Mosaïque de l’Agneau de Dieu, Maiestas Domini, basilique Saints-Côme-et-Damien, Rome, Italie © Wikimedia

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De la continuité vers la plénitude

Relecture de la Constitution dogmatique sur la Révélation divine du Concile Vatican II 

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Née sur les fondements de l’Ancienne Alliance, l’Église reçoit sa forme du Nouveau Testament. Celui-ci la vivifie comme épouse du Christ, à tous les niveaux, dans son ministère d’enseignement, de sanctification et d’éducation dans les mystères du royaume de Dieu. En citant in extenso certains passages du riche patrimoine magistériel, que la Constitution ne fait que mentionner, le père Viot met en lumière l’inépuisable richesse de la Parole de Dieu, telle que le Concile la présente et qu’elle a su être appréciée par la Tradition millénaire de l’Église. Ainsi instruite, notre génération pourra-t-elle retrouver massivement l’élan missionnaire, exprimé par cette maxime communément attribuée à sainte Catherine de Sienne : « Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier » ?

Chapitre V Le Nouveau Testament 

17. Il faut relever la formule utilisée par le Concile pour qualifier la présence de la parole de Dieu dans le Nouveau Testament. L’expression « praecellenti modo praesentatur » aurait dû être traduite par « est présentée de manière excellente (ou extraordinaire) ». Ce qui est beaucoup plus fort que « singulière » de la traduction officielle ! De plus, dans le texte latin, c’est la Parole de Dieu qui demeure le sujet de cette longue phrase. « Sa force » ne devient pas tout d’un coup le sujet, car le terme est à l’accusatif « vim suam ». C’est donc toujours la Parole, qui en plus d’être présentée de manière excellente montre sa force. Et très logiquement ensuite le texte nous dit pourquoi, en indiquant la venue de la plénitude des temps (Galates 4,4) et le prologue de l’Évangile de Jean (Jean 1,14). 

Il n’est pas indifférent d’appliquer à la présentation de la Parole l’expression latine traduite par « de manière excellente » (ou extraordinaire) et d’y rajouter qu’elle y montre sa force. Car immédiatement après il est dit « qu’elle a été faite chair ». Et cette affirmation sera toujours une pierre d’achoppement pour tous les courants de pensée pour qui la matière ne peut signifier que la déchéance. Il doit être clair que le Nouveau Testament constitue un plus par rapport à l’Ancien (ce qui n’autorise nullement à le mettre de côté). La Parole éternelle s’incarne et Dieu donne à cette Parole plus d’excellence et de force pour se révéler à l’homme. Il y manifeste une puissance d’amour jamais atteinte dans l’Ancienne Alliance. 

Le règne de Dieu sur terre

La suite du texte commande cette insistance : « Le Christ a instauré le règne de Dieu sur terre ; par ses gestes et ses paroles, il a révélé et son Père et lui-même. » Et sa condition charnelle ne diminue en rien la puissance du Rédempteur, tout au plus la cache-t-elle aux yeux des impies. La référence que fait le texte à Jean 12, 32 est intéressante. Elle utilise le double sens propre à saint Jean : L’élévation du Christ est à la fois la crucifixion et l’Ascension. Le moment où il meurt en expirant est aussi la Pentecôte où il souffle l’Esprit. Et tout cela est récapitulé par le coup de lance qui démontre la réalité de la mort en même temps qu’il révèle les sources de la vie éternelle laissées à l’Église. 

L’eau (le baptême) et le sang (la messe qui rendra présent le corps dont il provient) permettent à chaque baptisé de se voir appliquer les bienfaits du sacrifice propitiatoire et d’en rendre grâce (eucharistie). Qu’il soit dit en passant que cela montre bien que la messe ne peut être réduite qu’à la seule célébration de l’Eucharistie. La traduction exacte en français du texte de la messe de Paul VI est « Frères, reconnaissons nos péchés pour que nous soyons aptes à célébrer les saints Mystères ». Traduire par « Préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché » est faux et réducteur sur le plan théologique. 

L’origine apostolique des Évangiles 

18. Supériorité des quatre Évangiles car, ils constituent le témoignage par excellence sur le Verbe incarné. Dès la fin du IIe siècle seuls quatre Évangiles sont reconnus comme authentiques. Le texte conciliaire nous renvoie à saint Irénée de Lyon dans son Adversus haereses (III 11,8). Mais on pourrait aussi citer Tertullien, Clément d’Alexandrie et Origène, pour la même époque. L’origine apostolique est la caution d’authenticité, mais il faut la prendre au sens large de l’Ancien Testament. Le prophète Isaïe a eu au moins deux disciples dont les écrits sont parvenus jusqu’à nous sous le nom du seul Isaïe. 

