Jean XXIII © Wikimedia commons / domaine public

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Discours du Saint-Père à l’occasion du 60e anniversaire de l’encyclique Pacem in Terris

 « Un monde exempt d’armes nucléaires est possible et nécessaire »

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Pour commémorer le soixantième anniversaire de l’encyclique Pacem in Terris (11 avril 1963) du pape Jean XXIII, l’Académie pontificale des sciences sociales a organisé les 19 et 20 septembre une Conférence internationale. Une occasion pour le pape de rappeler l’urgence d’œuvrer pour la paix, dans ce qu’il nomme « notre monde toujours en proie à une troisième guerre mondiale ». 

ZENIT publie le texte intégral de son message adressé la 12 septembre au cardinal Turkson, chancelier de l’Académie des sciences sociales, traduit de l’anglais par nos soins.

À Son Éminence le cardinal Peter K.A. Turkson

Chancelier de l’Académie pontificale des sciences sociales

Je vous salue chaleureusement, ainsi que tous les participants à la Conférence internationale organisée par l’Académie des sciences sociales et l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo pour commémorer le soixantième anniversaire de la publication de Pacem in Terris, l’encyclique historique du pape Jean XXIII.  La conférence arrive à point nommé car notre monde est toujours en proie à une troisième guerre mondiale menée au coup par coup et, dans le cas tragique du conflit en Ukraine, non sans la menace d’un recours aux armes nucléaires.

En effet, le moment actuel ressemble étrangement à la période qui a immédiatement précédé Pacem in Terris lorsqu’en octobre 1962 la crise des missiles de Cuba a mis le monde au bord d’une destruction nucléaire généralisée. Malheureusement, dans les années qui ont suivi cette menace apocalyptique, non seulement le nombre et la puissance des armes nucléaires ont augmenté, mais d’autres technologies d’armement se sont développées, et même le consensus de longue date sur l’interdiction des armes chimiques et biologiques est remis en question. Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons tenir compte de l’avertissement prophétique du pape Jean selon lequel, à la lumière de la terrifiante force destructrice des armes modernes, « les relations entre les États, comme entre les individus, doivent être réglées non par la force armée, mais conformément aux principes de la droite raison : les principes, c’est-à-dire, de la vérité, de la justice et d’une coopération vigoureuse et sincère ».

À cet égard, il est tout à fait approprié que cette conférence consacre ses réflexions aux parties de Pacem in Terris qui traitent du désarmement et des voies d’une paix durable.  J’espère que vos délibérations, en plus d’analyser les menaces militaires et technologiques actuelles pour la paix, incluront une réflexion éthique disciplinée sur les risques graves associés à la possession continue d’armes nucléaires, le besoin urgent de nouveaux progrès en matière de désarmement et le développement d’initiatives de construction de la paix. J’ai déclaré ailleurs ma conviction que « l’utilisation de l’énergie atomique à des fins de guerre est immorale, tout comme la possession d’armes nucléaires est immorale » (Discours au Mémorial de la paix d’Hiroshima, 24 novembre 2019).  

Il est de notre responsabilité à tous de maintenir vivante la vision selon laquelle « un monde exempt d’armes nucléaires est possible et nécessaire » (Discours au Corps diplomatique, 10 janvier 2022).  À cet égard, le travail des Nations unies et des organisations apparentées pour sensibiliser l’opinion et promouvoir des mesures réglementaires adéquates reste fondamental.

Dans le même ordre d’idées, la préoccupation pour les implications morales de la guerre nucléaire ne doit pas occulter les problèmes éthiques de plus en plus urgents soulevés par l’utilisation, dans les guerres contemporaines, d’armes dites « conventionnelles », qui ne devraient être utilisées qu’à des fins défensives et ne pas viser des cibles civiles. J’espère qu’une réflexion soutenue sur cette question permettra de dégager un consensus sur le fait que ces armes, dotées d’un immense pouvoir de destruction, ne seront pas employées d’une manière susceptible de causer « des blessures superflues ou des souffrances inutiles », pour reprendre les termes de la déclaration de Saint-Pétersbourg. Les principes humanitaires qui ont inspiré ces mots, fondés sur la tradition du ius gentium, restent aussi valables aujourd’hui que lorsqu’ils ont été écrits pour la première fois, il y a plus de cent cinquante ans.

Conscient de l’importance des questions débattues lors de la conférence, j’exprime ma gratitude aux intervenants et aux participants. Je réitère volontiers l’espoir exprimé par le pape Jean en conclusion de son encyclique, à savoir que « par la puissance et l’inspiration de Dieu, tous les peuples puissent s’embrasser comme des frères et sœurs, et que la paix à laquelle ils aspirent puisse toujours fleurir et régner parmi eux ».  

À tous, j’envoie ma bénédiction.

Du Vatican, le 12 septembre 2023

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Rédaction

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