« Dans son bref pontificat, il a fait progresser l’Eglise sur les voies maîtresses indiquées par le Concile », explique la journaliste et vice-postulatrice de la cause du pape Albino Luciani (1912-1978), pour qui le magistère du pape Jean-Paul Ier « a contribué à renforcer l’identité d’une Eglise conciliaire proche des personnes et de leur soif de charité ».
La Fondation vaticane Jean-Paul Ier organise, en collaboration avec le Département de Théologie dogmatique de l’Université pontificale grégorienne, une Journée d’Etudes intitulée « Les six ‘nous voulons’. Le magistère de Jean-Paul Ier à la lumière des documents d’archives ». Ce rendez-vous aura lieu le 13 mai dans l’Aula Magna de l’Université pontificale.
Stefania Falasca, vice-présidente de la Fondation vaticane Jean-Paul Ier, a présenté à Radio Vatican cette première Journée consacrée au magistère de Jean-Paul Ier, quelques mois avant sa béatification qui aura lieu à Saint-Pierre de Rome le 4 septembre prochain. Ce colloque, se réjouit-elle, « ouvre une page nouvelle » du récit de l’œuvre, du magistère et du pontificat de Jean-Paul II.
« Dans son bref pontificat, le pape Jean-Paul Ier a fait progresser l’Eglise sur les voies maîtresses indiquées par le Concile », explique Stefania Falasca, qui énumère « le retour aux sources évangéliques, un nouvel élan missionnaire, la collégialité épiscopale, le service dans la pauvreté ecclésiale, la recherche de l’unité des chrétiens, le dialogue interreligieux, le dialogue avec le monde contemporain et le dialogue international, menés avec persévérance et détermination, en faveur de la justice et de la paix ».
Le message Urbi et orbi au lendemain de l’élection
Au lendemain de son élection, le 27 août 1978, au cœur d’un long message radio Urbi et orbi prononcé en latin, le nouveau pape, élu quasiment à l’unanimité au terme d’un conclave ayant duré à peine vingt-six heures, a déclaré les priorités de son pontificat, exprimées à travers les « six ‘nous voulons’ ». Chacune de ces priorités a « rythmé les gestes et les paroles des trente-quatre jours de son pontificat », souligne Falasca.
« Nous voulons donc poursuivre en continuant l’héritage du Concile Vatican II, dont les normes pleines de sagesse doivent encore être conduites à pleine application », a déclaré le pape Luciani avant de poursuivre : « Nous voulons conserver intacte la grande discipline de l’Eglise […] tant dans l’exercice des vertus évangéliques, que dans le service des pauvres, des humbles, des « sans défense » […] « Nous voulons rappeler à l’Eglise entière que son premier devoir reste celui de l’évangélisation […] « Nous voulons continuer l’effort œcuménique […] [avec une] attention réfléchie à tout ce qui peut favoriser l’unité […] « Nous voulons poursuivre avec patience et fermeté la voie du dialogue, sereine et constructive, dont Paul VI avait fait le fondement et le programme de son action pastorale […] « Nous voulons enfin favoriser toutes les initiatives louables et bonnes qui puissent garantir et consolider la paix dans ce monde troublé […] ».
L’héritage d’Albino Luciani
Paul VI aurait dit de Luciani, selon le prof. Vittore Branca, philologue à Padoue et ami de Montini : « C’est l’un des théologiens les plus lucides et l’une des âmes les plus saintes que je connaisse ».
La vice-présidente de la Fondation Jean-Paul Ier souligne le rôle de celle-ci, instituée par le pape François le 17 février 2020, et de la Cause de béatification, qui permet d’accéder aux sources documentaires et favorise « au niveau international » la recherche scientifique et la divulgation de « l’héritage théologique, spirituel et culturel d’Albino Luciani », entre autres grâce à l’acquisition des documents provenant des archives privées de celui-ci.
Ces archives privées couvrent presque 40 ans, de 1929 au 27 septembre 1978, veille de la mort du pape. Elles comportent la correspondance entretenue par le jeune Albino Luciani avec ses enseignants à l’Université Grégorienne », où il fit ses études de théologie, obtenant une licence en 1942 et un doctorat en 1947. En accueillant cette Journée, précise Stefania Falasca, « la Grégorienne » entend souligner « la solide formation théologique de Luciani » qui enseigna la théologie dogmatique pendant 27 ans.
Les caractéristiques de son magistère
C’est d’abord, indique la vice-postulatrice, son « langage simple » : « le sermo humilis du pape Luciani, poursuit-elle, se base sur le choix théologique recommandé par saint Augustin dans le De predestinatione sanctorum, dans lequel Augustin affirme que la vérité doit être présentée avec délicatesse, parce qu’il faut s’ajuster d’une part à la nature même de la vérité et d’autre part aux possibilités de réception de l’auditeur pour que celui-ci puisse l’accueillir. D’où l’usage d’un langage qui englobe le monde et les hommes, qui entre en dialogue avec eux et soit compréhensible, afin que le message du salut puisse rejoindre tout le monde. Jean-Paul Ier a été le premier pontife à avoir constamment adopté un style familier dans ses interventions. La spécificité de son sermo humilis, dans le corpus des discours et des documents du pontificat, a motivé une lecture philologique attentive ainsi qu’une réflexion théologique, pastorale, historique, œcuménique et ecclésiale de son magistère dans le sillage tracé par le Concile Vatican II. »
La première Journée d’études sur les lignes maîtresses du magistère du ‘pape au sourire’ devrait mettre en valeur « l’actualité brûlante de son message », estime la journaliste. « Le pape Jean-Paul Ier a été et demeure un point de référence dans l’histoire de l’Eglise universelle ».