Plus que jamais nous avons besoin de la prière afin que le Christ nous aide à être fidèles « à la mission de témoigner de l’Évangile et à notre appartenance à l’Église dans le monde d’aujourd’hui », affirme le cardinal Pietro Parolin. « Nous sommes au service de la communion », explique-t-il, ainsi que de la défense et de la « promotion de la liberté de l’Église, de la liberté religieuse. En plus de la tâche de la paix mondiale. Imaginez à quel point l’Église travaille pour la paix. C’est ma façon de voir la diplomatie ».
Le secrétaire d’État du Saint-Siège a accordé un entretien à José Luis Restán, directeur éditorial de la radio catholique espagnole Cope, abordant de nombreux sujets dont sa vocation sacerdotale, la collaboration avec le pape, l’opposition au sein de la communauté ecclésiale, indique Vatican News du 5 avril 2021.
Le cardinal Parolin pense que sa « vocation fondamentale est la vocation sacerdotale » : « Je me sens appelé, je me sens encore appelé à être un prêtre, un ministre du Seigneur qui travaille dans l’Église pour les âmes », confie-t-il. « Je n’ai jamais trouvé qu’il y avait une contradiction entre être prêtre et être diplomate, notamment parce que « la tâche des nonces est une tâche pastorale », visant à « renforcer les liens entre le Saint-Siège et les églises locales ».
Même avec la réforme de la curie romaine la mission du secrétaire d’État ne devrait pas changer, estime-t-il. Il continuera à coordonner la secrétairerie d’État dans ses trois sections: affaires générales, relations avec les États et personnel diplomatique. « Il continuera à coordonner ces trois sections et à œuvrer surtout, j’imagine, pour la diplomatie ecclésiastique », affirme le cardinal Parolin.
Le pape François : « un homme simple et sans protocole »
En parlant de son travail commun avec le pape François, le cardinal souligne que leurs différences de tempérament devraient être transformées « en richesse pour le monde ». « Que cela ne devienne pas un conflit, mais une collaboration, poursuit-il, et que chacun avec son point de vue, avec son style, avec sa sensibilité, avec sa préparation, avec sa culture, avec sa spiritualité » puisse collaborer avec l’autre.
Le secrétaire d’État du Saint-Siège confie être frappé par la grande simplicité du pape François : « Quand on s’approche de lui, dit-il, on se rend compte que c’est un homme simple et sans protocole », un homme qui « se soucie beaucoup des relations et de la proximité avec les autres », qui « cherche à rencontrer les gens », et dont le désir est de « rendre l’Église plus crédible dans l’annonce de l’Évangile ».
Le cardinal aborde aussi la question de l’opposition dans la communauté ecclésiale entre une aile dite conservatrice et une aile dite progressiste. Selon lui, cette situation « découle probablement du fait que le pape met beaucoup l’accent sur la réforme de l’Église et qu’il y a beaucoup de confusion à ce sujet ». Parfois, divisions et oppositions naissent de l’incapacité à distinguer « entre ce qui est essentiel et ne peut changer et ce qui n’est pas essentiel et doit être réformé, ce qui doit changer selon l’esprit de l’Évangile », précise-t-il. La structure de l’Église, les sacrements, le ministère apostolique ne peuvent être changés, mais il y a « toute une vie de l’Église qui peut être renouvelée ».
L’Église en Chine : « garantir une vie normale »
Abordant ensuite la situation de l’Église en Chine, le cardinal Parolin souligne que les mesures prises jusqu’à présent par le Saint-Siège, « même si elles n’ont pas résolu tous les problèmes qui existent encore et demanderont probablement beaucoup de temps, vont dans la bonne direction vers une conciliation au sein de l’Église ». « Ce qui a été tenté et ce qui est tenté, c’est de protéger cette communauté qui est encore petite, mais qui a une grande force et une grande vitalité », ajoute-t-il. « Tout ce que l’on fait, c’est de garantir une vie normale dans l’Église en Chine », assurer « des espaces de liberté religieuse, de communion, car on ne peut pas vivre dans l’Église catholique sans communion avec le successeur de Pierre, avec le pape ».
Chrétiens irakiens : « le témoignage de la foi qui va jusqu’au martyre »
Le cardinal Parolin revient aussi sur le voyage du pape François en Irak où règne toujours un « climat de méfiance et d’incertitude qui ne permet pas aux chrétiens d’entrevoir un avenir dans le pays ». Il parle d’un enseignement donné par les fidèles irakiens durant cette visite: c’est « le témoignage de la foi qui va jusqu’au martyre », souligne le cardinal. « C’est une grande leçon », « ils nous enseignent cette capacité à être fidèle malgré toutes les difficultés, mais en même temps ils nous demandent plus de solidarité », déclare-t-il.
Europe : « nous devons témoigner de notre foi »
Le cardinal Parolin rappelle que la mission de l’Église en Europe est une mission de témoignage : « Nous devons témoigner de notre foi, nous devons témoigner de notre espérance, nous devons témoigner de notre charité », en offrant « un témoignage cohérent et convaincu de la vie chrétienne », comme cela s’est produit dans les premiers siècles de l’Église, lorsque les disciples du Christ ont réussi, par leur témoignage, « à changer la mentalité et à introduire les valeurs de l’Évangile dans la société de l’époque ».
S’arrêtant sur l’émergence de nouvelles législations sur les questions éthiques, qui s’éloignent de plus en plus des racines chrétiennes, le cardinal voit « la perte de la foi » dans ces « changements anthropologiques qui sont en train de se produire », précisant que « perdre l’identité de la personne humaine, plus qu’une perte de la foi » représente « une perte de la raison ». Et « probablement aujourd’hui, comme l’a dit le pape Benoît XVI, le problème fondamental est la raison, pas la foi », dit le prélat.