Le lundi 16 décembre, le Saint-Père a rencontré les membres de l’Association italienne contre la leucémie, les lymphomes, les myélomes (AIL). Nous publions ci-dessous le texte du discours qu’il a prononcé dans son intégralité.
Chers frères et sœurs, bonjour !
Je suis heureux de vous rencontrer si nombreux à l’occasion du cinquante-cinquième anniversaire de votre Association. Merci de votre visite et, surtout, merci pour ce que vous faites. Outre le financement de la recherche pour le traitement des leucémies, des lymphomes et des myélomes, et le développement de centres spécialisés dans le domaine, vous offrez l’hospitalité aux patients et à leurs familles, les soins à domicile et la proximité à tant de personnes grâce à des milliers de bénévoles. La proximité est l’une des qualités de Dieu : proche, compatissant et tendre. Et vous faites de même : vous êtes proches avec tant de compassion et de tendresse. La proximité, ne l’oubliez pas. Votre témoignage est un témoignage de solidarité et de proximité, encore plus important dans ce monde marqué par l’individualisme. Un jour, on m’a demandé quelle était la caractéristique d’une certaine association, trop individualiste, et j’ai répondu : « Non, je ne sais pas quelle est sa caractéristique, mais je connais sa devise : « Je, moi, avec moi et pour moi ». Au centre, moi, moi, avec moi et pour moi. C’est de l’égoïsme à l’état pur.
Je voudrais vous donner trois mots pour soutenir votre parcours et votre travail.
Je tire le premier de la devise que vous avez choisie pour cette réunion : « Ensemble, nous illuminons l’avenir ». C’est le mot «illuminer». En effet, la maladie plonge souvent la personne et sa famille dans l’obscurité de la douleur et de l’angoisse, engendrant solitude et fermeture. Au niveau social, elle est souvent perçue comme une défaite, quelque chose à cacher, à éliminer ; les malades sont rejetés au nom de l’efficacité et de la force, la souffrance est marginalisée parce qu’elle fait peur et entrave les projets. Au contraire, il est urgent de placer au centre la personne malade, avec son histoire et ses relations – familiales, amicales, thérapeutiques – pour trouver un sens à la douleur et donner des réponses aux nombreux « pourquoi ». Même lorsque tout semble perdu, il est possible d’espérer. Mais il faut quelqu’un pour apporter un peu de lumière, une flamme d’espoir, par l’amitié, la proximité et l’écoute.
Le deuxième mot est donner. Ces personnes qui apportent un peu de lumière sont les « donneurs ». La logique du don est le principal antidote à la culture du jetable. Chaque fois que nous donnons, la culture du jetable est affaiblie, voire annulée ; c’est le consumérisme, qui apparemment voudrait même prendre possession de nos vies, qui est vaincu par cette logique vertueuse. Le premier à se donner, c’est Dieu Lui-même, dans Son amour créateur ; c’est Jésus, dans son Incarnation.
Dans quelques jours, ce sera Noël : nous regarderons cet Enfant donné au monde pour que nous soyons tous sauvés. Puisons notre force dans Sa fragilité, notre réconfort dans Ses pleurs, notre courage dans Sa tendresse. Encore une fois, le mot « tendresse ». Ne l’oubliez pas.
Le troisième mot, c’est place publique. Votre Association est présente dans les rues, elle travaille à partir de la base. C’est l’engagement de ne pas rester enfermé dans son propre verger à cultiver ses propres intérêts, mais d’inspirer le territoire, d’être un signe tangible et une présence visible mais jamais intrusive : présence, mais pas d’intrusion. Sur la place publique, vous manifestez le désir d’être avec les gens, de partager leur douleur, d’être de bons Samaritains. C’est un don que vous faites à l’ensemble de la société. Vous êtes visibles, non pour vous, mais pour les personnes qui sont dans le besoin. Vous contribuez ainsi à soutenir la recherche scientifique, à accroître les connaissances qui font partie de la meilleure tradition italienne en matière de santé et à garantir l’attention portée aux personnes qui ont besoin de se sentir accompagnées dans leur thérapie. Vous êtes une pierre dans la construction de deux espoirs : l’espoir d’une guérison, toujours, et l’espoir d’une thérapie, dans ses méthodes les plus modernes.
Chers amis, nous célébrons aujourd’hui Saint Jean de la Croix, un grand mystique, qui rappelait que : « Au crépuscule de la vie, nous serons jugés sur la qualité de notre amour. » Merci pour l’amour et l’espoir que vous donnez ! Continuez, avec dévouement et compétence. Je vous bénis de tout cœur, vous tous et tous ceux qui forment le réseau de votre Association. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi ! Je vous remercie.