L’archevêque majeur de Kiev-Halic (Ukraine), Sviatoslav Shevchuk, lance un appel à l’arrêt immédiat du conflit en Ukraine, au micro de Radio Vatican en italien (Benedetta Capelli), ce 20 avril 2021.
Il remercie le pape François pour son appel à la paix dans son pays, lors du Regina Caeli de dimanche, 18 avril 2021, et en même temps il exprime ses préoccupations : un « conflit militaire serait une tragédie humanitaire ».
« Nous sommes vraiment reconnaissants envers le Saint-Père, souligne l’archevêque majeur, avant tout pour son empathie et sa prière pour l’Ukraine, pour notre peuple si affligé parce que nous traversons de nouveau, actuellement, une période de grande peur. »
Il explique deux causes principales de préoccupation: « Cette peur est causée par deux choses. Une trêve qui a duré depuis presque un an et qui est malheureusement en train de dégénérer avec les tirs et les combats militaires en Ukraine orientale. Et c’est vraiment une tragédie parce que nous espérons beaucoup pouvoir arrêter la guerre, que l’on pourra vraiment trouver une solution politique, diplomatique, de ce conflit parce que nous savons tous qu’il n’existe pas de solution militaire à cette situation. La seconde cause de cette peur des Ukrainiens c’est la très grande concentration des troupes russes à la frontière de l’Ukraine. On craint une invasion directe de cette armée sur le territoire ukrainien. Et tout cela, dans le contexte de la pandémie. Nous traversons une vague très forte de la pandémie de coronavirus, actuellement en Ukraine, c’est pourquoi nous traversons un moment de grande peur. La solidarité du Saint-Père, l’attention qu’il a réclamée envers nos souffrances a fait naître des sentiments de profonde gratitude envers le Saint-Père, pour sa prière et pour son soutien à l’égard du peuple ukrainien qui souffre. »
L’archevêque Sviatoslav Shevchuk évoque la situation humanitaire: « Dans cette zone, la situation humanitaire empire parce qu’avant la pandémie de Covid, il existait des points de passage, les gens pouvaient se déplacer de la partie occupée à la partie ukrainienne contrôlée. Les personnes âgées pouvaient venir retirer leur pension. On pouvait envoyer des aides humanitaires dans cette zone. Mais avec l’explosion du coronavirus, tous ces points de passage ont été fermés. Les gens sont piégés dans cette zone. La contagion augmente, la possibilité d’envoyer des aides humanitaires, surtout des médicaments, de la nourriture pour répondre aux besoins essentiels de ces gens est pratiquement impossible. S’il s’ajoutait à cela un conflit militaire… Ce serait une tragédie, du point de vue humanitaire pour ces personnes qui se sentent vraiment oubliées, instrumentalisées et qui ont peur. »
Il lance un appel à l’arrêt immédiat du conflit, notamment parce que la Pâque des Orthodoxes et des catholiques qui suivent le calendrier julien approche: « Non à la guerre ! Déposez les armes ! Comme le disait le Saint-Père François, avec la guerre, on ne gagne rien mais on perd tout. Que la raison, le dialogue, notamment le dialogue diplomatique, prévale sur la tentation d’utiliser les armes pour résoudre tous les problèmes politiques internationaux. Nous, représentants des Eglises et des organisations religieuses en Ukraine – je suis maintenant le président du Conseil des Eglises – nous avons signé un appel pour la paix, surtout dans le temps pascal parce que, dans deux semaines, nous fêterons la Pâques orthodoxe en Ukraine et, en temps qu’Eglise gréco-catholique, nous suivons le calendrier julien ; c’est pourquoi, pour ce temps pascal, nous voulons que la paix prévale, que les chants de Pâques, le son des cloches prévalent sur les tirs, sur l’usage des armes. C’est cela notre appel, c’est cela notre prière, c’est cela notre volonté, notre plus profond désir : que la paix prévale, non à la guerre, que les troupes se retirent et que les personnes puissent vivre dignement et également recevoir l’aide dont elles ont besoin. »
« Je souhaite vivement, a dit le pape après le Regina Coeli, que l’on évite l’augmentation des tensions et qu’au contraire, soient posés des gestes capables de promouvoir la confiance mutuelle et de favoriser la réconciliation et la paix, si nécessaires et tant désirées ».
Des préoccupations partagées par l’Union européenne qui poursuit la voie du dialogue et de la diplomatie, souligne la même source: une situation très « alarmante » et « préoccupante », affirme le haut représentant de l’Union européenne, Josep Borrell, soulignant le risque d’escalade et la « nécessité de désarmorcer les tensions ». Il indique la présence à la frontière entre Russie et Ukraine de 150 000 soldats russes. Le Pentagone a aussi exprimé ses « sérieuses préoccupations ».
Traduction de Zenit, Hélène Ginabat