Le Bon Pasteur - DP COMMONS-WIKIPEDIA

Lectures de dimanche : le Christ n’est pas une opinion, c’est une Présence

Le rejeter, c’est nier une évidence

Share this Entry

Le Christ n’est pas une opinion, c’est une Présence : c’est le titre de la méditation de Mgr Francesco Follo sur les lectures de dimanche 23 août 2020, XXIe dimanche du Temps ordinaire (Année A – Is 22,19-23 ; Ps 137 ; Rm 11,33-36 ; Mt 16,13-20).

« La présence du Fils de Dieu parmi les hommes est un fait qui ne peut être éliminé de notre histoire et de celle du monde, souligne l’observateur permanent du Saint-Siège à l’Unesco à Paris. L’accepter ou le rejeter n’est pas comme accueillir ou rejeter une opinion. C’est nier une évidence. »

Une prémisse nécessaire

Tout l’Évangile est imprégné d’une question : « Qui est Jésus ? » On se demande toujours qui il est. Cependant, dans le passage de l’Évangile d’aujourd’hui, il y a un renversement. On ne demande plus qui il est, c’est lui qui demande aux disciples, nous y compris : « Qui suis-je pour vous ? » En effet c’est très différent quand nous posons une question à une personne et quand nous acceptons de nous mettre en question et d’y répondre.

Dans le premier cas, nous pourrions répondre en disant notre opinion dans laquelle nous sommes plus ou moins existentiellement impliqués, aussi parce que, comme l’on dit : une opinion vaut une autre.

Dans le second cas, nous sommes appelés à répondre en reconnaissant une présence. En fait, le Christ n’est pas réductible à une idée sur laquelle nous pouvons avoir une opinion. Le Christ est une présence qui nous demande de prendre position. La présence du Fils de Dieu parmi les hommes est un fait qui ne peut être éliminé de notre histoire et de celle du monde. L’accepter ou le rejeter n’est pas comme accueillir ou rejeter une opinion. C’est nier une évidence. Dire que le Christ est le Fils du Dieu vivant pour Saint Pierre ce n’était pas exprimer une formule, mais reconnaître une Présence. C’était l’explication d’un choix de vie qui impliquait une communion de vie et non pas simplement le partage d’une opinion.

En demandant : « Toi, qui dis-tu que je suis ? », le Christ ne fait pas un sondage d’opinion, mais pose la question de l’amant qui, avec cette question, ne demande pas à l’aimée un avis sur lui, mais si Lui, il est tout pour elle. Saint Pierre répondant : « Tu es le Fils du Dieu vivant », il a reconnu à haute voix que le Christ était tout pour lui et pour les apôtres. Pour cela, ils avaient tout laissé : pour avoir tout, le Tout.

Jésus n’avait pas besoin de la réponse de Pierre pour obtenir des informations ou des confirmations sur lui-même, pour savoir s’il était meilleur que les autres maitres. Le Christ veut savoir si pour Pierre et les autres apôtres il était le centre affectif de leur vie. Il voulait savoir si les compagnons de son aventure humaine l’aimaient vraiment, à cœur ouvert.

La connaissance du Christ est donnée à ceux qui l’aiment. En dehors de l’amour, il n’y a pas de vraie connaissance. Il peut y avoir une connaissance abstraite de certaines théories. Mais en ce qui concerne une personne, nous la connaissons vraiment dans la mesure où nous l’aimons, et Dieu est amour, et nous la connaissons par amour.

L’amour de soi, l’amour pour une femme ou pour un homme, la relation aux autres, la façon dont la réalité affecte la sensibilité humaine, le désir de savoir, l’expérience de la beauté, tout cela serait incompréhensible, si la relation de l’homme avec l’Amour infini fait chair manquait.

