Youri Gagarine 1961, Helsinki © wikimedia commons / Arto Jousi / Suomen valokuvataiteen museo

Youri Gagarine 1961, Helsinki © wikimedia commons / Arto Jousi / Suomen valokuvataiteen museo

L’Osservatore Romano publie une lettre de Youri Gagarine

60e anniversaire du premier vol de l’homme dans l’espace

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À quelques jours du 60e anniversaire du premier vol de l’homme dans l’espace, L’Osservatore Romano en italien publie une lettre du cosmonaute russe Youri Gagarine (1934-1968), écrite à sa famille le 10 avril 1961, deux jours avant son départ en mission spatiale. Adressée à sa femme, Valentina, et à ses deux filles, Galina et Elena, la lettre devait leur être remise en cas de problème pendant le vol.

En réalité, la mission a été couronnée de succès et, après une heure et 48 minutes de vol à bord de la capsule Vostok 1, Gagarine est retourné sur terre en atterrissant dans la région de Saratov à environ 850 kilomètres au sud-est de Moscou et la lettre n’a pas été remise à sa famille. Cependant, son testament spirituel a été livré à sa femme sept ans plus tard, le 27 mars 1968, lorsque le pilote a été tué dans un accident d’avion alors qu’il testait un avion de chasse Mig-15.

Cette lettre, publiée en entier par L’Osservatore Romano, témoigne de la fierté de Gagarine qui avait été choisi pour cette mission parmi d’autres premiers cosmonautes du programme spatial soviétique : « Aujourd’hui, écrit-il, une commission gouvernementale a décidé de m’envoyer le premier dans l’espace. … comme je suis heureux … Une personne ordinaire s’est vue confier une si grande tâche d’État: ouvrir la première route dans l’espace! »

« Peut-on rêver de quelque chose de plus? se demande-t-il. Oui, c’est de l’histoire; c’est une nouvelle ère…Je dois partir dans un jour. Une grande tâche pèse sur mes épaules. »

La lettre reflète ses doutes et ses peurs qu’il considère comme « faiblesse passagère » : « J’ai une confiance totale dans la technique, affirme Gagarine. Il ne doit pas décevoir. Mais il peut arriver qu’une personne tombe dans un endroit plat et se casse le cou. Encore une fois, quelque chose peut arriver. Cependant, je ne crois pas moi-même à cette possibilité. »

Son message est rempli de mots tendres adressés à sa femme qu’il appelle « Valucha », « Valechka » – les diminutifs du prénom Valentina : « Eh bien, écrit Gagarine, si quelque chose arrive, alors je vous demande, et tout d’abord toi, Valucha, de ne pas être affligée par le chagrin… Prends soin de nos filles, aime-les comme je les aime… Élève des personnes dignes d’une nouvelle société – le communisme… Et pour ta vie personnelle : organise-la comme ta conscience te le dit, comme il te semble bon. Je ne t’impose aucune obligation et je n’ai pas le droit de le faire. »

Avant de demander à sa femme de ne pas oublier ses parents et de leur transmettre les « meilleures salutations » ainsi que sa demande de lui « pardonner » de ne leur rien dire au sujet du vol spatial, Gagarine écrit : « J’ai vécu honnêtement, avec sincérité, pour le bien du peuple … Quand j’étais encore petit, j’ai lu les paroles de Valeri Tchkalov [1904-1938, un pionnier de l’aviation soviétique, ndlr]: ‘Si être, c’est être le premier.’ Voici, j’essaierai d’être comme ça et de l’être jusqu’à la fin. »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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