Première publication le 21 février 2025 par l’AED
Plus de 70 corps ont été retrouvés dans une église protestante d’un village du territoire de Lubero, dans le Nord-Kivu, selon des sources locales interrogées par l’Aide à l’Église en Détresse (AED).
Les faits se sont produits entre le 12 et le 15 février, dans un village appelé Maiba, près de Lubero, dans le Nord-Kivu. Le 12 février, des rebelles d’un groupe terroriste islamiste d’origine ougandaise sont entrés dans le village et ont pris en otage une centaine de personnes.
« Le 15 février, 70 corps ont été découverts à l’intérieur d’une église protestante. Beaucoup d’entre eux avaient été ligotés et certains décapités. Parmi les victimes se trouvaient des femmes, des enfants et des personnes âgées », a déclaré notre source, qui préfère garder l’anonymat.
« Il est probable que ces personnes assassinées n’aient pas pu résister ou supporter la marche forcée, car lorsque les rebelles prennent des otages, ils les forcent à marcher avec eux, les utilisant comme renforts pour leur groupe et aussi comme main d’œuvre pour l’effort de guerre. Quand il y a du butin, ils ont besoin de gens pour le transporter. Si vous vous fatiguez sur la route, c’en est fini de vous. Je pense que c’est ce qui est arrivé à ces 70 personnes », détaille notre source.
« La prière continue à soutenir notre espérance au milieu de cette situation »
Le massacre de Maiba a été perpétré par le groupe islamiste armé Forces démocratiques alliées (ADF), qui opère en Ouganda et en République démocratique du Congo. Ces hommes terrorisent la population locale depuis plus d’une décennie.
« Les groupes islamistes ont multiplié les attaques et les assauts contre des villages isolés, tuant déjà des milliers de civils congolais. Auparavant, ces attaques se produisaient dans d’autres régions, mais aujourd’hui, c’est Lubero qui est attaqué », a déclaré l’informateur de l’AED. « On pense que les terroristes ont des collaborateurs dans les localités qui facilitent leurs opérations. Et c’est ce qui est vraiment effrayant », a-t-il ajouté.
Ce massacre survient à un moment critique pour la région. Dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, la situation humanitaire s’est aggravée à cause des combats entre les forces rebelles d’un autre groupe armé, le M23, soutenu par le Rwanda voisin, et les forces armées congolaises. Le M23s’est emparé de villes importantes et de postes stratégiques dans la région, comme Goma et Bukavu. Depuis décembre 2024, selon le HCR, les combats se sont intensifiés, forçant un demi-million de Congolais du Nord-Kivu à se déplacer.
Notre informateur craint que le M23 ne prenne Butembo, la deuxième plus grande ville du Nord-Kivu, dans les prochains jours : « Nous vivons des moments très, très difficiles. À tout moment, nous nous attendons à ce que les rebelles entrent dans la ville, car ils ne sont qu’à 70 km d’ici. Il y a une grande panique à Butembo, car la guerre est littéralement à notre porte. Nous avons vu comment d’autres régions ont sombré dans le chaos, et maintenant il semble que ce soit notre tour, pour ainsi dire. »
Et il termine par un appel à la prière : « Prions. C’est vraiment la prière qui continue à soutenir notre espérance au milieu de cette situation que nous vivons. »
Maria Lozano