux pieds ? Cette métaphore reprend un texte du prophète Isaïe, qui nous dit : « Comme ils sont beaux sur les montagnes les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la Bonne Nouvelle, qui annonce le Salut et vient dire à Sion : il règne ton Dieu. »
Là aussi, nous trouvons une référence aux pieds, de celui qui annonce la Bonne Nouvelle.
Pourquoi ?
Parce que, celui qui va annoncer doit se déplacer. Il doit marcher. Remarquons aussi que Paul dans ce texte parle des « chaussures » comme une partie d’une armure, d’un équipement d’un soldat qui va au combat. Dans les combats, il était fondamental d’avoir une stabilité d’appui pour éviter les pièges du terrain, parce que souvent l’adversaire répandait des pièges sur le champ de bataille. Il fallait avoir la force nécessaire pour courir et se déplacer dans la direction juste. Voilà pourquoi, les souliers permettent de marcher et d’éviter toutes ces choses de l’adversaire.
Le zèle évangélique est le socle sur lequel se base l’annonce. Et ceux qui annoncent sont un peu comme les pieds du corps du Christ qu’est l’Église. Il n’y a pas d’annonce sans mouvement, sans sortie, sans initiative. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas de chrétien qui ne soit pas en chemin. Un chrétien qui n’est pas en chemin, qui ne sort pas lui-même pour se mettre en chemin et porter l’annonce, n’est pas vraiment chrétien. Il n’y a pas d’annonce sans mouvement, sans chemin. On n’annonce pas l’Évangile enfermé dans son bureau, devant son ordinateur en discutant « comme des guerriers du clavier » et en remplaçant la créativité de l’annonce par un copier-coller d’idées puisées ici et là.
On annonce l’Évangile au contraire en se déplaçant, en marchant, en allant de l’avant. Le terme employé par Paul, pour désigner les chaussures de ceux qui portent l’Évangile est un mot grec qui parle de promptitude, de préparation, d’empressement. C’est le contraire de la négligence qui est incompatible avec l’amour. En effet, à un autre endroit, Paul dit : « Ne baissez pas les bras, soyez animés de l’Esprit, servez le Seigneur ! »
Cette attitude était celle demandée dans le livre de l’Exode pour célébrer le sacrifice de la délivrance pascale. Vous mangerez ainsi l’agneau, la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur. Je traverserai le pays d’Égypte cette nuit-là.
Le héraut est toujours prêt à partir et il sait que le seigneur passe de manière surprenante. Il doit donc être libéré des schémas, et préparé à une action inattendue et nouvelle. Il doit être prêt pour les surprises. Celui qui annonce l’Évangile ne peut pas être fossilisé dans des cages de plausibilité, ou alors dans l’idée que « cela a toujours été fait ainsi ».
Comme Paul le dit lui-même : « Mon langage, ma proclamation de l’Évangile n’avait rien d’un langage de sagesse qui veut convaincre mais c’est l’esprit et sa puissance qui se manifestaient pour que votre foi repose, non pas sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu. » (1 Co 2, 4-5)
C’est pourquoi, frères et sœurs, il est important d’avoir cette disponibilité à la nouveauté de l’Évangile. Cette attitude qui est un élan, une prise d’initiative, une marche vers l’avant. Ne pas laisser les occasions passer pour propager l’annonce de l’Évangile de paix, cette paix que le Christ sait donner beaucoup mieux que le monde la donne.
Voilà pourquoi je vous exhorte à être des évangélisateurs qui avancent, qui se déplacent sans peur, qui vont de l’avant pour porter la beauté de Jésus, pour porter la nouveauté de Jésus qui change tout.
Oui, il change le calendrier parce que maintenant nous comptons les années à partir de Jésus ! Mais change-t-il aussi le cœur ? Est-ce que tu es prêt à laisser Jésus changer ton cœur ou bien est-ce que tu es un chrétien tiède qui reste là, qui ne se déplace pas. Réfléchis un peu : es-tu un enthousiaste de Jésus, vas-tu de l’avant, réfléchis un peu !
Traduction par Zenit