Jésus n’attend pas de nous une « observance formelle, qui se contente du minimum indispensable » mais il « nous invite au maximum possible » : c’est ainsi que le pape François résume, dans son langage
Le pape François a commenté l’évangile de la liturgie du jour, en introduisant la prière dominicale de l’angelus, dimanche 12 février 2023, en présence d’environ vingt mille personnes, selon les estimations de la Gendarmerie vaticane. Le pontife a expliqué ce que signifie Jésus lorsqu’il déclare qu’il n’est pas « venu abolir la Loi ou les Prophètes », mais « accomplir ».
Les commandements de Dieu ne doivent pas rester « enfermés dans des coffres-forts asphyxiants » de l’observance formelle, a souligné le pontife, mettant en garde contre « une religiosité extérieure et détachée ». Il a invité à s’interroger : « ma vie de foi », est-elle « une question de calculs, de formalismes, ou bien une histoire d’amour avec Dieu ? ».
« Dieu ne raisonne pas à partir de calculs et de tableaux », a insisté le pape ; il nous aime « non pas au minimum, mais au maximum ! » parce que « l’amour va toujours au-delà », comme l’a montré le Christ « en nous donnant la vie sur la croix et en pardonnant à ses meurtriers » : voilà, a conclu François, « l’amour qui accomplit la Loi, la foi, la vraie vie ! »
Paroles du pape François avant l’angelus
Chers frères et sœurs, bonjour !
Dans l’évangile de la liturgie de ce jour, Jésus dit « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes ; je ne suis pas venu abolir mais accomplir » (Mt 5, 17). Accomplir : voilà un mot-clé pour comprendre Jésus et son message. Mais que signifie cette expression « accomplir » ? Pour l’expliquer, le Seigneur commence en disant ce que « accomplir » n’est pas. L’Ecriture dit de « ne pas tuer », mais pour Jésus, cela ne suffit pas si, ensuite, on blesse ses frères par la parole ; l’Ecriture dit de « ne pas commettre d’adultère », mais cela ne suffit pas si l’on vit ensuite un amour sali par la duplicité et la fausseté ; l’Ecriture dit de « ne pas faire de faux serment », mais il ne suffit pas de prononcer un serment solennel si ensuite, on agit avec hypocrisie (cf. Mt 5, 21-37). Ce n’est pas cela, accomplir.
Pour nous donner un exemple concret, Jésus se concentre sur le « rite de l’offrande ». En apportant une offrande à Dieu, on lui rendait la gratuité de ses dons. C’était un rite très important – faire une offrande pour rendre symboliquement, pour ainsi dire, la gratuité de ses dons – tellement important qu’il était interdit de l’interrompre sans motifs sérieux. Mais Jésus affirme qu’il faut l’interrompre si un frère a quelque chose contre nous, pour aller d’abord se réconcilier avec lui (cf. vv. 23-24) : c’est seulement ainsi que le rite est accompli. Le message est clair : Dieu nous aime le premier, gratuitement, en faisant le premier pas vers nous sans que nous le méritions ; nous ne pouvons donc pas célébrer son amour sans faire à notre tour le premier pas pour nous réconcilier avec celui qui nous a blessé. C’est cela, « accomplir », aux yeux de Dieu, sinon l’observation extérieure, purement rituelle, est inutile ; elle est feinte. En d’autres termes, Jésus nous fait comprendre que les normes religieuses servent, elles sont bonnes, mais elles ne sont qu’un début : pour les accomplir, il est nécessaire d’aller au-delà de la lettre et d’en vivre le sens. Les commandements que Dieu nous a donnés ne doivent pas être enfermés dans des coffres-forts asphyxiants de l’observance formelle, sinon, nous restons dans une religiosité extérieure et détachée, serviteur d’un « dieu maître » plutôt qu’enfants de Dieu Père. Jésus veut cela : que l’on ait, non pas l’idée de servir un Dieu maître, mais le Père et il est nécessaire, pour cela, de dépasser la lettre.
Frères et sœurs, ce problème n’a pas existé uniquement à l’époque de Jésus, il existe aussi aujourd’hui. Parfois, par exemple, on entend dire : « Père, je n’ai pas tué, je n’ai pas volé, je n’ai fait de mal à personne… », comme pour dire : « Je suis comme il faut ». Cela, c’est l’observance formelle, qui se contente du minimum indispensable, tandis que Jésus nous invite au maximum possible. Dieu ne raisonne pas à partir de calculs et de tableaux ; il nous aime éperdument : non pas au minimum, mais au maximum ! Il ne nous dit pas : « Je t’aime jusqu’à un certain point ». Non, l’amour vrai n’est jamais jusqu’à un certain point et ne se sent jamais comme il faut ; l’amour va toujours au-delà, il ne peut pas s’en empêcher. Le Seigneur nous l’a montré en nous donnant la vie sur la croix et en pardonnant à ses meurtriers (cf. Lc 23, 24). Et il nous a confié le commandement auquel il tient le plus : que nous nous aimions les uns les autres comme lui nous a aimés (cf. Jn 15, 12). Voilà l’amour qui accomplit la Loi, la foi, la vraie vie !
Alors, frères et sœurs, nous pouvons nous interroger : comment est-ce que je vis ma foi ? Est-ce une question de calculs, de formalismes, ou bien une histoire d’amour avec Dieu ? Est-ce que je me contente seulement de ne pas faire de mal, de montrer une « façade » comme il faut ou est-ce que je cherche à grandir dans l’amour de Dieu et des autres ? Et de temps en temps, est-ce que je m’expose au grand commandement de Jésus en me demandant si j’aime mon prochain comme Lui, il m’aime ? Parce que nous pouvons être inflexibles dans notre jugement sur les autres et nous oublions d’être miséricordieux, comme l’est Dieu avec nous.
Que Marie, qui a parfaitement observé la Parole de Dieu, nous aide à accomplir notre foi et notre charité.
© Traduction de Zenit