ROME, Dimanche 7 mai 2006 (ZENIT.org) – « Chacun de nous, Evêques et Pasteurs, en union avec le Nonce Apostolique dont l’intérêt pour nos séminaires n’est plus à démontrer, entend faire siennes ces paroles de Jean Paul II aux séminaristes réunis à St Sulpice en France : ‘Vos éducateurs ont une tâche difficile. Il faut que l’on sache en France que je leur accorde ma confiance et leur donne mon appui fraternel. Oui, il faut que l’on sache au Congo que vous avez notre confiance et toute notre sollicitude paternelle’ : voici le Message de la conférence des évêques du Congo-Brazzaville à l’issue de leur 34e assemblée plénière qui s’est tenue du lundi 24 au dimanche 30 avril 2006 à Brazzaville (St.Gabriel) sur « La Formation des prêtres dans nos séminaires ».
Message des Evêques du Congo
Chers Filles et Fils du Congo, Vous tous, hommes et femmes de bonne volonté !
1. Au terme de la 34ième Assemblée Plénière de notre Conférence Episcopale sur « La Formation des prêtres dans nos Séminaires diocésains et nationaux », nous sommes heureux de vous adresser ce message de paix et de joie, avec l’assurance de notre prière et de notre bénédiction apostolique.
2. Nous avons choisi ce thème en rapport avec l’Exhortation Apostolique du Pape Jean-Paul II, de vénérable mémoire, sur la formation des prêtres, dont le titre en latin est « pastores dabo vobis », et la traduction complète est ce verset du Livre du Prophète Jérémie : « Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur » (Jr 3,15). Ces paroles nous ont profondément inspirés pendant tout le déroulement de notre Assemblée Plénière, qui s’est tenu à Brazzaville, du 24 au 30 avril 2006.
L’IMAGE BIBLIQUE DU PASTEUR
3. Profondément enracinée dans l’expérience biblique des patriarches d’Israël au sein d’une civilisation pastorale, l’image du berger ou du pasteur menant son troupeau exprime admirablement deux aspects : le pasteur est à la fois un chef et un compagnon. C’est un homme capable de défendre son troupeau contre les bêtes sauvages (1S 17,34-37 ; cf. Mt 10,16 ; Ac 20,29). Son autorité est indiscutée, elle est fondée sur le dévouement et l’amour.
4. Face à l’infidélité des hommes à paître le troupeau de Dieu, le message du prophète Ezéchiel, préparé par celui de Jérémie nous enseigne que le Seigneur reprend la direction de son troupeau, pour la confier au Messie. Puis, il tentera de le pourvoir de « pasteurs selon son cœur, qui paîtront avec intelligence et sagesse » (Jr 3,15 ; 23,4). Ainsi, il n’y aura plus q’un seul pasteur, nouveau David, avec le Seigneur pour Dieu (Ez 34,23s). Sur cet arrière-plan, la Bible détaille les relations qui unissent Israël et Dieu, à travers le Christ et ses délégués.
5. Fidèle à la tradition biblique, Jésus dépeint la miséricordieuse sollicitude de Dieu sous les traits du berger qui va chercher la brebis perdue (Lc 15,4-7). C’est cependant en sa Personne que s’accomplit l’attente du bon pasteur et c’est lui qui délègue à certains hommes une fonction pastorale dans l’Eglise : « Je suis le bon pasteur ; le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10,11). L’image parfaite du pasteur peut se déduire des documents des Pontifes les plus récents qui traitent précisément de la vie, des qualités et de la formation des prêtres. Jean XXIII et Paul VI ont présenté le modèle du bon pasteur à plusieurs reprises dans leurs allocutions à des séminaristes et à des prêtres.
6. Il faut donc des prêtres, pour que se réalise à jamais dans notre Eglise au Congo, le commandement du Christ Ressuscité d’annoncer l’Evangile et de renouveler chaque jour le sacrifice de son corps donné et de son sang versé pour la vie du monde : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28,19) et « faites ceci en mémoire de moi » (Lc 22,19 ; cf. 1Co 11,24).
L’EXHORTATION DU PAPE JEAN-PAUL II
7. Le Pape Jean-Paul II, dans son Exhortation « Je vous donnerai des pasteurs » (Pastores dabo vobis), publiée à la suite du Synode des Évêques tenu à Rome en 1990, consacre le cinquième chapitre à la formation des candidats au sacerdoce. Les séminaristes reçoivent une formation humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale. Il écrit ce qui suit : « La foi nous enseigne que le Seigneur ne peut manquer à sa promesse. Cette promesse est précisément le motif de la joie de l’Eglise et sa force devant la floraison et l’augmentation du nombre des vocations » (Pastores dabo vobis, n° 1). Cela est d’autant plus vrai que notre Eglise au Congo compte beaucoup de maisons de formation :
– Le petit séminaire Notre-Dame de Loango, à partir de la classe de cinquième.
