ROME, Mercredi 22 juin 2005 (ZENIT.org) – Voici le texte intégral du Message « réconfort et d’espérance » des évêques du Togo, en date du 17 juin.
Message de réconfort et d’espérance des Evêques du Togo
Chers fils et filles dans le Christ,
Chers compatriotes,
Et vous tous, hommes et femmes de bonne volonté,
« Courage … Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Jn 16, 33 ; Mt 28, 20).
1. Avant de passer de ce monde à son Père, le Christ Jésus a tenu à rassurer ses disciples. Sa présence au cœur de leur vie est la garantie qu’Il leur donne face aux difficultés qu’ils seraient appelés à affronter et à vaincre : « Courage … Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Jn 16, 33 ; Mt 28, 20). C’est avec cette exhortation que nous aussi, vos Evêques, réunis en session ordinaire à Lomé, du 14 au 17 juin 2005, venons vous inviter à l’espérance.
2. Les situations difficiles et sans précédent que nous avons connues avant, pendant et après l’élection présidentielle du 24 avril 2005 pourraient être, pour beaucoup, source de découragement. Nous avons prié, jeûné, fait des sacrifices pour la paix au Togo, mais nous rencontrons encore des actes de haine, de division, d’injustice. Certains pourraient être tentés de dire : « Dieu ne nous écoute pas ». Et pourtant, nous décourager reviendrait à nous condamner au pire. Quoi qu’il en soit, le secours ne peut venir que du Seigneur qui a fait le ciel et la terre (Ps 121, 2). Mais, pour que le secours du Seigneur soit effectif, notre effort soutenu est indispensable.
3. En effet, Saint Augustin, l’Africain, nous enseigne avec une forte conviction : « Dieu qui nous a créés sans nous, ne peut nous sauver sans nous ». C’est pour cela que face à la situation que nous vivons, nous sommes appelés à faire, de nouveau, un sérieux examen de conscience à la lumière de l’Esprit Saint. Avons-nous fait tout ce que nous aurions dû faire pour que la Paix dans la justice soit le fondement de notre société ? Qu’avons-nous fait que nous aurions dû éviter ? Qu’avons-nous omis de faire que nous aurions dû faire ? Toutes ces interrogations et les réponses que, dans la vérité, nous leur donnerons, commanderont un comportement nouveau. Voilà pourquoi nous vous invitons à faire un bilan.
4. Dans les circonstances actuelles, il est urgent de nous tourner vers nos frères et sœurs qui, pour des raisons diverses, ont préféré quitter leurs domiciles et leur patrie, pour vivre dans la
précarité en d’autres endroits du territoire national ou dans d’autres pays. S’il est vrai que « nul n’est bien que chez lui », vivre loin de chez soi dans les conditions que nous connaissons, constitue un défi que le Togo et ses dirigeants devraient relever rapidement et sereinement. Il est donc nécessaire de rassurer les uns et les autres et d’offrir à chacun, les garanties d’un retour sans risques et sans crainte.
5. Des concitoyens ont perdu la vie : nous les confions à la miséricorde et à la bonté de Dieu. Beaucoup sont blessés et mutilés. Bon nombre ont perdu leurs biens. D’autres sont touchés dans leur chair et dans leur esprit ; les événements dont ils ont été témoins les ont fragilisés et rendus malades. Certains ont peur de l’Homme. A tous ceux-là, nous voulons être porteurs d’un message de confiance. L’Homme est plus grand que le mal qu’il peut faire… Personne ne doit pourtant perdre de vue qu’il lui faut s’efforcer de ressembler un peu plus chaque jour à Dieu qui l’a créé à son image et à sa ressemblance (cf. Gn 1, 26). C’est là un devoir de conversion qui nous concerne, chacun et tous : nous devons nous détourner du mal, de tout mal, pour rechercher le bien qui, seul, est capable de vaincre le mal (cf. Rm 12, 21) et de grandir vraiment l’Homme. C’est le Christ qui nous le commande (cf. Mt 4, 17).
