Il existe des « démons » modernes qu’on ne peut vaincre qu’à travers le jeûne et la prière

Méditation de l’Evangile du dimanche 26 février du p. Cantalamessa

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ROME, Dimanche 26 février 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 2, 18-22

Comme les disciples de Jean Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vient demander à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens ? » Jésus répond : « Les invités de la noce pourraient-ils donc jeûner, pendant que l’Époux est avec eux ? Tant qu’ils ont l’Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. Mais un temps viendra où l’Époux leur sera enlevé : ce jour-là ils jeûneront.
Personne ne raccommode un vieux vêtement avec une pièce d’étoffe neuve ; autrement la pièce neuve tire sur le vieux tissu et le déchire davantage. Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement la fermentation fait éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin et les outres. A vin nouveau, outres neuves ».

© AELF

Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas ?

« Comme les disciples de Jean Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vient demander à Jésus : ‘Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens ?’ Jésus répond : ‘Les invités de la noce pourraient-ils donc jeûner, pendant que l’Époux est avec eux ? Tant qu’ils ont l’Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. Mais un temps viendra où l’Époux leur sera enlevé : ce jour-là ils jeûneront’ ».

Jésus ne nie pas ainsi la pratique du jeûne, mais il la renouvelle dans ses modes, ses temps et ses contenus. De nos jours, le jeûne est devenu une pratique ambiguë. Dans l’antiquité on ne connaissait que le jeûne religieux ; aujourd’hui il existe un jeûne politique et social (la grève de la faim), un jeûne lié à l’hygiène ou l’idéologie (végétarien), un jeûne pathologique (anorexie), un jeûne esthétique (pour garder la ligne). Il existe surtout un jeûne imposé par la nécessité : celui des millions d’être humains qui ne disposent pas même du minimum indispensable et qui meurent de faim.

Ces jeûnes-là n’ont en soi rien à voir avec des jeûnes religieux et ascétiques. Dans le jeûne esthétique, au contraire, on « mortifie » parfois (pas tout le temps) le vice de la gourmandise uniquement pour obéir à un autre péché capital, celui de l’orgueil ou de la vanité.

Il est donc important de chercher à redécouvrir le véritable enseignement biblique sur le jeûne. Dans la Bible on trouve la position du « oui, mais », de l’approbation et de la réserve critique vis-à-vis du jeûne. Le jeûne est en soi une chose bonne et recommandable ; il traduit des comportements religieux fondamentaux : révérence par rapport à Dieu, reconnaissance de ses péchés, résistance aux désirs de la chair, sollicitude et solidarité envers les pauvres… Cependant, comme toutes les choses humaines, cela peut conduire à la « vanité de la chair ». Il suffit de repenser aux paroles du pharisien dans le temple : « Je jeûne deux fois par semaine » (Lc 18,12).

Si Jésus nous parlait à nous, ses disciples d’aujourd’hui, sur quoi insisterait-il le plus, sur le « oui » ou sur le « mais » ? Nous sommes très sensibles aux raisons du « mais » et de la réserve critique. Nous sentons comme une chose plus importante le fait de « partager le pain avec celui qui a faim et vêtir celui qui est nu » ; nous avons, à juste titre, honte de parler de « jeûne » quand ce qui serait pour nous le comble de l’austérité – manger du pain et de l’eau – serait pour des millions de personnes un luxe extraordinaire, surtout s’il s’agit de pain frais et d’eau potable !

Ce sont en revanche les raisons du « oui » que nous devons redécouvrir. La question de l’Evangile pourrait de nos jours être posée d’une autre manière : « Pourquoi les disciples de Bouddha et de Mahomet jeûnent-ils et les tiens non ? » (On sait avec quel sérieux les musulmans observent leur Ramadan).

Nous vivons dans une culture dominée par le matérialisme et par une consommation à outrance. Le jeûne nous aide à ne pas nous laisser réduire à de purs « consommateurs » ; il nous aide à acquérir le précieux « fruit de l’Esprit » qui est « la domination de soi », nous prédispose à la rencontre avec Dieu qui est esprit, et nous rend plus attentifs aux besoins des pauvres.

Mais nous ne devons pas oublier qu’il existe des formes alternatives au jeûne et à l’abstinence de nourriture. Nous pouvons faire un jeûne de tabac, de boissons alcoolisées (cela fait non seulement du bien à l’âme mais aussi au corps), un jeûne des images violentes et sensuelles que la télévision, les spectacles, les revues, internet déversent chaque jour. Cette espèce de « démons » modernes est également une espèce que l’on ne peut vaincre qu’à travers « le jeûne et la prière ».

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ZENIT Staff

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