Vitrail, chapelle des Pénitents blancs de Montpellier © Wikimedia Commons / Penitentsblancs

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Redécouvrir l’Esprit Saint

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Réflexions du P. Jean-Marie Baguenard à l’occasion du Jubilé de l’an 2000

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Pour cette Pentecôte, le Sanctuaire du Sacré-Cœur vous propose un article paru à l’occasion du Jubilé de l’an 2000. Les trois années précédant le Jubilé étaient consacrées à l’une des personnes de la Trinité. L’année 1998 était celle consacrée à l’Esprit Saint.  

«Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau;
j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair.
Je mettrai mon Esprit en vous
» (Ez 36, 24-27).

 

Article du P. Jean-Marie Baguenard (Chapelain de 1997 à 2007) paru dans la revue du Sanctuaire de 1997 à l’occasion du Jubilé de l’an 2000.

L’année de l’Esprit Saint, le premier dimanche de l’Avent 1994, le pape Jean-Paul II ouvrait la préparation du Jubilé de l’an 2000. Ce Jubilé doit être une solennelle célébration de la foi en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. L’an 2000 sera le 2000e anniversaire de l’Incarnation, par laquelle le Fils de Dieu devenu homme a révélé que Dieu est Père, Fils et Saint-Esprit : Notre marche vers le Jubilé consiste donc en un renouvellement de notre foi en Dieu Trinité. Cette marche doit être un temps de meilleure connaissance de Dieu, connaissance qui est inséparablement communion de vie avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint.

Chacune des trois années est consacrée plus explicitement a une des trois personnes divines en lien avec un sacrement et une vertu théologale. L’année 1997 qui s’achève a été consacrée au Fils, le Christ unique Sauveur, auquel nous unit le Baptême, et la foi. L’année liturgique 1998, qui commence avec l’Avent, le 30 Novembre 1997 – sera consacrée à l’Esprit Saint et à sa présence sanctificatrice à l’intérieur de la communauté des disciples du Christ ; le sacrement a approfondir sera le sacrement de la confirmation, et la vertu théologale, l’espérance.

En 1921, un évêque avait publié un livre intitulé : « Le divin méconnu… » Il s’agissait de l’Esprit Saint. De leur côté, les chrétiens d’Orient ont souvent reproché à l’Occident, particulièrement aux théologiens, d’avoir plus ou moins oublié la personne de l’Esprit.

 

Redécouvrir l’Esprit Saint

Il faudrait nuancer ces jugements. Les choses ont d’ailleurs évolué. Vatican II a joué un grand rôle, puis l’exemple et l’enseignement des papes Jean XXIII, Paul VI, et Jean-Paul Il avec son encyclique « Dominum vivificantem », longue méditation des grands textes bibliques sur l’Esprit-Saint. Par ailleurs, la place importante que donne le Catéchisme de l’Eglise Catholique à la troisième personne dans les chapitres sur la Trinité, l’Incarnation, l’Eglise, la liturgie, a réellement touché nombre de frères orientaux.

Enfin, depuis 20 ans, dans le terreau même du Peuple de Dieu, la place de l’Esprit Saint a été mieux perçue grâce au Renouveau charismatique et aux groupes de prière qui se sont multipliés, remettant des milliers d’hommes et de femmes sur le chemin du Christ, de l’Ecriture, des sacrements et du service de leurs frères, et cela dans un climat de louange, de joie, d’abandon et d’accueil (notes qui sont celles mêmes de l’Esprit). Il reste encore beaucoup à faire ; et Jean-Paul Il l’a déclaré à plusieurs reprises : « Dans les tâches premières de la préparation au Jubilé, figure donc la redécouverte de la présence et de l’action de l’Esprit » (Jean-Paul II le Jubilé de l’an 2000 N° 45).

 

La prophétie d’Ezéchiel est pour maintenant

Il n’est pas aisé de parler de l’Esprit. « Père » et « Fils » évoquent des réalités fondamentales de notre vie, mais l’Esprit ? Il n’a point de visage. L’Écriture en parle avec des images : le vent, le souffle, l’eau, la source, le feu que nul ne peut saisir. « Le vent souffle où il veut, tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va » (Jn 3, 8). « Connaitre l’Esprit, c ‘est d’abord éprouver son action, se laisser envahir par son influence, se rendre docile à ses élans ; c’est le vouloir toujours plus consciemment à la source de notre vie. » Il est déjà la source de notre vie.

