ROME, Vendredi 13 octobre 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte du discours prononcé par le cardinal Bernard Agré, archevêque émérite d’Abidjan (Côte d’Ivoire), lors du Congrès mondial de la télévision catholique qui s’est déroulé à Madrid du 10 au 12 octobre.
Le Congrès était organisé par le Conseil pontifical pour les Communications sociales avec la collaboration de l’archidiocèse de Madrid. Plus de 250 personnes de quelque 50 pays différents y ont participé, avec l’objectif de comprendre ce que signifie être catholique dans le domaine de la télévision, et de constituer un réseau de télévisions catholiques capable de favoriser une coopération pour l’évangélisation.
CONGRES MONDIAL DE LA TELEVISION CATHOLIQUE
MADRID, DU 10 AU 12 OCTOBRE 2006
COMMUNICATION DE S. E. BERNARD CARDINAL AGRE
THEME : SITUATION ET POSSIBILITES DE L’AFRIQUE
Eminences,
Excellence Monseigneur Foley,
Distingués Membres du Conseil Pontifical,
Honorables Invités,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Sollicité par son Excellence Mgr Foley, Président du Conseil Pontifical des Moyens de Communication Sociale, à prendre la parole devant cette auguste assemblée, consacrée au gigantesque phénomène de la télévision qui, comme chacun le sait, imprime une nouvelle culture à notre monde, je me trouve tout à la fois honoré et pensif.
En effet, un thème aussi dense, aussi vaste, aussi actuel, demande compétence et discernement, hauteur de vue et réalisme.
Le langage total, à la fois audible et visuel, que véhicule la télévision, s’adresse à nos sens visibles et éveille nos énergies cachées. Lettré ou analphabète, l’homme d’aujourd’hui savoure sur l’écran, petit ou géant, les reportages historiques ou les fictions plus ou moins fantaisistes des programmes ordinaires ou ciblés. Vu le nombre élevé d’heures que passent quotidiennement enfants, jeunes, adultes et vieillards devant leurs appareils, l’on peut affirmer sans erreur, qu’après la radio, la télévision contribue à forger l’homme nouveau de la mondialisation en ce qu’il y a de meilleur et de pire en ce moment.
Dans la première partie de notre propos, nous survolerons ce qui existe (sa diversité) et dans la deuxième, nous explorerons l’avenir : souhaits et possibilités.
I – L’EXPLOSION DE LA CULTURE TELEVISUELLE EN AFRIQUE : REPONSES PASTORALES DES EGLISES
Dans les années 1970, SEMBENE Ousmane, l’un des pionniers du cinéma africain, appelait ce médium relativement neuf en Afrique, « l’école du soir ». Avec la télévision, de nos jours, il s’agit d’un changement total. En effet, l’école, l’université permanente installée par la télévision, fonctionne sans attendre le clair de lune comme au village, dans l’ancien temps. C’est à longueur de journées et de nuits que désormais, les cours sont donnés. Certains pays, sur le continent, s’offrent déjà plusieurs chaînes nationales. Avec la multiplication des antennes paraboliques, ceux qui peuvent s’en procurer ont pratiquement accès à la galaxie des chaînes étrangères.
Qui arrêtera les possibilités de la technologie ? Les villes aussi bien que les villages, nantis de l’électricité, entrent ainsi de plain-pied dans l’air de la communication à géométrie variable. Qui peut ignorer le fait social massif que représente la télévision ? Les films à grand tirage au nom prestigieux, les films sportifs, les images pornographiques, les films à caractère religieux sont désormais pêle-mêle à la portée des populations urbaines et rurales. Leur attrait, leur puissance font et défont les personnes et leur valeur. Témoins au quotidien de cette révolution culturelle galopante, les Eglises catholiques, en Afrique, ne peuvent rester indifférentes aux défis multiples qu’elle pose à la conscience humaine et ecclésiale. Leurs réponses pastorales locales et continentales s’expriment par des initiatives qu’il convient de connaître et de souligner.