Mathieu et Jean font incontestablement partie des douze Apôtres. Pas Marc, mais il a collaboré avec Paul et Pierre. Quant à Luc, c’est un compagnon de mission de Paul. Comme disciples immédiats d’Apôtres, ils ont acquis une autorité apostolique. Ce critère d’apostolicité, au sens large, aura une très grande importance pour l’établissement du canon du Nouveau Testament. Sans entrer dans la polémique qui conteste la réalité historique de la tradition concernant saint Polycarpe, qui aurait connu Jean l’Apôtre ou le presbytre. Celui-ci aurait vécu entre 50 et 100 selon Eusèbe et Papias. Polycarpe aurait connu ensuite saint Irénée, époque qui voit la clôture du canon du Nouveau Testament. Vraie ou fausse historiquement, peu importe, cette tradition manifeste le souci de cohérence de ces textes avec la doctrine apostolique. Et il faut bien constater que les textes rejetés et considérés comme apocryphes recèlent des éléments de doctrine étrangère à celle des Apôtres, comme par exemple la gnose dans « l’évangile » de Thomas ! 

Un récit catéchétique 

19. Cet important passage éclaire la manière dont se sont élaborés les quatre Évangiles. Il relativise ainsi à juste titre l’intérêt qu’a pu susciter la recherche du Jésus historique, depuis le 18e siècle surtout. Les Évangiles constituent un genre littéraire à part. Il est beaucoup plus proche de l’homélie ou de la prédication que du genre biographique. L’exactitude historique, comme la date d’un événement, leur importent moins que la manière dont ils vont faire le mieux comprendre une vérité sur Jésus. Par exemple, la présentation du sacrifice de la croix comme propitiatoire pour le péché des hommes constitue une réalité commune au quatre Évangiles. Le fait qu’il remplace les sacrifices du Temple de Jérusalem en découle. Mais cela se fera progressivement, puisque les judéo-chrétiens de Jérusalem fréquenteront le Temple jusqu’à sa destruction en 70. 

Que l’on comprenne bien toute la portée de la scène violente au cours de laquelle Jésus en chasse les marchands et les changeurs : il ne s’agit pas seulement de supprimer une activité d’énormes profits financiers à côté d’un lieu saint, mais d’en empêcher aussi le fonctionnement. Et ceci n’est pas assez relevé dans l’enseignement chrétien. Le quatrième Évangile en effet place le récit des marchands chassés au début de son ouvrage. Mis en forme plusieurs dizaines d’années après la destruction du Temple, il nous montre Jésus comme concurrent de ce Temple, l’ayant reconnu comme le Nouveau Temple lui-même. Pour Marc qui se met en forme peu avant ou peu après cette destruction de ce même Temple, ce récit est rapporté à la fin du ministère de Jésus, simplement comme achèvement de l’Ancienne Alliance, inauguration de la Nouvelle qui rendra le Sanctuaire de Jérusalem inutile. 

Mathieu et Luc qui le reprennent pour base avec leurs apports personnels, quelques années après 70, vers les années 80, font de même. Saint Jean, en 90, connaît tous ces témoignages, tout en ayant aussi ses sources. Mais mieux que ses prédécesseurs, il peut mesurer le danger que peut faire courir un judéo-christianisme intransigeant. Jean est proche théologiquement de Luc, et la fin du livre des Actes des Apôtres semble bien montrer qu’il n’y a pas eu de réconciliation réelle entre Paul et Jacques. Car Jacques n’a certainement pas accepté l’argent de la collecte de Paul, puisque cet argent sert, au Temple, à la purification de personnes ayant fait un vœu de naziréat. Aussi, Jean dans son « discours évangélique » préfère-t-il, par pédagogie, démontrer dès le prologue que Jésus est le nouveau Temple (Jean 1,14). Son hostilité vis-à-vis de l’ancien se manifeste dès ses premières actions. 

Basé sur des faits historiques

Les événements historiques ne sont jamais inventés dans les Évangiles, mais leur chronologie est utilisée comme arme pédagogique ! Un événement peut être raconté à la manière d’un midrash, on peut penser par exemple à l’enfance de Jésus racontée par Matthieu pour faire penser à celle de Moïse. On peut penser au voyage de la Vierge Marie après l’Annonciation dans les montagnes de Judée vers la maison d’Elisabeth sa cousine, évoquant le transport de l’Arche d’Alliance dans la maison d’Obed Edom, de Gath (2 Samuel 3,10-11 à comparer à Luc 1,39). 