Nous sommes « nés de l’Esprit », poursuit Jésus dans le passage de Saint Jean que nous venons de citer. Il avait été annoncé que l’Esprit reposerait en plénitude sur le Messie, le Christ, et que de lui il se répandrait sur tout le Peuple de Dieu : « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon Esprit en vous » (Ez 36, 24-27). Ce don de l’Esprit prophétisé par Ezéchiel (pour ne citer que lui) n’est plus pour le futur.

 

Le chef-d’œuvre de l’Esprit Saint

Le Christ-Jésus « ne fut engendré ni du sang, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu » (Jean 1, 13). Sa venue est un tel recommencement de l’humanité que ce nouveau commencement ne pouvait être posé que par Dieu, plus précisément par Celui qui « dans le mystère absolu de Dieu un et trine, est la Personne-Amour, le Don incréé, source éternelle de tout ce qui provient de Dieu dans la création » (N° 44). Le Christ, dès son origine, est entièrement conçu de l’Esprit Saint. Tout son être et son agir sont marqués par ! ’Esprit. « Sur lui repose l’Esprit du Seigneur : Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de science, de piété et de crainte du Seigneur » (Isaïe 11, 2).

Pour nous en rendre participants par sa mort et sa Résurrection, Jésus est revêtu de la plénitude de l’Esprit. Sa conception et sa naissance sont l’oeuvre la plus grande accomplie par l’Esprit ; et toute l’oeuvre de l’Esprit Saint dans l’histoire du monde et de l’Eglise ne sera que le déploiement de ce « chef-d’œuvre de l’Esprit Saint » qu’est l’Incarnation du Fils de Dieu. Aussi l’Eglise ne saurait se préparer au Jubilé de l’Incarnation « autrement que dans l’Esprit Saint » (N° 44).

 

Au baptême, notre être profond a été changé

Il est hors de doute que, dans l’Ancien Testament, Abraham, Moïse, les prophètes aient été conduits par l’Esprit. Mais ce qu’il y a de nouveau depuis la Résurrection et la Pentecôte, c’est sa présence personnelle en chaque croyant. ; « c’est pourquoi nous sommes appelés Temple de Dieu, ce qui n’a jamais été dit des prophètes » (S. Cyrille d’Alexandrie). Ne voyons pas là une belle image. Au Baptême, notre être profond a été changé, enrichi substantiellement.

Le petit enfant qui est plongé dans la piscine baptismale en ressort habité par l’Esprit de Jésus, avec des potentialités toutes nouvelles. L’Esprit qui l’habite désormais fait jaillir en lui ces dynamismes de vie nouvelle que sont la foi, l’espérance et la charité, en un mot tout l’organisme surnaturel des vertus et des dons (CEC2. N° 1265). Il a en partage les sept dons de l’Esprit qui reposaient sur Jésus (Isaïe 11, 2). « Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein… Il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui » (Jn 7, 38).

 

La confirmation : la force même de la Pentecôte

Selon la formule même de l’évêque lors de la confirmation, le baptisé est renouvelé en ces dons avec une force singulière et d’une façon spéciale pour accomplir sa mission prophétique, sacerdotale et royale. La confirmation est le sacrement de l’apostolat, du témoignage. La force de l’Esprit, communiquée en ce sacrement, est la force même de la Pentecôte, capable de renouveler la face de la terre. Il est urgent, comme nous y invite Jean-Paul Il de redécouvrir l’importance et l’impact de la confirmation dans nos vies.

 

Il nous pousse à l’unité

« La réflexion des fidèles devra porter avec une intention toute particulière sur la valeur de l’unité à l’intérieur de l’Eglise », dit encore le Pape ; et il propose de lire ou de relire la Constitution conciliaire « Lumen gentium » ; ce document souligne que l’unité du Corps du Christ est fondée sur l’action de l’Esprit. Celui-çi nous unit au Christ et fait l’unité de son Corps grâce aux différents « charismes, rôles et ministères qu’il suscite pour le bien de l’Eglise » (N° 46).

Les charismes sont des dons divers et variés (1 Co 12-14), témoignage visible de la présence de l’Esprit ; ils sont accordés pour le bien et la construction de tout le Corps. Chaque charisme, si petit soit-il, est nécessaire à la beauté de l’ensemble. La charité répandue en nos coeurs les surpasse tous (1 Co 13). C’est l’Esprit d’amour et lui seul qui peut accélérer la réconciliation et l’unité parmi tous les disciples du Christ, séparés en différentes confessions (N° 47).