Au plan continental
Dès les années 1960, au lendemain de la vague des indépendances politiques des pays subsahariens, comme de véritables prophètes, les Evêques d’Afrique se sont regroupés en une dynamique organisation : Le SCEAM (Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar), espace institutionnel d’échanges et de concertations fraternelles en matière de pastorales générales. Au sein du SCEAM, ils ont, entre autres départements, établi celui de la communication sociale, appelés CEPACS, entendez le Comité Episcopal Panafricain des Communications Sociales, dont le siège est à Accra, au Ghana.
La mission de ce département important, selon ses statuts, est de promouvoir et de coordonner la pastorale des médias dans les Eglises d’Afrique et de Madagascar. Les membres de ce Comité où j’ai travaillé moi-même, se donnent pour tâche principale de recenser, d’encourager toutes les bonnes initiatives locales et continentales en matière de média.
– Il leur incombe, en outre, d’entretenir des rapports étroits avec les grandes organisations catholiques spécialisées dans la culture médiatique moderne comme UCIP, SIGNIS, etc.
– De faire tenir constamment des lampes allumées dans les communautés catholiques afin qu’elles restent éveillées et inventives dans ces domaines particulièrement sensibles et évolutifs que sont la télévision et les médias satellites. Quels défis !
Ce pari historique à relever, nécessite une confiance renouvelée à l’Esprit Saint, le communicateur par excellence, car ceux qui s’engagent dans la pastorale de la télévision, en Afrique et Madagascar, doivent s’armer d’imagination, de courage, de créativité, d’espérance et de grande humilité, conscients qu’ils évoluent dans un environnement d’exigence et de pauvreté bien connu. C’est dans ce contexte contrasté d’appels multiples et de réalisme qu’ils entreprennent, au nom de leur communauté, de réaliser la présence quotidienne d’une Eglise experte en humanité, sensible aux joies et aux angoisses des peuples, toujours servante des pauvres et des riches. En ce domaine aussi spécialisé, son parcours est déjà long et éloquent. Suivons-le dans trois secteurs :
• Les télévisions nationales d’Etat en Afrique
• Les télévisions internationales
• Les initiatives privées catholiques
1 – Présence des Eglises africaines et malgaches dans les télévisions d’Etat.
Dès l’apparition des télévisions nationales, les pasteurs des Eglises africaines ont entrepris des démarches officielles souvent longues et complexes, en vue de disposer de tranches horaires destinées aux émissions catholiques. Sur l’ensemble du continent africain, la participation effective des catholiques aux émissions télévisées constitue, à n’en pas douter, un fait visible inspirant.
Parmi les animateurs, producteurs, techniciens et autres officiels des télévisions existantes, l’Eglise catholique compte de nombreux fils et filles. De plus en plus, dans leurs rangs, se dégage une élite réfléchie qui, au-delà de sa prestation professionnelle, découvre dans ce noble métier qu’elle exerce avec une compétence et un dévouement exemplaires, un environnement exigeant et précaire, un véritable lieu de sanctification, lieu où s’expriment, en permanence, l’engagement de sa foi en Dieu et le bonheur global de l’homme. Au cours de notre réflexion générale et de nos conclusions aujourd’hui, négliger cette présence caractérisée des enfants de l’Eglise à la télévision, dans le monde et en Afrique, serait une grave omission, voire une injustice. Au demeurant, chaque pasteur sait le nécessai
re regard de sympathie et de prise en charge spirituelle que méritent ces combattants de tous les jours, sur une terre particulièrement difficile mais enrichissante.
Les pasteurs, évêques et prêtres, ne sont pas moins sollicités par les responsables ecclésiastiques et laïcs, hommes et femmes de toutes spécialités présents sur les plateaux et dans les coulisses, pour donner corps et vie aux émissions catholiques. Les équipes sont le plus souvent mixtes : professionnels ou bénévoles, catholiques ou non catholiques. La composition de ces équipes d’intervention varie d’un pays à l’autre.