« Le Fils de Dieu … a travaillé avec des mains humaines, a pensé avec un esprit humain, a agi avec la volonté humaine, a aimé avec un cœur humain. Étant né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, semblable à nous en toutes choses sauf le péché » (Conc. Vat. Const. Gaudium et spes, 22). Il est donc important de retrouver l’étonnement devant ce mystère, de se laisser envelopper par la grandeur de cet événement : Dieu, le vrai Dieu, créateur de tout, a parcouru nos chemins d’hommes, entrant dans le temps humain, pour communiquer sa même vie (cf.1 Jn 1, 1-4). Et il ne le fit pas avec la splendeur d’un souverain qui soumet le monde avec sa puissance, mais avec l’humilité d’un fils de charpentier qui sert le monde

À l’exemple de Pierre, nous reconnaissons le Christ non pas comme l’expression d’un concept mais comme une personne vivante. Il est le Messie, il est le Dieu qui marche avec les hommes pour que les hommes puissent marcher avec Dieu, Il est le Vivant. Il est la Vérité pleine de Vie, il est la fontaine d’où jaillit la vie puissante, inépuisable et illimitée, la source de la vie. Si nous regardons au-delà des mots, si nous descendons là où les mots jaillissent, nous pouvons comprendre la réponse de Peter pour ce qu’elle est vraiment : une déclaration d’amour : « Tu es ma vie. En te trouvant, j’ai trouvé la vie ».

Nous devons juste faire de même, car nous aussi trouvons la vie et réagissons par la vie.

            1) C’est la vie qui doit répondre.

Qui est le Christ ? Cette question, toujours actuelle et incontournable, est adressée au monde, aux disciples et aujourd’hui à nous.

En ce qui concerne le monde, dans le meilleur des cas, les gens répondent que le Messie est un prophète, voix de Dieu et son souffle. Il s’agit d’une belle réponse mais elle est fausse, surtout parce que Jésus ne peut pas être réduit à l’une des personnalités religieuses qui ont dit ou fait des choses extraordinaires. Jésus a apporté au monde pas seulement un message intéressant, profond et vrai. Il a aussi apporté au monde Dieu-même.

Au nom des disciples, Pierre répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! ». Donc il souligne ce qui n’est qu’une étrange « prétention » pour beaucoup de monde : le Christ n’est pas seulement un personnage historique important qui est vrai, mais il est aussi vivant. Le problème donc n’est pas tant celui de le connaître comme une théorie du passé, même si elle est encore actuelle, mais de Le rencontrer, Lui, la Vie vraie qui donne vie aujourd’hui comme hier : toujours.

Nous, aujourd’hui, nous sommes dans le socle de la réponse de Pierre, nous sommes appelés à répondre que le Christ a non seulement existé et qu’Il est vrai, mais qu’il est aussi connaissable et « rencontrable ». Il est vivant et présent, il est le Dieu de la fleur vivante et non des mortes pensées.

Deux façons de connaître le Christ sont décrites dans l’Évangile de ce dimanche.

La première façon est celle d’une connaissance externe, caractérisée par l’opinion publique et par la réduction du Messie à un grand personnage tel que l’ont été les prophètes. En effet à la question de Jésus « Le Fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ?», les disciples répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes ». Cela signifie que le Christ est considéré comme un personnage religieux parmi les autres, éventuellement le plus grand mais semblable à ceux qui sont déjà connus.

La deuxième façon est celle de la connaissance qui vient de l’expérience de la communion. En effet, en s’adressant personnellement aux disciples qui sont depuis très longtemps avec Lui, Jésus demande : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? ».

C’est à partir de la vie avec le Christ, à partir de l’expérience de communion avec Jésus, que Pierre donne sa réponse, en faisant la première confession de foi : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! ». Cette profession de foi est aussi faite au nom des autres disciples.

La foi va au-delà des simples données empiriques ou historiques, et elle est capable de saisir le mystère de la personne du Christ dans sa profondeur. La foi naît de la rencontre et elle grandit dans le renouvellement quotidien de cette rencontre entre le Christ, Pierre et les autres disciples, c’est-à-dire nous aussi, enfants de Dieu et de l’Église.