 

Souffle de la nouvelle évangélisation 

Les techniques d’évangélisation les plus perfectionnées ne sauraient remplacer l’action discrète de l’Esprit dans le cœur de ceux auxquels on s’adresse. Dans l’évangélisation, dans le nouvelle évangélisation qui s’impose aujourd’hui, rien ne peut se faire sans lui. « Sans l’Esprit Saint… l’Evangile est une lettre morte… la mission une propagande… Mais en Lui… l’Evangile est puissance de vie… la mission une Pentecôte » (Mgr Ignace de Lattaquié).

C’est Lui qui pousse le baptisé-confirmé à annoncer l’Evangile, et c’est Lui qui, dans le tréfonds des consciences, fait accepter et comprendre le message du salut. Donc, « il importe de découvrir l’Esprit comme Celui qui construit le Royaume de Dieu au cours de l’histoire… en animant les hommes de l’intérieur et en faisant croître en eux les germes du sauf’ (N° 45). Paul VI avait déjà affirmé : « Si l’Esprit de Dieu a une place éminente dans toute la vie de l’Eglise, c’est dans la mission évangélisatrice de celle-ci qu’il agit le plus » (Evangelii nuntiandi, N° 75).

 

L’Esprit Saint a déposé en nous l’espérance

L’Esprit Saint, principe intérieur de notre vie nouvelle, a déposé en nous l’espérance, c’est-à-dire l’attente du Royaume et de la vie éternelle. Cette vertu fondamentale, que Jean-Paul Il nous appelle à ranimer cette année, « pousse le chrétien à ne pas perdre de vue le but dernier qui donne son sens et sa valeur à toute son existence et, d’autre part, elle lui donne de fermes et profondes raisons de s ‘engager quotidiennement dans la transformation de la réalité pour la rendre conforme au projet de Dieu » (N° 45).

En toutes nos tribulations, qui ne sont rien à côté de la gloire promise (Rm 8, 18), l’espérance protège du découragement, donne élan et constance, dilate le cœur, puisqu’elle nous donne appui sur le « Maître de l’impossible » (Luc 1. 36-37). Elle nous apprendra à reconnaitre « les signes d’espérance présents en cette fin de siècle » aussi bien dans le domaine ecclésial que dans le domaine civil (N° 46).

 

Avec Marie

Nous l’honorerons cette année comme la femme fidèle à l’Esprit et la femme de l’espérance. En effet, plus que tout autre, Marie a obéi à la voix de l’Esprit et elle a fait l’expérience de l’Esprit comme « Maitre de l’impossible » : « Comment cela se fera-t-il ?… L’Esprit Saint viendra sur toi… Rien n’est impossible à Dieu » (Luc 1, 36-37). Dans l’espérance, elle a attendu la venue de son Fils ; de toute son espérance, elle a attendu la Résurrection ; quand, au cénacle, les apôtres attendaient la venue de l’Esprit, elle a soutenu leur espérance ; élevée désormais dans la gloire du ciel, elle est signe d’espérance pour le Peuple de Dieu en marche vers le Royaume et elle soutient notre attente du second Avènement de son Fils. 

P. Jean-Marie Baguenard

 

 [ 1 ] Guillet , Grands thèmes bibliques

Pour en découvrir plus sur l’Esprit Saint : Retrouvez les enseignements sur  :
https://sacrecoeur-paray.org/themes/esprit-saint/

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Sanctuaire du Sacré-Cœur

Au sanctuaire du Sacré-Cœur de Paray-le Monial, un jubilé est célébré du 27 décembre 2023 au 27 juin 2025, pour fêter les 350 ans des apparitions de Jésus à sainte Marguerite-Marie. Ce jubilé est une occasion de venir en pèlerinage à la Chapelle des Apparitions au monastère de la Visitation. Cette démarche jubilaire est une invitation à se mettre en marche pour répondre à l’appel de Jésus : venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et je vous donnerai le repos, car je suis doux et humble de Cœur (Mt 11, 28). Passer la Porte jubilaire, c’est entrer dans le Cœur de Jésus pour être renouvelé en profondeur dans notre vie de baptisé et lui rendre amour pour amour. Pour plus d'informations, rendez-vous sur https://sacrecoeur-paray.org/demarche-jubilaire/

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