« Le personnel de la Secrétairerie d’État est composé de personnes de nationalités et d’origines diverses, laïcs, prêtres et religieux, qui travaillent avec dévouement et esprit de sacrifice », affirme le cardinal Parolin, secrétaire d’État du Vatican. La décision du pape François de nommer Francesca Di Giovanni au poste de sous-secrétaire pour le Secteur multilatéral, dit-il, est « une reconnaissance incontestable du rôle des femmes, non seulement au sein de la Secrétairerie d’État, mais aussi dans la mission même de l’Église ». « Le pape François a défini les femmes comme des ‘donneuses et médiatrices de paix’ », rappelle le cardinal.
Dans une longue interview accordée à Vatican News le 12 avril 2021, le cardinal Parolin explique la composition du personnel de la Secrétairerie d’État et les défis les plus urgents à relever aujourd’hui. Il parle également de la diplomatie pontificale, de sa mission et de son rôle sur la scène internationale.
Dans les trois sections de la Secrétairerie, raconte le cardinal, travaillent 103 personnes, « dont 55 femmes, parmi lesquelles 25 religieuses, provenant de tous les continents ». « Une composition aussi variée du personnel, où chacun est appelé à donner sa propre contribution, constitue certainement une grande richesse au service du Saint-Père et de la mission de l’Église, affirme-t-il. Le fait même que des personnes ayant des histoires, des cultures et des sensibilités différentes puissent travailler ensemble est un témoignage éloquent de la possibilité de construire des relations fraternelles et pacifiques entre tous les peuples. »
Concernant les défis les plus urgents à relever aujourd’hui et le rôle que la Secrétairerie d’État peut jouer à cet égard, le cardinal Parolin rappelle que « l’urgence sanitaire que nous connaissons souligne une fois de plus la fragilité commune de la condition humaine et les limites de la prétendue autosuffisance de l’homme moderne ». La crise, poursuit-il, est alors « l’occasion d’une nouvelle approche », « qui requiert une action commune ».
Cela appelle, explique-t-il, « des réponses au niveau mondial dans de nombreux domaines », comme la promotion de la santé publique et la réalisation d’« un droit d’accès aux soins de base pour chaque personne », y compris « un accès universel aux vaccins »; « la nécessité de trouver de nouvelles formes de travail qui soient véritablement capables de réaliser le potentiel humain tout en affirmant la dignité de chaque personne ». En ce sens, affirme le cardinal, « le rôle de la Secrétairerie d’État est de continuer à rappeler inlassablement à la communauté internationale et aux différents acteurs politiques les exigences du bien commun et du respect de la personne humaine ».
Les dépenses ordinaires et extraordinaires 2020
Le cardinal Parolin aborde également la question du budget et du coût du réseau international sur lequel repose la diplomatie pontificale. Il rappelle que « la mission de la diplomatie pontificale est de renforcer les liens entre le Siège de Pierre et les Églises locales, et de favoriser le développement de relations amicales entre le Saint-Siège et les États pour le bien commun ».
« Cet engagement, explique le cardinal, s’appuie aujourd’hui sur un réseau de 128 nonciatures apostoliques pour les 174 pays qui entretiennent des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, 12 délégations apostoliques auprès des Églises locales et auprès de 17 organisations internationales. »
Les dépenses ordinaires et extraordinaires pour l’année 2020, dit le cardinal, « se sont élevées à un total d’environ 23,8 millions d’euros, dont 20,1 millions de dépenses ordinaires et 3,7 millions de dépenses extraordinaires: les plus importantes concernaient les travaux de construction d’un nouveau siège au Timor oriental ». En comparant ces chiffres à ceux de l’année précédente, le secrétaire d’État dit que si « les données relatives aux dépenses de 2020 sont confirmées », « cela se traduira par une réduction des coûts d’environ 3,8 millions d’euros par rapport à 2019 ».
Diplomatie du Vatican : la « voix de la conscience »
Dans l’arène internationale, explique le cardinal Parolin, le Saint-Siège présente « en quelque sorte la ‘voix de la conscience’ qui invite et encourage tous les interlocuteurs à relever les défis communs dans un esprit de solidarité ». « Son approche est donc essentiellement de nature morale, poursuit le cardinal, et elle œuvre au sein de la communauté internationale pour faciliter et cultiver les relations amicales entre les peuples et les nations. »
Le Saint-Siège, affirme le cardinal, « considère comme une obligation morale d’assister la communauté internationale dans la recherche de la paix, en favorisant le dialogue et la fraternité ».
La voix du pape François, rappelle-t-il, « constitue un point de référence sans équivoque, avec un impact significatif sur de nombreuses questions, qui a, par exemple, contribué à faire aboutir le Pacte mondial sur les migrations et le Pacte mondial sur les réfugiés ».
Le cardinal cite également l’encyclique Laudato sì, « dans laquelle le Saint-Père aborde les questions relatives à notre maison commune, sans se limiter aux aspects techniques et scientifiques », ainsi que la lettre encyclique Fratelli tutti, « sur la fraternité et l’amitié sociale ». Les deux encycliques « ont eu un large écho au sein de la communauté internationale », ajoute le cardinal.
Le secrétaire d’État mentionne aussi la création de la Commission vaticane sur le Covid-19, « mise en place dans l’objectif d’étudier des solutions pour surmonter la crise sanitaire et sociale provoquée par la pandémie ». Enfin, il souligne « l’engagement en faveur de la paix et de la résolution des conflits, ainsi que les efforts déployés pour promouvoir le désarmement, en particulier le désarmement nucléaire ». Cependant, souligne-t-il, « ce n’est que si l’ordre social et international est fondé sur le droit et la justice qu’il peut y avoir une véritable paix, et non une situation de non-belligérance garantie par la peur et la dissuasion nucléaire ».