La conception, l’élaboration, la production de ces temps d’antenne représentent une somme considérable d’énergies. Pour rentrer dans le langage télévisuel, en la variété de ces « genres littéraires », afin d’être reçus et digérés par les téléspectateurs, les groupes engagés dans cet apostolat vivent les vertus d’une solidarité particulière. Pour ne pas paraître, dans ce milieu hautement professionnel, comme une verrue, un corps étranger, ces apôtres du son et de l’image soignent leur synergie interne et la qualité de leur dialogue avec les patrons de la télévision et leurs collaborateurs en place.
Même si, avec la révolution du numérique, la généralisation des minis caméras et des ordinateurs à fonctions multiples facilite aujourd’hui les productions télévisuelles privées, la nécessaire attention aux personnes, à l’intérieur et à l’extérieur, s’impose avec la même actualité. Négocier, sans cesse négocier, dans un esprit de pauvreté évangélique, semble être la règle indiquée. Elle s’avère finalement la plus payante.
Rarement les équipes constituées pour des émissions catholiques fonctionnent dans l’indépendance matérielle et personnelle totale, faute de moyens. Même si, un peu partout, dans les diocèses, des efforts louables ont été réalisés au prix de sacrifices importants consentis pour la formation effective des agents pastoraux en communication sociale et pour la mise à leur disposition de budgets non négligeables, en général, ceux-ci s’avèrent insuffisants. D’année en année, cet apostolat s’améliore dans sa forme, sa tenue professionnelle et dans son contenu très varié qui va du simple reportage aux messes télévisées, des enseignements directs sur la doctrine ou sur la morale, aux débats télévisés ou aux tables rondes organisées.
Des documents aussi denses, aussi actuels que les textes du Concile Vatican II, le Catéchisme de l’Eglise catholique, le Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, les récentes Lettres Encycliques des Papes Jean-Paul II et Benoît XVI, occasionnellement ou de façon régulière, hebdomadaire ou mensuelle, suivant les pays, peuvent enrichir les programmes des émissions télévisuelles nationales.
Tout cela s’inscrit dans une dynamique normale de la démocratie moderne qui proscrit toute discrimination religieuse.
En utilisant toutes ces plages médiatiques, gratuites ou onéreuses, comme d’honnêtes citoyens non pourvus de véhicules personnels, qui utilisent les moyens de transport en commun, les Eglises africaines s’inscrivent ainsi dans le sens de l’histoire. Cette collaboration rationnelle, tous azimuts, les prépare naturellement à une présence croissante dans les télévisions internationales.
2 – L’Eglise Catholique d’Afrique dans les télévisions internationales
Elle y est présente de deux manières :
– Lorsque ces télévisions internationales parlent, elles-mêmes, de l’Eglise africaine ;
– Lorsque par ses propres productions, l’Eglise africaine rejoint ces plates formes d’expression mondiale.
• Des télévisions internationales vont souvent à la rencontre des communautés catholiques pour couvrir, soit des interviews individuels, soit des événements marquants. Il arrive aussi que ces télévisions décident de faire des reportages sur la vie, l’environnement des Eglises d’Afrique. Question de faire connaître les réalités de leur vécu quotidien, parfois, à la limite, question de pure curiosité touristique pour ne pas dire folkloriques. Les intentions peuvent diverger. Tous les échanges humains ont leur côté positif, utile, sympathique. Le dialogue des cultures fait partie de la marche de l’histoire des peuples. Il est souhaitable que ces équipes professionnelles de passage trouvent des professionnels catholiques en place et acceptent de travailler positivement avec eux. Quelle belle occasion d’enrichissement mutuel ! Si des exemples heureux de collaboration se réalisent chaque année sur le continent, l’on dénombre, hélas, des cas malheureux de complexe et de fermeture de part et d’autre, dont les résultats laissent à désirer. Une mauvaise langue a osé dire : « D’ordinaire, les communicateurs ne communiquent pas entre eux ». Heureusement, des faits nombreux font mentir ces affirmations. La foi des jeunes Eglises d’Afrique dans les puissants moyens de communication, de représentation culturelle et de domination économique et politique les pousse à dire une parole personnelle, audible, valable dans le concert des nations modernes.
