Monseigneur Giorgio Marengo saluant le pape François © Facebook. Missions de la Consolata 

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Réflexions du cardinal Giorgio Marengo, évêque de Mongolie

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Témoignage du plus jeune cardinal du monde qui parle de l’Église dans un pays bouddhiste

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Le plus jeune cardinal du monde et évêque de toute la Mongolie parle de différents aspects de l’Église et de ses relations avec les institutions mongoles, de la Mongolie en général et du travail de l’Église catholique dans le pays.

Avec le voyage apostolique en Mongolie, commence, pour ainsi dire, le cycle 2023-2024 du pape François. Le pape se rend dans un pays à majorité bouddhiste, un vaste territoire bordé d’un côté par la Russie et de l’autre par la Chine. Certains ont vu dans ces deux frontières le véritable prétexte pour que le souverain pontife se rende dans l’une des plus petites communautés catholiques du monde.

Mais comment l’Église catholique vit-elle en Mongolie ? Mgr Giorgio Marengo, le plus jeune cardinal du monde, qui est aussi l’évêque de Mongolie, l’a expliqué à Mondo e Missione.

En ce qui concerne les relations de l’Église avec les institutions, il déclare : « Depuis le début, elles ont été bonnes et nous continuons à les cultiver en dialoguant avec les autorités au niveau local et national, en particulier lorsqu’il s’agit d’expliquer ce qu’est l’Église catholique, en évitant certaines simplifications : en tant qu’héritage du socialisme, il existe encore une certaine méfiance à l’égard de la religion. D’autre part, nous voulons faire comprendre que nous sommes un interlocuteur fiable pour l’État, et non une menace. Nous nous appuyons pour cela sur la beauté du passé mongol : même à l’époque de l’empire fondé en 1206 par Gengis Khan, il existait une certaine tolérance et des chrétiens nestoriens. Le franciscain Giovanni da Pian del Carpine fut le premier occidental à poser le pied dans la capitale impériale, Karakorum : un fait connu dans le monde de la culture, parmi les historiens et les archéologues, mais pas au niveau de la « connaissance populaire ». »

Le cardinal Marengo n’est pas mongol. Il est italien. Pourtant, il exerce son ministère au sein d’une population locale. Lorsqu’on lui demande ce qui le frappe chez les Mongols, il répond :  « Ils sont porteurs de richesses humaines, spirituelles et culturelles. J’admire beaucoup la résilience des Mongols, habitués à supporter tant d’extrêmes, tant climatiques que géographiques : ils ont intériorisé cette capacité à résister aux coups de la vie et ont mûri une grande sagesse, transmise de génération en génération. Et ils ont une sensibilité marquée pour l’aspect religieux. »

Comme nous l’avons dit, la Mongolie est un pays d’un peu plus de trois millions d’habitants et la plupart d’entre eux sont bouddhistes, bien qu’il y ait aussi beaucoup de chamanisme. Voici comment l’archevêque d’Oulan-Bator décrit la spiritualité mongole : « Formée par le chamanisme et le bouddhisme, avec une série de symboles, un art figuratif, un patrimoine musical que soixante-dix ans de communisme rigide n’ont pas réussi à éradiquer. Même pas par la violence : la Mongolie est le pays bouddhiste qui compte le plus grand nombre de martyrs, quelque quinze mille moines ayant été massacrés lors des terribles purges socialistes. D’une manière générale, pour les Mongols, la vie ne peut être interprétée uniquement en fonction de ce qui est « visible, palpable et calculable ». »

En se concentrant sur le visage de l’Église mongole, le cardinal Marengo raconte que « sa beauté est la fraîcheur de la foi : les chrétiens, tous de la première ou de la deuxième génération, embrassent la Parole de Dieu et cherchent sincèrement à vivre à sa lumière ». Le pape François, s’adressant aux évêques d’Asie centrale, a utilisé l’image du « jeune arbre dans la steppe » : « une Église naissante qui exige de nous, missionnaires, une attention particulière, une profondeur, un engagement ».

Bien qu’il s’agisse d’une petite communauté catholique, elle doit dialoguer avec le bouddhisme. Il existe de nombreux espaces de dialogue entre catholiques et bouddhistes, a-t-il déclaré. « Notre premier évêque, Monseigneur Wenceslao Padilla, était déjà engagé dans ce sens, et pour nous, missionnaires, le dialogue est l’un des aspects centraux de notre présence. En outre, ces dernières années, j’ai constaté une croissance des relations au niveau officiel : il existe aujourd’hui un groupe interreligieux qui comprend des catholiques, des évangéliques, des mormons, des bouddhistes, mais aussi des musulmans, des bahaïs et un représentant du judaïsme. Avec le bouddhisme, un canal privilégié continue d’exister, comme en témoigne la première visite officielle au Vatican, l’année dernière, d’un représentant de la Mongolie. »

Enfin, à propos de l’évangélisation, le cardinal Marengo explique que « 70 % de l’activité de l’Église sont des œuvres sociales, mais à travers cette attention au prochain dans l’esprit de l’Évangile, qui est celui de la gratuité, nous essayons d’incarner le message de Jésus, pour que les gens le reconnaissent. » Et sur l’insertion du message dans la culture locale, il conclut : « Le premier vecteur est la langue, utilisée pour la célébration. Ensuite, nous vivons les moments clés de la vie, comme la naissance et la mort, en essayant d’intégrer des éléments de la tradition dans la liturgie, avec l’aide des fidèles mongols. Nous repensons également la musique, avec des instruments locaux. Et les exemples d’ouverture à la culture indigène sont innombrables ».

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Rédaction

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