 

2) L’Église et le Pape, garant de la Vérité et de la Charité

Le récit évangélique d’aujourd’hui ne parle pas seulement du Christ et de Pierre, mais aussi de l’Église. Il nous dit avant tout que l’Église appartient au Christ : « Mon Église » et il en remarque la stabilité perpétuelle : l’Église est comme une maison bâtie sur le rocher, même s’il semble qu’elle repose sur la fragilité des hommes : «et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle ». Il s’agit d’une stabilité éprouvée, mais sure. Elle est éprouvée car la clef dont le Christ parle et qu’Il donne à Pierre, est celle de la Croix. Elle est sure car elle est bâtie sur le roc d’une foi solide et d’un amour sans faille. Pierre est le roc dans la mesure où il transmet encore le Christ, trésor pour l’humanité entière. Il est le roc dans la mesure où il montre que Dieu est vivant parmi nous et il nous appelle à participer à son amour crucifié, désarmé (1), constant (2) : éternel. « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? », demanda Jésus aux disciples et Pierre dit seulement « Dieu » : le Christ n’était pas seulement ce que Pierre affirmait de Lui, mais ce dont il vivait : « Seigneur, tu as les paroles de vie éternelle ».

Avant d’être une doctrine et une morale, le christianisme est une Personne qui nous aime et qu’il faut aimer. L’amour de Dieu a écrit son récit sur le corps du Christ avec l’alphabet de blessures ineffaçables comme l’amour.

Les deux images du rocher et des clefs, auxquelles Jésus a recours, sont en elles-mêmes très claires : Pierre sera le fondement rocheux sur lequel reposera la construction de l’Église. Pierre aura les clefs du Royaume des cieux pour l’ouvrir ou le fermer à celui à qui il lui paraîtra juste de le faire en vérité et charité. Enfin, il pourra lier ou délier, ce qui veut dire qu’il pourra établir ou interdire ce qu’il croira nécessaire de faire ou ne pas faire pour la vie de l’Église, qui est et reste du Christ. Il s’agit toujours de l’Église du Christ et non de Pierre.

Ces deux images parlent de foi et de confiance : de la foi de Pierre et de la confiance de Jésus. La pierre ou rocher met en évidence la stabilité du croire comme le verbe hébraïque amen qui justement signifie « se tenir fermement ».

C’est le roc qui solidifie la maison. Et c’est bien à ce roc à qui est donnée une pleine autorité : « à lui seulement sont confiées les clefs », pour interdire ou permettre, pour séparer et pardonner. En tout cas il ne faut pas oublier que l’autorité de Pierre est une autorité vicaire (3) Pierre est l’image d’un Autre, du Christ qui est le vrai Maître de l’Église.

La foi qui émerge de ces mots « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! », n’est pas le fruit d’une spéculation ; ce n’est pas une question de « chair et sang ». Si c’était pour « la chair et le sang », Pierre n’aurait pu voir en Jésus « quelqu’un des prophètes ». Vis-à-vis de Jésus « la pensée selon les hommes » ne suffit pas, pour autant qu’elle puisse être subtile et intelligente : en effet il a plu à Dieu « cacher ces choses aux sages et aux savants, et les révéler aux tout-petits ». De ce fait, à partir du moment où Pierre professe le fondement de la foi au nom de l’Église entière, il est le plus petit parmi les plus petits de ses frères, mais il aime le Christ plus que tous les autres ; pour cela et seulement pour cela, il est devenu le premier, sommet irremplaçable de communion. Il ne s’agit pas d’un pieux exercice d’humilité, mais de la vérité faite à une personne et aimée plus que soi-même.

Et c’est sur Pierre qui l’aimait plus que tous les autres, sur ce stable roc d’amour que Jésus édifie son Église ; la puissance de la Mort ne l’a pas emporté sur elle, ni l’emportera.

Le poids de la gloire du Premier des Apôtre, comme celui de ces successeurs, naît du signe divin gravé dans son cœur et dans sa tête. Pierre devra lutter tous les jours pour surveiller la « chair et le sang ».

Pierre devra protéger la Vérité et la Communion acceptant tous les jours la remise des clefs : la croix qui a ouvert les portes du Paradis est la clef grâce à laquelle le Seigneur a ouvert le Ciel et fermé l’enfer pour tous ceux qui l’accueillent : Lui, le Crucifié. La Croix est la crosse de Pierre et de ses successeurs, qui peuvent paître les fidèles car ils sont les premiers dans l’amour ; premiers en un amour humble et doux qui libère les hommes de l’esclavage du monde, de la chair et du démon, et les relie au Christ dans une fraternité éternelle qui les rend à jamais fils du Père céleste.