• Par ses propres productions, l’Eglise d’Afrique rejoint les plates formes d’expression adulte. En Afrique de l’Ouest, par exemple à Ouagadougou, au Burkina Faso, se tient tous les deux ans, le festival du cinéma africain qui regroupe en compétition l’élite des cinéastes du continent. A ce FESPACO, tous les talentueux producteurs dont les films ont souvent la chance d’être projetés sur les télévisions internationales, recherchent le prix spécial qu’offre l’organisation catholique pour le cinéma et l’audiovisuel, OCIC. Ce prix, depuis ses origines, récompense les œuvres qui mettent en évidence les vertus morales, humaines et spirituelles. La présence massive des télévisions locales et internationales rend abondamment compte de cet événement culturel panafricain. Une façon de satisfaire la curiosité et la culture des téléspectateurs locaux et internationaux. Des membres de l’Eglise catholique participent efficacement à cet événement médiatique majeur, donnant ainsi à leur communauté ecclésiale, une expression vivante, originale.
• De plus, la révolution culturelle numérique et l’Internet, l’abondance des CD et DVD, mettent plus aisément à la portée des télévisions locales et internationales, des séquences d’informations diverses concernant les Eglises d’Afrique. Elles sont reconnaissantes à ces petits moyens de dialogue qui les mettent en rapport avec les grands de la communication moderne comme la télévision.
L’Internet avec ses possibilités immenses qui sont à peine explorées, un nouveau genre de télé ou de mondovision, offre aux Eglises d’Afrique des occasions insoupçonnées de se faire connaître et de s’informer. Une judicieuse formation des agents pastoraux pour l’utilisation et l’installation des sites donnerait à nos jeunes communautés débordant d’énergie et de créativité, un rayonnement et une visibilité enviable. Encore là, l’ignorance et le manque de solidarité et d’audace retardent le dialogue transparent avec l’extérieur et même entre les Eglises du continent. Une information, une formation et une conversion de mentalités s’imposent aux Fils africains et malgaches du Royaume. Il en faut, de l’audace, de la compétence, pour effectuer ces sauts dans « l’inconnu ». Il en faut davantage pour entreprendre de créer et de faire fonctionner des stations de télévision catholique indépendantes viables.
3 – Les initiatives privées catholiques
• Dès la suppression du monopole d’Etat ou le réaménagement des législations nationales en matière d’audiovisuel, l’Eglise, en Afrique, s’est réjoui de la floraison de la presse et des stations de
radio. L’inventaire de ces initiatives courageuses reste impressionnant.
L’engouement est loin d’être le même, s’agissant de vraies stations privées de télévision. Bien sûr, ce ne sont pas les bonnes volontés qui manquent devant ces hautes montagnes à escalader pour être, comme l’on dit, dans la cour des grands. Mais l’aventure, comme chacun le sait, est de taille car nombreuses et considérables sont les conditions à remplir. Elles sont, dans le contexte actuel, de véritables obstacles.
En effet, pour être catholique, indépendante, la station émettrice doit :
a) Emaner de l’initiative ou de la couverture d’une autorité ecclésiastique (conférence épiscopale, diocèse, congrégation religieuse) ou d’une organisation catholique reconnue comme telle ;
b) Tirer sa vision, ses objectifs de ceux de l’Evangile, des principes de l’Eglise dans le sens de la promotion totale de l’homme et de tous les hommes ;
c) Se présenter entourée de toutes les garanties juridiques et les normes internationales réglementaires. Là il n’y a plus de place pour l’improvisation ou le précaire ;
d) Disposer d’hommes et de femmes de qualité, c’est-à-dire techniquement valables, humainement à la hauteur, décidés à vaincre l’amateurisme ;
e) Se donner une assise financière durable destinée à prendre en charge le présent et les développements futurs nécessaires.
