Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo

La vraie famille du Christ, là où la terre devient ciel

Par l’amour de Dieu, devenir membres de la famille du Christ

Share this Entry

Avec le souhait qu’obéir à l’amour de Dieu nous rende membres de la famille du Christ

Xe Dimanche du Temps Ordinaire – Année B – 9 juin 2024

Rite Romain : Gn 3,9-15; Ps 129; 2 Co 4,13-5,1; Mc 3,20-35

Rite Ambrosien : Gn 2,18-25; Ps 8; Ep 5,21-33; Mc 10,1-12

IIIe Dimanche après Pentecôte

 

1) La vrai famille du Christ

L’Evangile que la Liturgie de l’Eglise nous propose aujourd’hui, nous rappelle que la volonté de Dieu est volonté d’amour, de justice et de vérité. Elle est la volonté d’un Père qu’avec ses commandements nous indique le chemin de la vrai vie, heureuse et éternelle.

Avec leur désobéissance à Dieu qui les avait créés, Adam et Eve ont séparé la volonté de l’homme de la volonté de Dieu. Avec son obéissance, Jesús a réconcilié ces deux volontés et a réalisé le désir d’Adam et de nous tous d’être pleinement libres et d’habiter le Ciel.

Afin de continuer l’œuvre de libération du Christ, nous devons lui obéir

1. En disant « Notre Père, qui es aux cieux .. que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » parce que ainsi nous reconnaissons que le lieu où la volonté de Dieu est faite est le « ciel »,

2. En faisant la volonté de Dieu, cela veut dire en observant ses commandements, parce que ainsi nous transformerons la « terre » en « ciel », lieu de la présence de l’amour, de la bonté, de la vérité, de la beauté divine ;

3. En suivant la volonté de Dieu chaque jour et en prenant sur nous notre Croix quotidienne, grâce à laquelle nous deviendrons « Christophore », mot d’origine grec qui veut dire porteurs du Christ.

Grace à cette obéissance d’amour nous ne vivrons pas seulement une toujours plus grande familiarité avec le Christ, en portant le Christ notre “terre” dans le “ciel” mais nous serons des vrais membres de sa famille.

Ce que nous rend la “vrai” famille du Christ est la correspondance avec lui dans l’accomplir “la volonté du Père”. En nous mettant dans cette symphonie, nous deviendrons « consanguins avec le Christ » dans l’Esprit. Il n’a pas d’autres moyens pour être membres de sa famille. Faire la volonté du Père qui est aux cieux est l’élément décisif qui nous place “dedans” la vraie famille du Sauveur : « Il ne suffit pas de me dire : “Seigneur, Seigneur !” pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux » (Mt 7,21).

L’obéissance de la Vierge Mère

Si cela s’applique aux disciples du Christ, cela vaut éminemment pour Notre-Dame. À cet égard, dans le Sermon 72, Saint Augustin se demandait : « N’a-t-elle pas accompli la volonté du Père, la Vierge Marie, qui a cru par la foi, a conçue, par la foi, a été choisie parce que à partir d’Elle nous vienne le salut, a été créée par le Christ, avant que le Christ ait été fait dans son sein ? « . La Mère de Dieu a fait la volonté du Père et l’a fait entièrement ; et pour cela elle était, donc, la mère de Christ et son disciple le plus élevé.

Nous nous tournons avec gratitude vers l’obéissance de la Vierge Mère, à son oui, prononcé non seulement à l’Annonciation, mais répétait sans cesse au pied de la croix, et nous lui demandons la force de « faire » nous aussi, comme elle a « fait », la volonté de Dieu, dont nous connaîtrons l’amour et la fidélité. Cette obéissance est possible pour l’impulsion de l’Esprit du Christ que nous invoquons par l’intercession de la Vierge Marie : « Viens, Esprit Saint, viens par Marie, et donne-nous un grand cœur, ouvert à ta silencieuse et puissante parole d’inspiration, et ferme à toute petite ambition, un cœur grand et fort capable d’aimer tout le monde, de servir tout le monde, de souffrir avec tout le monde, un cœur grand, fort, heureux de ne battre qu’avec le cœur de Dieu » (Bienheureux Paul VI).

 

2) Imiter Notre Mère à accomplir la volonté du Père

Aux paroles du Christ : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ?  …. Voici ma mère et mes frères… Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère.” (Mt 12, 47-50), aujourd’hui comme il y a deux mille ans, nous pouvons réagir avec le soi-disant bon sens e penser que le Christ était en train d’insulter ses parents et surtout sa mère. Si faisant, nous nous tromperons parce que nous jugerions le Christ à partir de notre petite mesure humaine.  

