Pape François © El País

Lettre du Saint-Père sur le rôle de la littérature dans la vie du prêtre et du séminariste 

Une invitation à lire qui s’adresse aussi à tout évangélisateur

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Le 17 juillet, le pape François a écrit une lettre sur le rôle de la littérature dans la formation des prêtres et de tout chrétien. Elle a été publiée le dimanche 4 août.

 Entouré d’une culture qui exalte les images et les mèmes, marginalisant les grandes lectures, le pape rappelle la valeur d’un bon livre dans « les moments de fatigue, de colère, de déception, d’échec, et quand même dans la prière nous ne parvenons pas à trouver le calme de l’âme, un bon livre au moins nous aide à affronter la tempête (…). Avant l’omniprésence des médias, des réseaux sociaux, des téléphones portables et autres appareils, la lecture était une expérience courante. Et ceux qui l’ont vécue savent de quoi je parle. Ce n’est pas démodé. »

 Dans sa lettre, le pape cite sa propre expérience en tant que professeur de littérature dans un lycée en Argentine entre 1964 et 1965. Il cite des essais de C.S. Lewis, Marcel Proust, Jorge Luis Borges, Karl Rahner, St Paul VI, St Jean-Paul II et le Concile Vatican II. Il se réfère même aux Actes des Apôtres, où il suppose que saint Paul aurait connu les œuvres du poète Epiménide (VIe siècle av. J.-C.) et du poète Aratus de Soli (IIIe siècle av. J.-C.).

Il note que « certains séminaires ont réagi à l’obsession des « écrans » et des « fake news » toxiques, superficielles et violentes en consacrant du temps et de l’attention à la littérature. « Ils l’ont fait en réservant du temps pour des lectures tranquilles et pour parler des livres, nouveaux et anciens, qui ont encore beaucoup à nous dire ». 

Il regrette également que la littérature soit « considérée comme un simple divertissement », un « art mineur » et « non essentiel » dans la formation des futurs prêtres et dans leur préparation au ministère pastoral. « Elle est souvent considérée comme un divertissement, c’est-à-dire comme une expression peu pertinente de la culture qui n’appartient pas au chemin de préparation et donc à l’expérience pastorale concrète des futurs prêtres ». 

Au contraire, le pape souligne que le manque de littérature et de poésie « peut conduire à un grave appauvrissement intellectuel et spirituel des futurs prêtres, qui seront privés de cet accès privilégié que la littérature donne au cœur même de la culture humaine et, « plus spécifiquement », au cœur de chaque personne ».

Les séminaristes qui se préparent au sacerdoce ont besoin d’écouter les autres, une compétence vitale pour comprendre et guider l’âme, sans laquelle nous tombons immédiatement dans l’isolement ; « nous entrons dans une sorte de surdité spirituelle, qui a un effet négatif sur notre relation avec nous-mêmes et notre relation avec Dieu, même si nous avons beaucoup étudié la théologie ou la psychologie ».

 Le risque de vivre dans une bulle intellectuelle ou mentale est brisé par la lecture, qui équilibre la vision du monde et de nos proches. Comme il est dangereux de ne plus écouter la voix de l’autre qui nous interpelle. De plus, « en lisant, nous nous immergeons dans les personnages, dans les soucis, dans les drames, dans les dangers, dans les peurs de personnes qui ont finalement surmonté les défis de la vie, ou peut-être que pendant la lecture nous donnons des conseils aux personnages qui nous seront utiles par la suite », dit le pape. 

Il est admirable que le pape nous montre comment la littérature « nous apprend à regarder et à voir, à discerner et à explorer la réalité des personnes et des situations comme un mystère chargé d’un excès de sens, qui ne peut être compris que partiellement à travers des catégories, des schémas explicatifs, des dynamiques linéaires de causes et d’effets, de moyens et de fins », parce que le monde est complexe et que la connaissance d’intrigues réelles ou imaginaires nous conduit à semer des valeurs et à construire des chemins.

Enfin, le pape invite tout évangélisateur à lire, même s’il s’adresse plus directement aux prêtres : « L’affinité entre le prêtre et le poète resplendit dans l’union sacramentelle mystérieuse et indissoluble entre la Parole divine et nos paroles humaines, donnant lieu à un ministère qui devient un service né de l’écoute et de la compassion, à un charisme qui devient une responsabilité, à une vision de la vérité et de la bonté qui se révèle comme une beauté ».

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Rédaction

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