Première publication le 18 décembre par AD EXTRA
Le 25 décembre est travaillé au Cambodge, contrairement au 29 décembre qui marque le « Jour de la Paix » en mémoire de la fin de la guerre civile en 1998. Ainsi, les Cambodgiens mêlent les traditions de Noël aux commémorations nationales, jusqu’au 7 janvier, également férié, qui marque la fin du génocide de Pol Pot en 1979. Le 31 décembre est aussi célébré, même si le pays fête le Nouvel an khmer en avril. Les chrétiens étant moins de 3 %, Noël est davantage perçu comme une « fête de l’humanité » que comme la naissance du Christ.
Noël n’est pas un jour férié au Cambodge, contrairement au « Jour de la Paix », qui a lieu le 29 décembre afin de marquer la fin d’une guerre civile de trente ans (1978-1998). Le conflit cambodgien a débuté par des incursions des Khmers rouges sur le territoire du Vietnam, suivies en retour par l’invasion du Cambodge par l’armée vietnamienne, ce qui a rapidement conduit à la chute du régime Khmer rouge, remplacé par un nouveau régime communiste cambodgien, provietnamien.
Une nouvelle guerre civile a suivi, avant un processus de paix qui a conduit à l’abandon du communisme et à la restauration de la monarchie. Les Khmers rouges ont ensuite repris le combat jusqu’à leur défaite finale et à l’arrestation de Pol Pot. La fête du 29 décembre est donc l’occasion de marquer la fin de ce conflit dévastateur en 1998. Le 7 janvier, les Cambodgiens marquent aussi la fin du génocide de Pol Pot en 1979 – c’est également un jour férié.
Ainsi, à travers le Cambodge, si l’excitation des fêtes gagne les habitants, les traditions de Noël sont mêlées aux commémorations nationales, à l’occasion d’une semaine de festivités qui récompense aussi les enfants et accueille la nouvelle année. « Je suis bouddhiste, mais je suis ouvert d’esprit et j’ai le cœur ouvert. Le fait de donner est une façon charmante d’exprimer cela », confie Vy Bol, un guide touristique, chauffeur de tuk-tuk de 49 ans et père de deux enfants, un garçon et une fille.
« Noël est le prélude d’une semaine de festivités et de la fête de la nouvelle année. Je travaillerai dans la matinée et j’ai prévu de prendre mon après-midi. Ensuite nous mangerons, nous ouvrirons les cadeaux et j’emmènerai les enfants voir les feux d’artifice. Je n’ai pas beaucoup de moyens, pas plus de 20 dollars US pour chacun de mes deux enfants, mais ils ont été sages et ils adorent ouvrir les cadeaux », ajoute-t-il.
Les crèches de la Nativité et les références à l’Enfant Jésus sont rares
Il y a des éléments syncrétiques entre les différentes religions présentes au Cambodge, mais comme l’explique Ny Vannak, une femme d’affaires de 42 ans, à Phnom Penh, Noël est davantage « une fête de l’humanité, pour tous, sans lien avec une religion en particulier. Tout le monde semble aimer Noël ». « J’ai une nièce de cinq ans, et je vois combien les enfants aiment cela. Je l’ai emmenée au marché et elle voulait un serre-tête en forme de cornes de renne. Je lui en ai acheté un. C’était une journée amusante, surtout pour les enfants », confie-t-elle.
Phnom Penh et les autres villes du pays sont décorées avec des arbres de Noël, des illuminations, des boules et des guirlandes. Des pères noël gonflables géants sont accrochés aux bâtiments, mais les crèches de la Nativité et les références à l’Enfant Jésus sont rares, limitées aux églises et aux célébrations chrétiennes. Les chrétiens représentent moins de 3 % de la population cambodgienne, pourtant, les centres commerciaux et les vendeurs de rue voient leurs ventes s’envoler avant Noël.
Yi Sovandary, âgée de 55 ans, vend des costumes de père Noël à partir de 5 dollars au Kandal Market, dans la capitale. « Les enfants aiment porter ces costumes à l’école ou pendant les fêtes de classe au moment de Noël », explique cette mère de trois enfants. « Pour eux c’est amusant, et moi cela m’aide à arrondir mes fins de mois. Même si Noël ne fait pas partie de la culture khmère, les gens se réjouissent de cette occasion de faire la fête avec leurs amis. » Ses sentiments sont partagés par Mat Samey, un musulman : « C’est normal qu’au Cambodge, on voie des gens célébrer Noël et se déguiser même s’ils ne sont pas chrétiens, cela reste amusant. »
Une semaine de festivités en mémoire du retour de la paix
Les fêtes nationales traditionnelles cambodgiennes marquent le Nouvel An khmer en avril et la saison des récoltes en novembre – à l’occasion du festival de l’Eau –, tandis que les chrétiens et les musulmans sont libres de célébrer leurs fêtes religieuses traditionnelles comme l’Eid, Noël et Pâques. Chaque année, trois jours après Noël, le parti au pouvoir du PCC (Parti du peuple cambodgien) ne regarde pas à la dépense en rappelant à tous qu’il a mis fin à la guerre civile il y a 26 ans, avec des monuments commémoratifs installés partout dans le pays, appelés « win-win » (en référence à la politique gagnant-gagnant mise en place par le Premier ministre Hun Sen dans les années 90), et entourés de parades et de feux d’artifice.
Pour Vy Bol, cette expression « win-win » est surtout à la gloire de la politique du PCC et des familles dirigeantes, même s’il reconnaît que la paix et la sécurité qui sont revenues après la fin de la guerre ne peuvent être niées. « Aujourd’hui, le Cambodge est aussi très fortement relié au reste du monde, c’est pourquoi le 1er janvier marque le Nouvel An comme ailleurs. Le début de l’année 2025 est tout autant une occasion de faire la fête que le Nouvel An khmer. Donc Noël est le début d’une semaine de festivités, autour des enfants, de la paix et de l’espoir d’une nouvelle année que nous espérons meilleure et plus prospère. »
(Avec Ucanews)