C’est en effet la première fois qu’une telle indication précède la signature de Jean-Paul II sur un document. Il s’agit de son Message au préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, le cardinal Francis Arinze, à l’occasion de l’assemblée plénière de cette congrégation, avec un accent mis sur l’Eucharistie, sa célébration, en particulier l’homélie. Le pape renouvelle sa demande de favoriser dans le peuple chrétien « l’art de la prière ».
D’emblée le pape souligne combien il se réjouit de voir l’augmentation du nombre des membres de cette congrégation, de sorte qu’elle est « plus représentative de l’Eglise répandue sur tous les continents ».
Grandir dans l’amour du Saint Sacrement
« Dans la session actuelle, on a avant tout regardé attentivement le travail accompli ces dernières années par la congrégation, en syntonie avec le dessein pastoral que j’ai indiqué à tout le Peuple de Dieu, en l’invitant à se spécialiser toujours davantage dans « l’art de la prière » (cf. Novo millennio ineunte, 35). Je suis particulièrement reconnaissant à la congrégation pour avoir secondé promptement les indications de l’Encyclique « Ecclesia de Eucharistia », tout d’abord en préparant l’Instruction « Redemptionis Sacramentum » et ensuite « Suggestions et propositions » pour l’Année de l’Eucharistie. Je souhaite qu’en vertu de ces documents aussi, la communauté chrétienne grandisse dans l’amour du Saint Sacrement, et soit aidée à célébrer toujours plus dignement le Sacrifice eucharistique, en conformité avec les normes liturgiques et surtout avec une authentique participation intérieure ».
L’ars celebrandi, pour se laisser rejoindre par le Mystère
« Dans cette perspective, le thème à l’ordre du jour de la plénière, l’ars celebrandi revêt une grande signification, et doit être considéré à la lumière de la vision théologique de la liturgie, qui ressort de la constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium. La liturgie est action que le Christ lui-même accomplit, comme le grand et éternel grand prêtre de la Nouvelle Alliance, en impliquant son Corps mystique (cf. Const. Sacrosanctum Concilium, 7). Surtout, dans la célébration eucharistique, représentation pascale du Mystère, le Christ est présent et son action est « participée » et partagée de façon appropriée par notre humanité, qui a besoin de paroles, de signes, de rites. L’efficacité d’une telle action est le fruit de l’œuvre de l’Esprit Saint, mais exige aussi la réponse humaine. L’ars celebrandi exprime justement la capacité des ministres ordonnés et de toute l’assemblée, rassemblée pour la célébration, de mettre en œuvre et de vivre le sens de chaque acte liturgique. C’est un art qui fait un avec l’engagement de la contemplation et de la cohérence chrétienne. A travers les rites et les prières, il faut se laisser rejoindre et envahir intimement par le Mystère ».
L’homélie, pour beaucoup, seule source de formation
Pour ce qui est de l’homélie, le pape faisait observer: « Opportunément, on a réservé une attention spéciale à l’homélie, présentée par le concile comme faisant partie intégrante de l’action liturgique, au service de la parole de Dieu (cf. Const. Sacrosanctum Concilium, 52). Elle a une physionomie différente de la catéchèse ordinaire, et engage celui qui la prononce à une double responsabilité: par rapport à la Parole, et à l’assemblée. L’homélie doit favoriser la rencontre, la plus intime et la plus profitable possible, entre Dieu qui parle et la communauté qui écoute. Il est important qu’elle ne manque pas spécialement dans l’Eucharistie dominicale. Dans le contexte de la nouvelle évangélisation, l’homélie constitue une occasion de formation précieuse et pour beaucoup, unique ».
La formation liturgique, une urgence pour les fidèles
A propos de la formation liturgique, le pape y voit une « composante fondamentale de la préparation des futurs prêtres et des diacres, des ministres institués et des religieux, mais aussi dimension permanente de la catéchèse pour tous les fidèles ». Il souligne: « Il est urgent que dans les communautés paroissiales, dans les associations, et dans les mouvements ecclésiaux on assure des parcours de formation adéquats, afin que la liturgie soit mieux connue dans la richesse de son langage, et qu’elle soit vécue en plénitude. Dans la mesure où cela se fera, on fera l’expérience de bénéfices infusés dans la vie personnelle et communautaire ».
Passer du « renouveau » à « l’approfondissement »
« J’encourage donc votre dicastère à persévérer, conclut le pape, en collaboration cordiale avec les conférences épiscopales et chaque évêque, dans l’engagement pour la promotion de la liturgie. La réforme liturgique du concile Vatican II a produit de grands fruits, mais il faut passer « du renouveau à l’approfondissement » (Let. ap. Spiritus et Sponsa, 6), pour que la liturgie puisse marquer toujours davantage la vie des personnes et des communautés, en devenant source de sainteté, de communion et d’élan missionnaire ».