Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo

La conversion du cœur, par Mgr Francesco Follo

Un cœur repenti s’ouvre au divin amour infini

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Avec le souhait de comprendre qu’un cœur repenti s’ouvre au divin amour infini et qu’il accueille l’invitation à travailler à la vigne du Père

Rite Romain

XXVIe dimanche du Temps Ordinaire – 1er octobre 2023

Ez 18, 25-28; Ps 24; Ph 2, 1-11; Mt 21, 28-32

 

1°) De la nécessité de la conversion

Aujourd’hui encore le Christ nous parle de la vigne du Seigneur qui dans la Bible désigne le peuple de Dieu.

Tout d’abord, l’image de la vigne exprime l’attention, c’est à dire l’amour de Dieu pour son peuple. Toute l’histoire de l’Ancienne Alliance nous parle d’un Dieu bienveillant, rempli de sollicitude et de miséricorde, qui partage les joies et les souffrances de son peuple. C’est l’histoire d’un Dieu qui est présence salvifique. Tout particulièrement dans le mystère de l’Incarnation de Jésus, dans les paroles et les œuvres du Christ, dans sa mort et sa résurrection, il se révèle comme le Dieu avec nous, le Dieu pour nous, à la fois notre salut et notre rédemption.

Ensuite, l’image de la vigne rappelle la nécessité pour l’homme de collaborer à la vigne de Dieu. C’est pour cela que dans l’Évangile de dimanche dernier, le Christ a enseigné que la vigne est le lieu où nous sommes tous invités à travailler et à être compagnon de journée pour prendre soin du peuple de Dieu. « En travaillant dans cette vigne, nous préparons le vin de la miséricorde divine à verser sur les blessures de toutes les personnes éprouvées » Saint Grégoire le Grand. Aujourd’hui le Christ précise que cette collaboration n’est pas offerte à des ouvriers qui sont étrangers à la maison du Père mais aux propres enfants du Père. L’un d’eux dit oui au Père qui l’invite à aller travailler dans la vigne familiale, mais ensuite il n’y va pas, l’autre dit non mais ensuite il y va parce qu’il s’est repenti, parce que son cœur s’est ouvert. Ce changement lui permet d’observer le commandement du Père. C’est une obéissance qui le met sur le chemin d’une vie bonne: le chemin du cœur unifié.

Prions donc le Seigneur pour qu’il conserve notre cœur unifié (cf Ps 86, 11), cherchons-le d’un cœur simple sans arrière-pensée.

En priant et en agissant dans une obéissance faite d’amour, donnons-nous nous-même la vie et soyons les premiers à en tirer profit, en gagnant un cœur immense qui fait la volonté vivifiante du Père et d’où jaillit la vie (Cf Pr 4, 23). La volonté du Père n’est pas d’avoir une maison où travaillent des serviteurs contraints d’obéir mais une maison habitée par des fils libres et mûrs dans l’amour, remplis de zèle et donc collaborateurs du Père pour la maturation du monde et pour la fécondité de la terre.

La différence entre le fils qui se comporte comme un serviteur rebelle et le fils qui reconnaît l’amour du Père n’est pas tant dans le fait d’avoir dit oui ou non au Père mais dans ce qui se passe effectivement dans leur cœur: l’un ne se repent pas, l’autre oui et il se convertit en allant travailler dans la vigne du Père « avec des mains qui sont le paysage du cœur »(Saint Jean Paul II).

C’est pour cela que nous devons nous repentir c’est à dire nous convertir comme nous le rappelle la première lecture d’aujourd’hui où nous lisons : « Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Il a ouvert les yeux et s’est détourné de ses crimes. C’est certain, il vivra, il ne mourra pas » (Ez 18, 28).

Le verbe grec qui dans l’Évangile d’aujourd’hui est traduit par « s’étant repenti », signifie « ayant changé son cœur ». En effet la repentance que le fils obéissant a expérimenté dans son existence ne se limite pas sur un plan moral à une conversion de l’immoralité à la moralité, ni sur un plan intellectuel à un changement de sa façon de comprendre la réalité : il s’agit plutôt d’un renouvellement radical de son cœur, semblable par de nombreux aspects à une renaissance : il renaît en prenant conscience de son statut de fils et non de serviteur.

Il nous arrivera la même expérience si nous éprouvons de la douleur devant notre péché et si nous accueillons la grâce de l’amour de Dieu. Si nous offrons à Dieu notre douleur, Il nous maintiendra dans son amour et nous pourrons travailler joyeusement à sa vigne.

2°) La double signification de la vigne.

Dieu est un Père non un patron. Dieu nous aime et nous invite à travailler à sa vigne selon sa volonté d’amour bienveillant qui veut que tous ses enfants soient sauvés, qu’ils vivent dans la paix et la communion fraternelle et qu’ils travaillent pour améliorer le monde.

C’est comme cela que nous pouvons affirmer que le mot « vigne » a deux significations. « Elle signifie tout le monde créé par Dieu pour l’homme : pour chaque homme et pour tous les hommes. Et en même temps elle signifie cette petite parcelle du monde, ce « fragment », qui est le devoir concret de chaque homme. Dans ce second sens, la vigne est à la fois en nous et en dehors de nous. Nous devons la cultiver en améliorant le monde et en nous améliorant nous même. Ou plutôt, l’un dépend de l’autre : je rends le monde meilleur dans la mesure où je me rends moi-même meilleur. Dans le cas contraire, je ne suis qu’un technicien du développement du monde et non l’ouvrier de la vigne (Saint Jean Paul II). »

Dans ce sens-là, la « vigne » à laquelle je suis envoyé, comme le furent aussi les deux fils de l’évangile d’aujourd’hui, doit devenir le lieu de mon travail pour le monde et de mon travail sur moi-même.