– Les moyens séminaires Saint Jean Apôtre de Brazzaville, Saint Gabriel de Dolisie et Saint Pie X de Makoua, à partir de la classe de seconde.
– Le séminaire propédeutique national Abbé Charles Mahonde de Ouesso, qui prépare les candidats à l’entrée au grand séminaire. Depuis des années et pour répondre aux besoins des nouvelles générations, nous avons créé ce séminaire propédeutique national. C’est un temps et un lieu spécifiques pour poser les fondements spirituels de la formation, compléter une formation humaine encore imparfaite, découvrir l’Eglise diocésaine tout en opérant une certaine rupture par rapport à la vie antérieure, aider à un discernement plus profond de sa vocation.
– Les grands séminaires de Philosophie (Monseigneur Georges-Firmin Singha) et de théologie (Cardinal Emile Biayenda) à Brazzaville.
7. Face à la floraison et l’augmentation du nombre des vocations dans la situation complexe actuelle, nous avons voulu réfléchir avant tout, sur le problème du discernement évangélique posé dans cette même Exhortation de Jean-Paul II : « Comment former des prêtres qui soient vraiment à la hauteur des circonstances actuelles, capables d’évangéliser le monde d’aujourd’hui ». 8. La connaissance de la situation est importante. Un simple relevé des données ne suffisant pas, nous avons mené, grâce à la collaboration fructueuse des directeurs, recteurs et formateurs dans nos séminaires diocésains et nationaux, une enquête scientifique. Cette démarche nous a permis de mieux cerner et d’être plus attentifs au contexte dans lequel naissent et grandissent aujourd’hui les vocations au ministère des prêtres diocésains, aux étapes nécessaires à la maturation de ce projet de vie et aux seuils à franchir, aux exigences auxquelles les années de formation et de préparation à l’ordination de prêtre doivent satisfaire. Les fruits de ces travaux de la 34ième Assemblée Plénière de notre Conférence Episcopale feront l’objet d’un Directoire post-plénière, qui présentera de manière structurée les propositions issues de nos assises. C’est une question désormais majeure.
AUX JEUNES ASPIRANTS ET AUX SEMINARISTES
9. Quiconque éprouve le désir de servir Dieu comme prêtre, il doit d’abord s’adresser à la commission paroissiale pour la pastorale des vocations. Avec elle, il peut mûrir son projet de vocation, souvent en participant à la vie d’un groupement ou mouvement d’apostolat. Cette étape qui prépare à l’entrée au séminaire, période préalable à la formation proprement dite, est particulièrement décisive. C’est le curé qui, avec l’accord de l’Evêque, le mettra en contact avec le supérieur du séminaire. 10. Vous devez savoir que l’appel à devenir prêtre exige un choix conscient, libre et réfléchi, en réponse à ce que l’Eglise reconnaîtra en vous comme un véritable appel de Jésus-Christ. La vie des prêtres exige une formation humaine et spirituelle sans cesse renouvelée. Elle suppose une réelle maturité affective et requiert des qualités d’accueil, de don, de dialogue et d’écoute. Elle engage dans un ét
at de vie semblable à celui du Christ. Ce service presbytéral est confié, selon la pratique constante de l’Eglise catholique latine aux prêtres et oblige à une certaine simplicité de vie.
LA RESPONSABILITE DE TOUS : CLERCS ET LAÏCS
11. La préoccupation des vocations n’est pas l’affaire d’un petit nombre, spécialisé pour ce service, mais c’est l’affaire de tous. Nous invitons tous les catholiques du Congo à contribuer à la formation des prêtres dans notre pays. Depuis l’accession du Congo à l’indépendance en 1960, la plus grande partie du financement des nos séminaires était assurée par Rome et des partenaires occidentaux. Mais une baisse de ces dernières années a laissé nos séminaires dans un état de délabrement, provoquant beaucoup d’inquiétudes pour leur avenir. Les rapports indiquent que le coût de la formation d’un séminariste par an est de 600.000 FCFA pour le petit et moyen séminaire, 900.000 FCFA pour le grand séminaire. Rome qui déjà ne finance plus les petits séminaires, a dû réduire les subsides car d’une part, beaucoup de diocèses se créent et d’autre part, les contributions baissent.
