Chers amis,
En vous souhaitant la bienvenue au terme de votre session plénière, je salue le cardinal Claudio Gugerotti, les autres supérieurs du Dicastère, les officiels et les membres des institutions qui participent à votre rencontre.
En vous regardant, je pense avec affection aux Églises orientales, qui doivent être respectées et estimées pour les traditions spirituelles et sapientielles uniques qu’elles conservent, et pour tout ce qu’elles ont à nous dire sur la vie chrétienne, la synodalité et la liturgie. Nous pensons aux premiers Pères, aux Conciles, au monachisme… trésors inestimables de l’Église. Parmi les Églises orientales, certaines sont en pleine communion avec le successeur de l’apôtre Pierre. Elles enrichissent la communion catholique par leur histoire impressionnante et leurs particularités.
De nombreuses Églises orientales sont devenues des « Églises martyres »
Cette beauté est toutefois ternie. De nombreuses Églises orientales portent une lourde croix et sont devenues des « Églises martyres ». Elles portent les marques des blessures du Christ. Tout comme la chair du Seigneur a été transpercée par des clous et une lance, de nombreuses communautés orientales souffrent et saignent à cause des conflits et de la violence qu’elles subissent. Pensons à quelques-uns des lieux où elles vivent : la Terre Sainte et l’Ukraine ; la Syrie, le Liban, tout le Moyen-Orient ; le Caucase et le Tigré. C’est dans ces lieux mêmes, où se trouvent de nombreux catholiques orientaux, que la brutalité de la guerre est ressentie avec le plus d’acuité.
Frères et sœurs, nous ne pouvons rester indifférents. L’apôtre Paul a clairement exprimé le message qu’il avait reçu des autres apôtres d’être attentif aux membres les plus nécessiteux de la communauté chrétienne (cf. Ga 2, 10) et a appelé à la solidarité avec eux (cf. 2 Co 8-9). C’est le message de Dieu lui-même, et vous, membres de la ROACO, vous êtes les mains qui lui donnent chair, les mains qui aident et soutiennent ceux qui souffrent. C’est pour cela que vous vous êtes réunis ces jours-ci : non pas pour faire des discours et développer des théories, non pas pour vous engager dans des analyses géopolitiques, mais pour discerner les meilleurs moyens de nous rapprocher de nos frères et sœurs de l’Est et de soulager leurs souffrances.
Mettre l’Évangile avant toute forme de dissension ou d’intérêt personnel
Je vous prie donc, le cœur sur la main, de persévérer dans votre soutien aux Églises catholiques orientales, en les aidant, en ces temps dramatiques, à rester fermement enracinées dans l’Évangile. Avec votre aide, qu’elles puissent faire ce que les autorités civiles devraient faire pour les plus pauvres et les plus vulnérables, mais qu’elles ne peuvent pas faire, ne savent pas faire ou ne font pas. Exhortez le clergé et les religieux à être toujours attentifs aux cris du troupeau, exemplaires dans la foi, mettant l’Évangile avant toute forme de dissension ou d’intérêt personnel, et unis dans le service du bien commun, puisque tous ceux qui sont dans l’Église appartiennent au Christ et que le Christ appartient à Dieu (cf. 1 Co 3, 23).
Chers représentants des différentes institutions, merci pour ce que vous faites ! Vous êtes des évangélisateurs, des participants à la mission de l’Église et des messagers de l’amour de Jésus. Combien de personnes, au fil des ans, ont bénéficié de votre générosité ! Vous êtes des semeurs d’espérance, des témoins appelés à agir, comme le dit l’Évangile, avec bonté et discrétion. La plupart de vos actions attirent peu l’attention du monde, mais elles sont agréables aux yeux de Dieu. Merci de répondre à la destruction par la reconstruction ; à la privation de dignité par la restauration de l’espoir ; aux larmes des enfants par un sourire qui parle d’amour ; à la logique malveillante du pouvoir par la logique chrétienne du service. Les graines que vous plantez dans les champs empoisonnés par la haine et la guerre fleuriront sûrement. Elles seront la prophétie d’un monde différent, un monde qui ne croit pas à la loi du plus fort, mais au pouvoir non violent de la paix.