S’il est juste de dire que la « vigne » signifie aussi notre monde intérieur, il est tout aussi juste d’affirmer que nous devons travailler la vigne de notre cœur pour accueillir Jésus Christ.

Le travail de la vigne intérieure est difficile parce qu’il demande de renoncer à soi-même. Et il n’est pas étonnant qu’un fils, appelé à y travailler, dise : « Non, je n’irai pas ». Cependant le travail de la vigne intérieure est indispensable. Autrement l’homme introduit le péché en ce monde qui a été créé pour lui, il introduit le mal. Et ainsi, dans la vigne intérieure s’élargit le cercle du péché, les structures du péché augmentent en puissance. L’atmosphère du monde dans lequel nous vivons devient moralement toujours plus empoisonné. On ne peut pas se déclarer vaincu devant cette destruction de l’environnement humain par le péché. Il est nécessaire de s’y opposer.

Alors, pourrait-on se demander : « Comment peut-on s’opposer au péché et se consacrer à cette vigne intérieure ? » En vivant dans la « Grâce ». En s’engageant à être toujours partie prenante de la vie divine greffée en nous par le Baptême. Vivre dans la Grâce c’est une dignité suprême, une joie ineffable, c’est une garantie de paix, un idéal merveilleux et ce doit être aussi la logique préoccupation de celui qui se dit disciple du Christ.

Une manière exemplaire de vivre la vie dans la Grâce est celle des Vierges consacrées qui se donnent entièrement au Christ : « Je suis la vigne ; vous les sarments, dit le Seigneur. Celui  qui demeure en moi porte beaucoup de fruits » (Jn 15, 5). Elles cultivent la « vigne de leur cœur » en donnant le primat à l’amour de Dieu sur toutes les autres valeurs ; en vivant dans une totale disponibilité à l’écoute du Verbe dans la louange divine ; en offrant une existence qui devient service d’amour ; une réalisation exemplaire de ce que doit être l’entière communauté chrétienne au service du monde.

Enfin elles témoignent que le salaire de leur journée de travail est bien de l’argent mais que cet argent est le Christ qui se donne totalement à chacun de nous, même quand nous sommes appelés à la 11ème heure.

En conclusion de notre réflexion et comme prière commune que nous élevons à Dieu, disons avec foi : « O Père, toujours prêt à accueillir les publicains et les pécheurs à peine sont-ils disposés à se repentir dans leur cœur, tu promets la vie et le salut à tout homme qui renonce à l’injustice : que ton Esprit nous rende docile à ta parole et nous donne les sentiments mêmes du Christ » (Collecte du XXVIème dimanche du Temps ordinaire, Année A).  

Lecture Patristique

Clément d’Alexandrie ( 150 – 215)
Homélie « Quel riche sera sauvé? », 39-40

GCS 3, 185-187

Les portes sont ouvertes à quiconque se tourne sincèrement vers Dieu, de tout son coeur, et le Père reçoit avec joie un fils qui se repent vraiment. C’est le signe d’un repentir véritable que de ne plus retomber dans les mêmes fautes, mais aussi d’extirper complètement de ton âme les péchés pour lesquels tu te juges digne de mort. Une fois qu’ils auront été effacés, Dieu reviendra donc habiter en toi. Car, comme dit l’Écriture, un pécheur qui se convertit et se repent procurera au Père et aux anges du ciel une joie immense et incomparable (cf. Lc 15,10). Voilà pourquoi le Seigneur s’est écrié: C’est la miséricorde que je désire, et non le sacrifice (Os 6,6 Mt 9,13; 12,7); je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse (Ez 33,11); si vos péchés sont comme la laine écarlate, ils deviendront blancs comme la neige; s’ils sont plus noirs que la nuit, je les laverai, si bien qu’ils deviendront comme la laine blanche (Is 1,18).

Dieu seul, en effet, peut remettre les péchés et ne pas imputer les fautes, alors que le Seigneur nous exhorte à pardonner chaque jour aux frères qui se repentent. Et si nous, qui sommes mauvais, savons donner de bonnes choses aux autres (cf. Mt 7,11), combien plus le Père plein de tendresse (2Co 1,3) le fera-t-il? Le Père de toute consolation, qui est bon, plein de compassion, de miséricorde et de patience par nature, attend ceux qui se convertissent. Or, la conversion véritable suppose que l’on cesse de pécher et que l’on ne regarde plus en arrière.

Dieu accorde donc la rémission des fautes passées, tandis que, pour ce qui concerne le futur, chacun est responsable de ses propres actes. Se repentir, c’est condamner ses fautes passées et prier le Père pour qu’il les oublie. Lui seul peut, dans sa miséricorde, défaire ce qui a été fait et, par la rosée de l’Esprit, effacer les fautes passées.

 

Si tu es voleur et veux recevoir le pardon, cesse de voler. Si tu as dérobé un objet, restitue-le avec un supplément. As-tu fait un faux témoignage? Exerce-toi à dire la vérité. As-tu été parjure? Ne fais plus de serment. Tu dois aussi refréner les autres passions mauvaises: la colère, la convoitise, la tristesse et la crainte.  Les passions que tu as laissé grandir en toi, tu ne pourras sans doute pas les supprimer d’un seul coup. Mais, moyennant un vrai repentir et une application constante, tu y parviendras avec la puissance de Dieu, la prière des hommes et l’aide de tes frères.

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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