Première publication le 20 décembre 2024 par la Custodie de Terre Sainte
Chers amis,
L’évangéliste Luc nous raconte que Marie et Joseph devaient se rendre à Bethléem pour le recensement. Comme il n’y avait pas de place pour eux à l’auberge, ils ont dû s’adapter et trouvèrent refuge dans une grotte, parmi celles utilisées par les bergers. Ils ont ainsi un peu d’intimité et Marie peut donner naissance à l’enfant Jésus qui, enveloppé de langes, est placé dans une mangeoire (cf. Lc 2). Il s’agit presque ici d’une prophétie ; non seulement parce que cet enfant placé dans cette mangeoire deviendra, une fois grand, notre nourriture, mais aussi parce qu’après sa crucifixion, il sera de nouveau enveloppé à la hâte dans des linges, puis dans un linceul, avant d’être placé dans une autre grotte ; celle du tombeau.
Bien que le récit de Noël et sa représentation à travers la crèche nous inspirent douceur et poésie, il ne faut pas oublier que la réalité qui entoure la naissance de Jésus n’a rien de douce. Rome dominait alors, par la force, tout le monde méditerranéen. En Judée, petite province du grand empire, régnait Hérode ; un roi si attaché au pouvoir qu’il n’hésite pas à éliminer ses propres fils pour ne pas avoir de rivaux. Ce roi, en entendant les prophéties qui désigne un nouveau-né comme un possible roi et messie, prend peur. Il va jusqu’à effectuer un massacre préventif, en faisant tuer tous les enfants de la région de Bethléem âgés de deux ans et moins (Mt 2,16), pour éviter le risque que l’un d’entre eux, devenu adulte, ne s’empare de son pouvoir et son royaume.
En ce Noël 2024, encore assombri par les ténèbres de la haine et de la guerre, encore infecté par le virus de l’indifférence humaine, encore trempé par le sang de trop d’innocents tués, nous nous agenouillons devant la crèche dans laquelle Marie a déposé l’enfant Jésus, et nous reprenons l’invitation adressée par le pape François au monde entier lors du Noël dernier : « dire “oui” au Prince de la paix signifie dire “non” à la guerre, et cela avec courage : dire “non” à la guerre, à toute guerre, à la logique même de la guerre, voyage sans but, défaite sans vainqueurs, folie sans excuses. (…) De la crèche, l’Enfant nous demande d’être la voix de ceux qui n’ont pas de voix : la voix des innocents […] » (Message Urbi et Orbi, 25/12/2023).
Ne l’oublions pas lorsque nous nous serrerons la main et échangerons des salutations.
Joyeux Noël depuis Bethléem
Fra Francesco Patton
Custode de Terre Sainte