P. Gwenaël Maurey, Recteur du sanctuaire de Ste Anne d'Auray © ktotv.com

P. Gwenaël Maurey, Recteur du sanctuaire de Ste Anne d'Auray © ktotv.com

Interview du recteur de Sainte-Anne d’Auray : « Réconcilier les générations » 

Zenit a interrogé le P. Gwenaël Maurey, recteur du sanctuaire breton 

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Le sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray, dans le Morbihan, célèbre les 400 ans des apparitions de sainte Anne à Yvon Nicolazic, un paysan breton. Ce Jubilé se déroule sur une période de trois ans, et commémore les diverses apparitions qui ont eu lieu entre 1623 et 1625.

À l’occasion de la fête des saints Anne et Joachim, Zenit a interrogé le P. Gwenaël Maurey, prêtre du diocèse de Vannes et recteur, depuis 7 ans, du Sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray.

 

Zenit : Que s’est-il passé à Auray au 17e siècle ? 

P. Gwenaël Maurey : Sainte Anne est apparue plusieurs fois à un paysan breton d’une quarantaine d’années, Yvon Nicolazic. Elle est toujours apparue de nuit et tenant à la main un cierge allumé. Au fil des apparitions, elle a révélé son nom, en breton : « Je suis Anne, mère de Marie. »

Le curé de la paroisse de l’époque ne croyait pas en Yvon Nicolazic. Il lui a demandé une preuve de ces apparitions. Sainte Anne a alors dit à Yvon :« Quand tu verras mon flambeau, appelle tes voisins, et vous suivrez ce flambeau. » En suivant le flambeau, Yvon fit la découverte de l’antique statue d’un lieu de culte à sainte Anne, datant du 5e siècle. Puis sainte Anne lui a dit : « Dieu veut que je sois honorée en ce lieu. »

Plus tard, pendant la Révolution française, cette ancienne statue a été brûlée, et l’on ne voit plus que la moitié de son visage. Elle se trouve aujourd’hui au pied de la statue de dévotion actuelle.

Zenit : Que nous enseigne sainte Anne d’Auray ?

P. G. Maurey : Ce que nous donne sainte Anne se traduit par trois signes. Le premier signe est la Parole de Dieu. Sainte Anne est une femme de la Bible, elle transmet la foi biblique à sa fille. C’est pourquoi on la représente souvent avec Marie, méditant la Parole de Dieu. Elle en était pétrie.

Le deuxième signe est le flambeau qu’Yvon Nicolazic suit, à la demande de la sainte. En fait, le flambeau représente le cierge pascal. Il s’enfonce trois fois en terre pour montrer le lieu où Yvon Nicolazic doit creuser. C’est Jésus, mort et ressuscité que nous sommes invités à suivre, mais avec « nos voisins » : c’est-à-dire en Église, pas tous seuls.

Enfin, le troisième signe que nous donne sainte Anne, c’est la pierre. Quand elle demande de reconstruire la chapelle, elle dit à Yvon Nicolazic : « Participe à la construction de l’Église là où tu vis. » On s’inscrit donc dans une histoire, une tradition.

Zenit : Pour les célébrations des 25 et 26 juillet au Sanctuaire, vous parlez de « grand pardon ». Que cela signifie-t-il ?

P. G. Maurey : Un « pardon » est une forme typiquement bretonne de pèlerinage. Il s’inscrit dans une démarche pénitentielle : les chrétiens se rendent en pèlerinage soit sur la tombe d’un saint, soit en un lieu qui lui est dédié ou en raison d’une apparition, comme ici à sainte Anne d’Auray.

Un lieu pour les familles et la réconciation des générations ©  sainteanne-sanctuaire.com

Un lieu pour les familles et la réconciation des générations ©  sainteanne-sanctuaire.com

Dans le diocèse de Vannes, il y a 1000 chapelles et 300 églises paroissiales. Dans chacune de ces chapelles de quartiers, de petits villages, les « pardons » ont lieu une à deux fois par an. Mais il y a d’autres « pardons » qui sont plus importants, comme par exemple le pardon de Josselin, dans notre diocèse, en l’honneur de la Vierge Marie. Enfin le plus grand des pardons, qui rassemble toute la Bretagne, est celui de sainte Anne d’Auray.

Ce grand pardon à sainte Anne d’Auray dépasse en fait les deux jours de célébrations qui ont lieu les 25 et 26 juillet. Il se déroule quasiment les deux mois d’été, en juillet et août, avec tous les jours des propositions de célébrations et de temps de prière, de processions aux flambeaux, de concerts grâce à l’Académie de musique et d’art sacré, et de visites.

Zenit : Vous êtes en plein Jubilé avec Sainte-Anne, alors que Rome se prépare au Jubilé de 2025. Est-ce que l’un peut apporter quelque chose à l’autre ?

P. G. Maurey : Nous serons en pleine communion avec le Jubilé ordinaire de Rome de 2025, qui est pour nous est une bénédiction. Un jubilé appelle un autre jubilé ! Tout ce que nous allons vivre ici nous invitera à continuer avec le Jubilé ordinaire, et notre cheminement se fera en écho avec ce qui se passe à Rome.

Quand le pape parle de « Pèlerins de l’espérance », c’est tout à fait le thème qu’on vit ici, avec sainte Anne qui est une femme de l’espérance. Nous allons d’ailleurs ouvrir une Porte sainte pour le jubilé de 2025, et ce sera le dimanche de Christ-Roi, le 24 novembre prochain. 

D’autre part, le 26 juillet 2025 sera le sommet de nos trois années jubilaires à Sainte-Anne d’Auray. Nous terminerons cette grande démarche par un festival de jeunes, qui partira de Sainte-Anne pour aller jusqu’à Rome.

Zenit : Que peut apporter sainte Anne au monde actuel ? Et Joachim ?

P. G. Maurey : Sainte Anne d’Auray est le sanctuaire de la grand-mère de Jésus, mais c’est aussi un sanctuaire intergénérationnel. Ce n’est pas le sanctuaire des « papys et des mamies », c’est le sanctuaire de toutes les générations ! Nous accueillons ici les familles et tous les âges. C’est un des charismes de ce lieu.

La maison du voyant Yvon Nicolazic ©  sainteanne-sanctuaire.com

La maison du voyant Yvon Nicolazic ©  sainteanne-sanctuaire.com

Le pape François nous fait toujours aller plus loin. Quand il nous a dit, en 2021, qu’il lançait une Journée mondiale pour les grands-parents, et que cette Journée aurait lieu fin juillet, je ne voyais pas au début où il voulait en venir. Mais en désirant honorer les grands-parents et les anciens, la démarche du pape est exceptionnelle. On devrait en effet regarder un peu plus humblement ce que font les anciens, on a trop tendance à faire du « jeunisme ».

D’ailleurs, le jour où le pape a présenté son projet de Journée mondiale, il a demandé aux petits-enfants, présents sur la place Saint-Pierre, d’applaudir leurs grands-parents. Je trouve cela génial. Ici, on ne fait pas une pastorale des anciens ! Les grands-parents ont autant de dons à transmettre qu’à recevoir.

Sainte-Anne d’Auray est un lieu où on doit réconcilier les générations, et où on parle beaucoup des familles. Lorsque saint Jean-Paul II est venu ici en septembre 1996, il a rencontré les familles. Je pense qu’on peut parler de ce sanctuaire comme d’un sanctuaire de la Sainte Famille, élargie à Anne et Joachim.

 

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Anne van Merris

Anne van Merris est journaliste, formée à l’Institut de journalisme européen Robert Schuman à Bruxelles. Elle est mariée et mère de quatre enfants.

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