Jésus est centre d’intérêt des chrétiens parce qu’il est leur Sauveur. Le Jésus historique est présent dans les Évangiles au travers d’actes, de paroles et de situations significatives pour le salut. L’évangéliste les a sélectionnés selon sa propre sensibilité théologique et celle de son auditoire. L’esprit apostolique a présidé à cette construction révélatrice, et ce même esprit inspirant avec sûreté le jugement de l’Église, lui donne le pouvoir d’en reconnaître l’authenticité !

20. Pour les autres écrits qui composent le Nouveau Testament, ce passage dit qu’ils « confirment ce qui touche au Christ notre Seigneur, présentent la doctrine authentique avec des précisions toujours plus grandes… » Ce qui revient à montrer que ces écrits reproduisent la même méthode que celle des quatre évangélistes. Animés du même esprit qu’eux, les autres auteurs du Nouveau Testament développent les vérités provenant du Christ pour inviter à réfléchir sur « leur admirable diffusion ». Il s’agit « d’annoncer par avance leur glorieuse consommation », dans l’édification de l’Église et comme norme du bien commun de l’humanité. 

Chapitre VI La Sainte Écriture dans la vie de l’Église

21. Ce paragraphe établit un parallélisme entre « la vénération des divines Écritures » et « la vénération du Corps du Seigneur ». Avec l’indication de la sainte liturgie comme repère de cela, il est du plus haut intérêt. Cela montre d’abord que l’on doit entourer de la même solennité ces deux moments sacrés de la messe. Il y a d’abord la préparation qu’exigent ces deux vénérations. Dans les deux cas, il faut bannir l’improvisation, ce qui signifie prendre son temps pour se préparer. Cela va du temps que le prêtre prend pour préparer son homélie, au silence qu’on sait maintenir dans une sacristie pour la préparation à la célébration. Quant à la liturgie elle-même, il faut poser tout de même deux questions qui sont liées à la vénération. Nous y reviendrons. 

En ce qui concerne la préparation, le texte conciliaire nous dit : « Il faut donc que toute la prédication ecclésiastique, comme la religion chrétienne elle-même, soit nourrie et régie par la Sainte Écriture. Dans les Saints Livres … le Père … entre en conversation avec ses fils … La Parole recèle des forces si grandes qu’elles constituent, pour l’Église, son point d’appui, et sa vigueur et, pour les enfants de l’Église, la force de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle ».

Au-delà du sens littéral

J’ai rappelé ces obligations qui incombent à l’homélie pour montrer avec quel soin elle devrait être préparée. Celle-ci en effet, si elle veut remplir ses obligations, doit être autre chose qu’une paraphrase explicative. Hélas, dans les faits, elle l’est encore trop souvent quand par manque de temps ou de connaissances exégétiques. Le prédicateur se contente du sens littéral. Dans sa préparation, il doit aller plus loin pour rencontrer la Parole de Dieu. Car, celle-ci subsiste dans la Bible, tout comme l’Église de Jésus-Christ subsiste dans l’Église catholique. 

Dans l’antiquité juive on parlait déjà des trois sens de l’Écriture, repris très tôt par le christianisme. On alla jusqu’à quatre sens, le fameux quadrige médiéval ! Ce n’est que par un travail exégétique sérieux, permettant une actualisation appropriée, qu’un prédicateur pourra rendre vivante la Parole de Dieu qu’il annoncera à partir d’un texte biblique. Il faut aussi y joindre la prière, à cause de l’origine divine du texte, et du recul. J’entends par là de ne pas avoir à prêcher immédiatement un texte qu’on vient de terminer. Il faut pouvoir prendre du recul, le considérer de différents points de vue liés à la variété de l’assemblée à laquelle on va s’adresser.

Quant aux deux questions qui se posent pour la liturgie, elles relèvent du symbole, ce qui, en cette matière n’est jamais négligeable ! Le Concile, tout en marquant les différences dans la manière de vénérer le Corps du Christ et sa Parole, a tenu à parler d’égalité. Pour l’égalité, n’y aurait-il pas lieu de monter en chaire comme on monte à l’autel ? Et pour la différence, de ne parler face à l’assemblée que du haut de la chaire, puisque c’est à elle qu’on s’adresse, alors qu’à l’autel on prie Dieu. Ne serait-il pas plus convenable de n’être tourné que vers Lui ?