Jesús ne désavoué pas sa Mère pour servir le Père. Christ nous apprend que Marie était sa Mère dans la mesure où elle avait fait et continuait à faire la volonté du Père. « C’est ça que le Seigneur a voulu exalter en elle : d’avoir fait la volonté du Père, non pas d’avoir généré de sa propre chair, la chair du Verbe » (Saint Augustin, In IO. Evan. tract., 10,3 – PL 35,1468).

Pour la Vierge Marie – et sur ceci nous devons l’imiter- faire la volonté de Dieu n’a pas été suivre les commandements comme des constrictions externes, avec la conséquence d’avoir un rapport servile avec Dieu et « légaliste » avec sa parole. Pour elle, faire la volonté de Dieu était dire oui à l’amour et donner sa chair à cet Amour sauveur.

En renouvellent son oui (fiat) à Dieu, Notre-Dame a fait en sorte que dans son cœur demeure l’amour, qui est « le plein accomplissement de la Loi » (Rm 13, 10) et-elle devenue la mère et l’apôtre de l’Amour qui désire notre bien. 

Faisons de même. Si nous vivrons comme Marie, nous vivrons Jesús. 

En extrême synthèse : faire la volonté de Dieu veut dire « vivre Jésus, de Jésus et comme Jésus ». Cela veut dire vivre ce rapport d’amour avec le Père qui se réalise en faisant sa volonté : fils dans le Fils.  

Si faisant nous comprendrons qu’aimer est la seule volonté de Dieu que nous devons accomplir. 

La façon d’aimer, dans les circonstances concrètes de la vie, nous devons la découvrir avec le discernement. Nous devons, donc, savoir chercher et discerner la volonté de Dieu. A ce sujet, l’Apôtre Paul nous recommande « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous …., pour discerner quelle est la volonté de Dieu » (Rm 12,2)..

La volonté de Dieu se découvre à chaque instant avec l’écoute et la docilité à la voix de l’Esprit en nous : « marchez sous la conduite de l’Esprit Saint » écrit encore l’Apôtre des Gentils (Gal 5, 16). Il est, donc, nécessaire d’affiner la sensibilité supranaturelle, « l’instit » évangélique que l’Esprit nous a donné et que se développe seulement en l’exerçant. 

Afin d’obtenir cette sensibilité à la voix de l’Esprit, Saint Paul considère nécessaire encore deux choses. 

La première est l’insertion et le progrès dans la vie d’amour réciproque entre la vie de l’Eglise qui se manifeste dans la communauté diocésaine, paroissiale ou religieuse « Et, dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance et en toute clairvoyance pour discerner ce qui est important » (Phil.1,9-10).

La deuxième est la prière, parce que la connaissance de la volonté de Dieu est un don également : « nous ne cessons pas de prier pour vous. Nous demandons à Dieu de vous combler de la pleine connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle. » (Col 1, 9). 

 

3) L’exemple des Vierges consacrées 

Les vierges consacrées nous donnent un exemple particulier sur la façon de faire la volonté du Père. Avec leurs vies totalement données à Christ Épouse, elles font la volonté de Dieu en Lui donnant pas seulement ce qu’elles ont mais ce qu’elles sont. Avec le « propositum » de l’obéissance, elles ont entièrement donné leur cœur à Dieu, avec la chasteté elles lui ont offert leur corps, avec la pauvreté elles ont donné leurs biens pour les mettre au service de l’amour de Dieu et du prochain. A ces trois bras de la croix spirituelle (obéissance, chasteté et pauvreté), j’ajoute le bras de l’humilité.   

L’humilité ne bénéficie pas aujourd’hui et peut être n’a pas bénéficié dans le passé également, d’une grande estimation. Toutefois, les vierges consacrées dans le monde savent que cette vertu rend fructueux le travail dans la vigne de Dieu. Humilité vient du mot latin humilitas qui a à faire avec humus (terre), cela veut dire en relation avec la terre, avec la réalité.

« La charité est gardienne de la virginité, la maison où le gardien habite est l’humilité »

Ces femmes, qui se sont totalement données à Dieu, vivent comme des personnes humbles parce que en vivant en Lui et pour Lui, elles écoutent humblement le Christ, la Parole de Dieu et sont portées à avoir les mêmes sentiments de leur Epouse (« Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » Phil.2, 5), de leur Aimé. Saint Augustin disait « il n’y pas charité sans humilité » (Prologue du Commentaire à la Lettre de Saint Jean) et dans un autre œuvre, il écrivait « la charité est gardienne de la virginité, la maison où le gardien habite est l’humilité » (Sur la Sainte Virginité, 51, 52).