 

3) Le principe marial.         

Non seulement Pierre, mais en lui et avec lui, toute l’Église s’écrie : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! ». Depuis ce jour, Pierre et l’Église annoncent la foi qui l’emporte sur chaque centimètre carré du monde, toujours prêts à se salir comme Jésus à l a recherche de chaque brebis égarée, comme le Pape François nous le rappelle souvent.

Nous tous, nous sommes appelés à reconnaître l’amour de Dieu dans les situations plus difficiles, là où le péché « lie » les hommes à la douleur et à la mort pour pouvoir les « dissoudre » dans la liberté des Fils de Dieu. Mais il faut garder à l’esprit qu’outre le principe pétrinien (4), il y a aussi le principe marial dans l’Église.

Dans la lettre encyclique Mulieris dignitatem, Saint Jean-Paul II rappelle que Marie est « Reine des apôtres » même si elle ne revendique pas des pouvoirs apostoliques pour elle.

Elle détient quelque chose d’autre et quelque chose de plus. Mais qu’est-ce que c’est « le quelque chose de plus » du principe marial dans l’Église ? Balthasar affirme que Marie disparaît dans le cœur de l’Église pour y rester comme une présence réelle qui toutefois cède toujours la place au son Fils.

Ce principe marial est bien gardé et « promu » par les vierges consacrés dans le monde. C’est l’amour qui est maternellement (5) répondant à leur vocation, ces femmes consacrées vivent le principe marial comme accueil.

Elles vivent la dimension de l’accueil, de l’actualisation du don du salut dans l’aujourd’hui de l’humanité, dimension essentielle de la vie chrétienne et ecclésiale, qui a son modèle en Marie, Vierge et Mère. Au moment de l’annonciation, avec son « oui », la jeune femme de Nazareth accueillit en elle le Verbe de Dieu et lui donna chair humaine. Aux pieds de la croix,

Marie fut investie d’une nouvelle maternité qui embrassa toute l’humanité et continue de le faire. Avec un nouveau « oui », elle accepta la volonté de Dieu que le Christ mourant lui avait indiquée, et elle rendit à Dieu le Père le fils qu’elle avait conçu en elle, en accueillant à sa place Jean, et en lui l’humanité entière.

Les vierges consacrées sont invitées à pratiquer cette fécondité par la prière de l’Évêque : « Que Jésus, notre Seigneur, époux fidèle de celles qui Lui sont consacrées, vous donne, par sa Parole, une vie heureuse et féconde … Que l’Esprit Saint, qui fut donné à la Vierge Marie et qui a consacré aujourd’hui vos cœurs, vous anime de sa force pour le service de Dieu et de l’Église ».(Rituel de consécration des vierges N° 36)

A l’exemple de Marie, ces femmes pratiquent la « charité de l’unité » (Saint Augustin) en vivant la consécration à l’époux Jésus avec une existence centrée sur l’amour : amour reçu, partagé et donné.

 

***

NOTES:

(1) Jésus n’a jamais rassemblé des armées et dans ce monde d’oppresseurs, Il a affirmé: Heureux les doux, ceux qui sont sans défense, et les artisans de paix.

(2) « Ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (cf. Rm 8, 39). Rien et jamais: deux mots absolus, parfaits, totaux: nous sommes inséparables de l’amour du Christ.

(3) “Vicaire de Christ” est le premier tire de l’Evêque de Rome qui est le Pape.

(4) Pour ce qui est du principe pétrinien Hans Urs von Balthasar esquisse 5 points:

  1. La dimension institutionnelle est la structure qui représente le Christ, entant que Chef du Corps, qui continue à y être présent et engendre la vie à travers les sacrements, le ministère, etc….
  2. L’institution est donc la condition de la possibilité de la présence personnelle, non-déformée, du Christ dans l’Eglise.
  3. L’institution met à disposition une « règle » objective sous laquelle on peut vivre sans dérapages.
  4. Le principe pétrin est éducatif entant qu’il forme à la pensée du Christ.
  5. Il est le gage de l’authenticité du sens prophétique de la foi vivante des croyants.