22. Tout en privilégiant les Septante et la Vulgate, il est intéressant que le Concile recommande de se tourner vers d’autres versions de la Bible. Dans la mesure où elles peuvent aider à mieux comprendre le texte, il y admet même des traductions faites en collaboration avec des frères séparés, s’il y a approbation de l’autorité ecclésiastique. Nous disposons aujourd’hui d’un important travail accompli avec des chrétiens non catholiques, la Traduction œcuménique de la Bible (TOB). Elle fournit des notes extrêmement précieuses en matière d’exégèse ainsi que des introductions aux différents livres bibliques. C’est un outil indispensable pour la préparation des homélies, surtout quand on ne connaît pas les langues sacrées ou qu’on les maîtrise mal.

Une exégèse ecclésiale

23. C’est le grand mérite de Pie XII d’avoir mis fin officiellement à la querelle moderniste par son encyclique de 1943 (Divino Afflante Spiritu). En 1965, le Concile réitère ses encouragements aux exégètes catholiques à poursuivre leurs recherches « sous la vigilance du magistère sacré ». Car autant la recherche exégétique doit demeurer libre pour ceux qui sont compétents dans cette science, autant elle doit être contrôlée dès qu’elle donne lieu à un enseignement au nom de l’Église. Destinée à nourrir des fidèles et enseigner des étudiants d’une Faculté de théologie catholique, tout comme des séminaristes, l’exégèse repose sur des méthodes qui peuvent changer. Il faut donc toujours veiller à ce qu’une « école d’exégèse » ne tourne pas à une idéologie. Fermée aux autres méthodes, elle risque de se révéler capable d’inventer des interprétations étranges ou des dogmes s’opposant à la Tradition catholique. D’où l’insistance de la fin de notre paragraphe qui exhorte « ceux qui se consacrent aux sciences bibliques, à poursuivre jusqu’au bout le travail heureusement entrepris … conformément au sens de l’Église ».

24. Nous retrouvons ensemble deux affirmations capitales sur l’Écriture : « Les Saintes Écritures contiennent la parole de Dieu et, puisqu’elles sont inspirées, elles sont vraiment cette parole. » L’encyclique de Pie XII, nous l’avons, vu permet de ne pas déduire de la théopneustie le fondamentalisme, à savoir une inspiration divine à la lettre des textes bibliques, y compris des fautes manifestes. Si l’utilisation de manuscrits corrigés est conseillée, ce n’est pas pour rien. Et si l’encyclique de 1943 parle de genres littéraires, d’hyperboles, d’idiotismes, c’est bien pour justifier une interprétation signifiant qu’on ne doit pas identifier le texte sacré écrit à la Parole de Dieu. Une analyse critique a beau être nécessaire, cette dernière ne signifie pas pour autant que ce même texte ne soit pas Parole de Dieu. L’expression « la Parole de Dieu subsiste dans la Bible » est donc fort utile. Les deux affirmations montrent par-dessus tout qu’il y a continuité entre ce qu’affirmait Léon XIII, et Pie XII.

Les fondations de la Bible « catholique » 

25. Dans ce paragraphe qui exhorte à la lecture de l’Écriture Sainte, le Concile se réfère à des sources émanant de la Tradition, auxquelles il est utile de se reporter. Bien sûr nous ne pouvons relire qu’avec profit saint Augustin et tout ce qu’il a écrit sur la connaissance approfondie de l’Écriture. En recommandant la lecture continue et intérieure qui seule peut la faire aimer, le saint docteur écrit « connaître » au sens biblique. Il est aussi fait mention de saint Jérôme et de l’encyclique de Benoît XV Spiritus Paraclitus (15 septembre 1920). Elle a été écrite pour le quinzième centenaire de la mort de saint Jérôme, l’admirable traducteur de la Vulgate. Là encore, toute l’encyclique devrait être mieux connue et relue souvent. 