La vocation à vivre la virginité consacrée comme don total de soi au Christ et signe de l’Eglise Epouse est évident dans l’attitude des vierges consacrées à faire confiance sans réserves à l’Amour de leur Epouse, à l’intensité de la communion avec Lui, à l’humble charité qui devient service sans intérêt à l’Eglise et témoignage lumineuse de Foi, d’Esperance et de Charité, dans le contexte de la vie de tous les jours.

Comme demandé par le Rite de leur consécration (cfr nn. 14-18), chaque vierge qui appartienne à l’Ordre s’engage en permanence et sait que la prière n’est pas seulement personnelle, généreuse réponse à la voix de l’Epouse et humble demande d’aide à rester fidèle au saint propositum et au don reçu ; elle est également participation intime à la vie du corps mystique du Christ, intercession infatigable pour l’Eglise et pour le monde.  

 

Lecture Patristique

Saint Jean Chrysostome (347 – 407)

Homélies pascales, 51, 1-3,

SC 187, 318-322

Les signes de la résurrection du Seigneur sont clairs: la ruse a cessé, la jalousie a été bannie, la querelle a été foulée aux pieds, la paix est en honneur et la guerre a pris fin. Nous ne pleurons plus sur Adam, lui qui fut formé le premier (1Tm 2,13), mais nous glorifions le second Adam (1Co 15,47). Nous ne blâmons plus Ève, la désobéissante (Gn 3,6), mais nous disons bienheureuse Marie, la mère de Dieu. Nous ne nous détournons plus de l’arbre, mais nous portons la croix(Lc 14,27) du Seigneur.

Nous ne redoutons plus le serpent (Gn 3,1), mais nous révérons l’Esprit Saint. Nous ne descendons plus en terre, mais nous remontons aux cieux. Nous ne sommes plus exilés du Paradis (Gn 3,23-24), mais nous vivons auprès d’Abraham (Lc 16,22). Nous n’entendons plus dire comme les Juifs: J’ai rendu ton jour semblable à la nuit (Os 4,5), mais nous chantons, dans un sens spirituel: Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie (Ps 117,24)!

Pourquoi ce chant? Parce que le soleil n’est plus obscurci (Mt 27,45), mais que tout s’illumine. Parce que le voile du Temple n’est plus déchiré (Mt 27,51), mais que l’Église est reconnue. Parce que nous ne tenons plus des rameaux de palmier (Jn 12,13), mais que nous portons les « nouveaux illuminés. »

Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie

Voici le jour, celui-ci et non un autre, car il n’y a qu’une reine et une multitude de princesses 1. Voici le jour, le jour du Seigneur, jour triomphal, consacré par la coutume à la résurrection. C’est le jour où nous sommes parés de grâce et partageons l’agneau (Ex 12,8-11) spirituel, où l’on donne du lait (1Co 3,2 1P 2,2) à ceux qui viennent de renaître, où le plan divin s’accomplit pour les pauvres.

Qu’il soit pour nous jour de fête et de joie, sans que nous courions dans les tavernes, mais en nous hâtant vers les sanctuaires, sans que nous honorions l’ivresse, mais en aimant la tempérance, sans que nous nous amusions sur les places, mais en chantant des psaumes dans nos maisons. Ce jour est celui de la résurrection, non des excès. Personne ne monte au ciel en dansant. Personne en état d’ivresse ne se tient auprès d’un roi. Que personne donc parmi nous ne déshonore ce jour !

avec la grâce du Christ illuminant par sa résurrection le monde entier

Voici le jour où Adam a été libéré, où Ève a été délivrée de son affliction (Gn 3,16). Voici le jour où la mort féroce a frémi, où la résistance des blocs de pierre(Mt 27,51) a été brisée et anéantie, les verrous des tombeaux (Mt 27,52) mis en pièces et enlevés. Voici le jour où les corps (Mt 27,53) de ceux qui étaient morts depuis longtemps ont été rendus à leur vie antérieure, où les lois sévères des puissances souterraines, jusqu’alors immuables, ont été abolies, où les cieux se sont ouverts (Mt 3,16) quand le Christ notre Seigneur est ressuscité.

Voici le jour où l’arbre verdoyant et fertile de la résurrection a étendu ses branches sur le monde entier pour le bien de la race humaine, comme dans un jardin où les lis des nouveaux illuminés ont grandi, où les ruisseaux des pécheurs se sont desséchés. Voici le jour où la force du diable a été paralysée, où les armées des démons ont été balayées.

Voici donc ce jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie, avec la grâce du Christ illuminant par sa résurrection le monde entier qui habitait les ténèbres et l’ombre de la mort (Lc 1,79). A lui, au Père et au Saint-Esprit, gloire et adoration pour les siècles des siècles. Amen.

Share this Entry

Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel