Le pape François près du Mémorial dédié aux marins et migrants perdus en mer © Vatican Media

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Journée du migrant et du réfugié : « Ce partage requiert un sacrifice », par le cardinal Czerny

Homélie à la basilique Notre-Dame de la Garde à Marseille

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Le cardinal Michael Czerny invite à « apprendre » « à harmoniser la justice avec la solidarité », en se « référant à l’esprit de partage fraternel qui dépasse toute frontière ». « Ce partage, souligne-t-il, requiert un sacrifice, car nous devons nous priver de quelque chose afin que tous aient quelque chose, avec la certitude que le Seigneur ne nous fera jamais manquer de ce dont nous avons vraiment besoin. »

C’est ce que le préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral a dit lors d’une homélie prononcée le 24 septembre 2023 à la basilique Notre-Dame de la Garde, à Marseille, à l’occasion de la 109e Journée mondiale du migrant et du réfugié sur le thème « Libre de choisir d’émigrer ou de rester ». Le cardinal Czerny faisait partie d’une délégation du Vatican qui accompagnait le pape François au cours de son voyage apostolique à Marseille (les 23-24 septembre).

Réfléchissant à la lecture du jour, le cardinal a affirmé que « dans l’Évangile, nous trouvons toutes les indications nécessaires pour être des disciples du Christ ». Il a noté que la parabole du vigneron et de ses ouvriers (Mt 20, 1-16), « tirée de la vie quotidienne nous enseigne sur la réalité ‘dérangeante’ des phénomènes migratoires, nous invitant », comme l’a encouragé le pape François, à « écouter les histoires de vie » de ces personnes.

Dans son homélie, le préfet a rappelé la parabole : « Comme cela arrivait souvent à l’époque de Jésus, un groupe d’ouvriers se rend sur la place du village dans l’attente d’une embauche journalière. Le maître de la vigne, après s’être entendu avec eux, les envoie travailler sur ses terres. Les ouvriers se mettent en route pour gagner la vigne où le travail est assuré. Le propriétaire retourne alors sur la place à différentes heures de la journée et, à chaque fois, il embauche un nouveau groupe d’ouvriers, car il ne veut pas qu’ils restent assis sans rien faire. Les différents groupes d’ouvriers se rendent à la vigne et, de ce fait, leur temps de travail est très diversifié. Pourtant, une fois venu le moment de la paye, le maître ordonne de donner à tous le même salaire, provoquant les protestations de ceux qui avaient débuté plus tôt leur journée de travail. La réponse du maître de la vigne est catégorique : Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ? […] Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? (Mt 20,13-15). »

Le cardinal Czerny a souligné « un double enseignement » de ce texte. En premier lieu, a-t-il dit, « le Seigneur, maître de la vigne, est bon et généreux avec ceux qui n’ont pas eu la possibilité de commencer à travailler plus tôt ». En second lieu, « Jésus introduit une nouvelle logique qui perturbe et qui allie justice et solidarité, invertissant l’ordre des priorités reconnues au niveau social. Il s’agit d’une logique qui va bien au-delà de notre façon de comprendre les relations humaines ».

Le cardinal a expliqué ce que signifiait cet enseignement « dans le contexte migratoire actuel » : « Mettre les derniers à la première place, a-t-il dit, signifie assumer plusieurs engagements personnels et collectifs extrêmement urgents ».

Il s’agit d’abord de « nous engager pour assurer que le chemin vers la ‘vigne’ soit ordonné et sûr, en garantissant à tous le respect de leurs droits et de leur dignité ». « Voilà pourquoi il doit y avoir des portes auxquelles on puisse frapper, en élargissant les canaux migratoires réguliers et en permettant de devenir ‘citoyens de plein droit’. » Ce « chemin sûr » « remplacerait les routes coûteuses et dangereuses qui apparaissent aujourd’hui à la plupart comme l’unique alternative ».

Le card. Czerny a aussi rappelé que dans son Message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié le pape François « met en évidence l’urgence d’un engagement commun afin que soit assurée à tous une ‘vigne’ dans laquelle ils puissent travailler dignement sur leur terre d’origine, sans être contraints d’émigrer ». « Les migrations, destinées à perdurer dans le temps, a poursuivi le préfet, contribuent à la construction de nombreuses ‘vignes multicolores’, des sociétés multiculturelles où la diversité devient une occasion d’enrichissement pour tous. »

Le préfet a souligné que « les préjugés et les peurs ne permettent pas de saisir cette opportunité, engendrant marginalisation et exclusion ». Il a invité à « répondre à la culture du rejet par la culture de la rencontre, source de joie ».

En concluant, il a invité « les communautés chrétiennes » « à donner le bon exemple par ‘cette façon de vivre scandaleusement évangélique’ », encouragée par le pape. « Répondons à l’appel lancé par saint Paul : Ayons donc un comportement digne de l’Évangile du Christ ! »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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