Synode 2018, 9 octobre © Vatican Media

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Synode des évêques: “une participation plus large du peuple de Dieu”, par le card. Grech

Eclairage sur les innovations

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“Le temps était venu d’une participation plus large du peuple de Dieu à un processus de décision qui concerne toute l’Église et chacun de ses membres”, affirme le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques. “La synodalité est la forme de communion de l’Église-peuple de Dieu”, ajoute-t-il en commentant dans une interview à Vatican News les innovation annoncées ce vendredi 21 mai 2021.

La XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques – sur le thème “Pour une Église synodale : communion, participation et mission” – est reportée et sera célébrée en octobre 2023. Cette décision a été prise, d’une part à cause de “la situation dramatique de la pandémie”, mais aussi, explique le cardinal Grech, parce qu’il y avait “la nécessité d’une période plus étendue pour appliquer les normes établies dans la Constitution apostolique Episcopalis communio”” (publiée le 15 septembre 2018) qui concernent la transformation du Synode.

Le Synode des évêques évolue pour donner plus d’espace au peuple de Dieu, affirme le cardinal. “La première et plus grande nouveauté est la transformation du Synode d’un événement en un processus.” Alors qu’auparavant “le Synode s’épuisait dans la célébration de l’Assemblée, explique le card. Grech, désormais chaque Assemblée du Synode se développe selon des phases successives, que la Constitution appelle ‘phase préparatoire, phase de célébration, phase de réalisation’”. La première phase “a pour objet la consultation du peuple de Dieu dans les Églises particulières”.

“Écouter” le peuple de Dieu

Le cardinal rappelle que le pape François “insiste beaucoup sur l’écoute du sensus fidei du peuple de Dieu”. “On peut dire que c’est l’un des thèmes les plus forts du pontificat actuel”, note-t-il.

Le cardinal Grech évoque également “une donnée traditionnelle de la doctrine, qui traverse toute la vie de l’Église : « la totalité des fidèles ne peut pas se tromper en croyant », en vertu de la lumière qui vient de l’Esprit Saint qui leur a été donné au baptême”.

Et pour “écouter” le peuple de Dieu, poursuit-il, “il faut aller là où il vit, dans les Églises particulières”. “Il ne s’agit pas de démocratie, de populisme ou de quelque chose de ce genre, explique-t-il, c’est l’Église qui est le Peuple de Dieu, et ce peuple, en raison du baptême, est le sujet actif de la vie et de la mission de l’Église.”

La « phase préparatoire » du Synode au cours de laquelle a lieu une “consultation” du peuple de Dieu est très importante, insiste le cardinal: sans elle “il n’y aurait pas de processus synodal, car le discernement des pasteurs, qui constitue la deuxième phase, se fait sur la base de ce qui est ressorti de l’écoute du peuple de Dieu”.

Ces “deux actes sont étroitement liés, je dirais même complémentaires”, poursuit-il : “L’Instrumentum laboris est élaboré sur la base de ces deux actes, qui se réfèrent à deux sujets : le peuple de Dieu et ses pasteurs.”

“De grands fruits au niveau œcuménique”

“Le processus synodal n’a pas été conçu dans un bureau ; il a émergé du cheminement même de l’Église tout au long de la période postconciliaire”, affirme le cardinal.

Il note que “le thème de la synodalité était tombé dans l’oubli dans la pratique ecclésiale et la réflexion ecclésiologique du deuxième millénaire dans l’Église catholique”, tandis qu’”il s’agissait d’une pratique typique de l’Église du premier millénaire, perpétuée dans l’Église orthodoxe”.

La nouveauté dans l’Église catholique “est que la synodalité réapparaît comme le couronnement d’un long processus de développement doctrinal, qui conduit à la clarification de la primauté pétrinienne avec Vatican I, à la collégialité épiscopale avec Vatican II et aujourd’hui, à travers l’accueil progressif de l’ecclésiologie conciliaire … à la synodalité comme moyen de participation de tous au cheminement de l’Église”.

Le cardinal est persuadé qu’il s’agit “d’une grande perspective, qui unit la tradition de l’Église d’Orient et de l’Église d’Occident, en donnant à l’Église synodale ce principe d’unité qui faisait défaut même dans l’Église des Pères, quand la fonction d’unité même était exercée par l’empereur”.

Ce cheminement synodal, poursuit le secrétaire général du Synode, apportera “sans nul doute” “de grands fruits au niveau œcuménique”.

C’est ce qu’a déclaré le pape François dans son discours à l’occasion du 50e anniversaire de l’institution du Synode, rappelle le cardinal : « La synodalité comme dimension constitutive de l’Église offre également un cadre adéquat pour comprendre le ministère hiérarchique, en particulier le ministère pétrinien, avec le pape qui – ce sont les mots du pape François – ne se trouve pas, tout seul, au-dessus de l’Église, mais en elle comme baptisé parmi les baptisés et dans le Collège épiscopal comme évêque parmi les évêques, appelé en même temps – comme successeur de l’apôtre Pierre – à guider l’Église de Rome qui préside dans l’amour toutes les Églises. »

“Le processus synodal est le test décisif de cette vision vraiment élevée de l’Église”, déclare le card. Grech.

“Communion, participation et mission »

Le secrétaire général du Synode estime que “les fruits que l’on peut espérer” de cette nouvelle façon de célébrer le Synode “ sont déjà implicitement indiqués dans le titre indiqué par le pape pour l’Assemblée : « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ».

“Pendant longtemps, note le cardinal, on a parlé de la communion comme d’un élément constitutif de l’Église. Aujourd’hui, il semble clair qu’une telle communion est synodale ou n’est pas une communion.” La communion ne peut donc “se traduire que par la participation de tous à la vie de l’Église, ajoute-t-il, chacun selon sa condition et sa fonction spécifiques”.

Le cardinal parle du “cheminement commun du peuple de Dieu avec ses pasteurs” expliquant que “dans le processus synodal auquel tous participent, chacun selon sa fonction propre – peuple de Dieu, Collège des évêques, évêque de Rome – il y a une réciprocité de sujets et de fonctions qui fait avancer l’Église sur son chemin, sous la conduite de l’Esprit”.

Le rôle des évêques

En parlant du rôle des évêques, le card. Grech souligne qu’il “ne faut pas oublier que le moment du discernement est confié avant tout aux évêques réunis en assemblée”. Il explique qu’il ne s’agit pas ni “du cléricalisme” ni d’”un désir de maintenir l’Église dans des positions de pouvoir”.

“Une assemblée synodale n’est pas un parlement, rappelle le cardinal. Le faire fonctionner avec des systèmes de représentation ou de quotas risque de ressusciter une sorte de conciliarisme, déjà largement enterré.”

Selon l’affirmation du Concile qui dit que les évêques sont « le principe et le fondement de l’unité dans leurs Églises particulières », poursuit le cardinal, c’est “aux évêques revient donc une fonction de discernement, qui leur appartient en raison du ministère qu’ils exercent pour l’Église”.

Pour le secrétaire général, “la force du processus réside dans la réciprocité entre la consultation et le discernement. C’est là que réside le principe fécond qui peut conduire à d’autres développements de la synodalité, de l’Église synodale et du Synode des évêques”.

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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