Alors la question qui brûle en ce moment toutes les langues est celle-ci : existe-t-il en ce moment en Afrique des stations émettrices catholiques ? Si mes renseignements sont bons (fournis par SIGNIS – CAMECO ACHEN), force nous est de constater qu’en ce domaine, la moisson demeure encore bien maigre en général. Ce que nous savons, c’est l’existence de projets fermes, les uns très avancés, même sur le point d’aboutir, les autres, encore à leurs premiers débuts. Voici, à notre humble connaissance, la liste des pionniers en matière de stations émettrices de télévision sur le continent :
• Le projet de l’archidiocèse de DAR ES-SALAAM, en Tanzanie : conduit par Son Excellence Modeste KILAINI, Evêque Auxiliaire de Dar Es-Salaam ;
• Le projet de LUSAKA en Zambie ;
• Le projet de KINSHASA, en République Démocratique du Congo, sous le patronage de Son Eminence Cardinal ETSOU ;
• Le projet de KISANGANI, de l’initiative de Son Excellence Monseigneur MONSENGWO (un service plus complexe de radiodiffusion et télévision localisée)
• Les projets de studios de productions vidéo en vue de proposer des cassettes ou supports en Prêts à Diffuser (PAD) sont multiples, notamment en Côte d’Ivoire.
Ces exemples sont à encourager. Ils suscitent des émules. D’autres projets sont sans doute en gestation. Plaise à Dieu que rapidement, en ce domaine de la haute technologie, les fils et filles d’Afrique se lèvent pour participer, entrer dans la recherche de vrai leadership, abandonnant courageusement le rôle de suiveurs et de simples consommateurs. Nous venons de survoler les réalités de la situation actuelle. Y a-t-il un avenir ? Peut-on faire des projections ?
II – LES POSSIBILITES EN AFRIQUE
Reconnaître objectivement le retard accusé par le continent en matière des hautes technologies qui gouvernent le monde, ne signifie nullement déclarer forfait. Bien au contraire, nous sommes de ceux qui croient et qui, en Eglise, saluent et regardent l’Afrique comme un continent d’avenir.
• Richesses matérielles
Elle regorge en effet de richesses matérielles et humaines remarquées, richesses du sol et du sous-sol à peine explorées malgré le pillage méthodique passé et actuel. La pauvreté chronique des Africains reste un paradoxe. Un système de blocage draconien bien rodé les emprisonne, pour le moment, et les oblige à tendre la main. Tout le monde ne l’accepte plus. Au fil des années, des Africains et des Africaines jeunes et adultes, entreprennent de briser les portes cadenassées. Dans ce noble dessein, ils cherchent des partenaires intérieurs et extérieurs décidés comme eux à changer, à dérouiller les blocages et à faire bouger les choses. Le cliché de l’incapacité de l’Africain à gérer, reçu comme un dogme, ne doit plus endormir les consciences. De brillants succès d’Africains dans le management en général et en matière de médias devraient faire tomber progressivement ces préjugés séculaires.
• Ressources humaines
L’espoir suscité par le continent africain réside aussi dans la qualité et le nombre de ses agents formés et rendus compétitifs. De nos jours, beaucoup sont revenus chez eux, hautement qualifiés après leur passage dans les universités et les grandes écoles de formation aux médias à l’étranger, notamment en Europe, en Amérique, en Asie et bien sûr dans des instituts de formation en Afrique qui font leurs preuves. Nombre de ceux et celles qui trouvent à exercer leur métier de communicateurs dans des conditions professionnelles et environnementales convenables font fructifier à merveille leurs connaissances et leurs talents. Bien entendu, il ne s’agit plus d’un travail de routine, car les exigences actuelles veulent que les résultats soient marqués au coin du professionnalisme. Aussi, l’Afrique doit-elle dignement s’aligner et remplir sans complexe les normes professionnelles internationales en vigueur, tenant toujours à l’esprit l’évolution accélérée en cours. Le débat reste ouvert ; à chacun de faire valoir ses arguments.