6. Nous ne pouvons pas oublier les nombreux Togolais qui œuvrent de tout leur cœur pour l’avènement et l’enracinement de la paix et de la justice au Togo. Nous leur adressons nos félicitations et nos encouragements ; Dieu daigne bénir et couronner leurs efforts. Puisse-t-Il nous aider « à faire place dans nos cœurs à la justice et à la paix au lieu de l’injustice et de la violence, au pardon au lieu du désir de vengeance ». Quant à ceux qui, par ignorance ou par recherche d’intérêts inavouables, continuent de diviser et d’opposer les populations en tenant des propos tribalistes ou régionalistes, nous les invitons, au nom du Seigneur, à se laisser toucher par l’appel du Christ et à devenir des artisans de paix.
7. Face à l’avenir qui se dresse devant nous, tout Togolais, toute Togolaise et plus particulièrement tout chrétien, est appelé à s’engager devant Dieu et devant sa conscience. Construire une civilisation de Justice, de Liberté, d’Amour et de Paix doit devenir le leitmotiv de chacun de nous, à quelque niveau que nous soyons : religieux, politique, civil, de la défense et de la sécurité nationales… Notre agir quotidien, nos comportements tant individuels que collectifs, nos choix de tous les instants doivent répondre à des impératifs de justice et de paix pour ce pays que le Dieu-Amour a donné à tous les Togolais et Togolaises et qui reste ouvert à tous nos frères étrangers.
8. Et c’est ici que nous rejoint à nouveau l’invitation du Seigneur : « Courage ! ». Ne désespérons pas de l’Homme… Ne désespérons pas de notre pays… Ne désespérons pas de nos prières. Courage ! Le Christ mort sur la croix a vaincu le monde. Continuons de nous tourner vers le Ciel. Crions, jour et nuit, sans cesse. Croyons qu’au milieu de la nuit la plus sombre, une lumière brillera, qui nous introduira dans la joie d’appartenir tous à ce cher Togo. Implorons notre Dieu ! Offrons-Lui nos sacrifices en union avec celui de Jésus sur la croix. Disons-Lui notre peine et notre espérance. Demandons-Lui de vaincre, dans nos cœurs, notre monde de haine, de mensonge, d’injustice, de violence. Répondant à l’appel de Notre Saint-Père le Pape Benoît XVI qui, dans sa toute première intervention pour la prière du Regina Caeli, le 1er mai 2005, invitait le monde catholique à prier pour les pays en guerre et plus particulièrement pour le Togo, continuons de confier notre pays au Christ, Prince de la Paix.
9. Et puisqu’au cœur de sa souffrance au Calvaire, Jésus nous a donné sa mère qu’Il a aussi établie notre Mère, tournons-nous vers la Vierge Marie, Consolatrice des affligés et Reine de la Paix. Demandons-lui de prier avec nous et pour nous. Qu’elle écarte de nous tout malheur, qu’elle prenne en main la destinée de ce pays. Qu’elle obtienne à tous les lumières de l’Esprit Saint !
Fait à Lomé, le 17 juin 2005.
Mgr Philippe Fanoko KPODZRO
Archevêque de Lomé
Président de la Conférence
des Evêques du Togo
Mgr Jacques Tukumbe ANYILUNDA
Evêque de Dapaong
Vice-Président de la Conférence
des Evêques du Togo
Mgr Ambroise Kotamba DJOLIBA
Evêque de Sokodé
Mgr Julien Mawulé KOUTO
Evêque d’Atakpamé
Mgr Paul Jean-Marie Dom DOSSAVI
Evêque d’Aneho
Mgr Ignace Baguibassa SAMBAR-TALKENA
Evêque de Kara
Mgr Benoît Messan ALOWONOU
Evêque de Kpalimé