Nous ne prendrons que quelques exemples relatant les efforts nécessaires pour lire la Bible, notamment pour des intellectuels. Les situations évoquées pour saint Jérôme peuvent s’appliquer à saint Ambroise et à saint Augustin (auxquels le Concile fait aussi référence). Il s’agit de devoir abandonner l’apparente grandeur des subtilités philosophiques pour la rusticité des Écritures. Ainsi, Jérôme s’était retiré en solitaire, loin des séductions de la littérature païenne, pour se consacrer à sa traduction des Saintes Lettres. Benoît XV l’évoque ainsi : 

« Les obstacles ainsi levés, il prépara son âme à la connaissance de Jésus-Christ et à revêtir ce qui est doux et humble de cœur. Mais il vécut ce qu’Augustin vécut également lorsqu’il entreprend l’étude des Écritures. Car ce dernier nous a raconté comment, imprégné dès sa jeunesse de Cicéron et d’auteurs profanes, la Bible lui semblait indigne d’être comparée à Cicéron. « Mon orgueil gonflé se dérobait à son modeste habit, tandis que mon regard ne parvenait pas à percer ce que ce dernier cachait. En vérité, l’Écriture était destinée à grandir avec l’enfant ; mais je ne pouvais être enfantin ; l’éloquence pompeuse me séduisait profondément ». » (§ 34 ou p. 29)

« Mais en peu de temps, Jérôme devint si passionné par la folie de la croix qu’il servit lui-même de preuve de l’importance d’un esprit humble et pieux pour la compréhension de l’Écriture Sainte. Il comprit que pour expliquer l’Écriture nous avons besoin du Saint Esprit de Dieu, il comprit qu’on ne peut la lire ni la comprendre autrement que « le Saint Esprit qui l’a écrite l’exige ». C’est pourquoi il priait toujours humblement Dieu pour obtenir son assistance et sa lumière, et demandait à ses amis d’en faire autant. » (§ 35 ou p. 30)

Il faut aussi citer le § 48 de cette encyclique à laquelle nous renvoie Vatican Il : « Si les hommes de notre époque voulaient l’imiter en cela, nous verrions se réaliser ce que notre prédécesseur, Léon XIII, dans son encyclique Providentissimus Deus, a qualifié d’éminemment souhaitable « la Bible influence notre enseignement théologique et en devient même l’âme. » » (p. 40) Au § 49, Benoît XV poursuit « Avec quelle insistance Saint Jérôme exhorte les prêtres à une lecture assidue de la Bible s’ils veulent enseigner et prêcher dignement ! Leurs paroles n’auront ni valeur, ni poids, ni pouvoir de toucher les âmes, si ce n’est dans la mesure où elles sont éclairées par l’Écriture Sainte. » (p. 43)

Aux sources de la connaissance 

Nous sommes aussi de nouveau exhortés à nous reporter à l’encyclique de 1943 de Pie XII, elle aussi trop méconnue, et peu appliquée par les prédicateurs. Si l’on en juge par la pauvreté des connaissances exégétiques de beaucoup de jeunes prêtres, on peut se demander si elle est suffisamment étudiée dans les séminaires. Ou alors, si le style de vie intérieure et d’engagement pastoral répond vraiment aux nécessités spirituelles du peuple de Dieu. 

26. Il est important que l’assiduité à la connaissance de la Parole de Dieu soit associée à une fréquentation assidue du mystère eucharistique. Autrement dit, la vénération de la Parole de Dieu est liée à la participation aux saints mystères de la messe. L’importance du sacrement dans l’apprentissage de la Parole de Dieu est ainsi rappelée. On devrait en tirer certaines conséquences pour le catéchuménat : ne pas faire attendre deux ans pour recevoir un adulte au baptême. Le temps du Carême ne suffit-il pas pour enseigner le symbole des apôtres, baptiser à Pâques et continuer l’instruction religieuse enrichie par la participation active à la Sainte Messe ? Dans le luthéranisme, ce message fut entendu en son temps. Il a contribué grandement au rétablissement de la célébration de la Sainte Cène, tous les dimanches. Certaines paroisses, en 1964, ne connaissant qu’une célébration mensuelle, ou au mieux bimensuelle.

Que de richesses spirituelles dans cette constitution dogmatique, Dei Verbum ! Que de continuité et de déploiement du magistère, visant l’accueil de la Révélation pour conduire l’Église dans la plénitude du mystère ! Et quelle exhortation à l’intelligence de la foi, ô combien nécessaires au moment où nous voyons s’opérer des retours à l’Église ! Il y aura beaucoup d’exigences venant de ceux-ci, et c’est tant mieux ! Car l’Église, si elle est attentive à ce qui est ici demandé, gardera ses actuels fidèles et ne décevra pas ceux qui reviennent. 

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De la continuité vers la plénitude

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P. Michel Viot

Père Michel Viot. Maîtrise en Théologie. Ancien élève de l’Ecole Pratique dès Hautes Études. Sciences religieuses.

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