(5) En utilisant le langage de la famille, Hans Urs von Balthasar parle du ministère pétrinien dans l’Eglise comme du rôle de chef de famille. Marie par contre est la mère. Marie constitue l’unité intérieure de l’Eglise alors que Pierre est, dans le cadre du collège des apôtres, le principe extérieur d’unité.

 

LECTURE PATRISTIQUE

saint Jean Chrysostome (+ 407)

Le péché de Pierre, chemin de miséricorde

Homélie sur saint Pierre et saint Élie, 1; PG 50, 727-728.

Pierre devait recevoir les clés de l’Église, plus encore les clés des cieux, et le gouvernement d’un peuple nombreux devait lui être confié. Le Seigneur lui avait dit: Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux (Mt 16,19). Si Pierre, avec sa tendance à la sévérité, était resté sans péché, comment aurait-il pu faire preuve de miséricorde pour ses disciples? Or, par une disposition de la grâce divine, il est tombé dans le péché, si bien qu’après avoir fait lui-même l’expérience de sa misère, il a pu se montrer bon envers les autres.

Rends-toi compte: celui qui a cédé au péché, c’est bien Pierre, le coryphée des Apôtres, le fondement solide, le rocher indestructible, le guide de l’Église, le port imprenable, la tour inébranlable, lui qui avait dit au Christ: Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas (Mt 26,35); lui qui, par une divine révélation, avait confessé la vérité: Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16).

Or, l’Evangile rapporte que, la nuit même où le Christ fut livré, Pierre vint s’approcher du feu pour se chauffer. Une jeune fille lui dit alors: Toi aussi, hier, tu étais avec cet homme, et Pierre lui répondit: Je ne connais pas cet homme (cf. Mt 26,69-72).

Tu viens de dire: Même si je dois mourir avec toi, et maintenant tu nies en disant: Je ne connais pas cet homme. Pierre, est-ce bien cela que tu avais promis? On ne t’a encore fait subir aucune torture, infligé aucun coup de fouet, mais il a suffi qu’une fille t’adresse la parole pour que tu te mettes à nier!

Une deuxième fois, la fille lui dit: Toi aussi, hier, tu étais avec lui. Et Pierre répondit: Je ne connais pas l’homme en question.

Quelle est la personne qui te parle pour que tu nies ainsi? Une femme sans influence, une portière, une étrangère, une esclave, qui n’a droit à aucune considération, te parle et tu lui réponds en niant. Que c’est étonnant! Une fille vient vers Pierre, une femme de mauvaise vie bouleverse la foi de Pierre. Lui, la colonne, le rempart, se dérobe devant les soupçons d’une femme. Ce n’étaient que des mots, mais ils ont ébranlé la colonne, ils ont fait trembler le rempart lui-même.

On lui dit une troisième fois: Toi aussi, hier tu étais avec cet homme, mais il le nia une troisième fois.

Finalement, Jésus fixa sur lui son regard pour lui rappeler ce qu’il lui avait dit. Pierre comprit, se repentit de sa faute et se mit à pleurer. Mais alors le Seigneur miséricordieux lui accorda son pardon, car il savait que Pierre, étant un homme, était sujet à la faiblesse humaine.

Comme je l’ai déjà dit, Dieu en a disposé ainsi et a permis que Pierre commette un péché, parce qu’un peuple nombreux allait lui être confié: car il ne fallait pas que, sévère parce que sans péché, il soit incapable de pardonner à ses frères. Il a été soumis au péché pour que la conscience de sa faute et du pardon reçu du Seigneur, le conduise à pardonner aux autres par amour. Il accomplissait ainsi une disposition providentielle conforme à la manière d’agir de
Dieu.

Il a fallu que Pierre, lui à qui l’Église devait être confiée, la colonne des Églises, le port de la foi, le docteur du monde, se montre faible et pécheur. C’était, en vérité, pour qu’il puisse trouver dans sa faiblesse une raison d’exercer sa bonté envers les autres hommes.

Share this Entry

Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel