Nouveau cycle de catéchèses : Les vices et les vertus

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Introduction : Gardien de son propre cœur (texte intégral)

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L’audience générale du mercredi 27 décembre a eu lieu dans la salle Paul VI, où le Saint-Père a rencontré des groupes de pèlerins et de fidèles venus d’Italie et du monde entier.

Dans son discours en italien, le pape, qui entame un nouveau cycle de catéchèse sur « Les vices et les vertus », a centré sa réflexion sur le thème d’introduction : gardien de son propre cœur (Lecture : Mc 7,14-15,21).

Après avoir résumé sa catéchèse dans les différentes langues, le Saint-Père a adressé des salutations particulières aux fidèles présents. L’audience générale s’est conclue par la récitation du Pater Noster et de la bénédiction apostolique.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, je voudrais introduire un cycle de catéchèse sur le thème des vices et des vertus. Et nous pouvons commencer au tout début de la Bible, où le livre de la Genèse, à travers le récit des progéniteurs, présente la dynamique du mal et de la tentation. Dans le tableau idyllique que représente le jardin d’Eden, apparaît un personnage qui devient le symbole de la tentation : le serpent. Le serpent est un animal insidieux : il se déplace lentement, en se glissant sur le sol, et parfois on ne remarque même pas sa présence, car il parvient à se fondre dans son environnement. C’est surtout pour cette raison qu’il est dangereux.

Lorsqu’il commence à converser avec Adam et Ève, il montre qu’il est aussi un dialecticien raffiné. Il commence comme le feraient les mauvaises langues, par une question malicieuse : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : « Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin” ? » (Gn 3, 1). La phrase est fausse : en réalité, Dieu a offert à l’homme et à la femme tous les fruits du jardin, sauf ceux d’un arbre précis : l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Cette interdiction ne vise pas à interdire à l’homme l’usage de la raison, comme cela est parfois mal interprété, mais constitue une mesure de sagesse. Comme pour dire : reconnais la limite, ne te crois pas maître de tout, car l’orgueil est le commencement de tous les maux. Ainsi, Dieu place les progéniteurs comme seigneurs et gardiens de la création, mais veut les préserver de la présomption de toute-puissance, de se rendre maîtres du bien et du mal. C’est l’écueil le plus dangereux pour le cœur humain, contre lequel nous devons nous prémunir chaque jour !

Comme nous le savons, Adam et Ève n’ont pas su résister à la tentation du serpent. L’idée d’un Dieu pas très bon, qui voulait les soumettre, s’est insinuée dans leur esprit : d’où l’effondrement de tout. Rapidement, les progéniteurs ont compris que, de même que l’amour est en soi une récompense, le mal est aussi en soi une punition. Ils n’auront pas besoin des châtiments de Dieu pour se rendre compte qu’ils ont mal agi : ce sont leurs propres actes qui feront voler en éclats le monde d’harmonie dans lequel ils vivaient jusqu’alors. Ils pensaient devenir comme des dieux, et ils se rendent compte qu’ils sont nus, et qu’ils ont aussi si peur : car lorsque l’orgueil a pénétré le cœur, personne ne peut plus se protéger de la seule créature terrestre capable de concevoir le mal, c’est-à-dire l’homme.

Par ces récits, la Bible nous explique que le mal ne commence pas chez l’homme de manière retentissante, lorsqu’un acte est déjà manifeste, mais bien plus tôt, lorsqu’on commence à se rapprocher de lui, à le bercer d’imagination et de pensées, et qu’on finit par se laisser piéger par ses attraits. Le meurtre d’Abel n’a pas commencé par une pierre lancée, mais par la rancune que Caïn a malheureusement entretenue, le faisant un monstre à l’intérieur de lui-même. Là encore, le conseil de Dieu ne sert à rien : « le péché est accroupi à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer » (Gn 4, 7).

Avec le diable, il ne faut jamais discuter. Il est rusé et intelligent. Pour tenter Jésus, il a même utilisé des citations bibliques ! Il est capable de déguiser le mal sous un masque invisible de bien. C’est pourquoi il faut toujours être sur le qui-vive, fermer immédiatement la moindre faille lorsqu’il tente de nous pénétrer. Des gens sont tombés dans des dépendances qu’ils n’arrivaient plus à surmonter (drogue, alcoolisme, jeu) simplement parce qu’ils avaient sous-estimé un risque. Ces personnes se croyaient fortes dans un combat facile, et au contraire, elles sont devenues la proie d’un ennemi très puissant. Lorsque le mal s’enracine en nous, il prend alors le nom de vice, et c’est une mauvaise herbe difficile à éradiquer. On ne réussit qu’au prix d’un travail acharné.

Et ici notre conclusion. Il faut être le gardien de son propre cœur. C’est la recommandation que nous trouvons chez différents pères du désert : des hommes qui ont quitté le monde pour vivre dans la prière et la charité fraternelle. Le désert, disaient-ils, est un lieu qui nous épargne quelques batailles : celle des yeux, celle de la langue et celle des oreilles, il ne reste qu’une dernière bataille, la plus difficile de toutes, celle du cœur. Face à chaque pensée et à chaque désir qui naît dans l’esprit et dans le cœur, le chrétien agit en gardien avisé, et l’interroge pour savoir de quel côté il vient : de Dieu ou de son Adversaire. S’il vient de Dieu, il faut l’accueillir, car c’est le début du bonheur. Mais s’il vient de l’Adversaire, ce n’est qu’ivraie, ce n’est que pollution, et même si sa graine nous semble petite, une fois qu’elle aura pris racine, nous découvrirons en nous les longues branches du vice et du malheur. Le succès de tout combat spirituel se joue beaucoup au début : en veillant toujours sur notre cœur.

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Rédaction

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