12. C’est à toute la communauté chrétienne qu’incombe le devoir de susciter les vocations. L’aide la plus précieuse est fournie par les familles, animées d’un esprit de foi, d’espérance et de charité, qui sont comme le premier séminaire ; par les paroisses qui font participer les jeunes à plusieurs activités de l’Eglise. Les enseignants et tous ceux qui, à quelque titre, s’occupent de l’éducation des enfants et des adolescents, tout particulièrement les associations catholiques, doivent s’efforcer d’aider les jeunes qui leur sont confiés de telle sorte qu’ils puissent entendre l’appel de Dieu et y répondre volontiers.
13. Que tous les prêtres fassent preuve du plus grand zèle apostolique pour l’éveil des vocations; que par leur vie personnelle, humble, laborieuse et joyeuse, ainsi que par la charité mutuelle et la collaboration fraternelle entre eux, ils orientent vers le sacerdoce les coeurs des jeunes.
AUX DIRECTEURS, RECTEURS ET FORMATEURS DANS NOS
SEMINAIRES
14. Chacun de nous, Evêques et Pasteurs, en union avec le Nonce Apostolique dont l’intérêt pour nos séminaires n’est plus à démontrer, entend faire siennes ces paroles de Jean Paul II aux séminaristes réunis à St Sulpice en France : « Vos éducateurs ont une tâche difficile. Il faut que l’on sache en France que je leur accorde ma confiance et leur donne mon appui fraternel ». Oui, il faut que l’on sache au Congo que vous avez notre confiance et toute notre sollicitude paternelle.
15. L’accueil, dans un séminaire, de ceux qui portent aujourd’hui le projet d’être prêtre pour le service de l’Evangile dans une Eglise diocésaine bien précise, implique de votre part une double disponibilité : d’une part, le désir fort ou le souci permanent de soutenir et d’encourager les candidats dans le respect de ce qu’ils sont, de leurs options et de leurs différences légitimes ; d’autre part, le devoir ou la charge de leur donner les moyens de vérifier, dans la foi, la viabilité humaine et chrétienne de leur projet, et donc l’authenticité de l’appel de Dieu confirmé par l’appel de l’évêque au jour de l’ordination. Cette double disponibilité vise tout autant le bonheur de celui qui est appelé que le bien de l’Eglise qui appelle et que vous êtes invités à promouvoir.
16. En raison de la configuration au Christ, toute la vie du ministre sacré doit être animée par le don de toute sa personne à l’Église et par une authentique charité pastorale. En conséquence, le candidat au ministère ordonné doit atteindre la maturité affective. Une telle maturité le rendra capable d’avoir des relations justes et fécondes avec les hommes et avec les femmes, en développant en lui un véritable sens de la fraternité et de la paternité spirituelles vis-à-vis de la communauté ecclésiale qui lui sera confiée. Cette maturité affective intègre le choix du célibat reçu comme un don, l’ouverture à la différence.
17. Dans les petits séminaires fondés pour cultiver les germes de vocation, « donnez-leur vous-mêmes » une formation religieuse particulière, et d’abord une direction spirituelle adaptée qui puisse les aider à suivre le Christ rédempteur avec une volonté généreuse et un coeur pur.
18. Les grands séminaires sont nécessaires pour la pleine formation des prêtres. Que les séminaristes soient préparés au ministère pastoral, afin qu’ils sachent rendre présent aux hommes le Christ qui «n’est pas venu se faire servir, mais servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Marc 10, 45; cf. Jean 13, 12-17), afin qu’ils se fassent les serviteurs de tous les hommes pour en gagner davantage (cf. 1Cor., 9, 19).
19. Dans tout le processus de sélection et d’approbation des séminaristes, faites toujours preuve de la fermeté nécessaire, même s’il nous faut souffrir du manque de prêtres. Une chose est sûre : Dieu ne laissera pas son Église manquer de pasteurs, si on appelle aux ordres ceux qui en sont dignes. Sachez orienter à temps ceux qui n’y sont pas aptes vers d’autres professions, de façon paternelle, en les aidant à prendre conscience de leur vocation chrétienne et à s’engager avec ardeur dans l’apostolat des laïcs.
CONCLUSION
20. Que tous se sentent responsables de l’éveil et de l’accompagnement des vocations, c’est positif, mais à condition que chacun situe correctement sa responsabilité par rapport à celle des autres. Il y va de la santé de l’Eglise et de la qualité de la mission que lui a confiée Jésus-Christ.
21. Que le Christ-Ressuscité, qui appelle tous ses disciples à grandir dans la sainteté, vous donne de répondre généreusement à ses appels ! A vous toutes et tous, nous accordons bien volontiers notre bénédiction.
A Brazzaville, le 30 avril 2006