• Promouvoir des artistes producteurs
Une nouvelle génération de producteurs doit absolument voir le jour, grandir et garantir les enjeux. Il s’agit de professionnels capables de concevoir, d’écrire des scenarii accrocheurs pour enfants, jeunes et adultes. Des exemples de ces artistes médiatiques existent au Burkina Faso, en République Démocratique du Congo et ailleurs. Ils ont besoin d’être mieux connus pour susciter des émules. Par exemple le forum continental du FESPACO et d’autres instances internationales pourraient fournir des occasions efficaces d’expression et d’échanges.
• Heureuses initiatives
Voilà pourquoi les Eglises d’Afrique saluent et encouragent l’initiative de promouvoir le Forum international de la télévision, sorte de banque de données et plateforme d’échanges et de concertation. Que ce beau projet annoncé par Monseigneur le Président du Conseil Pontifical des Moyens de Communication Sociale se réalise dans les meilleurs délais. Tout le monde, nous en sommes convaincus, pourra en tirer grand profit ; les plus avancés, comme les plus démunis. Améliorer ce qui existe, faire aboutir les différentes tentatives dans un esprit d’information réciproque et d’entraide. Aucune Eglise ne saurait s’installer dans des rapports de clubs réservés et fermés comme les mœurs de la mondialisation à la mode nous habituent à le constater par exemple au sein du G7 ou G8. Les catégorisations et les exclusions pratiques créent des frustrations. Elles freinent, voire anéantissent les vraies stratégies de collaboration fraternelle. Cela est connu malgré les belles déclarations d’intention altruistes.
• Le problème des satellites
Même si, ce qui est dans l’ordre des choses, le sens de l’histoire, des stations authentiques de télévision surgissent et deviennent opérationnelles, il faudra, aux responsables, résoudre le délicat problème de la connexion satellitaire. Il y a bien un projet continental d’avoir un satellite mis en orbite et tournant au-dessus de l’Afrique. Les volontés politiques africaines se rassemblent petit à petit autour de cet objectif continental qui permettrait, entre autres avantages, de faciliter les communications téléphoniques et télévisuelles. L’autre avantage serait d’en réduire considérab
lement les coûts. Les fidèles et les responsables d’Eglise, en Afrique et dans les Eglises d’autres continents, devraient s’intéresser et se mobiliser autour du lancement à brève échéance d’un tel instrument de communication.
• Le coût élevé des consommations
Une grosse difficulté à résoudre : le coût très élevé des connexions directes aux satellites. Les problèmes récurrents de pénurie de personnel professionnel qualifié, de qualité exigée des productions résolus, il restera à pourvoir aux factures élevées de connexion et de consommation régulière. Elles se présentent comme des dépenses incompressibles qui peuvent décourager plus d’un. Pasteurs, fidèles, communicateurs devront escalader ces montagnes.
CONCLUSION
Législations locales et internationales, valeur pastorale et humaine des productions, professionnalisme des présentations, recherches de fonds pour lancer les stations et les entretenir correctement, etc., autant d’éléments importants qui tiennent en éveil l’esprit des pionniers de la télévision comme des athlètes qui affrontent les pistes de course à obstacles. Il faut de l’endurance, il faut de la perspicacité, il faut constamment une vision d’ensemble.
Il faut savoir s’armer d’un mental fort et lever très haut les jambes. L’espoir est permis, la victoire sourit à ceux qui se lancent prudemment et luttent avec foi et sagesse. Les Eglises d’Afrique et de Madagascar, aidées de leurs sœurs plus âgées et plus nanties, en sont bien capables.