La situation dramatique de la Terre Sainte
Je sais que, ces derniers jours, vous vous êtes préoccupés de la situation dramatique en Terre Sainte. C’est là que tout a commencé, c’est là que les Apôtres ont reçu le message d’aller prêcher l’Évangile dans le monde entier. Les fidèles du monde entier sont aujourd’hui appelés à manifester leur proximité et à encourager les chrétiens, là-bas et dans tout le Moyen-Orient, à dépasser la tentation d’abandonner leurs terres déchirées par les conflits. Cela me fait penser à une situation terrible : ces terres sont dépouillées de leurs chrétiens. Les souffrances causées par la guerre sont d’autant plus choquantes et absurdes qu’elles se produisent sur les lieux mêmes où l’Évangile de la paix a été proclamé !
À ceux qui alimentent la spirale des conflits et en tirent profit, je dis une fois de plus : Arrêtez ! Arrêtez ! Arrêtez, car la violence n’apportera jamais la paix. Il est urgent d’instaurer un cessez-le-feu, des rencontres et un dialogue pour permettre la coexistence de peuples différents. C’est la seule voie possible pour un avenir stable. Avec la guerre, entreprise insensée et non concluante, personne ne sort gagnant : tout le monde finit par être vaincu parce que la guerre, dès le début, est toujours déjà une défaite. Écoutons ceux qui en subissent les conséquences, les victimes et ceux qui ont tout perdu. Écoutons le cri des plus jeunes, des personnes et des peuples ordinaires, qui sont las de la rhétorique de la guerre et des slogans vides qui rejettent constamment la faute sur les autres, divisant le monde entre le bien et le mal, las des dirigeants qui ont du mal à se réunir autour d’une table, à négocier et à trouver des solutions.
Le sort tragique de l’Ukraine
Mes pensées se tournent également vers le sort terriblement tragique de l’Ukraine déchirée par la guerre. Je prie chaque jour, et j’invite les autres à prier, pour que des chemins de paix s’ouvrent à ce peuple bien-aimé, que les prisonniers de guerre soient libérés et que les enfants soient rapatriés. La promotion de la paix et la libération des prisonniers sont des signes distinctifs de la foi chrétienne (cf. Mt 5, 9 ; Lc 4, 18) ; elles ne peuvent être réduites à de simples démonstrations de puissance. Ces jours-ci, vous avez également mis l’accent sur la question humanitaire des personnes déplacées dans la région du Karabakh. Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait et continuez à faire pour aider ceux qui souffrent. Je voudrais également remercier l’évêque Gevork Saroyan de l’Église apostolique arménienne pour sa présence au cours de ces journées. À votre retour, je vous demande de transmettre mes salutations fraternelles à Sa Sainteté Karékine II et au cher peuple arménien. J’ai eu l’occasion de rencontrer le premier et le second Karékine à Buenos Aires.
L’héritage spirituel de l’Orient, trésor inestimable pour l’Église catholique
Aujourd’hui, de nombreux chrétiens d’Orient, peut-être plus que jamais, fuient les conflits ou émigrent à la recherche d’un emploi et de meilleures conditions de vie. Beaucoup d’entre eux vivent donc en diaspora. Je sais que vous avez réfléchi à la pastorale de ceux qui résident en dehors de leur territoire traditionnel. Il s’agit d’un problème actuel et important. Certaines Églises, en raison des migrations massives de ces dernières décennies, comptent aujourd’hui la plupart de leurs fidèles en dehors de leur territoire traditionnel, dans des lieux où l’attention pastorale fait souvent défaut en raison de la pénurie de prêtres, de structures et de formations adéquates. Par conséquent, ceux qui ont déjà dû quitter leur terre natale risquent également de perdre leur identité religieuse et, au fil des générations, l’héritage spirituel de l’Orient, trésor inestimable pour l’Église catholique, s’affaiblit. Je suis reconnaissant aux diocèses latins qui accueillent les chrétiens d’Orient et qui respectent leurs traditions. Je les exhorte à faire preuve d’une sollicitude particulière, afin que ces derniers, nos frères et sœurs, puissent maintenir leurs rites vivants et florissants. J’encourage le Dicastère à travailler dans ce sens, également en établissant des principes et des normes qui peuvent aider les évêques latins à aider les catholiques orientaux vivant dans la diaspora. Je vous remercie pour tout ce que vous pouvez faire.
Je vous remercie tous pour votre présence ! Je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi. Je vous remercie.